Quel périple ! Qui aime la Libye et le journalisme ne pourra qu'être séduit par cet ouvrage déjà ancien.
On trouve dans les mots de Rémond une âme fascinée par ce magnifique et âpre pays, par sa population fière et sauvage, par ses officiers turcs empreints d'esprit de sacrifice et d'idéal.
On découvre au fil des pages, un coeur qui sait encore s'émerveiller de cet "ailleurs" qui touche à l'essentiel, de ces hommes semblables et si différents. Cela fait du bien à lire.
Ces notes de guerre datent de 1912. Elles sont pourtant d'une actualité criantes. Les caractères décrits ne me semblent pas avoir beaucoup évolués. Certains traits se sont même amplifiés traçant de profondes lignes de fracture entre deux mondes.
Mais plus que cela, la pertinence de ce carnet de voyage tient surtout au fait qu'il démontre que notre vieil Occident n'a que peu appris de son vingtième siècle. Nos récents agissements en Afrique du Nord, au Proche ou au Moyen-Orient sont hélas la répétition des erreurs de nos pères. Ces leçons sont bien difficile à entendre pour notre orgueil.
Rémond est un
Lawrence d'Arabie qui s'ignore, touché au coeur par l'âme arabe et le dépouillement minéral et littéral du désert. Une passion qu'il sait faire résonner avec verve, réalisme et un brin de romantisme désuet. Un vrai plaisir de lecture !