AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,42

sur 109 notes
5
11 avis
4
30 avis
3
18 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Si vous aimez les grands espaces arctiques et leurs paysages de neige, si vous n'êtes pas insensibles à l'histoire du XXe siècle, alors partez à la découverte de ce premier roman tout-à-fait étonnant de la finlandaise Petra Rautiainen. L'intrigue mêle seconde guerre mondiale en Laponie, mystère d'une disparition, neige et nuit polaire et culture samie. Dépaysement assuré.
Tout commence en 1947, lorsque Inkeri Linddqvist arrive à Enontekiö. Journaliste et photographe, elle s'intéresse à la reconstruction de la région détruite par la guerre, mais sa motivation première c'est la recherche de la trace de son mari disparu dans un camp de prisonniers.
Finlandais et samis vivent côte à côte, et ils ont comme point commun de ne pas s'épancher sur ce terrible et trouble passé qui a bouleversé le pays. Grâce à Bigga-Marja, la journaliste va découvrir la culture sami. Les Samis, (et non les lapons, terme péjoratif) sont un peuple autochtone, à l'origine nomade, qui vivent dans le nord de la Finlande, de la Suède, de la Norvège et une partie de la Russie.
L'originalité de ce roman, c'est d'alterner deux périodes et deux voix différentes. La première est issue d'un journal écrit par un soldat finlandais envoyé comme interprète au centre pénitentiaire d'Inari en février 1944. La seconde raconte l'arrivée et l'installation d'Inkeri à Enontekiö en 1947. En slalomant entre deux époques, deux histoires, se construit peu à peu le puzzle de ce mystère qui entoure ce camp de prisonniers pas comme les autres et qui n'a jamais figuré sur les cartes. Que s'y passait-il vraiment ? Et que sont devenus ses gardiens et ses prisonniers à la fin du conflit ? Il y avait une femme parmi eux, Saara, mais qui était-elle exactement ? Olavi, qui l'a connue, dit qu'elle était « Une guérisseuse, une noaidi. Elle était saigneuse et infirmière dans les camps »
Inkeri va être confrontée à la chappe de silence des habitants, à commencer par Olavi, son colocataire, qui semble cacher des choses, comme cette photo prise dans le camp de prisonniers et qu'il tente de dissimuler dans les fondations de la nouvelle église.
« Pour bien mentir, il faut rester aussi proche que possible de la vérité, Olavi le savait »

On se prend d'affection pour Inkeri et son combat difficile pour connaitre la vérité. Rattrapée par son passé et ses années africaines aux côtés de son mari, elle tente, parfois avec maladresse de se lier avec les samis. Elle veut faire connaitre leur culture et, contrairement à ses contemporains, n'a pas d'opinion négative à leur égard.
L'intrigue se met en place petit-à-petit, et, au fur et à mesure que le mystère s'éclaircit, on découvre la vraie personnalité des personnages, et les intrications entre eux. C'est aussi une plongée dans une culture souvent méconnue avec ses croyances, ses rites et sa langue.
L'écriture est fluide, agréable, avec de nombreux dialogues, et la personnalité de chaque personnage bien cernée. Sur des bases historiques sérieuses, la romancière a construit une intrigue bien ficelée qui m'a tenue en haleine jusqu'à l'épilogue.


Ce roman est traduit du finnois par Sébastien Cagnoli. Spécialiste de culture finno-ougrienne et écrivain, il a traduit entre autres les romans de Sofi Oksanen. On ne souligne pas assez le travail de traduction qui demande des connaissances qui vont au-delà de la langue traduite, et il est dommage que le nom de Sébastien Cagnoli soit absent de la couverture et qu'on ne le trouve que sur la 4e de couv et à l'intérieur du livre.
Je remercie les éditions du Seuil et Babelio pour la découverte de ce premier roman.
Commenter  J’apprécie          1074
1944, Laponie. Vaïno Remes est traducteur et gardien dans un camp de prisonniers allemand. Il y rencontre Olavi, également gardien et raconte dans un journal qu'il tient mois par mois, son quotidien, celui des surveillants et des détenus, comme s'il s'agissait d'une manière de survivre et de se préserver, un moyen de libérer sa conscience.

