Dernier Royaume, tome 1 : Les ombres errantes

"- Bizarre, je vous assure mon cher cousin que vous avez dit bizarre
-Moi j'ai dit bizarre. Bizarre, comme c'est bizarre !"
Ce livre de Pascal Quignard est bizarre. ce n'est pas un roman, ce n'est pas un essai ni une biographie. Mais c'est un Goncourt.
Je ne sais pas si ce Goncourt est mérité, j'ai grande difficulté à accéder à la pensée de P. Quignard et pourtant, je ne pouvais pas abandonner de lire. Lire c'est errer. Bizarre, non !

J'avoue, un voyage érudit, parfois opaque, parfois fulgurant, métaphysique souvent, historique parfois, pour évoquer les indicibles, et invisibles, ombres errantes...
Seulement, a mesure que j'avançais dans ma lecture, une seule question revenait : quels étaient les autres livres en concurrence avec lui pour le Goncourt 2002, pour qu'il l'ait obtenu à leur place ?
Parce que je ne vois franchement pas, l'originalité mise à part, ce qui a pu motiver pour qu'on lui remette le prix ...
Les deux étoiles c'est pour l'écriture sublimée !
Le reste, je suis complètement passée à côté, trop intellectuelle pour ma petite tête !

Une suite de pensées agglutinées en superposition de fragments qu'on a du mal à relier les uns aux autres. Souvent ce ne sont que des évidences qui prennent pompeusement des allures d'aphorismes.
Des phrases courtes, un manque de liant, des mots savants en pagaille, du latin non traduit... bref de la cuistrerie. La mayonnaise ne prend pas.
J'avais pourtant beaucoup aimé « tous les matins du monde » (peut-être à cause du film)...

Je suis retombé sur quelques notes éparses dans mon petit carnet à spirales.
(Je suis un maniaque)
J'ai mis du temps à me remémorer qu'il s'agissait de quelques échantillons glanés dans le premier tome de Dernier Royaume.
J'essaie de reconstituer en vain ce qui m'a marqué dans ce bouquin, hormis le thème de l'errance, de l'ombre de la mort, du mentir de l'écriture, de la fuite du temps. Mais rien de ces jolis artefacts que je croyais pouvoir saisir ne s'est conservé, trop de sécheresse, pas assez de lien, rien à faire que de déplorer l' impossible agglomération de ces grains littéraires. Dust to dust...
Quelle frustration, ressorti de cet obscur labyrinthe avant même d'avoir réalisé que j'y était entré, l'accès semble s'être avachi derrière moi, je n'ai même plus envie de tenter une relecture.
Drôle d'expérience. Je me demande si je ne me suis pas fait avoir quand même...

Résumé : " Il y a dans lire une attente qui ne cherche pas à aboutir.
Lire c'est errer. La lecture est l'errance. "
Ça pour errer, on erre heureusement parfois on bute sur quelques pierres qu'il est agréable de trouver