Une lecture très prenante, captivante... qui a absorbé d'une seule traite ,sans que je m'en rende compte, "ma " nuit dernière...
Un écrivain toujours assez méconnu que
Jérôme Garcin s'est acharné à faire connaître dans les années 1995...Période où grâce à lui, mon attention a été attirée par cet écrivain aux multiples curiosités et talents. Un passionné inconditionnel
De Stendhal et de
Montaigne... mort malheureusement prématurément lors de la seconde guerre....
J'ai commencé la lecture de cet auteur par "
L'Affaire Berthet" ( Fait
divers qui inspira
Stendhal, pour la rédaction du "Rouge et le Noir" )...
A ma grande honte, une amie de fac m'avait offert dans ces années-là deux textes dont j'étais pourtant très curieuse...Je répare doucement mes négligences... L'autre texte est un récit plus personnel "
Dix-huitième année"...dont je parlerai aussi vite que possible !!!
Dans "Le Sel de la plaie", Crouzon, un jeune étudiant en droit, brillant, de milieu très modeste, boursier, se voit brutalement et injustement accusé de vol par un de ses condisciples, issu de la bourgeoisie. Il est profondément blessé, estime qu'il a été bafoué , comme ayant perdu son honneur. Au lieu d'oublier l'incident, la rage ressentie face à cette injustice lui fait demander conseil à un de ses amis qui lui trouve un poste dans un journal en province, à Châteauroux. Il travaille d'arrache-pied,déploie une énergie, une ambition, un esprit d'entreprise sans frein, veut prendre sa revanche sur ses blancs-becs de Paris, qui l'ont exclu, humilié...Une revanche sociale, à prendre !
Un parcours de combats, de chagrins, de désillusions, d'acharnement... La
réussite , la reconnaissance sociale seront assez rapidement atteints... mais notre combatif jeune homme souffrira longtemps dans sa vie privée....qui le laissait très seul et plein de doutes sur ses capacités à séduire et s'attacher une femme... Une vie incomplète qu'il finira par réussir à construire...en toute harmonie, avec enfin une sérénité durement conquise !!
J'ai lu d'une traite ce roman, tant je me suis attachée à Crouzon, souhaitant qu'il soit récompensé, dans toute son existence, pour sa détermination , son caractère très entreprenant et ses grandes exigences envers lui-même..ainsi qu'une sensibilité exacerbée, le tourmentant terriblement...!
On pourrait dire qu'il existe des échos, des similitudes de personnalité avec celle de Julien Sorel, transposé dans une autre époque : les années 20...
Je termine ce billet... par cet extrait des plus explicites de
Jérôme Garcin
"Parachuté dans le quotidien local et républicain à la veille des élections législatives, le béjaune réalise aussitôt des prouesses. (...)
Animé d'une ferveur stendhalienne dans un paysage encore balzacien, le héros de Prévost a tôt fait de se métamorphoser en notable de province. Il révolutionne la distribution des journaux, achète une imprimerie, diffuse des almanachs, invente la réclame murale, dirige le club de sport, inquiète le bourgeois, et trouve même à se marier. Lui qui n'avait jamais appris à s'aimer, s'initie au plaisir de se considérer (...) [Préface de
Jérôme Garcin ]
Un très beau portrait d'un modeste étudiant,ambitieux et perfectionniste, travaillant d'arrache-pied, conquérant, luttant pour chaque objectif qu'il se fixe. Selon l'expression bien connue: "Un homme qui s'est fait tout seul" !!
"Les jeunes gens l'aimaient. Il était le seul garçon dans Châteauroux qui eût créé du nouveau, le seul patron qui courût en petites culottes à côté de ses employés, le seul être qui pût donner aux jeunes confiance dans la vie:
ils ne voyaient ni ses haines, ni ses tristesses, ni son obstiné labeur." (p. 111)