A Quimper, le jeune André grandit au sein de la boucherie familiale « Chez Plomeur ». le moins que l'on puisse, c'est que dans la famille Plomeur, on n'échappe pas à son destin de boucher. A sept ans, André apprend à compter en tenant la caisse, à huit ans, il égorge son premier mouton, et son éducation littéraire se fait avec la valse des étiquettes : Abats,
Bifteck, Côtelettes, Dindon, Epaule….
Mais en cette période de guerre (14-18) où tous les hommes valides sont envoyés au Front, la fine moustache naissante d'André adolescent finit par titiller toutes les femmes du canton, y compris les notables. La réputation de jeune étalon ne tarde pas à sévir, et la boucherie connaît alors son apogée commerciale tant que les ménagères « tous sens aux abois » affluent dans la boutique- et derrière la cathédrale où se tiennent les rendez-vous -!
Mais apparaissent bien vite les limites de la méthode Ogino, seule méthode de contraception de l'époque. .Et à l'heure de l'Armistice, ce ne sont plus les clientes qui affluent sur le devant de porte, mais les couffins déposés anonymement au petit matin. Sept en tout ! Si ses parents finissent par mourir de la honte qui les accablent , André, lui tourneboulé par sa nouvelle paternité, et surtout inquiété par un mari cocu, André prend le large pour un long périple vers l'Amérique avec sa progéniture.
Un drôle d'ouvrage que voilà, ces 124 pages ! Si la première partie est loufoque et burlesque, le voyage initiatique, lui, se poursuit tout en poésie. A la manière d'une fable, il nous parle du fabuleux chamboulement de la paternité dans la vie d'un homme, à l'exemple des tempêtes que l'on peut traverser, porté par l'amour inconditionnel d'un enfant.
Bien entendu, j'ai totalement adhéré aux premières pages car j'aime le déjanté ! Par contre, l'allégorie ne me sied pas toujours… Si bien que je suis passée à côté d'une partie de ce conte, notamment les toutes dernières pages. J'en ai toutefois apprécié la plume à la fois alerte et poétique de
Martin Provost.
Je remercie Brize pour ce livre voyageur : elle a trouvé, pour sa part, " l'écriture colorée, charnue, savoureuse " . Clara, elle, a adoré ce roman, Sandrine a comme moi, surtout " apprécié le premier tiers du livre ", et Keisha, malgré "un goût d'inachevé", en a aimé la sensualité.
Bifteck de Martin Provost- Editions Phébus- 124 pages
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