AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,61

sur 286 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
À trois semaines de rendre son étoile de shérif du comté, Les règle les affaires courantes et en cours, notamment le trafic de meth qui sévit fortement dans le coin, rend encore quelques derniers services ici et là, remplit son dossier de retraite. Il délaisse gentiment son bureau afin que son adjoint, Jarvis, fasse tourner la baraque tout seul. Trois semaines qui auraient dû s'avérer calmes. C'était sans compter sur une sombre affaire d'empoisonnement dans la rivière qui causa la mort de nombreuses truites. le vieux Gerald, un authentique montagnard qui pêche à l'ancienne, est accusé par le propriétaire du relais Nature et Pêche, Harold Tucker, d'avoir délibérément versé du pétrole rampant dans le cours d'eau. Une affaire que Les va devoir résoudre sans froisser quiconque, notamment Becky, la directrice du Locust Creek Park dont il est très attaché et qui s'avère être amie avec Gerald...

Deux voix alternent ce roman à la fois poétique, politique et environnemental. La première est celle du shérif qui doit mener sans cesse des opérations anti-meth et qui, à trois semaines de la retraite, va devoir régler un sacré problème de voisinage. La deuxième est celle de la garde-forestière Becky. Poétesse, solitaire et écolo, elle chante la nature et rend hommage à tout ce qui l'entoure. Tous les deux ont connu un drame par le passé et tentent de l'oublier. Entre eux existe une relation unique, pudique et tendre. Ron Rash nous plonge dans un roman âpre, mélancolique et sombre et dépeint, avec une certaine tendresse mais aussi désarroi, un portrait aiguisé de notre société actuelle. Un roman, véritable éloge à la nature, qui oscille entre résilience et espoir, entre joie et tourments, entre beauté sauvage et brutalité des hommes. Sensible et envoûtant...
Commenter  J’apprécie          8010
A trois semaines de la retraite , ceux et celles qui l'ont vécu le savent , une intense réflexion s'opère en chacun et chacune , le temps de la réflexion, des bilans , des espoirs , des doutes....Que vais - je faire ? A quoi vais - je devoir renoncer ? Trois semaines pour solder une carrière de shériff , pour céder la place à un successeur déjà arrivé , voilà Les face à son destin , face à la fin d'une époque...Partir en accord avec ses convictions ....ses méthodes, ses valeurs ...
Hélas, le monde change , vite , très vite et l'appétit, la voracité de certains grignote les valeurs , suscite les jalousies , mène parfois à l'irréparable. Qui a empoisonné et les truites qui évoluent, si belles , à la cascade d'un relais touristique ? Et pourquoi ?L'enquête mène au vieux Gérald mais les apparences sont parfois trompeuses et , en soulevant le tapis , en grattant dans le passé, on risque de faire surgir de vieilles aigreurs du passé ....Pas forcément aussi facile qu'il n'y paraît, cette affaire , ô pas l'enquête du siècle non plus , mais une histoire qu'il faudra bien résoudre, pour changer tout de même des traditionnelles méfaits liés à la " meth ".....
Ron Rash , on le connaît, un " prince des mots " , un écrivain qui sait analyser le plus profond des personnages , les " lier " à une nature luxuriante , une nature qui , sous les coups de "boutoir " de l'être humain , perd peu à peu sa puissance salvatrice de l'humanité. Des passages d'une grande beauté, d'une belle poésie, comme toujours avec cet auteur , une osmose naturelle entre le décor et l'homme , pour le meilleur et , hélas aussi , pour le pire .Un roman qui illustre le déclin d'une époque et l'émergence d'un autre monde ....
Commenter  J’apprécie          703
Le Shérif Les s'apprête à prendre sa retraite dans les prochaines semaines, lorsqu'une dernière affaire vient bousculer ses préparatifs de départ : Gerald, un vieil homme du coin, dur-à-cuir irascible viscéralement attaché à ce coin de nature des Appalaches, refuse de respecter l'interdiction d'accès à la rivière, légalement décrétée par le propriétaire d'un tout récent et luxueux relais de pêche pour riches touristes. La dispute de voisinage s'envenime lorsque la rivière est soudain polluée par un déversement de kérosène, et que tout semble, bien trop facilement, accuser le vieillard.


Sur l'insistance de Becky, la directrice du Creek Park qui a fait de la protection de la nature sa raison de vivre et qui partage avec Gerald sa passion pour ce lieu, Les entreprend de soulever le drap des apparences pour innocenter leur ami.