1947, Enontiekiö. Inkeri Lindqvist, journaliste, s'installe en ville pour couvrir un reportage sur la reconstruction de la région après la guerre. Son mari y a disparu durant le conflit. C'est ainsi l'occasion de mener son enquête en parallèle. Inkeri cohabite avec un locataire, un ancien soldat. Il s'appelle Olavi Heiskanen.

Le roman est écrit en alternance entre la narration de Vaïno et celle d'Inkeri.

Vaïno met par écrit ce qu'il voit, ce qu'il fait ; parle des gens qu'il rencontre ; évoque ses émotions. Il retranscrit la situation telle qu'il l'a vit. C'est celle du camp, du nazisme et des expériences pratiquées. Vaïno parle d'Olavi, de Saara et de tous les autres. Il fait peser les silences et les non-dits.

De son côté, Inkeri s'attache à décrire ce qu'il reste des villes et du pays après le raz-de-marée de cette guerre. Destruction et poussière, voilà ce qui ressort de ses mots. Si son rôle principal est d'enquêter et de restituer ce que deviennent la toundra et les villages lapons, son but ultime est de savoir la vérité concernant la disparition de son mari.

Que sont devenus tous ces êtres chers que l'on a plus revu après la guerre ? Les preuves ont été effacées alors qu'en pleine reconstruction, des réponses sont attendues.

Grâce à ces deux temporalités, l'auteur évoque l'histoire de la Finlande durant la guerre de continuation, lorsque le pays, allié de l'Allemagne, combattait la Russie entre 1941 et 1944. Cette guerre était indépendante de la guerre mondiale, même si elle se déroulait en même temps. C'est une période que je ne connaissais pas avant ce livre, cette lecture m'a permis d'en apprendre beaucoup sur cette tragédie historique.

"Un pays de neige et de cendres" est un roman que j'ai beaucoup aimé, il retrace une partie de l'histoire des finlandais, du peuple lapon et notamment des samis, peuple vivant de l'élevage des rennes dans la plus pure coutume nordique. Il s'agit d'une lecture qui fait étrangement écho aux évènements qui frappent actuellement l'Est de l'Europe.
A vous de le découvrir...

Lien : http://labibliothequedemarjo..
Commenter  J’apprécie          492
Au coeur de la Laponie, de ses étendues neigeuses et de ces ciels où la lumière danse avec les ténèbres, un camp de prisonniers dirigé par les Allemands hérisse ce lieu sauvage de sa cruauté.

On oscille entre deux périodes, 1945 et 1947.
Olavi est un jeune soldat finlandais, traducteur dans ce camp sordide. Il est toujours à Enontekïo lorsque Inkeri, une journaliste photographe, vient enquêter discrètement sur la disparition de son mari pendant la guerre.

Tout au long de ce roman on plonge dans l'ombre de secrets, n'osant pas croire à leur noirceur. Pourtant l'Histoire nous a déjà révélé jusqu'où les hommes peuvent aller pour créer une race aryenne, jusqu'où leurs expériences peuvent défigurer l'humanité, s'arroger le droit de définir le peuple same, les Juifs et d'autres communautés, comme races inférieures, s'emparer de leurs biens, détruire leur culture, leur identité, leur droit à la vie.

Pendant ce temps la nature continue son cycle de beauté indifférente, inégalable. Sous son soleil de minuit, ses ténèbres de plomb ou étoilées de magie, ses ressources pillées attendent la fin de la tempête des hommes pour se reconstruire. Dans cet environnement venteux et glacial, les fleurs résistent en rasant le sol. Elles offrent une leçon d'espoir. Même quand les oiseaux tombent du ciel en cendres.

Dans ce roman on croise différents personnages, tous torturés de secrets, ou transformés par la guerre et ses règles. Elle a révélé leur nature, leurs faiblesses. Mais aussi leur impuissance à agir autrement, englués dans cette vase de désespoir, d'autorité, de pensée unique et glaçante.

Ils sont encore comme recouverts des cendres de la destruction. Ils ont beau ériger une église sur le cadavre d'une autre, créer une école pour les enfants de culture same, rien n'effacera ce qui niche au fond d'eux-mêmes, leurs souvenirs poisseux. Rien n'effacera vraiment leur regard sur ce peuple en marge, à la culture pure et étrange, riche et sauvage, voyageant sur un territoire sans frontières.
Même le mystérieux Olavi, même Inkeri qui veut apprendre à Bigga, jeune fille Same, à dessiner la lumière grâce à la photographie, sont loin d'effacer les cendres fondues à la neige.

