Le vagabond des étoiles, tome 2

Condamné à la réclusion à perpétuité, Darrell Standing, du fond de sa cellule, a tout le temps pour penser, écrire... et s'évader. Depuis que son voisin de cellule lui a appris comment échapper à la douleur en auto-anesthésiant son corps, son esprit peut ainsi vagabonder et s'immiscer dans la vie d'autres personnes. En ce moment, il est dans la peau du jeune Jesse qui, en compagnie des siens, voyage vers l'Ouest... Ces vagabondages ne sont pas sans énerver le directeur de la prison et les gardiens, agacés de voir cet éternel sourire sur son visage, même après dix jours de camisole...

L'on poursuit nos vagabondages en compagnie de Darrell Standing qui nous emmène loin des murs du pénitencier de San Quentin : en plein western, avec les Vikings, au coeur de l'empire romain, sur une île déserte ou encore au temps de la préhistoire. Des récits forts et marquants, des personnages qui le sont tout autant. Des voyages qui permettront à Standing de supporter les conditions déplorables de sa détention, que ce soit son isolement ou ses mauvais traitements. Riff Reb's clôt brillamment son dyptique avec ce second volet tout aussi puissant que le premier. Des personnages remarquables, une mise en scène travaillée et un graphisme à couper le souffle : un trait élégant et précis, des planches riches, une couleur pour chaque voyage.
Un dyptique intense et envoutant...

Il y a quelque chose qui cloche au royaume des étoiles !
Mais que fait donc le père-noël ?
Lorsque il a eût rangé ses paquets, nettoyé son traîneau et mis en ordre une partie de ses commandes, le vieux bonhomme, lorsqu'il s'est trouvé pour quelques heures désoeuvré, est parti bouquiner ...
Voilà de quoi secouer le grelot des lutins !
Est-ce bien le moment ?
C'est que la seconde partie des aventures du vagabond des étoiles vient de sortir en librairie, dans la collection Noctambule des éditions Soleil !
Darell Standing a assassiné un collègue d'université sous l'emprise d'une violente colère vieille de plusieurs siècles.
Il a été alors condamné à perpétuité, condamné à mort et soumis à l'effroyable torture de la camisole de force.
Depuis le couloir de la mort du pénitencier de Folsom, il avait raconté son histoire à Jack London qui l'a racontée à Riff Reb's qui avait commencé à nous la raconter, à nous la peindre l'année dernière dans un premier album, magnifique et inattendu.
Le second est tout aussi réussi ...
Je ne reparlerai pas ici du dessin, du texte et de la colorisation, je ne ferai que de me répéter en affirmant que le lecteur se trouve ici devant le travail d'un grand de la BD.
Je vais parler de l'envie, de l'envie que l'on doit à Riff Reb's, de celle de se replonger dans le livre de Jack London.
Et forcément, en ressaisissant ce dernier, on y croise la préface de Francis Lacassin.
C'est là, certainement, que le père-Noël est resté bloqué, qu'il nen finit pas de savourer sa lecture au point d'inquiéter son petit monde.
Le père-Noël est en 1968, il est dans une petite boutique de de San-Fransisco.
Et le bouquiniste qui y garde un trésor de vieux livres, lui a aussi révélé, comme à Francis Lacassin, que Darell Standing est bien un personnage de pure fiction mais que que sa personnalité a été empruntée à Ed Morell, son voisin de cellule.
Et de dessous son comptoir, le marchand de vieux livres a fini par sortir un ancien ouvrage devenu introuvable, "the 25th man", l'autobiographie de Morell ...
"Le vagabond des étoiles" est le cadeau de Noël offert par trois grands : Jack London, Francis Lacassin et Riff Reb's ...
Voilà qui va secouer le grelots des lutins !

