Voici un texte difficile , rugueux et âpre. Un vétéran revient psychologiquement Naufragé de la Guerre du Pacifique . Il est très gravement défiguré aussi. Sa personnalité difficile et son visage empêche autrui de le regarder sereinement. Il entretient , une correspondance amoureuse qui le rattache salutairement et douloureusement à son passé, et à son futur sans avenir.
Cette correspondance ,sa maison avec les quelques visiteurs de toutes sortes et son voisinage, sont sources de bien-être ambiguë et d'exutoire.
Le texte est très solide et les personnages sont palpables , de même pour l'univers qui se livre avec une présence fabuleuse.
Il n'y a aucun lieux communs ou clichés à déplorer dans ces pages aussi touchantes que dérangeantes . Je suis arrivé à la fin en me demandant où se trouvait l'intérêt profond de ce roman assez court ? Car cette lecture de qualité m'a conduit paradoxalement , à un : Et Alors ? (finalement et malgré tout les qualités du texte).
En fait la puissance évocatrice de ces pages oblige le lecteur à se confronter aux calvaires de ce vétéran cynique, souffrant et touchant (de loin) , si on creuse.
Sa laideur extrême est tangible et impactante, on ne peut la banaliser et c'est un filtre finalement .
Le lecteur se prend à compatir ,être peiné sérieusement, ou encore à vouloir fuir.
A ce titre ce texte est une confrontation rude avec soi-même et cela surgit dans l'intimité avec la confession pudique mais violente de cette souffrance continuelle lancinante et banalisée par le quotidien et par la répétition. Tout cela fait la tonalité de cette lecture triste.
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Garnet Montrose est un rescapé de la Guerre du Pacifique qui n'en revint malheureusement pas indemne. Outre les blessures psychiques, il en revint affreusement mutilé, avec la face à moitié déchirée, provoquant le dégoût d'autrui sur son passage. Alors qu'il devrait provoquer la pitié et être considéré en tant que héros, les gens le méprisent et ne peuvent qu'être pris de nausée sur son passage. Seul le maintient en vie son amour pour la veuve Nance. N'osant pas se présenter à elle par pudeur, il engage donc deux jeunes personnes qui seront chargées de lui porter ses lettres d'amour.
Roman extrêmement bien écrit, à l'écriture fluide mais dont, tout comme le héros du roman, on ne peut pas ressortir indemne tant les sujets dont il traite sont durs et très, voire même trop détaillés. Roman qui passe de la tendresse à des passages relativement violents et c'est ce qui fait que, même si je ne peux que vous conseiller cette lecture pour la prose de l'auteur, je n'en garderais pas un très bon souvenir étant donné qu'il s'agit d'une lecture assez traumatisante pour toute âme sensible, ce qui est mon cas !
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A l'issue de la guerre du pacifique, Garnet Montrose, véritable « gueule cassée », revient s'installer en Virginie. Son corps est une plaie, son aspect provoque la nausée. Seul le rattache à la vie son amour pour la veuve Nance dont on ne sait si elle l'aime ou le hait. Déterminé à la convaincre de ses sentiments, il engage des jeunes gens dont la mission est de lui porter quotidiennement des lettres l'assurant de son amour. Parmi ces hommes, seuls deux d'entre eux vont s'attacher à lui. Ils lui permettront de renouer d'une façon inattendue avec des émotions dont la guerre l'avait privé. Dans une langue parfois poétique, parfois brute, un récit émouvant mettant en scène des êtres abîmés par la vie.
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L'océan est tout proche,qui semble immiter mes humeurs :parfois même quand le ciel est pure,il tonne,il cogne,il gronde et va jusqu'à pleurer comme un petit enfant.
C'était de nouveau la nuit,si bien que cette journée commencée avec la lecture de la lettre s'était évaporée comme de la rosée.
"Je me souviens que je leur racontai comment Daventry m'avait volé mon amie. On eût dit qu'ils étaient déjà au courant, à en juger par l'expression de leur visage penché vers moi, et ils me pressaient contre eux, ce qui me rappela l'étreinte de Daventry quand il avait dansé avec moi sous les feux tournants de la salle de danse. Je savais que j'étais devenu fou, que mon cerveau avait fini par être contaminé par la honte et la dégradation de mon corps et qu'il prenait à son tour la consistance du jus de mûre."
La veuve Nance m'avait en horreur ;elle me méprisait ;elle aurait préféré rencontrer une armée d'araignées plutôt que que de me voir surgir derrière les roses trémières.
"Il se mit à me regarder, et je crois que soudain il me vit de nouveau comme au premier jour, lorsqu'il avait failli vomir à ma vue, mais à présent je partageais son secret et il me serra étroitement contre lui, comme un petit enfant qui embrasserait enfin le sombre lutin qui s'était longtemps caché au pied de son lit."