Les est de l'ancienne école et a depuis longtemps appris à jouer son rôle avec discernement, quitte à appliquer parfois ses propres méthodes, celles qu'il juge plus aptes à remettre ses concitoyens sur les rails, lorsque le malheur ou la pauvreté les a envoyés dans le mur. Pas facile en effet de rester de marbre face aux fréquents drames du désespoir qui frappent ce district rural et déshérité, où l'addiction à la méthadone fait des ravages. Il semble qu'aucun des personnages ne soit indemne : tous ont gardé des traces psychologiques et affectives des épreuves qu'ils ont vécues. Ce sont ces failles qui leur donnent tant d'humanité, dans ce roman qui parvient à rendre toute leur profondeur et leur complexité.


Au travers de ce qui n'est finalement qu'un fait divers, cette histoire met en scène la confrontation entre un mode de vie traditionnel, pauvre mais proche de la nature, et celui, plus bling bling, de sa transformation moderne motivée par le profit. Ici un promoteur s'empare d'un coin de nature pour l'encager dans les frontières d'une propriété privée réservée à une clientèle payante. Là, le départ en retraite de Les marque la fin d'une humanité professionnelle et son remplacement par l'efficacité toute neuve et toute réglementaire de son successeur.


Rien n'est ici manichéen, tout n'est que nuance et subtilité dans la restitution tant des caractères que de leur environnement. Le propre attachement de l'auteur pour cette région transpire à chaque page, en particulier chaque fois que Becky vient chercher l'apaisement au contact de la beauté sauvage du parc naturel dont elle a la garde. Ses envolées lyriques m'ont toutefois laissée un peu sur la réserve : sans doute vaut-il mieux apprécier ces poèmes dans leur langue d'origine, ce qui m'amène à saluer au passage le travail de la traductrice, dont ils ont dû sérieusement compliquer la tâche.


Ce roman est au final une oeuvre aux multiples facettes, où l'enquête policière n'est que le miroitement en surface de complexités humaines suggérées avec sensibilité, poésie et une forte pincée de nature-writing.


Prolongation sur le petrichor mentionné dans le livre, dans la rubrique le coin des curieux, en bas de ma chronique sur ce roman, sur mon blog :
https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/05/rash-ron-un-silence-brutal.html

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          562
Parmi les invités étrangers de ce Quais du polar dont on parle tous les jours ou presuqe , les lecteurs pourront rencontrer Ron Rash et Chris Offut , deux piliers du rural noir américain et du nature writing de l'Amérique sudiste, qui a vu briller Larry Brown, Benjamin Whitmer ou encore Daniel Woodrell .
Commençons par parler de Ron Rash, que j'ai eu le plaisir de rencontrer en 2015 pour un long master class qui avait lieu dans le très beau cadre du théâtre des Célestins .
Ron Rash publie ce mois ci son nouveau roman, « Un silence brutal »,dans la nouvelle collection de Noir chez Gallimard, après avoir été longtemps publié en France aux éditions du Seuil.

On retrouve dans son nouveau récit des thèmes qui sont aussi prégnants dans tous les romans de Rash : la disparition progressive, lente mais inéluctable, d'un monde qui n'en fini pas de finir, le recouvrement symbolique par les eaux qui, avant de tout engloutir définitivement, fait ressurgir ce que l'on aurait voulu faire disparaître à jamais.

On aime toujours autant cette façon qu' Ron Rash de raconter les histoires de gens dont on ne parle jamais, qui ne sont jamais les héros de rien, et de les rendre passionnantes et émouvantes, porté qu'ils sont par cette très belle écriture, qui n'en dit jamais trop, qui s'exprime tout en douceur - quand bien même la violence est terriblement, et toujours, latente comme d'habitude chez l'auteur …

Et comme d'habitude également chez Rash on est subjugué par la grande pudeur dans la description de ce monde en pleine bascule entre un passé qu'il convient de ne pas trop embellir et un futur certes plein d'espoir du au progrès mais terriblement anxiogène pour tout le reste, et cette jeunesse désemparée qui est tellement accroc à la la meth qu'ils en oublieraient presque un bébé planqué dans le micro-onde …