J'ai beaucoup aimé ce roman historique, je connaissais peu cette part d'histoire. le style concis et ténébreusement poétique de Petra Rautiainen va directement à l'émotion pure, sans s'appesantir. de très beaux passages à lire dans le journal de Vaïnö, l'interprète Finlandais. Ce style à la fois glacial et lumineux s'accorde vraiment bien à ces étendues sauvages de Laponie où se mêle l'âme du peuple same, et aux traces laissées par l'histoire des hommes rongés par la guerre.

Je remercie Babelio et les Éditions Seuil pour ce très bon roman.
Commenter  J’apprécie          462
Avant tout, merci aux Editions du Seuil et à l'équipe de Babelio pour l'envoi de ce titre que j'ai aimé lire, parce que parler de plaisir pour un sujet aussi tragique me semble mal approprié !

Deux époques se succèdent dans les chapitres, un camp de prisonniers en Laponie, tenu par les Allemands en 1944 et la même région à partir de 1947, au milieu des samis où une journaliste finlandaise fait un reportage sur la reconstruction du village et recherche son mari disparu pendant la guerre, dans un camp.

Dès le début du roman une ambiance pesante, grise, étouffante s'installe, dans la douleur ! Les frontières sont fluctuantes selon les avancées et les reculs des armées et les Samis ne sont pas concernés par ces changements de nationalités, peuple nomade s'il en est !

A l'arrivée de la journaliste, finlandais et samis cohabitent et tous sont réticents pour parler de la guerre ; de leurs choix et leurs silences ; des exactions commises à la fin !

Tout le temps de la lecture j'ai eu l'impression de respirer de la fumée, d'avoir les yeux douloureux à force de chercher la vérité ou les vérités à travers le nuage de cendres et la sensation de disparaître dans une neige épaisse, tellement les silences ont caché des horreurs ! Difficile d'échapper à ce sentiment de malaise perpétuel mais difficile aussi de m'arrêter de lire et faire comme si ça n'avait jamais existé !

J'ai trouvé l'écriture très pudique, toute en retenue mais sans oublier de transmettre la gravité des moments et l'oubli dont les samis sont les victimes. Cet oubli est toujours d'actualité à notre époque et je félicite l'auteure d'avoir voulu les en sortir par ce premier roman !

Challenge Plumes Féminines 2022
Masse Critique privilégiée janvier 2022
Commenter  J’apprécie          232
Pietra Rautiainen emporte son lecteur vers le Grand Nord de la Scandinavie là où on ne sait plus trop les frontières….
Là où ce territoire, mal défini ou non défini, méconnu, ignoré, malmené, oublié, et bientôt déculturé.
Les Etats constitués autour, la Suède, la Norvège, la Finlande, l'ex-URSS, qui se prétendent civilisés, exècrent ces peuples nomades, leurs cultures (langues, dialectes, modes de vie, croyances,…) et ancrées dans un espace-temps incontrôlable.
Les Samis ou Lapons ( mais oublions ce terme utilisé en son temps par les colonisateurs) sont de ces peuples nomades, éleveurs de rennes, millénaires, et négligeant au passage, à leur passage dans les transhumances, les frontières et la géopolitique, toutes contemporaines.
Le roman Un pays de neige et de cendres nous transporte près d'eux. Sur une période précise et limitée. En effet, l'auteure nous propose deux temps et deux narrations.
L'année 1944 (soit le début de la fin de la seconde guerre mondiale) et les années 1947-1950, soit l'après-guerre, la reconstruction et surtout le temps des comptes : châtiments pour les fautifs, oublis des crimes commis, recherches de la vérité, nécessité de mémoire.
Pour ces deux temps, deux modes narratifs. le passé revit à travers le journal de Vaïno, finlandais interprète, missionné dans un camp de prisonniers organisé et dirigé par les Allemands nazis (qui occupent la Finlande) et installé au nord extrême de la Finlande, sur ces terres où les Samis vivent et errent sans tenir compte des frontières dessinées par un colonisateur lointain et inconnu : Norvège, Suède, Finlande et ex-URSS (la presqu'ile de Kola).
Vaïno, finlandais, travaille, sur le front entre l'Allemagne (côté Finlande) et l'URSS (juste à la frontière de la Finlande) sous les ordres des Allemands, dans un camp qui « accueille » des prisonniers en provenance d'Allemagne, de Pologne, etc…
Le présent (1947-1950) met en scène Inkeri, journaliste, quinquagénaire, qui a bourlingué en
Afrique, mariée à Kaarlo, Kalle, prisonnier disparu dans ce camp, où Vaïno était employé.
Inkéri part à la recherche d'une vérité, cette vérité signifiant la lutte contre l'oubli, car tout ce qui touche à ce camp a été effacé et devant Inkeri, est niée.
- Effacé des cartes
- Enfoui au fond des archives – et ce qu'il en reste
- Tu dans les mémoires
Ainsi, le journal de VaÎno incarne la trace et Inkeri journaliste incarne l'impérieuse nécessité de retrouver la trace afin de garder en mémoire, ou LA mémoire.

