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J'avais bien aimé le premier roman de Sophie Pointurier, La femme périphérique, sujet sur la disparition invisibilisation des oeuvres des femmes artistes derrière leur auguste époux. Dans ce deuxième roman, l'autrice continue son exploration que je qualifie de féministe de la condition des femmes, cette fois-ci sur le droit de détenir et utiliser une arme, de faire couler le sang, tabou anthropologique venu du fond de l'histoire et sévissant sur la totalité de la planète. Sophie Pointurier écrit ici un roman sur la violence politique des femmes, non pas idéologiquement située à l'extrême-gauche (Groupes Rouillan et Baader, Japanese Red Army des années 70), ni dans les luttes écologiques ou régionalistes (ETA) où on a eu l'habitude de les voir agir en compagnie d'hommes, mais cette fois pour se défendre elles-mêmes contre l'ennemi principal, contre la violence des mâles. C'est la première fois que je lis un roman sur ce sujet ô combien radio-actif et épineux. Et c'est réussi. On est dans un bon polar dont l'intrigue à suspense se dévoile doucement, c'est drôlement et finement écrit, et mine de rien, est abordé le sujet tabou par excellence : les femmes ont-elles le droit de se défendre contre leurs agresseurs intimes, voisins, ou plus lointains, les hommes en général, et leur incessante violence de genre exercée contre nous ?
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C'est l'histoire de Claude (prénom épicène, source de son combat ?) 44 ans en quête de sens.

Au grès de quelques rencontres, elle décide de racheter un hameau dans lequel elle va chercher à construire un lieu de vie féminin. Avec des ambitions encore plus grande.

Au milieu de cette aventure d'une vie, elle se retrouve accusée de meurtre et on va alors alterner entre récit d'une quête et interrogatoires. On va vivre cette aventure oscillant entre condition féminine, violence conjugale, et recherche de liberté. C'est plutôt bien fait, même si j'ai trouvé que c'était trop décousu, parfois pas assez fort. J'ai souvent été frustré par des chapitres souvent trop courts qui coupent l'élan alors que ça aurait dû l'accélérer.


En tous cas, l'émotion est garantie ; et puisqu'elle est saupoudrée de suspens, je comprends qu'elle fasse mouche et éclaire certaines parts sombres du rapport hommes/femmes.


Un 7/10 dans mon échelle de goût, en notant que je suis certain que ce livre peu devenir culte et un immense point d'appui pour beaucoup, comme la découverte des Béguines l'a été pour Claude.

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Avec son roman, « Femme portant un fusil », Sophie Pointurier s'attaque à des questions hautement sensibles dans notre société, les violences faites aux femmes et notamment les violences conjugales sur lesquelles trop souvent, la société ferme les yeux. Et lorsque les femmes ripostent, trop souvent aussi, elles ne sont considérées que comme de simples criminelles, leur statut de victimes totalement nié.
C'est ce qui arrive à Claude, Elie, Harriet et Beatriz, lorsque, du fin fond du Tarn, par un enchaînement inéluctable de faits, elles passent de l'utopie à la riposte. Pourtant, ces femmes n'aspiraient qu'à vivre simplement, paisiblement, loin de toute tyrannie patriarcale.
Un roman construit comme un thriller, qui interroge en profondeur les mécanismes de notre société.
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L'histoire commence avec un meurtre…..
Claude la narratrice, nous raconte comment ce drame est arrivé…..
D'abord une petite annonce « TARN - Hameau à vendre avec 4 maisons, 2 granges, 2,5 hectares de prés. Pas de voisins proches. €320k FAI…. ».
Alors qu'elle pense à changer de vie avec son fils Lenny, Claude rêve de ce hameau sans trop y croire, limitée par ses moyens financiers de mère célibataire. Elle va alors rencontrer 3 femmes, d'âges et d'histoires différentes, rendant le rêve réalité.
Elles partent s'installer dans ce hameau, élever des moutons, cultiver la terre…. Un lieu qu'elles veulent exclusivement féminin, une terre d'accueil pour toutes les femmes, qu'elles soient en difficultés ou non.
Le projet suscite l'intérêt de nombreuses femmes dont des femmes à bout subissant des violences conjugales…..
Mais leur projet dérange, elles reçoivent des menaces…..

