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EAN : 9782226481795
240 pages
Albin Michel (23/08/2023)
3.58/5   33 notes
Résumé :
Derrière les heures ce sont les paysages.
Le temps qui se tient derrière le temps c’est la rotation des paysages.
Le printemps, l’été, l’automne, l'hiver.
Les paysages sont les visages inoubliables du temps originaire qui fuse.

Donner une forme imprévisible à sa propre vie et s'y tenir quelle qu'elle soit devenue, tel est le but de l'ascèse.

À l'intérieur de l'énigme de chaque vie, chacun devient alors l'indice d'un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Quand j'étais petit, j'aimais écouter les histoires de mon grand-père : la guerre de 14/18, des histoires d'intersignes mystérieux. Maintenant, je sais que c'étaient des histoires terribles. Mais c'est la « voix » de mon grand-père qui les rendait merveilleuses, qui me rassurait.
Aujourd'hui C'est Pascal Quignard que j'aime lire, qui me rassure en quelque sorte.
Pas de récriminations chez Quignard, « Dans ce que j'écris, il y a quelque chose qui essaie de compenser la fragilité de la vie et de son intense beauté. Ce n'est pas parce qu'elle diminue que je devrais la dire moins belle, elle n'en est que plus belle. Je comprends que des adolescents se révoltent… » Seulement ne pas épouser les valeurs furieuses des guerres civiles, nationales, religieuses…
Pascal Quignard est un solitaire, comme ces jansénistes dont il aime le retrait.
Pascal Quignard nous résume ainsi son projet : « Dans ce livre… il me faut recueillir ces ultimes vestiges : les chiffres et les dates. Les heures qui les assemblent. »
En écrivain de la digression.
……………………………….
Il partage avec nous des images, comme des trésors dénichés au fil de lectures.
C'est émouvant, profond, et cela donne du plaisir : qu'est-ce qu'une date ? Comment Jean de la Croix est-il mort ? Pourquoi appelle-t-on hortator l'homme qui, sur les navires de l'Antiquité, était chargé d'activer la cadence des rameurs ? Qu'est-ce qui rend cette Ève, la main gauche posée sur l'épaule d'Adam nu, si troublante sur une vignette du livre d'heures du duc de Berry ?
Des histoires où on perd l'oeil lors d'un combat sur une barricade à Paris en 1652.
………………………………….
Il salue ses défunts :
L'oncle Jean, érudit et spécialiste de Flaubert, revenu de Dachau, « affolé d'avoir à revivre ».
Et puis le portrait intense de l'écrivain Emmanuèle Bernheim, disparue en 2017. « L'amitié c'est aussi savoir se taire ensemble et dans ce cas nous avions été de prodigieux ami. L'amitié c'est aussi ne rien chercher à domestiquer de l'autre…. Laisser le farouche de l'autre exister ».
……………..
Courts chapitres à l'enchaînement musical. Tout ce qui, dans nos discours, est soumis à des règles : l'argumentation, les classifications, n'existe plus. On entre dans son écriture comme on entre dans l'eau.
Parfois Je ne comprends pas, mais c'est égal. Ne pas froncer les sourcils. Se laisser aller et écouter sa musique, sa »voix »

