Espaces de proximité et animation socioculturelle : Pratiques des animateurs de quartier au croisement de multiples enjeux politiques et sociaux

Dans son ouvrage "Espace de proximité et animation socioculturelle", Mustafa Poyraz décrit la manière dont les animateurs de quartiers construisent leurs rapports sociaux avec d'autres acteurs locaux au sein et aux alentours des équipements socioculturels. Son enquête, issue d'un doctorat de sociologie, l'amène à dégager une typologie des profils d'animateur (relais, médiateur, pacificateur, référent) et à établir des degrés dans leur implication auprès du public (animateur-copain, animateur-institution et animateur-autonome). Selon lui, ces différenciations placent les animateurs dans des situations conflictuelles avec leur public essentiellement composé de jeunes d'origines étrangères. Il considère que la politique des « grands frères » se limite à une injonction municipale d'atténuation des tensions dans les structures d'animation à partir de l' « ethnicisation » de la profession. Malheureusement, son analyse est limitée par un travail excessivement monographique et ne fait qu'effleurer l'objet de recherche par une enquête empirique qui laisse difficilement ressortir les rapports entre la municipalité et les animateurs. Les conclusions qu'ils énoncent dans son travail de recherche ne constituent, au mieux, qu'un point de départ: "L'animation de quartier se situe aujourd'hui, nous dit-il, au carrefour de plusieurs enjeux institutionnels, politiques et sociaux. Car la fragilité et la force des quartiers populaires constituent le cadre dans lequel les animateurs exercent leur métier. " (p. 229) Bien que les deux éléments nodaux de la problématique qu'il développe forment un tout: les enjeux institutionnels, politiques et sociaux et la profession d'animateur, sa démonstration ne les met pas suffisamment en relation. de plus, ils ne peuvent pas non plus se réduire à un raisonnement strictement causal. Bien au contraire, la consistance heuristique de cette problématique délicate n'apparaîtra qu'à la condition de réintégrer le sens que les animateurs issus de l'immigration recrutés dans les quartiers sensibles donnent à leur pratique dans les relations qu'ils nouent avec la municipalité, le quartier et leur public. Il faudra donc reconstruire la trajectoire quasi-intégrale des animateurs pour retrouver la nature même des enjeux et l'analyser au regard de la montée de l'individualisme dans les espaces multiculturels de la société française contemporaine.
Finalement, l'ouvrage de Poyraz pêche à cause de la faible de sa méthodologie et de la fragilité de ses hypothèses. Il ne répond que superficiellement à la problématique qu'il prétend analyser.