Si l'histoire et l'objectif de l'auteure, le travail prodigieux qu'elle a entrepris, ont toute mon admiration, ainsi que l'écriture propre, nette, tout aussi descriptive qu'expressive, je dirai que l'intrigue – dont je ne peux pas parler ici – n'a pas été, pour moi, une surprise. Très tôt, j'ai subodoré puis compris le subterfuge et rapidement ma lecture a été simplement une confirmation de ce que j'avais senti.
La violence des récits de la vie dans les camps, l'auteure a sans nul doute eu le besoin de la rapporter ici. Mais encore, encore et encore. Est-ce que le récit ramené dans ses pires cruels détails aura un impact ? sur les générations ignorantes ? j'en doute. Je me pose toujours la question : quelle est la fin de rapporter toutes ces cruautés ?
Enfin, qui ignore la triste fin des camps de travail, de prisonniers ? Ils ont été détruits, brûlés, incendiés, les occupants parfois ont pu fuir, dans quelles conditions ?, mais bien souvent si faibles qu'ils sont morts sur place. Dans ce roman, on a l'air de découvrir cette horreur. Alors en effet, le travail de mémoire, ben… il y a un gros travail.
Un beau roman, une facture plutôt classique.
Le besoin de vérité et la nécessité de la mémoire sont magnifiquement mis en abimes.
La lutte contre l'acculturation des samis, qui devait je pense, être au premier plan du projet de l'auteure, est noyée dans les péripéties du roman.
Toutefois, une froide et lumineuse lecture, grâce à Masse Critique et aux éditions du Seuil.
Commenter  J’apprécie          200
Finlande. Pays membre de L'Europe, république membre de l'Union Européenne. On se connaît si mal. On connaît si mal l'histoire de notre continent. Extrême nord, extrême est. C'est un « miracle » que ce pays soit resté indépendant. Allemagne, URSS, des camps, des crimes contre notre humanité, des fosses, des armes, ….des guerres, des cendres, ..déportations, expérimentations, exterminations, acculturations... et puis la neige qui recouvre tout , une chape de blanc , un blanc, un hiver silencieux. Je ne connaissais pas l'histoire des Samis, le peuple same, ni la diversité des peuples finno-ougriens. La Carélie m'était inconnue. Je ne savais pas ce que ce silence recouvrait.
Qui sait ce que la terre contient, ce qu'elle rendra demain. Qui sait sur quoi reposent les églises ?
Un roman qui met en lumière la complexité et la diversité de notre histoire, de nos récits, de nos silences.
Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli
Opération masse critique Babelio/ Éditions du Seuil

Astrid Shriqui Garain
Commenter  J’apprécie          190
Que dire de plus que les précédentes critiques, tout est dit et bien résumé.

C'est un livre à découvrir sans aucun contexte.
J'aime les pays de neige, les grands froids et l'ambiance si particulière qui y règne, j'ai retrouvé tout cela dans ce roman. Un sacré contraste avec l'autre pan historique du livre et une tragédie de plus que j'apprends par le biais de la littérature. On a beau nous avoir appris la seconde guerre mondiale sur les bancs de l'école, mais on nous a jamais dit que cette horreur s'était étendue sur la majeur partie de la planète. J'étais loin d'imaginer qu'un peuple aussi reculé que celui des Sami avait été confronté à toute cette tragédie de la folie humaine.