Darrell Standing n'a pas bougé d'un pouce.
Et pour cause, puisqu'il a pris ses quartiers d'hiver (printemps, été et automne en all inclusive) dans une prison zobi étoiles .
Aux prises avec un indélicat en la personne du directeur qui s'évertue à le camisoler de force dans le but ultime de le briser, Môsieur se joue du confinement et des ses dix p*****s de km pour aller vagabonder en des sphères inaccessibles pour les hommes libres que nous sommes.

Suite et fin de l'adaptation de Jack London, le Vagabond des Étoiles se rit ici de dame la mort, se sachant désormais aussi immortel que Lara Fabian.

Il nous convie encore à moult périples qui sont autant de vie traversées plus ou moins expéditivement (c'est qu'en des temps reculés, l'espérance de vie flirtait souvent avec peu) sous la plume envoûtante de Riff Reb's qui vend ici du rêve en barre.

Un scénar' librement inspiré qui n'en finit pas de nous balader dans les couloirs poussiéreux du temps pour pas cher.
Un graphisme étourdissant de vie malgré un épilogue que l'on pressent moyennement guilleret.
Une réflexion intéressante à laquelle chacun se fera fort d'adhérer ou pas.

Ce vagabond des étoiles m'a botté grave.
J'aurais aimé poursuivre ma route céleste en sa compagnie.
Salut à toi routard de l'infini et de l'au-delààààà.

Deuxième tome et tome final pour cette libre adaptation du roman de Jack London. le premier tome posait le cadre et faisait découvrir les premières vies antérieures, le second est le lieu de l'exposition large de trois vies antérieures, plus abouties que les premières et qui permettent de se plonger dans des récits bien différents tout en gardant le fil conducteur de la personnalité de Darrell Standing. L'originalité est présente, notamment par le biais de ce fils de viking qui se retrouve... soldat romain au pied du Golgotha où meurt Jésus !

Le dessinateur, comme dans le premier tome démontre toutes ses qualités dans les différents personnages qu'il brosse. Même les plus secondaires ont un graphisme propre, il n'y pas la "parenté graphique" que l'on retrouve parfois chez certains artistes, où les personnages pourraient sembler tous faire partie d'une même famille. Les décors passent au second plan (logique me direz-vous) mais bien plus par choix que par limite, puisque le passage du naufrage du bateau des immigrants protestants américains est particulièrement réussi, la tempête parfaitement rendue, avec tout le brio que cela suppose. Un artiste qui n'a pas besoin de sortir à tout bout de champ les planches impressionnantes pour montrer les muscles graphiques sans que l'histoire l'exige, a droit à tout mon respect.

Le final aussi est particulièrement réussi, avec l'évocation tout en sobriété de la peine de mort mais avec toute la force de la revendication politique qu'elle contient. le gris continu de ces planches, seulement rehaussé par le jaune d'une dernière vie (antérieure ou postérieure ? on ne sera jamais sûr) trouve tout son sens et sa force.

Bref, une vraie réussite dans l'adaptation de l'oeuvre de London et une prouesse graphique réelle qui donnent finalement envie de ne pas se plonger que dans l'oeuvre de l'auteur américain... mais bien également dans les autres planches du dessinateur français !

Dans ce tome 2, on retrouve Darrell Standing dans les mêmes conditions inhumaines de détention, la camisole de force pendant près de 10 jours. Darrell Standing, va, comme dans le premier tome, continuer à s'évader psychiquement et c'est alors pour lui l'occasion de se retrouver dans des mondes et personnages différents.
La critique du système carcéral américain est extrêmement bien rendue avec peu de mots mais tellement bien choisis.
Je ne sais pas si cette BD est fidèle au roman de Jack London ou si Riff Reb's a pris beaucoup de liberté car je n'ai pas lu le roman mais il me semble que le style incisif est bien celui de Jack London. L'enfer carcéral et la cruauté des hommes fait froid dans le dos. le pouvoir de l'imaginaire est en revanche salutaire. Réussir à se réfugier dans les rêves permet sans aucun doute d'éviter de sombrer dans la folie et peut-être aussi de supporter l'insupportable.