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sur 220 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un coup de fil en pleine nuit. Un appel d'une mort annoncée. Celle de son père, Félix. Après une opération qui s'est mal passée, ses minutes, ses heures, lui sont comptées. Au chevet de son lit d'hôpital, sa femme, Cécile, et sa fille, Léonor. Dans le huis clos de cette chambre défilent avec pudeur les instants présents si sacrés. le souffle retenu, les deux femmes veillent, en cette dernière nuit, sur l'homme de toute une vie...

Manifesto, un texte à la fois brut et pudique, profondément intime. Un récit original au cours duquel Léonor de Récondo alterne les derniers moments avec son père avec les souvenirs imaginaires de celui-ci, notamment des dialogues avec Ernest Hemingway, mais aussi son enfance, l'Espagne, l'exil, ses trois enfants partis trop vite, la musique, l'art... Un poignant et émouvant hommage à l'homme qu'était Félix, au lien si particulier qui unit père et fille, aux souvenirs éternellement gravés, à la vie et à la main qui, malgré tout, s'échappent... Sensible, à fleur de peau, à fleur de mots, l'auteure déroule une partition vibrante d'émotions...
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Léonor reçoit un appel de sa mère Cécile pour se rendre au chevet de Félix, à la Salpêtrière. Léonor va donc accompagner son père dans ses dernières heures de vie après une opération qui s'est mal passée.
Ce huis clos de la chambre d'hôpital va laisser en alternance les esprits de Félix et Léonor s'exprimer.
C'est à la fois un récit autobiographique et imaginaire que Léonor de Récondo, auteure et violoniste, nous livre, un vibrant hommage à son père disparu en 2015.
Elle imagine des retrouvailles entre son père et Ernesto (Ernest Hemingway). La communion entre ces deux esprits permet de revenir sur la vie de Félix et sur ses souvenirs d'enfance en Espagne. Ce sont des échanges sur les femmes, le plaisir, la vie de Félix et les tragédies qui l'ont traversée, notamment la mort de trois de ses enfants, la guerre, l'exil, le deuil, le suicide, deux destinées un peu parallèles.
Elle évoque quant à elle, avec douceur et délicatesse, des souvenirs familiaux et se souvient de leur complicité, lui à ses pinceaux, elle à son violon. Félix, le sculpteur, raconte d'ailleurs avec émotion la fabrication du violon de sa fille. La musique a accompagné leur vie, leur bonheur et les dernières heures ensemble.
Cette nuit de chagrin se transforme en un bouleversant hommage à son père où la vie et la mort s'entrelacent au coeur de ce Manifesto.
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Autour d'un moment dramatique, la mort de son père, Léonor de Récondo a écrit son Manifesto qui se passe dans la nuit du 24 au 25 mars 2015. L'auteure est avec Cécile, sa mère, au chevet de Félix de Récondo qui agonise. C'est là qu'elle imagine ce père qu'elle adore en pleine discussion avec Ernesto, Ernest Hemigway, qui a connu les heures sanglantes de l'Espagne en pleine guerre civile et vécu au Pays basque dont est originaire la famille de Récondo.

La discussion entre les deux hommes est entrecoupée par un retour régulier à la réalité, par l'angoisse de la fille qui, aux côtés de sa mère, trouve le temps très long, trop long et déborde en même temps d'amour.
Ernesto évoque ses souvenirs d'enfance, la pêche à la mouche, alors que Félix parle du Pays basque, de Franco, de la guerre perdue, de Gernika et de cet arbre, un chêne défendu par une chaîne humaine. Ernesto aimait les toros, la corrida et c'est pour cela qu'il revenait en Espagne.
Dans ce petit livre, Léonor de Récondo s'est livrée à un exercice difficile et l'a réussi. Son texte est plein d'amour, de sensibilité, d'humanité. Logiquement, Ernesto est plutôt en retrait mais sert de lien entre Félix et l'Espagne, la fuite de la dictature franquiste. Impossible, en lisant cela de ne pas penser, entre autres, à Leny Escudero. Dans le début… la suite… la fin, livre paru hélas en auto édition en 2015, il raconte aussi son parcours et ses problèmes d'adaptation dans son pays d'accueil, le nôtre.
Avec beaucoup d'émotion et de franchise, l'auteure parle de la fin de vie, de l'hôpital et du dévouement admirable du personnel soignant. Sans savoir si le mourant s'en rend compte, la présence des êtres chers à son chevet pour l'accompagner montre que l'essentiel c'est l'amour.

Je n'oublie pas ce violon sculpté, fabriqué par Félix, violon si cher à Léonor de Récondo qui en joue admirablement. Par petites touches, la fille démontre tout ce qu'elle doit à ce père artiste qui aimait travailler en présence de Cécile. C'est une vie qui s'achève après tant de souffrances, de douleurs, de joies et de bonheurs partagés.

