Le vagabond des étoiles, tome 2

Dans ce tome 2, on retrouve Darrell Standing dans les mêmes conditions inhumaines de détention, la camisole de force pendant près de 10 jours. Darrell Standing, va, comme dans le premier tome, continuer à s'évader psychiquement et c'est alors pour lui l'occasion de se retrouver dans des mondes et personnages différents.
La critique du système carcéral américain est extrêmement bien rendue avec peu de mots mais tellement bien choisis.
Je ne sais pas si cette BD est fidèle au roman de Jack London ou si Riff Reb's a pris beaucoup de liberté car je n'ai pas lu le roman mais il me semble que le style incisif est bien celui de Jack London. L'enfer carcéral et la cruauté des hommes fait froid dans le dos. le pouvoir de l'imaginaire est en revanche salutaire. Réussir à se réfugier dans les rêves permet sans aucun doute d'éviter de sombrer dans la folie et peut-être aussi de supporter l'insupportable.

Ayant adoré le roman de Jack London, je me suis demandé s'il y avait un intérêt à l'adapter en bande dessinée. L'histoire est très bien rendue, les graphisme agréable et vivant, alors, oui, c'est une réussite, mais elle reste trop sage, trop fidèle au roman, l'auteur ne prend pas de risques, n'apporte pas son interprétation personnelle. Même si je dois reconnaitre que c'est bien fait, j'en attendais plus.

Ce projet aurait pu être porté par Alejandro Jodorowski tant l'on retrouve ces thèmes et le traitement rude et poétique dans son oeuvre. Comme expliqué sur la première partie, la découpe de l'ouvrage en deux volumes crée une césure artificielle qui fait commencer l'album sur une des incarnations, au Far-west au sein d'une caravane de colons. On enchaîne ensuite sur des bribes de vies éparses que le narrateur confesse avoir vécues de façon discontinue avant d'arriver à l'époque romaine dans le corps d'un orphelin viking devenu légionnaire dans la Judée de Ponce Pilate. L'incarnation suivante, la plus intéressante est celle d'une femme naufragée sur une ile déserte (apparemment un des seuls changements de Riff Reb's par rapport au roman où le personnage est un homme), puis la dernière section nous transporte à l'âge de pierre avec un chasseur en quête d'un Totem, façon de boucler l'idée des visions et lien entre l'esprit et le Temps. Entre ces épisodes historiques l'auteur insère quelques séquences de conscience du prisonnier-supplicié avant une dernière séquence le menant à la potence.

Ce volume est donc très différent du premier en ce qu'il se concentre essentiellement sur des séquences sans lien entre elles ni véritable message hormis le fait que contrairement aux premières les personnages vont au bout de leur existence malgré des aléas tout à fait exceptionnels. Si le tome un dressait un pamphlet saisissant sur la condition carcérale, ce thème est ici plus lointain hormis sur la dernière séquence qui nous rappelle l'aberration du système et de ses « lois ». wp-1604400206798.jpgOn sent dans le déroulement de l'album le détachement de cet homme qui a appris tel un ascète à ne plus subir les tourments du corps jusqu'à se demander malgré les témoignages « paranormaux » qu'il nous livre, si la succession de ces différentes séquences d'existence ne trahit pas l'évolution psychologique de Darrel Standing vers un mysticisme détaché lui permettant d'accepter la mort.[...]

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Suite et fin avec ce second volume.
Le dessin est toujours aussi beau et les différentes ambiances des vies antérieures bien maîtrisées.
Dans ce texte, London se fait plaisir à compiler des petites histoires au milieu d'un réquisitoire contre la prison et la peine de mort.
Si je n'adhère absolument pas à la vision atavique présentée, j'aime beaucoup l'impertinence du héros dans ses échanges avec l'administration pénitentiaire. de l'autre côté, j'aime aussi beaucoup toutes ces tranches de vies éparses et variées - mais toujours tragiques.
L'assemblage des deux au prix d'un tour de passe-passe spirite n'emporte pas totalement mon adhésion, mais cela reste néanmoins une oeuvre majeure, magnifiquement adaptée par Riff Reb's.

Ce deuxième tome de l'adaptation libre de l'oeuvre éponyme de Jack London développe les récits par Darrell Standing de ses vies antérieures, et nous explique les circonstances de sa condamnation à mort, lui qui n'était "que" condamné à perpétuité.

Comme je l'indiquais dans ma critique du tome 1, ce qui m'a frappé c'est l'omniprésence de la violence dans toutes ces existences malgré leur grande variété. On le suit ainsi dans ses péregrinations immobiles, jusqu'à l'inexorable issue. le seul côté un peu lumineux de cette histoire si noire est la constance de l'insolence des répliques de Darrell à ses tortionnaires et à leurs complices.

Comme pour le premier tome, le graphisme est au diapason du récit, avec en particulier une grande qualité des jeux d'ombre et de lumière.