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EAN : 9782070719365
262 pages
Gallimard (20/04/1990)
2.5/5   2 notes
Résumé :
L'unification de l'Europe aujourd'hui en marche oblige à repenser à neuf son histoire.
C'est en fait la troisième tentative d'unité. En deux cents pages, ce livre retrace l'écartèlement de l'histoire européenne entre l'unification et le morcellement sur quinze siècles. Quinze siècles de déplacement des limites externes et de réaménagement des frontières internes. Quinze siècles de construction étatique, de modernisation, de révolutions, d'expansion coloniale,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
D'abord on est mal à l'aise à la lecture de cette chevauchée au galop à travers les millénaires d'où nous apercevons d'en haut les agitations inconscientes de France, Angleterre, Allemagne, Gaule, Rome ou Espagne auxquelles il nous est demandé d'admettre l'ordre que notre point de fuite leur donne.

Et puis à y regarder de plus près, on note que des conflits tendent l'intention synthétique et unificatrice : si l'Europe, c'est l'unité, comment, au XVIe siècle, l'Europe peut-elle être divisée et ne s'agirait-il pas d'autre chose que l'Europe si l'unité n'a plus (pas?) lieu ? Ou encore où se trouve le centre de cette unité et qui en est le corps englobant, la tête ou la capitale, le nom ou le principe, si l'on reconnaît que l'unité a bien lieu ? On note alors l'omniprésence de la France, Paris et la Gaule dans cette histoire, la première donnant sa langue à l'Europe, la seconde sa première dynastie, carolingienne, la troisième ses salons, son art de la conversation, ses Lumières. Quant à Rome, on la dit centre spirituel de l'ensemble dont parle ; et du christianisme, que ses frontières ont longtemps conjoint les siennes. Paris, capitale politique, Rome capitale religieuse ?
Il faut bien à cette unité une autorité qui l'organise.

L'Europe, vue comme unité, est-ce que ce serait alors l'établissement d'une domination ?

Vient alors à l'esprit que la chronologie factuelle que l'on nous fait n'est pas si neutre, si le fait ne se laisse pas interpréter, qu'on se doit de le croire : qui fait l'histoire, l'observateur, n'est pas l'autorité dont il est question ; il en « fait » l'histoire pour son compte, à elle qui, invisible et présente de toute éternité, se nomme « Europe », à la manière dont il est dit que l'idée de l'État s'est imposée sous l'inspiration du modèle du corps christique qui mène à la « doctrine des deux corps du roi » et rend « convaincante l'idée nouvelle de la transcendance des États par rapport aux individus corporels qui les personnifient ». Et en effet, les premiers mots du livre insiste sur la corporéité de ce dont on parle, qui nécessairement a des frontières : « l'histoire de l'europe est celle de ses frontières ».

C'est donc qu'il lui faut une personnalité incarnée à cette Europe qui existe de tout éternité et dans laquelle « s'incorporent » les États apportant le corps de leurs nations respectives : cette histoire de l'Europe est une histoire nationale d'un État-nation qui se nommerait Europe.

Ici s'arrête la cavalcade : si l'Europe est unité, n'est-on pas en opposition avec le principe d'une union toujours plus étroite qui, dissoute sous l'autorité unique n'a plus à se renforcer ? Force alors est de conclure que cette unité ne saurait être physique mais plutôt principielle ; qu'Europe est un idéal plutôt qu'un territoire; et quelle réunit les perspectives pltôt qu'elle n'agglomère les territoires : l'histoire de l'Europe ne peut pas ètre factuelles - et Schapp en ce sens avait raison de suggérer l‘impossibilité de l‘histoire universelle.

Mais si l'Europe est un idéal, son histoire est celle de ses concepts - si tant est qu'on puisse les définir et les figer pour pouvoir les reconnaître dans le passé -, en troisième abstraction - et l'histoire du corps se limite à être celui du corps national, abstraction depuis le corps physique.

