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EAN : 9782702168288
160 pages
KERO (15/01/2020)
3.9/5   5 notes
Résumé :
Huit français sur dix déclarent faire confiance aux maires – ce sont les derniers élus à résister à la défiance voire à la colère populaires. Et pourtant, ils n’en peuvent plus : un maire sur deux ne se représentera pas aux Municipales de 2020. Parmi eux, une majorité d’élus des villes de moins de 1 000 habitants, qui représentent près des trois quarts des communes françaises.
Que se passe-t-il dans nos villages pour que les élus soient à ce point écœurés ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je remercie Babelio et les éditions Kéro pour l'envoi de ce livre, qui s'est avéré être un témoignage en forme de coup de poing sur la situation des petites communes en France. Décrit avec une plume très vivante, où l'attachement de l'auteur au pays de ses ancêtres est évident, je l'ai lu d'une traite !

Ancien proviseur et jeune retraité, Bernard Ravet est adjoint au maire d'un village 550 personnes depuis 2014. Il commence son récit par l'évocation d'accouchements difficiles, voire dramatiques, parce que la maternité voisine a fermé et que les futures mamans sont obligées d'avoir un trajet trop long en cas de difficulté. Cet exemple est le symptôme du sentiment plus général d'abandon par l'État, impression renforcée par la lente disparition de services publics ou de santé nécessaires à la vie quotidienne.

Mais notre adjoint au maire ne s'arrête pas là. Il décrit les tracasseries administratives et les règlements de plus en plus stricts qui pourrissent la vie des édiles et de leurs équipes. Les exemples qu'il cite sont édifiants, et il rappelle que les petites communes n'ont pas les compétences pour effectuer leurs tâches dans le respect de contraintes légales qui s'avèrent bien trop lourdes. Aidé d'un personnel en nombre restreint mais dévoué, il évoque un quotidien où il faut continuellement se battre pour le moindre sujet, alors qu'il est sans formation dédiée, sans vrai service administratif municipal, sans budget, et sans conseil des grandes administrations.

L'État et ses fonctionnaires imposent de plus en plus de lois contraignantes, mais il ne donne pas aux maires les moyens d'y faire face : la baisse des dotations budgétaires couplée à des lois pensées loin des campagnes entraînent l'abandon de projets publics ou privés qui auraient pu maintenir l'attractivité des villages.

Bernard Ravet relate aussi le sentiment de dépossession des équipes municipales de ces petites villes, quand elles doivent intégrer des communautés de communes qui décident à leur place et dans lesquelles elles ont peu d'influence. Cette évolution récente menace d'amplifier le découragement chez certains.

L'auteur n'oublie pas d'évoquer en parallèle le changement de mentalité d'une partie des administrés, qui n'hésitent plus à se montrer vindicatifs, voire violents, quand une décision ne leur plaît pas.

Beaucoup de maires de ces villages ne se représentent pas aux prochaines municipales. Écoeurés, ils jettent l'éponge.

J'ai beaucoup apprécié ce témoignage qu'il faut lire pour mieux comprendre tout un pan de la France, angle mort des politiques publiques. On se prend à espérer qu'un mouvement inverse sera enclenché, pour la survie de toutes ces petites villes.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Ce livre est énervant.
Non que l'auteur soit mauvais mais il décrit une situation où il est cerné par des règles, des contrôleurs de travaux finis, des habitants qui ne pensent qu'à eux...
L'état (jacobin) délègue sans donner les moyens, tout en décrétant des règles centrales (parisiennes) sans s'adapter aux territoires.
Si encore il facilitait les communes dans leur démarches mais non, il se contente de regarder puis vérifier et in fine bloquer car xxx (Exemple ! Pas de cantine dans un resto du village car les enfants pourraient être en contact d'un pédophile.. Ubu ! Quand votre gamin va dans le village à 15 km pour suivre son CE2 ou son CM2, il ne peut pas manger chez lui. Construire une cantine scolaire pour 60 ou 80 gamins ? Économiquement impossible).
Les agglos et les communautés de communes semblent, de loin, une bonne idée. Mais en fait, elles prennent le pouvoir décisionnel.
Dans le privé, il existe une structure juridique dite GIE (groupement d'intérêt économique) qui met en commun les moyens pour ses adhérents.
Bien sûr le petit adhérent (commune de 150 âmes) a moins de poids que les plus gros (3000 ou 5000 âmes) mais au moins les donneurs d'ordre restent niveau adhérent et non structure commune.
Mais cela ne semble pas d'actualité en politique (un élu d'agglo doit avoir plus de poids qu'un élu communal).
Et après on s'étonne qu'un rural trouve que ses impôts sont préemptés par les citadins (gilets jaunes ?) !!

