Qu'on ne s'y trompe pas ; derrière ces petits griffonnages humoristiques au ton souvent scatologique, se cache en réalité une critique ultra forte du modèle social dans lequel nous évoluons depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Jean-Marc Reiser est un écorché vif, un homme de convictions, et ceci se voit dans tous ses petits dessins, cela transparaît derrière chaque réplique acerbe ou choquante de l'un de ses personnages.
L'irrespect des jeunes classes d'âge pour les personnes âgées, le mépris de ces dernières pour les précédentes, les minorités bafouées, le consumérisme effréné, le laisser-faire de la police, le niveau de violence enregistré, la dégradation des sites touristiques par la surfréquentation, les effets de mode grotesques, la crise sociale, les perspectives de chômage, la liberté sexuelle, les conditions de vie des animaux,
l'écologie, la ségrégation sociale ou raciale, l'antimilitarisme, le mercantilisme de la politique, l'abus des recherches scientifiques, la pollution, la religion, et probablement bien d'autres thèmes encore.
Tout y passe, et tel un rouleau compresseur, il écrase tous nos sales penchants pour regarder les traces de sang et nos gueules ratatinées de l'autre côté du rouleau. Car il y a forcément un moment où l'on se pose la question : " Et nous, là-dedans ? Sommes-nous toujours clean ? " C'est donc à notre sens moral et civique que
Reiser s'adresse, de la plus drôle et de la plus délectable des façons au travers de ce recueil de dessins de presse.
Une expérience toujours valable, du moins, c'est mon avis formidable dans une époque plus formidable encore, c'est-à-dire, pas grand-chose, finalement.