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Du grand Pascal Quignard avec ce douzième tome du Dernier Royaume. Ici encore, il couche en vrac et dans de très nombreux chapitres courts ses pensées, ses réflexions, des fragments de récits autour de la thématique de la nature. Mais on y retrouve aussi bon nombre de digressions sur le bonheur, son amitié E. Bernheim, sa passion pour L Histoire. C'est un texte dense et intéressant. Ce texte est un ovni : inclassable et unique.
Cependant, en dépit de quelques grands moments d'écriture et de pensées, Les Heures Heureuses demeure très pompeux. Il n'y a pas de fluidité dans la lecture. On a bien du mal à suivre tous les sauts de puces que l'esprit de l'auteur nous offre. Difficile de se laisser porter par ce texte tant les changements de rythmes, de styles sont fréquents.
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Une succession de chapitres, plus ou moins longs, se référant à une période de l'histoire ou à une anecdote avec le temps qui passe et les « heures heureuses » qui l'accompagnent. Erudition et charme poétique sont à l'oeuvre comme toujours dans l'écriture de l'auteur.
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Un très grand livre, suprenant, déroutant, qui mélange différents genres, témoignages, réflexions, poésies, contes, autobio…
Le livre n'a pas vraiment de fil narratif, ils pensent les heures, le temps, en différents chapitres d'équivalence relativement égale, dont l'ordre importe assez peu (on peut d'ailleurs se demander pourquoi il les a numérotés, si ce n'est pour la coquetterie de recourir aux chiffres romains). Et même à l'intérieur de chaque chapitre, l'ordre n'est pas si important. le livre invite à porter l'attention à toutes choses, petites et grandes (le baton de rouge à lèvres, le chewing-gum rose, des photos de chats, y en a toutes les pages).
Le livre célèbre les virtuoses, les sages, les “rares” (“Rares ceux qui ont abandonné la sonnerie du réveile-matin qui pince le cerveau autant qu'elle malmène le mouvement du coeur”). C'est d'une grande érudition, et l' auteur ne prend pas toujours son lecteur par la main. Et parfois, quand le livre n'est pas à son meilleur, l'auteur ne semble pas bouder la compagnie des puissants (Mitterand cité à quatre reprises dans le chapitre XXXVIII…), et effectue un peu de ‘name dropping' (“Épicure et Lucrèce ont connu cette sensation […]. La Boétie et Montaigne la connurent. Schopenhauer et Nietzsche la connurent. Esprit et La Rochefoucauld la connurent.”) mais c'est mineur.
C'est un livre rempli de cabalistiques apophtegmes, si vous n'appréciez pas il est peu probable que ce livre vous convienne.
“Passé et futur ne sont que matin et soir entre ciel et terre.
Ne sont que rêves dans la nuit où la conscience s'effondre.
Si l'on considère le présent du point de vue du souvenir, on l'appelle passé.
Si l'on considère le passé du point de vue du futur, on l'appelle mort.”
Pour celleux qui l'ont lu, je signale que le podcast La Gêne Occasionnée a consacré près de 1h30 d'émission sur ce livre.
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Les livres de Pascal Quignard se méritent : leur densité , le raffinement de la langue , l'érudition peuvent rebuter le lecteur paresseux ou timide . Mais si on accepte le défi, quel bonheur ! La forme adoptée ,celle du fragment ,autorise une lecture trébuchante et savoureuse. le hiatus entre les passages incite à la réflexion ou la rêverie .Et quelle variété de formes (sentence,anecdote historique , poème en prose…) , de sujets (la mer , le temps,aube et crépuscule, vieillesse, amitié ),de références (Spinoza, Montaigne, Saint-Evremont…) .Un grand plaisir.
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critiques presse (5)
Liberation
06 décembre 2023
[L]e mouvement du retour est un élément signature de l’écrivain, qui se couple à sa vision de la mémoire : cette circularité, comme un ressac, est une propriété qu’il confère au temps dans les Heures heureuses, en en refusant la linéarité qu’on lui attribue habituellement.
Lire la critique sur le site : Liberation
Bibliobs
28 septembre 2023
Dans ce recueil d’épiphanies, où même l’érudition est joyeuse, Pascal Quignard interroge : « Qui sait ce que le passé réserve à l’avenir ? » Un livre somptueux…
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
22 septembre 2023
Pascal Quignard lance les fragments comme des balles. Réflexions, aphorismes, souvenirs, citations, microrécits sont mélangés dans de courts chapitres dont l’enchaînement est musical.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
01 septembre 2023
Au fil des mots, des pages, Quignard raconte et surprend. Une sorte de plénitude qui dépasse de loin l’état du cœur.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LesEchos
30 août 2023
Dans « Les Heures heureuses », le romancier se plonge dans l'énigme du temps qui fuit à travers une magnifique méditation poétique et philosophique sur la valse des saisons, des chiffres et des dates.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Nous sommes en 1640, Monsieur Descartes vient de perdre sa petite fille de cinq ans.

Nous sommes dans la nuit du 24 août 1572, où l’on égorge les protestants – page arrachée du journal de Montaigne, trop monstrueuse peut-être pour être gardée.