Merci à vous @Bernard Ravet pour cet éclairage.

Je vais cacher ce titre à ma femme qui monte sa liste dans ma ville (9 000 âmes) et qui n'en est qu'au stade "crocodiles qui veulent le leadership". le pire est devant elle.
Elle est encore dans une démarche "donner son temps et ses connaissances" pour le bien commun.
Elle a tout mon soutien !
Perso, je suis dans le milieu associatif car là, il me reste la liberté du bras d'honneur.
Amitiés.
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Les galériens de la République de Bernard Ravet

L'auteur, ancien directeur de collège à Marseille raconte son vécu d'élu, adjoint au maire de Chatillon-en-diois dans la Drôme.
Les lois et les normes imposées entravent la réalisation de travaux nécessaires, les demandes se heurtent à la lenteur administrative alors que les administrés son de plus en plus exigeants voir de plus en plus violents.
Coincés dans un jeu politique dont ils ne peuvent influencer les règles, les maires font au mieux pour leur commune et se retrouvent parfois dans des situations administratives rocambolesques et des situations personnelles périlleuses.

Ce témoignage n'a fait que mettre le doigt sur des choses dont je me doutais : l'écart gigantesque entre la théorie et la pratique, ce que l'on nous impose et ce qui est réalisable.

Je suppose qu'un chapitre pourrait être ajouté sur la gestion de la crise sanitaire que nous traversons et qu'il révélerait d'autres absurdités administratives...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Alain Hébert, élu sans étiquette de Sainte-Colombe-la-Commanderie (Eure), conseiller municipal depuis trente-six ans de cette ville de 900 habitants et maire depuis deux mandats, explique : "Même pour boucher un trou dans la voirie, il faut demander à la communauté communes, et ça peut prendre des mois." Il dit se sentir "moins utile et moins décisionnaire." Simultanément, les services publics ferment - plus de sapeurs-pompiers, plus de bureaux de Poste. Et les frais imposés par l'État s'accroissent : "Pour être conforme au RGPD (règlement général sur la protection des données), ma commune doit fait appel à un prestataire facturé 1.000 euros par an."
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La situation est bien différente dans les grandes villes, où l'absence de compétence technique des élus est compensée par l'existence de services administratifs auxquels il est possible de déléguer des tâches. Dans un village, on passe du jour au lendemain de son statut d'exploitant agricole ou de patron de petite entreprise à celui de maire ou d'adjoint. Tous les problèmes que l'on savait résoudre se muent en inextricables sacs de nœuds, qu'il s'agisse d'appeler un plombier pour réparer une canalisation (il faut un appel d'offres), d'embaucher un agent de ménage au camping municipal pour faire face à un afflux saisonnier plus important que prévu (il aurait fallu une délibération six mois avant)...
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Il nous aime, cet État dont le président annonce au monde entier qu'il va reconstruire Notre-Dame de Paris en cinq ans, quand c'est le délai que nous imposent les tracasseries administratives et le mille-feuille institutionnel pour obtenir un simple permis de construire afin de restaurer notre petit hôtel de ville classé monument historique ? Il nous aime, cet État dont un président de l'Assemblée nationale se goberge de homard et de grands crus, quand nos rémunérations ne nous permettent même pas d'acheter une bouteille des nectars dégustés à Paris ?
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Coups de fouet, aussi, de ces administrations qui retoquent le dossier que vous avez péniblement constitué au motif de vices de forme qu'il serait si facile d'éviter si elles daignaient conseiller et accompagner, pas seulement instruire et sanctionner. Coups de fouet, encore, de ces dotations financières toujours revues à la baisse, qui vous imposent d'improbables acrobaties budgétaires dès que vous souhaitez accomplir quelque chose.
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