Un livre passionnant, autant par le sujet, l'intrigue et la narration….. il alterne parfaitement l'interrogation de Claude par la police et ses confidences qu'elle livre au lecteur sur l'histoire du hameau et la chronologie des faits…..
Il est riche culturellement et les thèmes de la solidarité, du féminisme et de la société sont riches et parfaitement abordés…..

J'ai adoré !
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J'ai été déçue par la lecture de ce livre dont je trouvais l'idée de base très intéressante : la vie en collectivité de plusieurs femmes d'âge et de parcours très différents ( avec un attachement à Harriet et son accent et Élie
pour son parcours de vie )jusqu'au jour où tout dérape et que le récit a perdu à mes yeux de son charme et de crédibilité.
Mais ne voulant pas spolier l'histoire , il m'est difficile d.aller plus loin dans ma critique.

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Femme portant un fusil
Sophie Pointurier
roman
HarperCollins Traversée, 2023 , 262p


Je me demande si je suis prête pour lire des livres féministes.
La narratrice est une femme, Claude, dont le prénom peut être porté par un garçon comme par une fille, prénom épicène, de 44 ans, au mitan de sa vie, qui essuie une crise existentielle, disons, elle ne voit plus de sens à sa vie, et ses cours d'éthique à de futures assistantes sociales, engagées à 100°/° pour sauver le monde de la misère physique et sociale, ne sont plus convaincus. Elle n'est pas contre les hommes mais elle peut très bien vivre sans eux, et même mieux.
Elle est séparée de son mari et elle élève seule leur fils, un adolescent de 16 ans, Lenny, avec qui elle a une vraie complicité. Lenny se met du khôl autour des yeux et se peint les ongles de vernis noirs, ce qui n'est pas du tout du goût de son père. Il est exclu de son lycée pour avoir taggué sur un mur, pour rigoler, ACAB, All cops are bastards, tous les flics sont des salauds. La mère est convoquée par la proviseure et se laisse humilier -parce que chez elle le courage n'est pas constant- par cette dernière qui lui parle de défaillances dans l'éducation qu'elle donne à son fils. C'est bien sûr la mère qu'on incrimine. Elle, comprend le geste de son fils . Elle dit qu'il n'est pas simple pour une mère d'élever un fils, ses réactions devant, dans, son corps de garçon lui étant, question de sexe, inconnues. Lenny se dit non binaire, et Claude sourit devant le vocabulaire des jeunes.
Elle s'intéresse aux béguines qui ne veulent pas être mariées, veulent échapper à l'emprise de la religion, et vivre indépendantes.
Quand elle tombe sur une annonce de vente d'un hameau dans le Tarn, elle est comme aimantée par l'idée d'y établir une communauté de femmes, comme un béguinage. Ce hameau, elle ne peut l'acheter seule, 320.000.000 quand même. Elle rencontre Elie, porteuse elle aussi d'un prénom épicène, âgée d'une soixantaine d'années, qui la prend avec elle pour sauver une sexagénaire sénile et terriblement seule qui saute de son balcon.
Elie est lesbienne. Elle a participé dans les années 80 aux communautés féministes dans l'Oregon, où les femmes, qui subvenaient à tous leurs besoins, créaient presque un état à part, une micro-nation, avec une constitution. La communauté ne sera donc pas seulement féministe, mais aussi écologique. Elie est contre la violence.
Puis toutes deux rencontrent Harriet, une Ecossaise, la soixantaine, qui ne s'embarrasse pas du genre des articles à mettre devant les noms, sauf quand il s'agit de sa chienne. Certaine parlera de grammaire dégenrée. Son mari était violent, elle l'a quitté.
Enfin vient Anna, une thésarde militante. Puis viendront Beatriz, une révoltée qui a connu la prison, et deux jeunes féministes qui parlent d'intersectionnalité et d'inclusivité.
Au début du livre, Claude est avec un flic, plutôt borné, qui pense comme un flic, et la qualifie de terroriste. Elle a tiré sur un homme parce qu'il avait agressé violemment Elie.
La construction du livre devient alors classique : Claude est en garde à vue, et elle revit le passé, ce qui l'a amené à cet endroit. Cette relation du passé est pleine de rebondissements qui me laisse pantoise. Claude se demande quel est le véritable début de l'affaire . Il y a évidemment l'amitié qu'elle porte à Elie, mais Harriet n'avait-elle pas vu en elle un soldat qui sommeillait ? Elle a 44ans, et l'épilogue parle d'une femme du même âge qui est morte des coups de son mari. La communauté de femmes suscite bien des réactions négatives, celle du voisin d'abord qui a un droit de passage sur les terres, celle des réseaux sociaux.
Ce livre, sous ses allures de policier parle de la possibilité d'une utopie féministe : peut-on autoriser les femmes à vivre en autarcie, entre elles ? Elles ont besoin d'être bien baisées, elles ne sont pas compétentes, elles ont besoin de l'aide masculine, qu'est-ce que cela veut dire qu'elles aient du pouvoir ?
Il parle de violence morale. d'acte politique. le meurtre est justifié. Comment punit-on la violence masculine, et celle des femmes ? Claude met en avant a responsabilité qu'on fait porter aux femmes, l'humiliation supportée jusqu'à la fameuse goutte d'eau de trop, le chagrin, le désespoir. Il lui revient même cette main baladeuse et avide qui l'avait agressée quand elle avait douze ans. Les comportements des infirmiers et infirmières montrent que les choses peuvent changer, que les hommes seront enfin punis pour féminicides réels et potentiels, La question d'une soumission à ou d'une incorporation de la pensée masculiniste est aussi posée.
le livre étonne, interroge, dérange. le personnage de Claude, on l'a pour ainsi dire en face de soi et on entend l'accent de Harriet.