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Tout derniers souffles d'une vie
Ce que l'on nomme l'agonie
Des pensées fusent et s'entrelacent
Des souvenirs confus enlacent
de leur douceur le corps meurtri
Felix, l'Espagne et Ernesto
Un magnifique manifesto
Tu embrasses l'arbre de Gernika
Lieu du passé voy por allá
Écoute les sons d'un violon
Coeur de ta fille au diapason
Mais le temps court , ronge et durcit
" Tout s'évanouit, se tapit"...

Très touchant et pudique hommage d'une fille à son père, dans un style toujours aussi limpide et poétique. Des mots justes et sensibles, un beau rêve de partage de Felix avec Hemingway, et cette fusion de l'amour, ces élans de tendresse qui adoucissent tout. Même la mort.


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Aficionado, appassionato, eldorado… Manifesto

Avec cet émouvant hommage à son père, Léonor de Récondo démontre avec maestria qu'elle est, livre après livre, un véritable écrivain. C'est-à-dire qu'elle réussit à faire une oeuvre littéraire d'un drame intime, qu'elle parvient à transcender la mort de son père pour en faire une ode à la liberté. Un Manifesto tout entier contenu dans cette phrase «Pour mourir libre, il faut vivre libre.»
Après Amours et Point Cardinal, voici donc le récit des derniers jours de Félix, cloué sur son lit dans une chambre l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Un univers froid et sans âme, un environnement dont Léonor et sa mère vont tenter de faire abstraction pour accompagner les derniers jours de cet homme.
Félix a quant à lui déjà fait disparaître les murs de l'hôpital. Il est au bord de la mer assis sur un banc aux côtés d'Ernest Hemingway. Ce n'est «pas seulement le lieu du souvenir, mais aussi celui d'une espérance, d'une vie passée fringante et riche».
On l'aura compris, l'esprit de Félix vagabonde, s'engage sur les routes des souvenirs, celui d'une enfance en Espagne, de la guerre contre Franco, de l'exil.
Et qui mieux qu'Hemingway, cet autre amoureux de l'Espagne, pour évoquer ces années, ces paysages, ces combats et la douleur de l'exil. Sans oublier les morts, à la fois si lointains et si proches, les morts qu'il va rejoindre… «Mais je n'y crois pas. On meurt, c'est tout, et on agrandit l'âme de ceux qui nous aiment. On la dilate. La mienne va bientôt exploser.»
Pour Cécile et Léonor l'inconcevable, l'inacceptable, mais la tout aussi inévitable fin s'inscrit dans une autre chronologie, à la fois insoutenable dans l'attente et trop rapide pour tout dire : «Je ne veux rien oublier, je veux que ça s'inscrive. Dans quelques heures, je ne te verrai plus, c'est maintenant que se fait le souvenir. Et pourtant, je sais que je vais oublier, comme j'ai oublié les mains et le rire de Frédéric, et ce n'est pas faute d'amour. Je voudrais retenir vos voix à tous, en faire une polyphonie. Y ajouter la mienne le moment venu.»
Une procession qui n'oublie ni les grands-parents, ni le frère, ni Dominique retrouvée morte dans un squat à Montreuil.
Au chagrin, à la peine qui tétanise, j'imagine ce besoin de trouver une issue, de «faire le deuil». Et j'imagine tout autant la romancière essayer de poser sur le papier un début d'histoire, d'y revenir, de pleurer de rage, de tout jeter puis de recommencer. Puis d'arriver à ce moment de grâce, de communion avec Félix le sculpteur. Où ce qu'il dit de son art peut aussi se dire de celui de sa fille «mon paysage intérieur est surpeuplé, foule dense, désespérée souvent. On m'a demandé d'où venaient mes personnages, s'il y avait une image originelle qui viendrait hanter toutes les autres. Je ne le crois pas. Il y a des émotions passées qui, lorsqu'on les retrouve en pensée, nous bouleversent chaque fois.»
Bouleversant, ce roman l'est à coup sûr. Il impose Léonor de Récondo comme l'une de nos plus élégantes stylistes de la littérature française contemporaine.

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Hommage au père décédé dans un récit croisé où l'auteure incarne la voix du disparu pour faire resurgir les moments de grâce de sa vie d'exilé espagnol, tout en ravivant le souvenir de la dernière nuit pendant laquelle sa mère et elle ont accompagné son départ.
Emouvant bien sûr, mais je suis tout de même restée à distance de ce texte dont la construction manque de naturel, un peu gênée également d'être conviée en position de voyeur à l'exposition de l'intime.
Reste l'échange imaginé entre le père mourant et le défunt 'Ernesto' Hemingway, vibrant hommage à l'art, à l'Espagne, à l'engagement et à la beauté de la vieillesse.
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Le vieux Félix va mourir d'une infection contractée après une opération pourtant réussie.
Appelées à son chevet, Claire, son épouse et Léonor, sa fille assistent à cette mort imminente en lui tenant tendrement la main.
Félix souffrait de la maladie d'Alzheimer et durant cette dernière nuit, son esprit, déjà ailleurs, entame une conversation avec Ernesto.
Une conversation à bâton rompu faite de souvenirs personnels.