Et surtout, il y a cette nature environnante, si joliment décrite par l'auteur qui semble tant aimer ses chères Appalaches qu'il s'en sert toujours en décor de ces intrigues …
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          500
Avant de prendre sa retraite, le shérif Les a une dernière affaire à résoudre qui lui tient à coeur.
Gérald, un vieux pécheur de truite au caractère bien trempé est accusé de polluer la rivière de Tucker, un homme d'affaire, gros propriétaire qu'il ne peut pas blairer...
Aidé de Becky une protectrice de la nature, les deux enquêteurs vont patauger en eaux troubles...
Depuis Un pied au Paradis, Ron Rash continue d'écrire de bons romans noirs au cœur des Appalaches.
Une région sauvage menacée par la main de l'homme moderne, par l'arrivée du tourisme de masse et leur nouveau mode de vie inadéquate avec l'écosystème et la poésie des lieux.
Jusque dans ces contrées restées à peu près à l'état sauvage, le poison de la pollution et de la drogue distille peu à peu son venin dans la rivière et dans les veines de la jeunesse....
A la manière de Gionio qu'il cite, Ron Rash sublime la nature qui l'inspire, sonde le cœur des hommes dans un monde qui ne tourne plus très rond. Son shérif en fin de course n'est pas au bout de ses peines...
Un silence brutal ...poignant !
Merci à Babélio et à Gallimard pour cette bonne pêche.
Commenter  J’apprécie          480
Ron Rash, c'est cet auteur qui me fait visiter une Amérique que je rêve d'explorer.
Loin de la fureur des mégapoles comme New-York,  de l'agitation de Las Vegas, ou des sirènes hollywoodiennes.
Chez Rash, c'est l'Amérique des campagnes, des rivières ou des montagnes.
L'Amérique des pics à bec ivoire, des parulines de Bachman, des tortues boîtes, du scinque pentaligne, de la perche mandarine,  de la truite arc-en-ciel,  là  où poussent lobélies cardinales et monardes (c'est bon, vous en avez assez ? Allez, j'avoue, j'ai sorti mon dictionnaire internet préféré souvent au cours de ma lecture).
Un silence brutal c'est aussi un homme et une femme, tour à tour narrateurs.
Les (prononcez phonétiquement "Laisse"), le shérif qui compte les jours avant une retraite bien méritée.
Becky, le garde forestier qui veille sur les merveilles de cette région des Appalaches.
Les fait régner la loi. Enfin, Les fait régner sa loi.
Quand les choses dérapent, quand tout accuse, quand se fait jour la vérité, Les écoute, interroge, analyse. de toute façon la décision finale lui appartient.
Becky, elle , c'est notre guide c'est elle qui nous fait aimer ces lieux magiques de paix. Becky c'est un coeur d'or, prête à défendre la nature comme ceux qui la respecte.
Deux personnages, deux passés qui les hantent et qui ont fait d'eux l'homme et la femme qu'ils sont aujourd'hui.
Ici règne le silence.
L'écriture de Rash, c'est une brise légère.
Lire Ron Rash, c'est avoir envie de tout abandonner, c'est avoir envie d'espace et de vertes prairies, c'est prendre sa canne à pêche et la tendre au-dessus d'une rivière limpide, c'est attendre que la truite se jette sur la mouche, c'est le chant des oiseaux et le bruit des cascades, c'est...le bonheur.

Commenter  J’apprécie          382
Dans ce coin des Appalaches où les truites mouchetées s'ébattent dans l'eau claire, une petite partie de vie de gens ordinaires coule plus ou moins paisiblement. Parmi eux, Les et Becky prennent la parole tour à tour et le film de leurs actes, de leurs pensées, de certains de leurs souvenirs se déroule avec une netteté prégnante. Bien avant que la rivière soit souillée, ce roman s'attarde donc sur ces deux célibataires très solitaires qui semblent pourtant unis par une complicité qu'ils ont eux-mêmes du mal à définir.

Pour Les, c'est bientôt la retraite de son poste de shérif. Vider son bureau, s'échiner à remplir les formulaires pour être à jour dans son dossier de retraite, voilà les tâches qui allaient occuper ses trois dernières semaines de boulot, mise à part peut-être une dernière opération anti-drogue. Mais parfois, la convoitise, des haines latentes, des addictions, tout un tas de difficultés soulevées avec acharnement par les êtres humains viennent troubler la tranquillité toute relative d'un merveilleux coin de nature.

Becky est directrice du Locust Creek Park, elle le sillonne à pied ou à vélo. Elle scrute plus qu'elle n'observe tout ce qui l'entoure, recherche le contact, une communion avec ce monde vivant. Ses paroles nous ouvrent sur la multitude des espèces végétales et animales, sur les digitales jaunes qui attirent l'oeil ou les fougères verdoyant les rives, sur un pic cherchant les larves de son déjeuner ou une chenille piquée de poils blancs. Avec son approche poétique de cet environnement qu'elle couche parfois dans son petit carnet, elle nous fait cadeau de toute sa vision acérée des choses qui l'entourent. Son voyage au pays des mots s'inspire du poète anglais G.M. Hopkins qui ne quitte pas ses pensées.

