Autant le dire je n'ai pas aimé ce livre. Tant le style que l'intrigue m'ont paru artificiels. Je l'ai lu jusqu'au bout mais sans réel plaisir de lecture.
L'histoire est assez simple : Magdalena, une comédienne parisienne de 44 ans, vivant seule sans enfant, apprend où vit sa mère Appolonia. Cette mère devenue dépressive a quitté sa vie alors qu'elle n'avait que 14 ans et elle ne l'a jamais revue depuis lors. Elle décide de la rejoindre, attend des réponses sur cet abandon qui a marqué son adolescence mais aussi toute sa vie.
Appolonia vit seule dans une maison éclusière dans le sud de la France.
Magdalena trouve d'abord la porte et les volets fermés et a l'initiative de s'acheter une tente chez Décathlon où elle séduit sans le vouloir un jeune vendeur nommé Jordan. Elle plante sa tente dans le jardin de la maison en attendant le retour de la mère. Jordan, qui a localisé la maison éclusière dont Magdalena lui a parlé, la rejoint de façon inopinée. Je vous laisse imaginer la suite de cette première nuit dans la maison de la mère ou plutôt sur la banquette arrière de la voiture du jeune amant surgi de nulle part. Puis la mère revient enfin. Un face à face s'engage entre la mère et la fille et une vérité se fait jour dont la fille ignorait tout.
Voilà pour le résumé. Mon avis sur cette lecture est plutôt négatif : aucun des personnages ne m'a touchée et l'intrigue m'a semblé cousue de fil blanc.
Dès la première nuit dans la maison de la mère, le lecteur peut se poser beaucoup de questions sans réponses :
- pourquoi la fille décide d'acheter un tente précaire pour dormir dans le jardin d'autant que sa mère peut revenir à tout moment, le soir même ou beaucoup plus tard ?
- pourquoi la mère est finalement absente la première nuit alors qu'elle n'est plus valide et qu'elle vit seule, où était-elle donc ?
- comment un jeune vendeur de Décathlon s'amourache d'une femme de 44 ans visiblement désorientée, pieds nus dans le magasin où il travaille, au point de la chercher dès le premier soir et la désirer follement ?
- comment l'héroïne de 44 ans a la tête et le corps disposés à des ébats amoureux avec un jeune vendeur inconnu alors qu'elle vient de retrouver la trace de sa mère après 30 ans d'absence ?
Bref, dès le début du roman, des incohérences ou des bizarreries font perdre de l'intérêt à l'intrigue qui aurait dû se resserrer autour du duo mère fille et de leurs retrouvailles. le jeune amant d'un soir est un personnage tout à fait superflu.
Le thème des secrets de famille, éculé, est une fois de plus exploité dans ce livre mais, en l'espèce, ce secret, révélé à la fin mais prévisible dès le début du roman, n'explique en rien le cheminement de la mère ni l'abandon de son enfant. La tragédie des origines et les mensonges familiaux peuvent rendre fous mais dans cette histoire, la dévastation de la mère n'est aucunement expliquée et semble disproportionnée par rapport aux évènements personnels qui lui sont révélés (comment ?) à l'âge adulte. Je note aussi que la mère finit par communiquer le secret à la fille alors qu'elle semblait avoir totalement perdu la raison les premiers temps : ce changement d'attitude de la mère est assez incompréhensible, même si la folie est par définition irrationnelle. La réaction de la fille apprenant ce secret (elle admet l'incompréhensible, s'abandonne à la mère sans plus se poser de questions) ne me semble pas crédible non plus.
Tout au long du livre, la référence permanente au personnage d'
Antigone de
Sophocle que Magdalena joue au théâtre et auquel elle s'est toujours identifiée, me semble aussi pesant, artificiel.
Pour moi, cette intrigue manque d'authenticité et de vraisemblance de bout en bout. Les personnages sont faux et ne dégagent donc aucune émotion. le personnage de la mère reste obscur, faute d'éléments biographiques car le secret révélé n'explique pas tout. le personnage de la fille n'a rien d'attachant et peut même agacer alors qu'une femme seule dans la vie, abandonnée jeune par sa mère, devrait au contraire émouvoir.
Le style certes recherché et littéraire donne quelques beaux passages mais aussi beaucoup d'artifices, de phrases vides ou obscures. L'auteur a indéniablement un talent d'écriture mais ce talent n'est pas au service de l'intrigue qui m'a déplu compte tenu de son peu de vraisemblance et du manque d'émotion, de sentiments vrais.