Nous sommes le jour béni où des écailles tombent de nos yeux.
………………………….
« Effroi… » « Il y a des mots, oui, qui ont un caractère un peu fermé sur eux-mêmes, un peu autistiques, qui ne correspondent pas exactement à la définition du dictionnaire. Ce sont des mots talismans. Prenons le mot "effroi", dont l'étymologie signifie "sortir de la paix". Pour moi, "effroi" n'est pas effrayant, c'est le mot de la naissance, le contraire de l'angoisse, qui est une peur, alors que l'effroi est une découverte. La beauté pour moi est donc liée à l'effroi, et je tiens à ce mot parce que je crois qu'arrive un moment, au cours de la vie, où l'on se rend compte que les sédatifs sont mauvais, qu'il faut que la vie soit nimbée d'un peu de peur encore. C'est cela qui doit nous attirer et nous arracher à la torpeur qui gagne toujours un peu plus chaque jour. Oui, garder un peu d'effroi en soi. »
………………………
« Derrière tout nid il y a une coquille brisée. »
Derrière tout livre, il y a un cœur blessé.
Dans la naissance du jour le nymphéa blanc est le premier à s’ouvrir.
À sept heures, c’est le millepertuis.
À huit heures, c’est le tour du mouron.
À neuf, c’est le souci …
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« Je ne sais plus comment on fait pour réserver une chambre, une place, une table. / Un jour, sans que rien serve d’avertissement ni d’indice, on est entré dans une région énigmatique. / Le pire est que ce paysage aussi a sa magie. »
………….
Le sol-ennel définit le jour qui est ‘’seul’’ à l’intérieur de l’année. Dans ce mot solus et annus se mêlent et se célèbrent, disait Terentius Varron. C’est l’invention de l’anniversaire. L’empereur Hadrien autorisa qu’un seul jour par an, lors de la commémoration de la prise de l’ancienne Jérusalem, les juifs eussent accès à la capitale de leur ancien royaume pour la durée d’un jour……Ils toucheraient la pierre d’un rempart détruit. Ils en toucheraient le lichen, les petites fougères Au dernier rayon du soleil les portes seraient refermées sur leurs ombres. Alors les hommes pieux rejoindraient la nuit, la campagne, les rivages, la mer. Ou plutôt ils se réinséraient dans le merveilleux’ ’non temple’’ qui était devenu le livre dans leur bagages.
……………….
Dans sa salle à manger Goya peignit à fresca, sur toute l’ampleur du mur qui faisait face, Chronos dévorant à deux mains un enfant qui hurle de douleur alors que la mâchoire du dieu le déchire nu et cru.
………………………
La danse est un souvenir de nage qui gagne l’espace atmosphérique et qui cherche le ciel. Cette nage se détache de la terre. C’est alors le vol si lent des ailes immenses des toutes petites chouettes effraies dans le silence de la nuit : ce sont les sublimes nageoires des raies mantas qui se déplacent ou plutôt qui évoluent dans le noir sans lumières des abysses.
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Les heures heureuses
         CHAPITRE XXXVII
             Poèmes / B
  
  
  
  
   Le roi Arthur n’a jamais vu un hortensia.
   Anne de Bretagne ne connut pas la glycine.
   Le premier marronnier arriva à Paris, transporté
d’Asie Mineure sur une caravelle à quatre voiles car-
rées, dans une caisse en bambou qui avait été placée
sur la poupe. Quatre marins la transportent sur une
charrette tirée par deux bœufs sur les pavés du Havre.
Nous sommes en 1612.

             ***
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Les heures heureuses
         CHAPITRE XXXVII
             Poèmes / A
  
  
  
  
Les taureaux vivent trente ans et les grenouilles aussi ;
la tortue cent cinquante ;
une guêpe cinq.
Les esturgeons vivent cent ans ; l’éponge quinze ; la
souris trois ;
l’homme se situe entre l’oie – ou le cygne- et la
moule de bouchot.
Les lions- les rois de la nature – ne vivent pas plus
de trente- trois ans ; les pigeons trente-cinq ; les vau-
tours cent vingt. On monte. On s’élève dans le temps
et dans l’âge.

             ***


   1879, Maria, huit ans, hissant la tête, cassant la tête,
regardant le plafond, levant la main, s’écria :
   - Mira, papa ! Bueyes ! (Regarde, papa ! Des bœufs !)
   Altamira apparut mais il fallut des années et des
années pour s’en convaincre.
L’art des cavernes est si récent dans la cavité cépha-
lique, obscure, caverneuse, noirâtre des hommes.

             ***
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   CHAPITRE V
             La plage d’Ischia
  
  
  
  
   On suivait les rouleaux de la mer. L’obscurité envahissait le ciel. Avec M. on avançait de plus en plus lentement parce qu’on ne voyait plus grand-chose. On suivait la frange d’écume qui scintillait dans la nuit. Comme les escargots suivent la trace argentée de leur bave. On retrouvait dans le noir – dans le sable noir du volcan- les gargotes aux légumes frits, aux aubergines coupées en si fines lamelles, aux poivrons de toutes les couleurs, aux olives de Lucca, les restaurants de poisson
où on faisait frire les seiches, les calamars, les crevettes, les pâtes aux vongole, les petites soles, les anchois frais à peine saisis dans l’huile crépitante.
   Heures heureuses, infiniment heureuses.
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Vidéo de Pascal Quignard
L'auteur Pascal Quignard a bâti une oeuvre érudite et sensible. Avec "Compléments à la théorie sexuelle et sur l'amour", il poursuit sa réflexion sur la sexualité et la relation amoureuse et nous parle d'art, de masochisme, ou encore de sirènes... Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Les Amants / René Magritte
#amour #litterature #language ______________ Écoutez d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture dans Les Midis de Culture par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrrNrtLHABD8SVUCtlaznTaG&si=FstLwPCTj-EzNwcv ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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