J'ai beaucoup apprécié la construction du livre, le fait se passer d'une époque à une autre, de jongler avec une partie journal intime à un récit, donne du fil à retordre quand on tente de tisser des liens avec tous les personnages.

L'écriture est assez poétique surtout dans la partie "journal" mais pas que extrait :
"Une fois Saara lui avait raconté que l'hiver était parfois si froid,là d'où elle venait, que le souffle formait des cristaux de glace dès que l'on respirait. Ou lorsqu'on parlait. Finalement, les mots gelés dans l'air tombaient tout doucement. En touchant terre, ils produisaient un son cristallin. Les villageois appelaient cela le murmure des étoiles." page 248

Je me contenterai de ce passage pour laisser le loisir aux futurs lecteurs de savourer quelques beaux passages au sein de ce très beau roman délicat par l'écriture, mais aussi le thème.

Un grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour l'envoi de ce très beau livre en tant qu'objet et roman.
Commenter  J’apprécie          190
Il est des secrets qu'il est dangereux d'exhumer, surtout lorsqu'ils concernent l'alliance militaire de la Finlande avec l'Allemagne nazie au début de la seconde guerre mondiale.
Petra Rautiainen, l'autrice finnoise, nous révèle l'existence de camps de prisonniers en Finlande, supervisés par les nazis, où l'on examinait les caractéristiques morphologiques des prisonniers pour déterminer leur appartenance ou non à la race aryenne.
D'où venaient-ils ? Que devenaient-ils après être passés dans ces camps ? Qui sont les responsables de leurs mauvais traitements institutionnalisés, de leur mort fréquente ou de leur déplacement vers d'autres camps ?
Deux récits s'alternent de ce roman aux paysages immenses et glacials. le premier est un carnet écrit en 1944 par Vaïno Remes, un gardien et interprète finnois qui travaillait dans le Camp d'Inari. le second est le récit de l'arrivée en 1947 en Laponie, de la photographe Inkeri Lindquist, à la recherche de son mari disparu pendant la guerre.
Les deux époques se lient progressivement, les personnages réapparaissent en des lieux différents et au final, et c'est une seule et même histoire qui se dévoile, sous les secrets et les non-dits.
La plongée dans cette culture si différente n'a pas toujours été simple pour moi, autant pour me souvenir des noms de villes complexes, que pour ne pas confondre les prénoms qui, dans la langue française, ont tous une consonance féminine. Mais la carte du début du livre m'a souvent aidée et j'ai fini par m'attacher à ces personnages d'une dureté surprenante.
Romanesque et engagé, ce premier roman très réussi, au sujet historique passionnant, m'a entraînée dans cette rude Finlande où, alors que la neige du Grand Nord se mêle aux cendres du passé, la culture Same des peuples lapons résiste, envers et contre tout.
Merci à Babelio et aux Editions du seuil pour ce livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique privilégiée.
Commenter  J’apprécie          110
Je remercie Babelio et les éditions Seuil de m'avoir fait parvenir ce livre et de découvrir ainsi une auteure et l'histoire d'un pays, dont j'ignore complétement son histoire.
Je crois que je n'avais lu un livre sur la Finlande.
"Un pays de neige et de cendres" est un texte qui va nous emmener dans la Finlande de la seconde guerre mondiale et de l'après guerre. A double voix, nous allons lire un journal, tenu par un interprète-gardien qui travaille dans un camps de prisonniers des Allemands pendant la seconde guerre mondiale.
Puis, dans les années 50, l'installation d'une femme, Inkeri, journaliste et photographe, qui vient de s'installer dans une maison d'une ville de la Laponie. Ville qui est reconstruite et où les autorités ont décidé de "civiliser" les autochtones, les Same, une tribu nomade du Grand Nord. Cette ville était aussi très proche d'un camps de prisonniers où son mari aurait été emprisonné et dont les pages du journal intime nous en parlent.
J'ai été un peu perdue au début de ce texte, pour comprendre le contexte historique et la situation géographique de ce texte. Puis, nous commençons à comprendre l'histoire et les relations entre les différents personnages. l'auteure nous décrit très bien aussi la nature de cette zone, une zone où il peut faire jour pendant des journées entières et aussi l'inverse. Où la neige envahit tout, mais où le printemps apparaît aussi sur la toundra avec beaucoup, avec de belles fleurs très colorées. Nous apprenons à comprendre les différences entre les différents personnages.
Que ce soit cette femme, qui est venue en autre pour en savoir un peu plus sur la disparition de son ex mari : elle avait vécu avec lui en Afrique et de belles pages sur sa vie en Afrique et de sa découverte de la faune et flore africaine et sa prise de conscience face aux différences. Son ex mari a été emprisonné pendant la seconde guerre mondiale et s'est retrouvé dans un camps. Ce camps qui nous est décrit dans les pages du journal, dont nous lisons les pages mais dont nous ignorons qui en est réellement l'auteur.
Nous allons aussi rencontrer une petit fille autochtone, qui vient dans cette école de cette ville, mais elle veut aussi garder un lien avec les traditions de ces aïeuls et en particulier, celles de son grand père.
Ce livre aborde beaucoup de sujets graves, des expériences dans ces camps et la situation face aux autochtones, que ce soit pendant et après la guerre.
Ce texte est aussi un très beau texte sur la nature et le rapport de certains personnages à la flore, faune (un des personnages se promène avec une truie en laisse, des arbres préservés dans ou hors des maisons) et les portraits des personnages sont touchants, que ce soit cette femme à la recherche de son mari, que ce soit cette jeune fille, qui se cherche sans renier ses origines, mais ce n'est pas facile, que ce soient ces hommes, taiseux au quotidien mais qui refusent aussi de parler de leur passé. Ce teste est aussi un roman d'amour entre des êtres mais aussi ces êtres avec la nature, quelquefois hostile mais qui peut aussi être belle.
J'ai donc découvert l'histoire d'un pays, la Finlande et aussi ses populations et sa triste histoire, qui ont malheureusement encore des échos dans notre actualité.