L'un et l'autre ont vécu un drame présenté dès le début du roman et dont nous apprendrons plus au fur et à mesure de la lecture.
Les va mener une sorte d'introspection afin de comprendre les erreurs qu'il a pu commettre et essayer de modifier son comportement. Il prendra la mesure du poids que peuvent peser certaines paroles. Becky, elle, est sans cesse ramenée à ses souvenirs, pénibles lorsqu'il s'agit de la fusillade qu'elle a vécue, enfant, dans son école, et agréables quand elle évoque avec de sublimes passages son séjour chez ses grands-parents, tout ce qu'ils lui ont donné à voir au-delà de son traumatisme. de bons souvenirs qui consolent.
Ces drames de la vie nous les rencontrons aussi chez Gérald, un vieil homme plutôt têtu et enraciné dans sa ferme qui jouxte un relais Nature et Pêche exploité par un certain Tucker dont les affaires souffrent de clients qui se raréfient.

Cette histoire qui se déroule en pleine nature va mettre en exergue le contraste entre l'émerveillement qu'elle procure pour les uns et le gâchis que peuvent faire de leur vie certains autres, happés par la drogue. On y trouvera également une description de la souffrance infligée aux policiers qui sont contraints d'intervenir dans ce milieu des drogués et les drames auxquels ils sont confrontés.

En apparence fort banale, cette histoire est vraiment riche et captivante. L'enquête policière bien ficelée n'est pas prépondérante et laisse largement la place à l'humain. Les personnages s'emploient à trouver un sens à leur vie, un sens à la vie malgré les écueils qui ne manquent pas. La poésie au service de la nature se déguste et offre une belle bouffée d'oxygène face à la noirceur.
Commenter  J’apprécie          3714
Dites pourquoi vous auriez envie de rencontrer Ron rash un soir de mars deux mille dix-neuf ?

J'ai vérifié plusieurs fois sur mon écran d'ordinateur si je ne rêvais pas…
Avoir la chance de découvrir l'homme qui se cache derrière la plume d'« Un pied au paradis » ou d' « Une terre d'ombre» ne se présente pas deux fois dans sa vie…

Je me fends alors de mes plus beaux compliments pour ne pas manquer ce poète américain converti à 55 ans en romancier noir et atypique qui daigne quitter son coin des Appalaches pour aller à la rencontre de lecteurs français avides d'anecdotes à son sujet.

Dans un salon ancien des éditions Gallimard, l'homme nous fait face à côté de son éditrice, traductrice de sens plus que de mots pour l'occasion, pendant toute l'heure qui suivra.

Pour ma part, jamais une rencontre avec un auteur n'aura été aussi passionnante. Des questions pointues et pertinentes réclamant des réponses subtiles et argumentées.

Que ce soient sur les personnages ou les paysages, sa technique d'écriture ou bien sa perception du monde actuel qui l'entoure, les trois protagonistes du roman « Un silence brutal » servant de fil directeur tout au long de la rencontre…

Les, le Shérif à trois de semaines de la retraite, flirtant entre gris clair et gris foncé, à la fois un bon flic traquant jusqu'à la fin de sa carrière les trafiquants de meth au péril de sa vie mais également un ripoux usant de son pouvoir pour soutirer les milliers de dollars lui permettant d'acheter la maison de ses rêves.

Becky la poétesse, la voix incarnée de la nature, le rayon de soleil du roman alternant après chaque chapitre de la narration pour tenter d'adoucir ce monde trop noir et sans espoir, reflet de la société actuelle américaine meurtrie par les armes et la drogue.

Gérald le vieil homme, à la santé fragile et têtu comme une mule, accusé d'avoir empoisonné les truites mouchetées d'un riche propriétaire, comme un symbole du fléau de la pollution de l'eau impropre à la consommation actuellement dans les Appalaches.

Mais finalement, la technique d'écriture de Ron Rash est-elle à la base même de son roman ou l'adapte-t-il à l'histoire qu'il souhaite développer ?

Son premier roman « Un pied au paradis » était parfaitement distillé durant les cinq chapitres à cinq voix différentes. Dans « Un silence brutal », l'alternance pondérée entre longue narration et courte poésie ne pouvait pas être un simple hasard.

L'auteur concédant qu'il partait toujours d'une photo dans sa tête pour donner une ligne directrice à ses romans, j'ai réussi à obtenir la réponse de la bouche de Ron Rash sur sa manière d'écrire ce nouveau roman.