Léonor de Recondo reconnait avoir en partie ré-inventé la vie de son père, ainsi qu'avoir eu besoin d'imaginer cette conversation pour pouvoir écrire cette-nuit là.
Elle dit avoir éprouvé de la joie à espérer que l'esprit de son père puisse jouir de cette dernière liberté de converser avec un ami.
Un ami qui n'est rien moins qu'Ernest Hemingway soi-même...
Pourquoi ?
Parce qu'en Espagne, lors des fêtes de Pampelune, Hemingway allait de temps en temps déjeuner chez la grand-mère de Félix.

Il y a beaucoup de retenue, de mélancolie, de poésie dans ce récit.
L'écriture est belle et le propos touchant.
Par contre, si je n'ai aucun problème avec le fait que Léonor prête des propos imaginaires à son père, je suis plus réservée quand à ceux qu'elle prête à l'écrivain.
Que sait-elle de ses souvenirs personnels ?
Elle me semble avoir pris une bien grande liberté que je trouve inutile.
Qu'apporte de plus au récit le fait que l'interlocuteur de Félix soit Ernest ?
Je lui aurais préféré un de ses amis d'enfance par exemple.

Un beau roman toutefois qui mêle biographie et fiction.
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Je suis toujours aussi ravie et enchantée par l'écriture de Léonor de Recondo, cette auteure sait nous tellement bien nous exprimer ses mots malgré la gravité du thème qu'elle a choisi pour son dernier roman paru en 2019.
J'avoue que le thème de la mort est très difficile à aborder, d'autant plus qu'il s'agit de celle de son papa, ce qui en fait un récit très intimiste et personnel mais pas tabou même si l'approche de la mort reste perçue comme quelque chose de très inabordable, surtout lorsqu'elle fait peur et qu'on se demande ce qu'il y pourrait y avoir ensuite.
Ce récit alternant le ressenti des proches, les propos du père vivant ses derniers instants, est très bien exprimé, c'est là qu'on voit que l'auteure a su mettre les mots là où il faut c'est à dire accepter la mort d'un proche comme un passage transitoire et surtout se préparer à faire le deuil, l'accompagner dans son dernier souffle et partager les meilleurs moments de sa vie en remontant les plaisirs ainsi vécus.
Bref, ce partage et surtout cet hommage est une belle réussite, Léonor a su nous le présenter accompagné de son violon pour lequel on peut se laisser bercer sur quelques notes de Bach.
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C'est une auteure que je suis, et j'ai toujours le même constat : j'adore sa plume, son style, sa poésie, mais hélas souvent je n'arrive pas à être emportée par le récit. Bien qu'ici, c'est différent, intime, profond.
L'alternance de voix donne une légèreté à la gravité des événements une bouffée d'oxygène. Félix se meurt, et nous livre un pan de sa vie. Alors que Léonor nous conte cette nuit dans la chambre 508 à tenir la main de son père qui s'en va doucement vers un autre monde. C'est triste et beau à la fois.
Ce récit nous offre des réflexions quant à la fin de vie, et ces moments si fragiles entre l'avant et l'après. C'est comme marcher sur le bord d'un précipice, va-t-on chuter ? Va-t-on réussir à tenir en équilibre sans la main qui vous tenait.
C'est un beau récit malgré cette mort annoncée, tout en douceur et en poésie.
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Ce n'est pas au son du violon que Léonor de Recondo va nous raconter, mais la musique se dégageant de ses mots nous enveloppe avec une telle intensité que c'est les larmes aux paupières que je referme ce court roman ou devrai- je dire ce merveilleux hommage rendu a son père.
La dernière nuit passée à l'hôpital ,sa mère, elle,et Félix, son père, branché sous pompe à morphine: il va partir doucement ,a dit Sandrine,l'infirmière.
Sous sa plume si délicate ,passé et présent vont s'entre croiser,pour nous parler de ce père tant aimé. Elle nous fera revivre des souvenirs,au travers des dialogues entre son père et Ernesto Hemingway,son grand ami, de trente ans son aîné. 《 Ils se racontent les femmes,la guerre,l'oeuvre accomplie,leurs destinées devenues si parallèles par le malheur enduré et la mort omniprésente 》.
Une nuit de chagrin transformée en un magnifique hommage ,tout empreint de sensibilité, une ode à l'amour au travers ces deux narrations.Bouleversant j'ai ressenti beaucoup d'émotion lors de la lecture de ce roman et de ma 1ère approche avec cette auteure.A recommander. ⭐⭐⭐⭐
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