-Mais vous êtes la Mort. Votre travail, c’est de tuer les gens !
-MOI ? TUER ? fit la Mort, visiblement offensé. CERTAINEMENT PAS. LES GENS SE FONT TUER, MAIS ÇA, C’EST LEUR AFFAIRE. MOI, JE NE PRENDS LE RELAIS QU’À CE MOMENT-LA. APRÈS TOUT, CE SERAIT UN MONDE SACRÉMENT IMBÉCILE SI LES GENS SE FAISAIENT TUER SANS MOURIR, NON ?
- J'OFFRAIS A VOTRE FILS UNE SITUATION, dit la Mort. J’ESPÈRE QUE VOUS N'Y VOYEZ AUCUNE OBJECTION ?
- C'est quoi votre métier, déjà ? demanda Lezek qui s'adressait à un squelette en robe noire sans manifester le moindre semblant de surprise.
- J'INTRODUIS LES ÂMES DANS L'AUTRE MONDE, dit la Mort.
- Ah, fit Lezek, bien sur, excusez-moi, j'aurais dû deviner d'après votre costume. Un travail indispensable, très régulier. Vous exercez depuis longtemps ?
- DEPUIS UN CERTAIN TEMPS, OUI, dit la Mort.
- Bien. Bien. J'avais jamais vraiment pensé à ce métier-là pour mon fils, vous savez, mais c'est un bon travail, très sur. C'est quoi votre nom ?
- LA MORT.
- Papa... s'empressa le garçon.
- J'crois pas connaitre cette maison-là, dit Lezek. Où vous avez pignon, exactement ?
- DES PROFONDEURS INSONDABLES DE LA MER JUSQU'A DES ALTITUDES OU MÊME L'AIGLE NE SE RISQUE PAS, dit la Mort.
- C'est pas mal, approuva Lezek. Eh ben, je...
- Papa », fit le jeune garçon en lui tirant sur le manteau.
C’était le genre de bruit qu’on entend à la lisière nébuleuse des rêves, une horreur sans nom dont on se réveille trempé d’une sueur glacée. C’était le reniflement sous la porte de la terreur. Comme le reniflement d’un hérisson, mais attention, le hérisson qui fonce des bas-côtés pour écrabouiller les camions
Bientôt il prit le rythme et se mit à jouer au petit jeu mental des quantités auquel tout le monde se livre dans de telles circonstances. Voyons voir, songea-t-il, j'en ai enlevé presque un quart, disons même un tiers, donc une fois passé ce coin-là, près du râtelier à foin, j'en aurai fait plus de la moitié, disons les cinq huitièmes, ce qui veut dire trois autres brouettées ... Tout cela ne prouve pas grand chose, sauf qu'on aborde plus facilement la splendeur impressionnante de l'univers quand on la débite en morceaux.
Ysabell donnait à fond dans les fanfreluches. Même la coiffeuse avait l'air de porter un jupon.La pièce dans son ensemble était moins meublée qu'enfalbalée.
- LA REALITE N'EST PAS TOUJOURS CE QU'ELLE PARAÎT, dit la Mort. N'IMPORTE COMMENT, S'ILS NE VEULENT PAS ME VOIR, IL NE TIENNENT SÛREMENT PAS A TE VOIR TOI. CE SONT DES ARISTOCRATES, PETIT. ILS SONT TRES FORT POUR NE PAS VOIR CE QUI LES DERANGE.
(à Morty)
"-C'EST PARCE QUE LE TEMPS EST FLEXIBLE, dit la mort lorsque l'apprenti en fit la remarque. LE TEMPS N'EST PAS TRÈS IMPORTANT.
-J'ai toujours cru que si, moi.
-LES GENS LE CROIENT IMPORTANT UNIQUEMENT PARCE QU'ILS L'ONT INVENTÉ"
Finalement, il* en trouve un qui paraît le satisfaire, il le soulève délicatement de l’étagère et le porte jusqu’à la bougie la plus proche.[...]
(*)Une fois pour toutes, la Mort est de sexe masculin (NdT).
---Page 10--
"Ah oui fit la Mort
(il s'agit là d'un procédé de cinéma adapté au livre. La Mort ne parle pas à la princesse . Il se trouve en réalité dans son cabinet et s'adresse à son apprenti. mais c'est plutôt efficace, non ? On doit appeler ça un fondu rapide ou un zoom inversé. Ou autre chose. On peut s'attendre à tout d'une industrie où tout le monde s'appelle "Coco".)
Oui, c'était vraiment étonnant ce qu'on obtenait avec plusieurs décigrammes de métal lourd, des mollusques irrités, quelques rongeurs morts et des mètres de fil expulsés par des derrières d'insectes.