L'auteur américain rédige son premier jet d'instinct puis adapte son écriture si nécessaire. Dans ce roman, les courts chapitres ayant trait à Becky ont été couchés sur le papier après l'écriture narrative complète, comblant ainsi le manque de lumière et d'espoir qu'inspirait le récit de Les et l'envie irrésistible de l'auteur de distiller par petites touches des instants poétiques.

Plus qu'un « silence brutal », qui malgré tout le talent de Ron Rash n'atteint pas les sommets du remarquable « Pied au paradis », je me souviendrai très longtemps de ce moment unique et rare dans ce vieil immeuble parisien. Une rencontre improbable avec un auteur américain dont j'ai adoré son premier roman noir et son éditrice qui a su transformer le simple jeu de questions réponses en une discussion littéraire.

Merci à Babélio et aux éditions Gallimard (collection La Noire).
Commenter  J’apprécie          364
La vie quotidienne d'une communauté rurale dans les Appalaches. Un récit à deux voix, deux personnes ayant vécu un passé douloureux.
L'histoire commence trois semaines avant que Les prenne sa retraite de shérif du comté. Il se reproche d'avoir conduit au suicide son ex-femme Sarah atteinte de dépression, il se consacre inlassablement à lutter contre le fléau de la consommation de la méthamphétamine.
Becky la directrice du parc, un peu poète est un peu bizarre, elle n'a pas de voiture, juste un vélo, elle a été témoin dans son enfance d'une fusillade et elle a partagé la vie d'un écoterroriste.
Quelques sorties, quelques baisers échangés entre Les et Becky, une prudente valse-hésitation, complices, voilà ce qu'ils sont.
Un banc de sable teinté de rouge, comme si la rivière saignait, son vieil ami Gérald est accusé d'avoir empoisonné la rivière, Les se trouve pris entre son amitié et la loi qu'il doit faire respecter.

Un récit envoûtant qui se déroule dans les Appalaches où la nature est omniprésente, où les habitants sont connectés à cette nature environnante.
J'ai beaucoup apprécié l'écriture poétique de Ron Rash,

« Ça ressemble à quoi le silence ?
Je leur demande de réfléchir à une réponse. Plusieurs gamins se penchent alors la tête de côté, à l'écoute.
- Ça ressemble à l'air suggère l'un deux.
- Et à quoi d'autre ?
- À la nuit, mais où on n'a pas peur.
- Au vent, quand y a pas de vent.
Et pour vous, ça ressemble à quoi, madame Douglass ? demande un jeune élève à sa maîtresse.
– Mmmm, fait-elle. Et si on disait une feuille de papier sur laquelle on n'a rien écrit.
- du papier tout blanc, lance un garçon.
- oui, convient l'institutrice. Tout blanc.
- Et pour vous m'interroge un écolier ?
– À des étoiles posées sur une mare tranquille.

Les descriptions sont magnifiques, l'auteur sait mettre en scène des gens qui survivent malgré des blessures non cicatrisées, mais selon moi le personnage principal de ce roman noir reste la nature et sa beauté.


Commenter  J’apprécie          350
…« La nature exaltant ce qu'il y a de meilleur en l'homme ».
Illusion ou espoir?

C'est sans doute le message positif que Ron Rash cherche à faire passer, face à une civilisation qui s'emballe ou dérape. Des images cinématographiques du film Délivrance* illustrent cette histoire sombre en lisière des grands espaces américains, entre un vieux shérif gérant le pire de l'humain et une garde forestière un peu asociale et en totale osmose avec son environnement (son vécu personnel en digression n'a pas beaucoup d'intérêt)

Comme toujours chez l'auteur, le contexte est au thriller noir, dans un comté rural reculé, avec des personnages aux galères personnelles, aux fêlures enfouies ou aux vies de losers.
A notre époque, il n'y a qu'aux États Unis qu'on peut imaginer une histoire pareille. D'autant que la prise de conscience écologique a du mal à prendre racines dans le pays-roi de la libre entreprise.
On évoque ici un terrorisme vert qui se trouve des excuses de légitimité pour contrer la dégradation de la faune et la flore, mais aussi de l'espèce humaine.

Construits avec des chapitres alternant deux approches différentes, le récit est agréable, fluide, mais un peu faible et convenu. L'auteur s'exprime surtout avec talent par des descriptions magnifiques de la nature, emplies de poésie.

Une lecture aisée mais loin du coup de coeur.

*1972 - John Boorman
Commenter  J’apprécie          321




Lecteurs (597) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2875 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}