Commenter  J’apprécie          90
J'ai eu le plaisir de recevoir ce roman des Éditions Seuil, à l'occasion d'une Masse Critique spéciale de Babelio. Un pays de neige et de cendre dont la sortie est fixée à ce vendredi 4 mars est une référence au Grand Nord finlandais, la Laponie, qui abrite les Sames, peuple autochtone. Une partie de la Laponie, qui s'étend également en Russie, en Suède et en Norvège, constitue l'une des dix-neuf régions de la Finlande, et le nombre d'individus s'élève à peu près à 1500 personnes dans le pays aujourd'hui. le mot Laponie semblerait être péjorativement perçu (lapp = porteur de haillons en suédois), c'est ainsi que j'utiliserai de préférence le terme qui provient directement des langues sames, Same ou Sami. C'est donc à ce peuple autochtone, qui vivait de chasse, de pêche et d'élevages de rennes, avant d'être assimilés à la population finlandaise que Petra Rautiainen a consacré son roman.


Comme tous les groupes de populations minoritaires, c'est un peuple qui a souffert de la Seconde Guerre mondiale, c'est ce qui se perçoit de l'épisode qu'a inventé Petra Rautiainen et dont les protagonistes sames incarnent des personnages essentiels. C'est par le biais de ces années quarante, avant et après la fin de la guerre, que l'auteure finnoise met à jour le sort, loin d'être enviable, réservé à cette partie de la population finlandaise. Il est vrai que l'on ressent immédiatement cette division qu'il y a entre ces Samis et le reste de la population finlandaise, les uns et les autres étant ancrés chacun dans des cultures, us et coutumes singulièrement différents. Et si en 1944 la Finlande reste encore occupée par l'Allemagne nazie à travers les différents camps d'incarcération implantés, le sort réservé d'un côté aux Samis et au reste de la population finlandaise a été relativement différent.