Cette histoire-là ne peut mener qu'à la provincialisation des États-nation comme entité rendue consciente d'elle-même et à la formation d'un nouvel État-nation, européen. de là le passage obligé de l'auteur par le dégagement de « capitales » et la natiinalisation française de l'Europe - comme sans doute les historiens germanophones de la même époque la germanisent - et de là la gêne ressentie en première lecture : la formation d'un nouveau corps politique ne peut se faire par la perte de conscience, d'historicité, de ses membres. L'Europe ne peut sorganiser que par-delà ses nations, non contre elles rt sous l'effet de leur dissolution - et cette « histoire de l'Europe », comme celle de Durosselle, qui ne prône que le fédéralisme, est produite avant que ne soient menées les réflexions sur le cosmopolitisme et le post-nationalisme : racontée comme une histoire nationale comme une chronique de faits indubitables car inscrits dans l'ordre politique établi et trop peu inspirée des développements en philosophie politique qui pointent l'égarement de cette voie aux dépens d'une cartographie, atemporelle, des idées, elle appartient elle-même à une phase de formation de l'idéal européen : à son histoire.

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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
L Communauté européenne est parfois identifiée à l’Europe, Mais elle ne l’est pas encore. Pour devenir Europe, il lui faudra d’abord s’adapter à la réunification de l’Allemagne [...] Il lui faudra en même temos relever le défi relever le défi de l’intégration civilisationnelle des pays ci-devant communistes de l’Europe centrale et orientale.
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Corps mystique du Christ, l’Eglise est radicalement transcendante par rapport aux institutions terrestres, ce qui fonde son autonomie et sa supériorité. […] Les monarchies […] sécrètent des doctrines analogues : la théorie des deux corps du roi en France et en Angleterre, celle de translatio imperii en Allemagne, celle de Venise, République de Saint-Marc, celle de la Corona regni Poloniae, etc, visent toures à rendre pensable et convaincante l’idée nouvelle de la transcendance des États par rapport aux individus cirporels qui les personnifient,, sans même parler de ceux qui les servent. Elles confèrent donc aux états le statut d’êtres à la fois invisibles, durables et efficaces, et sanctifient ainsi l’autonomie que sont en train d’acquérir les bureaucratie.
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L’Europe cesse ainsi [à l’issue de la guerre de trente ans] d’être en théorie - elle ne l’a jamais été dans les faits - une Respublica Christiana. Même si le rêve y reste toujours vivant d’une paix perpétuelle [sic], même si l’idée nostalgique d’une nation chrétienne apparaît encore [sic], après la chute de Napoléon, dans le traité de la Sainte-Alliance, l’Europe est maintenant une coexistence de raisons d’États qui justifient leurs prétentions en en appelant au droit, les appuie, si elles le trouvent opportun, par la guerre et, donnant une forme juridique aux résultats de celle-ci, définissent les rapports de force reconnus valables jusqu’´à une prochaine épreuve. Les États modernes vivent en guerre et pour la guerre.
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Pour être peu visible – mais elle aime l’ombre-, [la maçonnerie] n’en est pas moins importante et influence, surtout dans les dernières décennies du XVIIIe siècle et les premières du XIXe siècle, où elle inspire des œuvres, quelques chefs-d’œuvre même, d’art, de littérature et de philosophie, et laisse une profonde empreinte sur la culture européenne.
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Pendant les sept premières décennies du XVIIIe siècle, l’influence anglaise n’atteint le continent qu’à travers le relais français. Locke est d’abord lu en traduction française. La maçonnerie arrive dans la plupart des pays via la France. Les institutions et les mœurs britanniques sont connues grâce à Voltaire. Et c’est Montesquieu qui permet aux continentaux de comprendre le système politique, fondement de la liberté anglaise : le rôle de la représentation et lieu de la séparation des pouvoirs.
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