Suzie et l'Homme des bois

Je voudrais tellement être comme mes sœurs. Elles sont amusantes, souriantes, mariées !

Je suis l’éternelle célibataire. Grande, mince, une musculature athlétique est visible sous ma peau bronzée par les heures passées au grand air. Ce sont les interminables enjambées de course qui ont sculpté mon corps. Mon cou et mon nez sont un peu longs, mes cheveux, un peu raides. Par contre, mes yeux sont magnifiques, félins, mais accusateurs. On me l’a souvent reproché.

— Tu devrais te détendre plus souvent, Suzie, me dit Sophie, la cadette. Tu es belle quand tu souris.

Sourire à quoi ? Pour qui ? Qu’est-ce que ça donne ? Je n’ai aucun talent d’actrice. Pourtant, j’essaie. Je crispe les joues, j’étire les lèvres, je montre mes dents.

— Comme ça ?

Sophie me lance un air incrédule.

— Tu n’es pas sérieuse, là ?

Mes joues retombent, je veux pleurer.

— Comment tu fais ? je demande.

Je vois le menton de ma sœur se resserrer, ses paupières se lever. Elle a pitié de moi.

— Je ne sais pas trop. Ça doit être parce que je ressens beaucoup d’amour pour tout ce qui m’entoure. J’aime la vie. C’est simple au fond, dit-elle.

— J’aime la vie moi aussi, pourtant, dis-je.

Ma sœur semble avoir une idée, son visage s’illumine.

— Imagine que tu es dans un grand restaurant, qu’une crème brûlée fraîchement préparée au chalumeau devant toi te sera servie dans les secondes qui suivent.

Je regarde le plafond, je tente de voir l’image. Mes lèvres un peu raides. Par contre, mes yeux sont magnifiques, félins, mais accusateurs. On me l’a souvent reproché.

— Tu devrais te détendre plus souvent, Suzie, me dit Sophie, la cadette. Tu es belle quand tu souris.

Sourire à quoi ? Pour qui ? Qu’est-ce que ça donne ? Je n’ai aucun talent d’actrice. Pourtant, j’essaie. Je crispe les joues, j’étire les lèvres, je montre mes dents.

— Comme ça ?

Sophie me lance un air incrédule.

— Tu n’es pas sérieuse, là ?

Mes joues retombent, je veux pleurer.

— Comment tu fais ? je demande.

Je vois le menton de ma sœur se resserrer, ses paupières se lever. Elle a pitié de moi.

— Je ne sais pas trop. Ça doit être parce que je ressens beaucoup d’amour pour tout ce qui m’entoure. J’aime la vie. C’est simple au fond, dit-elle.

— J’aime la vie moi aussi, pourtant, dis-je.

Ma sœur semble avoir une idée, son visage s’illumine.

— Imagine que tu es dans un grand restaurant, qu’une crème brûlée fraîchement préparée au chalumeau devant toi te sera servie dans les secondes qui suivent.

Je regarde le plafond, je tente de voir l’image. Mes lèvres se soulèvent naturellement pour former un rictus de bonheur.

— Ça y est Suzie, tu l’as. Ne bouge pas.

Ma sœur lève son appareil et le flash m’éblouit.

Femme séduite pardonne vite, voilà une nouvelle expression à mettre dans le Larousse.