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Miroir mon beau miroir, dis moi où va se nicher l'infâme de la nature humaine ?
Miroir mon beau miroir, dis moi qui invite le souvenir commun de terres souillées de sang à partager quelques pages d'histoire ?
Atiq Rahimi.
Actualité très chargée pour lui puisque la semaine dernière est sorti son nouveau film « Notre-Dame du Nil » ainsi que « L'Invité du miroir » son nouveau livre.
Le film raconte les prémices du génocide au Rwanda, le livre est un témoignage poétique d'une rencontre au cours du tournage.
La rencontre de deux blessures, le tête à tête de deux traumatismes, un rendez vous des souffrances profondes, des douleurs sourdes, latentes.
La rencontre des tourments et des angoisses de terres abandonnées des dieux. le pays des mille et une montagnes et le pays des mille collines. L'Afghanistan et le Rwanda.
Atiq Rahimi voit dans les conséquences de l'horreur de 1994 au Rwanda, le reflet de ce qui se passe chez lui, en Afghanistan, là où les décennies de guerres fratricides deviennent habitude.
Ce petit recueil est étonnant à tout point de vue. Que ce soit par son format, par la qualité du papier ou bien par le contenu qui diffuse intensément l'émotion, par les dessins de l'auteur qui illustrent des maux en apnée, des esquisses, des aquarelles, des croquis, comme une respiration, j'ai été pris dans ce conte des mille et une vies.
L'auteur a choisi de s'inspirer de contes Africains pour nous livrer ce qu'il a vécu pendant le tournage de son film. Un conte où viennent se mêler les rencontres locales avec ceux qui lui ont « appris à lire avant de tourner une page de l'histoire » ou encore avec les poètes qui « changent les mots en larmes ».
L'écriture est fine, précise sans être chirurgicale. Elle appelle à suspendre le temps pour s'imprégner de mots qui résonnent au creux du ressenti du lecteur sensible à l'Afrique, à la poésie, à la poésie Africaine, à la poésie de l'Afrique. Elle incite à respecter quelques pauses pour se recueillir l'espace d'un souffle à la mémoire de ces territoires meurtris, de ces Hommes niés, effacés, oubliés.
Un conte Africain écrit par un Afghan, il n'y a rien de plus beau que le métissage dans le sang, la culture, l'écriture.

« Il faut nommer l'horreur,
Sinon
Elle reviendra.
Elle reviendra sous le nom qu'elle voudra
Sous le masque qui l'enchantera ».
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Un roman qui sort de l'ordinaire à différents égards. D'abord son format est à l'italienne, ensuite il ne s'agit pas vraiment d'un roman, plutôt de deux contes insérés dans un récit et illustrés de dessins et croquis de l'auteur.
Un livre atypique sur un sujet difficile, l'horreur du génocide au Rwanda en 1994.
Il est donc composé de deux contes rwandais, « le chagrin de la petite chèvre » et « La genèse du lac Kivu ». A la fin lexique de mots en kinyarwanda permet de se plonger dans cette langue pour mieux comprendre la culture de ce pays.
Atiq Rahimi s'intéresse à la poétique et la rhétorique des langues. Il a quitté l'Afghanistan en 1984 pour fuir la guerre. Arrivé en France en tant que réfugié, il demande l'asile et reprend des études. Son rapport à la langue et à la littérature est très fort. Dans ce livre ses mots sonnent comme une poésie pour dire l'innommable. D'ailleurs vous pouvez retrouver sur France Culture un podcast dans les « Masterclasses » intitulé « Atiq Rahimi : Toute notre littérature est fondée sur la poésie, car c'est grâce à elle qu'on échappe à toute forme de censure ».
Il a reçu le prix Goncourt en 2008 pour son roman « Syngué sabour : pierre de patience ». Il est écrivain mais aussi cinéaste et photographe. Dans tous ses actes et paroles, il milite en faveur de la paix et de la tolérance.
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Un recueil de poèmes que j'ai trimbalé avec moi depuis cet eté et fini ce soir. Des contes rwandais qui doucement derivent vers l'aveu du genocide et offrent cette memoire douloureuse à une resilience qui jaillit comme une source vive à travers les mots, sans rien justifier, sans rien trahir, simplement par l'accueil d'une dechirure.
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C'est une belle découverte suite à une présentation en club lecture à la médiathèque de ma ville.
L'écriture est très poétique et agrémentée de quelques illustrations issues du carnet de voyage de l'auteur.
L'auteur était parti en repérage au Rwanda pour un tournage sur le génocide. Il a fini par écrire cet ouvrage fondé sur son carnet de voyage (rencontres, légendes, croquis, notes) dans un style qui sort de l'ordinaire. L'écriture est très épurée et pleine d'images.
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le petit avis de Kris
Rwanda, printemps 1994. Sur fond de génocide, le récit d'une rencontre entre une mystérieuse nageuse dans le lac Kivu, une vieille femme sorcière et un homme ivre, les yeux rougis d'avoir trop pleuré.
Après avoir vu "Notre-Dame du Nil" , j'étais curieuse de lire ce carnet en rapport avec le film que l'auteur a tourné au Rwanda au sujet des Tutsis et des Hutus. J'ai retrouvé la patte de l'auteur même s'il s'agit d'un conte un peu surréaliste.
Très agréable à lire mais pas vraiment un conte des plus gais, normal étant donné le sujet.
Lien : https://collectifpolar.com/
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J'ai terminé cette nuit le carnet poétique de Atiq Rahimi « l'invité du miroir ». C'est (comme toujours avec cet auteur) une oeuvre qui vous hante, qui s'inscrit en vous. Il convoque ici tout l'imaginaire, de l'occident et de l'orient, toutes les images du Rwanda que l'on peut se faire, pour construire un récit d'une grande sobriété, d'une grande dignité qui tient plus de l'universel que du particulier. Ce qu'il dit du génocide, peut-être indicible, peut-être montrable, c'est avant tout (je pense) qu'il peut être dit et montrer, mais toutes productions laisseront le goût amer de ne pas avoir été complet, pas avoir été assez juste, ne pas se faire comprendre tout à fait. Je crois que c'est cela le message central de cet ouvrage.
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