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Le style est celui du roman noir, simple narration tenue par le personnage principal, en l'occurrence une femme de quarante ans en transformation, en changement de vie, qui observe, ressent, pense sa place au monde, s'interroge - « Une pensée m'obsède. A savoir comment, et par quelle magie, l'espèce humaine continue-t-elle de perdurer sachant ce qu'endure sa propre moitié ? Avec la misogynie décomplexée qui se répand depuis la nuit des temps, c'est un miracle que cette deuxième moitié du monde ne se soit toujours pas réveillée en rage, consciente de sa blessure collective ? » -, et décide ...
Le thème est celui de la violence des femmes, celle d'une génération de femmes qui n'ont pas été élevées dans la glorification de la servitude volontaire maquillée par des contes de fées, qui peuvent imaginer pour leur rage d'autre voies d'expression que la violence retournée contre soi ou contre plus petit que soi.
Alors évidemment, et enfin, la littérature s'empare de la question de cette violence là, celle des femmes qui ne veulent plus « regarder passivement les femmes tomber », qui tentent les ailleurs et les autrements, et envisagent la riposte.
Comme elle me plaît cette littérature là, avec la belle liberté de ton de ce livre là !
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Comme il est jubilatoire ce roman ! Imaginez un phalanstère de femmes, comme les béguinages de l'époque mais sans la religion, juste une communauté de femmes qui rêvent de vivre entre elles, au calme, sur une terre un peu à l'écart et qui proposerait un lieu de repos ou de vie à d'autres femmes sans autre condition que celle de donner un coup de main.

Ce lieu, Claude, Elie, Harriet et Anna ne l'ont pas seulement rêvé, elles l'ont créé. Mais la civilisation n'est jamais très loin et bientôt le rêve va tourner au cauchemar... Qu'à cela ne tienne, nos quatre héroïnes ont de la ressource... et des fusils bien chargés.

Ce 2e roman de Sophie Pointurier est formidable ! Les très courts chapitres s'enchainent sur un rythme endiablé, alternant entre le passé et le présent, les uns remontant à la genèse de l'aventure, les autres débutant par la garde à vue de Claude. C'est un livre sur les violences faites aux femmes, violences si communes qu'elles en sont banalisées, même par la justice, surtout par la justice. On s'attache à ces femmes de caractère et de conviction que l'on découvre peu à peu et nul doute que le livre à peine refermé, on ira écouter Kate Bush et peut-être même danser, vêtue d'une robe rouge, sur Wuthering Heights.
Un livre qui assume totalement son féminisme pour un grand plaisir de lecture.

