Le vagabond des étoiles - Intégrale

Je n'ai jamais lu Jack London parce que c'est un auteur qui me fait peur... j'ai dans l'idée que ses romans sont une longue suite d'innombrables descriptions interminables.

De ce fait, j'ai préféré, pour une première, commencer par une adaptation en BD, et grand bien m'a pris.

Je ne saurais donc dire si cette adaptation est conforme au roman, mais en tout cas le dessinateur a réussi à faire passer le message ( en fin de BD une explication sur la volonté de Jack London de s'en prendre à l'univers carcéral).

Les graphismes sont soignés, très détaillés. On ressent l'oppression, la colère et la libération par l'évasion dans ses dessins.
Le choix de la colorisation a également son importance.
On prend en pleine face la critique virulente de l'univers carcéral, des matons, mais surtout du directeur pénitentiaire.

Je ne connaissais pas l'auteur de cette BD, mais je vais m'empresser de lire d'autres oeuvres. Son travail est précis, soigné et agréable pour le lecteur.... j'en redemande.

Alors pour les amateurs de belles BD, je conseille fortement de jeter un oeil sur celle-ci, elle en vaut vraiment le détour.

Je remercie Babelio et les éditions Noctambule pour cette formidable découverte.

Un grand merci à Babelio et Noctambule pour l'envoi de cette BD reçue dans le cadre de la Masse Critique graphique de décembre 2021.

Cette intégrale regroupe les deux tomes de l'adaptation du roman Le Vagabond des Etoiles de Jack London en roman graphique. Je n'ai jamais lu le roman. de même, pour chacune des oeuvres à la base des adaptations de Riff Reb's en BDs. Je ne me prononcerai donc pas sur la fidélité ou non de cette adaptation. Cependant, jusqu'ici cet artiste m'a toujours donné l'impression d'apporter un soin particulier à son travail et je serais bien étonnée que l'adaptation n'en bénéficie pas également. Dans la mesure aussi où le format graphique possède ses propres contraintes.

Darrell Standing est un homme condamné à mort. Il nous écrit de sa cellule après avoir passé plusieurs années en prison pour meurtre... Plus "quelques instants" de vie supplémentaires à l'isolement pour un acte qu'il n'a cette fois pas commis. C'est durant cette période que, déterminés à lui faire avouer, ses geôliers décident de lui mettre la camisole. Véritable torture physique et mentale, compressant chaque centimètres carrés du corps humain au-delà du supportable, Darrell Standing va développer de surprenantes capacités d'évasions. Mentales et extra-temporelles, ses expériences lui font revivre certaines de ses vies antérieures. Ce sont elles qui vont l'empêcher de sombrer dans la folie et lui rendre la liberté qu'il a physiquement perdue.

Ceci posé, il est presque inutile de le préciser : L'atmosphère est terriblement pesante. Particulièrement dans le premier tome qui relate les évènements l'ayant conduit jusqu'à l'isolement et les conditions de détention en général. Que ce soit par les couleurs choisies (habituelles chez cet artiste) - sombres, ternes et jamais complètement lumineuses quand la couleur est dite chaude - les décors, les positions des prisonniers, leurs visages tourmentés et sombres; l'ambiance carcérale, poisseuse et étouffante est omniprésente, palpable à chaque planche. Et puis vient la "libération" : le moment où l'esprit de notre prisonnier parvient à voyager par-delà le temps et l'espace. Une bouffée de liberté visuelle pour le lecteur également, qui découvre enfin autre chose que les murs et grilles de la prison mais des horizons étrangers. Autre chose que la tenue rayée de Darrell Standing mais les costumes de ses ancêtres. Un lecteur qui voyage dans le temps et non plus dans l'immobilité d'une cellule. Tout cela dessiné avec beaucoup de talent, sans surcharge. Et puis, toujours ce sentiment d'oppression qui revient lorsqu'un de ces voyages se termine et que le personnage reprend conscience. C'est en ressentant ces impressions contrastées que j'ai une fois de plus pu admirer le style et le trait magnifique de ce dessinateur. le roman doit être riche à plusieurs points de vue. Cela transparaît par l'effort de synthèse qui a été fait pour décrire la mentalité du personnage et donner un aperçu de l'aspect militant qu'il renferme.

Dans les remerciements en fin d'ouvrage, Riff Reb's nous dit qu'il porte ce projet d'adaptation depuis 1989. Belle abnégation ! Me concernant, cette oeuvre a atteint un double objectif. Celui de me faire vivre une fois de plus une belle expérience visuelle et de m'avoir donné envie de lire le roman de Jack London.

Du fond de sa cellule, Darrell Standing s'arme d'un crayon pour nous raconter son histoire alors qu'on s'apprête à lui passer la corde au cou.

Accusé d'avoir assassiné son collègue en 1906, l'ingénieur agronome ne nie pas avoir agi sous un coup de colère. L'homme est condamné à la perpétuité et purge sa peine au pénitencier de San Quentin. Jusqu'à ce qu'il soit injustement accusé d'un trafic par un autre détenu.

La pendaison l'attend désormais et pour ne pas sombrer dans la folie face à la cruauté de ses geôliers, Darrell pratique l'auto-hypnose. Des voyages par le biais de son esprit qui erre dans ses vies antérieures, lui permettant ainsi de prendre le dessus sur la douleur.

Cette magnifique intégrale réunit les deux tomes de l'adaptation du roman de Jack London, livre que je n'ai pas lu donc je ne ferai aucune comparaison avec l'oeuvre originelle.

D'emblée avec cette lecture, j'ai été époustouflée par la qualité du graphisme, par le coup de crayon de Riff Reb's qui nous dépeint avec talent ces visages durement marqués par les souffrances qu'ils endurent.

Comme nous l'explique la postface, la volonté première de Jack London dans son roman était d'émettre une critique virulente du système carcéral de l'époque. Et dans le récit, le lecteur ne peut que constater l'enfer que vivent les détenus au quotidien. Sévices corporels, torture, isolement, toute trace d'humanité a disparu au sein des murs de la prison.

La seule échappatoire pour notre héros demeure dans ses pérégrinations psychiques. Des évasions salutaires habilement matérialisées dans ces planches grâce à un superbe jeu de couleurs.

Une histoire sombre, intense et dense que j'ai refermée avec la forte envie de plonger dans le roman de Jack London.
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Intense playdoyer contre la violence psychologique et physique de l'univers carcérale mais également voyage onirique et fantastique à travers les âges à la rencontre de l'injustice, de la colère et des sentiments humains. L'adaptation de Jack London est graphiquement brillante grâce à un trait semi-réaliste qui ne caricature jamais totalement et sait mettre en lumière la profondeur du roman d'origine. le héros est touchant par son courage et son abnégation tout en gardant une face sombre et colérique. On est donc bien loin de certains héros manichéens. Sensible et sombre, l'intégrale n'en garde pas moins certains aspects lumineux et inspirant car elle est avant tout une ode à la liberté pleine d'espoir et à l'évasion par l'esprit.

C'est une BD qui m'a donné une claque! Riff Reb's a très bien interprété cette histoire de Jack London. de plus, son style convient parfaitement à l'atmosphère que dégage l'oeuvre. C'est l'un des romans de Jack London que j'ai le plus apprécié par son originalité et les idées qui amène à réfléchir sur l'Homme en général. C'est super qu'il soit adapté en BD, je la recommande vivement.