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Citations sur Les heures heureuses (14)

Nous sommes en 1640, Monsieur Descartes vient de perdre sa petite fille de cinq ans.

Nous sommes dans la nuit du 24 août 1572, où l’on égorge les protestants – page arrachée du journal de Montaigne, trop monstrueuse peut-être pour être gardée.

Nous sommes le jour béni où des écailles tombent de nos yeux.
………………………….
« Effroi… » « Il y a des mots, oui, qui ont un caractère un peu fermé sur eux-mêmes, un peu autistiques, qui ne correspondent pas exactement à la définition du dictionnaire. Ce sont des mots talismans. Prenons le mot "effroi", dont l'étymologie signifie "sortir de la paix". Pour moi, "effroi" n'est pas effrayant, c'est le mot de la naissance, le contraire de l'angoisse, qui est une peur, alors que l'effroi est une découverte. La beauté pour moi est donc liée à l'effroi, et je tiens à ce mot parce que je crois qu'arrive un moment, au cours de la vie, où l'on se rend compte que les sédatifs sont mauvais, qu'il faut que la vie soit nimbée d'un peu de peur encore. C'est cela qui doit nous attirer et nous arracher à la torpeur qui gagne toujours un peu plus chaque jour. Oui, garder un peu d'effroi en soi. »
………………………
« Derrière tout nid il y a une coquille brisée. »
Derrière tout livre, il y a un cœur blessé.
Dans la naissance du jour le nymphéa blanc est le premier à s’ouvrir.
À sept heures, c’est le millepertuis.
À huit heures, c’est le tour du mouron.
À neuf, c’est le souci …
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j’ai dû être cerf ou lièvre jadis. J’ai toujours su fuir à toute allure.
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Les heures heureuses
         CHAPITRE XXXVII
             Poèmes / B
  
  
  
  
   Le roi Arthur n’a jamais vu un hortensia.
   Anne de Bretagne ne connut pas la glycine.
   Le premier marronnier arriva à Paris, transporté
d’Asie Mineure sur une caravelle à quatre voiles car-
rées, dans une caisse en bambou qui avait été placée
sur la poupe. Quatre marins la transportent sur une
charrette tirée par deux bœufs sur les pavés du Havre.
Nous sommes en 1612.

             ***
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« Je ne sais plus comment on fait pour réserver une chambre, une place, une table. / Un jour, sans que rien serve d’avertissement ni d’indice, on est entré dans une région énigmatique. / Le pire est que ce paysage aussi a sa magie. »
………….
Le sol-ennel définit le jour qui est ‘’seul’’ à l’intérieur de l’année. Dans ce mot solus et annus se mêlent et se célèbrent, disait Terentius Varron. C’est l’invention de l’anniversaire. L’empereur Hadrien autorisa qu’un seul jour par an, lors de la commémoration de la prise de l’ancienne Jérusalem, les juifs eussent accès à la capitale de leur ancien royaume pour la durée d’un jour……Ils toucheraient la pierre d’un rempart détruit. Ils en toucheraient le lichen, les petites fougères Au dernier rayon du soleil les portes seraient refermées sur leurs ombres. Alors les hommes pieux rejoindraient la nuit, la campagne, les rivages, la mer. Ou plutôt ils se réinséraient dans le merveilleux’ ’non temple’’ qui était devenu le livre dans leur bagages.
……………….
Dans sa salle à manger Goya peignit à fresca, sur toute l’ampleur du mur qui faisait face, Chronos dévorant à deux mains un enfant qui hurle de douleur alors que la mâchoire du dieu le déchire nu et cru.
………………………
La danse est un souvenir de nage qui gagne l’espace atmosphérique et qui cherche le ciel. Cette nage se détache de la terre. C’est alors le vol si lent des ailes immenses des toutes petites chouettes effraies dans le silence de la nuit : ce sont les sublimes nageoires des raies mantas qui se déplacent ou plutôt qui évoluent dans le noir sans lumières des abysses.
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Il est possible de vivre deux fois. C’est-à-dire : il est possible d’écrire.
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L’espace, c’est le second temps. L’espace, c’est là où s’étend le temps après son implosion. C’est le froid où il s’affaisse. C’est du temps effondré dans la nuit que traverse une lueur dont la source s’est éteinte alors qu’on frémit devant elle, ou qu’on la recherche du bout des yeux comme le font les fleurs. Le premier temps est d’eau puis on est expulsé dans l’espace où on tombe avec lui.
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   CHAPITRE V
             La plage d’Ischia
  
  
  
  
   On suivait les rouleaux de la mer. L’obscurité envahissait le ciel. Avec M. on avançait de plus en plus lentement parce qu’on ne voyait plus grand-chose. On suivait la frange d’écume qui scintillait dans la nuit. Comme les escargots suivent la trace argentée de leur bave. On retrouvait dans le noir – dans le sable noir du volcan- les gargotes aux légumes frits, aux aubergines coupées en si fines lamelles, aux poivrons de toutes les couleurs, aux olives de Lucca, les restaurants de poisson
où on faisait frire les seiches, les calamars, les crevettes, les pâtes aux vongole, les petites soles, les anchois frais à peine saisis dans l’huile crépitante.
   Heures heureuses, infiniment heureuses.
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Les heures heureuses
         CHAPITRE XXXVII
             Poèmes / A
  
  
  
  
Les taureaux vivent trente ans et les grenouilles aussi ;
la tortue cent cinquante ;
une guêpe cinq.
Les esturgeons vivent cent ans ; l’éponge quinze ; la
souris trois ;
l’homme se situe entre l’oie – ou le cygne- et la
moule de bouchot.
Les lions- les rois de la nature – ne vivent pas plus
de trente- trois ans ; les pigeons trente-cinq ; les vau-
tours cent vingt. On monte. On s’élève dans le temps
et dans l’âge.

             ***


   1879, Maria, huit ans, hissant la tête, cassant la tête,
regardant le plafond, levant la main, s’écria :
   - Mira, papa ! Bueyes ! (Regarde, papa ! Des bœufs !)
   Altamira apparut mais il fallut des années et des
années pour s’en convaincre.
L’art des cavernes est si récent dans la cavité cépha-
lique, obscure, caverneuse, noirâtre des hommes.

             ***
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Les Hôrai désignaient les saisons inhumaines qui rythment la durée de tous les êtres et évènements de la nature à la surface de la terre. C’est le temps qui fait s’épanouir la nature (physique) et c’est le temps qui précède la vie (cosmique) qui naît et va et vient avec le mouvement des flots de l’océan et qui suit la disposition des étoiles sur la voûte imaginaire du ciel. C’est le temps qui, d’abord sur la terre, ensuite dans la vie déversé du fond du ciel, assure le cycle immense des saisons loin en amont des suites minuscules que les hommes y arriment.
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C’est à cet instant pile du zénith que l’homme ne peut avaler ; c’est à cet instant que le morceau de pomme resta fixé à sa gorge, surgissant à son cou comme le premier vestige du temps, l’empêchant de déglutir.
Le premier vestige du temps est la pomme d’Adam, c’est l’angoisse, qui serre la gorge, qui se tient juste au-dessous du langage.
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