“On reproche aux révolutions de couper des têtes, mais c'est oublier ceux qui crèvent en silence pendant que rien ne change”.
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Je remercie Babelio qui m'a proposé ce livre ainsi que les Editions Harper Collins TRAVERSEE qui me l'ont envoyé.
Ce second roman de Sophie Pointurier, extrêmement bien écrit, commence par une scène violente où seul un prénom est prononcé. Ensuite c'est l'arrestation musclée de Claude, une quadragénaire . Les chapitres vont alors alterner les flash-back que nous livre Claude sur l'origine du projet qui a mené au drame et son interrogatoire au poste de gendarmerie, face à un homme qui transpire le dégout pour cette femme qu'il juge hystérique, terroriste et radicalisée alors qu'elle a simplement voulu vivre, avec quelques autres, à l'écart de la société des hommes.
Il faut savoir que Claude est issue d'une famille de femmes, elle a été élevée par sa mère et sa grand-mère. Son système de référence s'effondre, à sept ans, quand elle est invitée à dormir chez une camarade de classe, qu'elle dit qu'elle n'a pas de père et lit dans le regard de son amie une pitié incompréhensible pour elle . Elle ouvre alors les yeux sur la place qu'occupent les garçons dans son école et sur le rôle dominant des hommes dans la société.
A quarante-six ans elle ne sait plus quoi faire de sa vie qu'elle partage avec son fils Lenny dans un minuscule appartement depuis son divorce . Alors qu'elle est au fond du gouffre, c'est la lecture qui la sauve, et notamment un livre qui parle du « béguinage » au travers des siècles. Aussi, quand elle tombe par hasard sur l' annonce de la mise en vente d'un hameau de cinq maisons, deux granges et 2,5 hectares de prés sans voisins proches dans le Tarn, cela fait écho au mouvement béguinal qu'elle vient de découvrir et un projet insensé se met à murir. C'est sa rencontre fortuite avec Elie qui va précipiter son projet ainsi que la venue d'Harriet et d'Anna qui ont répondu toutes deux à leur petite annonce. Elles vont chacune apporter une part du capital nécessaire à l'achat du hameau et y vivre retirées du monde des hommes. Seul bémol évoqué par Elie, mais qui n'a malheureusement pas inquiété Claude, était qu'une autre ferme utilise la route qui traverse le hameau en son milieu, et ce tous les jours, constituant un lien vers le monde extérieur, plus qu'une nuisance. Elle aurait dû écouter Elie.
Dans « La femme périphérique »,son premier roman, Sophie Pointurier abordait déjà la place des femmes, mais cette fois dans le monde misogyne et conservatiste de l'art.
Avec ce deuxième roman, elle reprend là encore le thème de la place faite aux femmes dans notre société. Nous retrouvons des femmes fortes qui veulent fuir la loi des hommes et vivre seules, tranquilles, isolées dans un espace créé par elles et pour elles. Mais la violence des hommes finit toujours par les rattraper et leur rappeler qu'elles ne sont pas à leur place, tout du moins pas à celle qu'ils leur ont attribuée.
Bien qu'inspiré de faits réels, malheureusement trop nombreux sur les violences faites aux femmes et le peu de place qu'on leur octroie dans la société, les situations et les personnages sont fictifs, mais, ajoute l'auteure, toute ressemblance avec des lieux, des évènements, des personnes vivantes ou mortes n'est ni fortuite, ni involontaire.
La rentrée littéraire va être riche de nombreuses pépites dont ce récit que toute femme devrait prendre le temps de découvrir.
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Roman très intéressant tant au niveau du contenu que de sa construction.

Nous suivons les pensées de Claude et mettons peu à peu en place les pièces du puzzle, nous permettant de comprendre comment elle a pu en arriver à sa situation actuelle.

Claude est une femme un peu perdue, qui a des envies mais hésite à les mettre en place. Elle rêve d'une terrd pour les femmes, où elles vivraient en paix et en presque autarcie. La rencontre d'autres femmes vont lui permettre de concrétiser son projet et de mieux affermir ses envies.

Nous découvrons les différentes femmes habitant le hameau, leur solidarité, les connaissances de chacune et nous nous prenons à rêver à ce havre de paix où les femmes seraient protégées de la violence conjugale et bien d'autres choses. Mais tout vient s'effondrer lors d'un évènement qui va mettre fin à cette utopie.

J'ai beaucoup aimé cette lecture féministe, où les idées de chacune étaient respectées, où la parole était libre et où il régnait une réelle solidarité. Roman qui nous fait donc réfléchir sur l'état actuel des choses et les progrès qui sont encore à faire.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Harper Collins pour cette découverte.
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