C'est une histoire que j'ai lue avec une extrême attention et grâce à laquelle j'ai permis de combler quelques lacune. Grâce au flot d'informations, et j'aime particulièrement cela, que Petra Rautiainen nous transmet sur un pays et un peuple que l'on connaît finalement peu. Deux temporalités se chevauchent, : l'année 1944 avec l'arrivée du traducteur Väinö Remes dans un centre pénitentiaire d'Inari, municipalité de la Laponie finlandaise, et l'après-guerre qui met en scène l'arrivée puis la vie d'Inkeri Lindqvist, photographe de profession, à Enontekiö, au nord-ouest du pays, en pays same, non loin de la Norvège et de la suède. L'un et l'autre ne sont pas samis, tous les deux vont devoir s'adapter à l'endroit qui les abrite, le premier en pleine guerre dans des conditions difficiles, la seconde avec un objectif dissimulé. La compréhension des tenants et aboutissants de chacune des histoires imbriquées, implique forcément la compréhension de la place des peuples Same dans la société finlandaise, au sein de son histoire, particulièrement à travers le prisme de la Seconde Guerre mondiale qui les a mis encore plus à l'annexe qu'ils ne l'étaient déjà. Notamment avec l'anéantissement des leurs et de leurs habitats, des villages entiers ont été rasés.

Un pays de neige et de cendres est typiquement le genre de titre qui ouvre à des cultures sur lesquelles j'ai peu l'occasion de lire, et c'est ce qu'il me plaît : cette connaissance avec un peuple qui pour moi évoquait jusqu'à maintenant principalement le Grand Nord Finlandais (et le Père-Noël…), sa coexistence avec la majorité du pays, ces finnophones ou suedophones. Et la façon dont la guerre a été vécue dans ce coin du monde, les dégâts qu'elle a laissées derrière elle : le titre poétique du roman en donne un petit avant-gout. Et c'est l'histoire de tous les sames, d'Inkeri, de Väinö, qui doivent tous s'adapter aux changements. Même si la guerre est finie, les terres sames portent encore les stigmates fumants de tout ce qu'elle lui a infligé, de tous les hommes tombés en son nom. Si Petra Rautiainen a construit son roman d'après un fil narratif bien solide, l'aspect historique et culturel est le gros point positif de ce roman. Rien que pour cela, le titre s'inscrit parmi mes lectures essentielles de ce début d'année. Petra Rautiainen rend tous les préjugés dont sont victimes les Sames, qui les cantonnent à un peuple un peu archaïque de pêcheurs et chasseurs qu'il faut absolument assimiler. de par la langue, pour commencer. Mêmes causes, mêmes effets : on l'a vu ailleurs, c'est aussi ce qui contribue à la disparition de la culture same. Voilà des pensionnats malfamés où sont catapultés de force les enfants sames, Inkeri ne découvre pas qu'un beau et lumineux pays de neige et de toundra, la réalité, celle d'une pseudo-bienveillance affectée, est plus sombre : l'assimilation, qui est un concept problématique puisque il est synonyme d'acculturation devient un véritable conditionnement culturel sous l'excuse de sauvetage civilisationnel comme s'ils avaient besoin d'être sauvés. Comme si la guerre et ses idéologies de « races inférieures », catégorie dans laquelle les Sames étaient vaguement classés, avait toujours prise sur le pays.

C'est encore un autre titre sur la seconde guerre mondiale que je présente ici, mais un titre qui apporte un éclairage encore différent sur la façon dont cette guerre a pu être vécue et subie dans un pays pris en sandwich entre l'Axe d'un côté, les Soviétiques de l'autre. Petra Rautiainen a utilisé à bon escient tous les ressorts d'une narration sous-tendue par ces secrets soigneusement filés où ce contexte historique et culturel dresse une toile de fond particulièrement riche et instructive. Si le pays a été soumis à une politique de neutralité stricte pendant la Guerre Froide, nommée Finlandisation, il semblerait que les malheureux événements actuels la poussent peu à peu à se désolidariser de cette impartialité adoptée, n'en déplaise à la Russie.



Lien : https://tempsdelectureblog.w..
Commenter  J’apprécie          62



Autres livres de Petra Rautiainen (1) Voir plus

Lecteurs (379) Voir plus



Quiz Voir plus

C'est la guerre !

Complétez le titre de cette pièce de Jean Giraudoux : La Guerre ... n'aura pas lieu

de Corée
de Troie
des sexes
des mondes

8 questions
1125 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , batailles , armeeCréer un quiz sur ce livre

{* *}