Cet ouvrage qui, il est vrai, a déjà 25 ans (le XXème siècle n'est plus "Notre Siècle", comme s'intitulait l'ouvrage au départ...), est un pavé de plus de mille pages, mais une référence de l'Histoire contemporaine, que j'ai d'abord étudié par morceaux avant de relire intégralement.
Chapitre après chapitre, La collaboration de Jean-François Sirinelli et de René Rémond permet de resituer les événements majeurs de notre temps dans son contexte culturel (la spécialité de J.F. Sirinelli), politique, intellectuel et religieux (celle de R. Rémond).
René Rémond use, dans un style concret et direct, de grilles de lecture qui fixent l'esprit autour de couples de concepts : unité et diversité, rupture et continuité... cela permet de mieux comprendre les événements, comment ils s'enchaînent... bien loin de l'apprentissage par coeur de mes années collège et lycée, mais pas non plus sur le modèle parfois trop désincarné de certains auteurs de l'Ecole des Annales. Cela reste donc agréable à lire.
A sa première parution en 1988, Le Monde commentait "l'histoire proche est la plus difficile de toutes, menacée à la fois d'étouffer sous le poids des documents et de dévier sous l'aiguillon de la mémoire. René Rémond échappe à ce double danger dans Notre siècle, son nouveau livre dont les mille et quelques pages se lisent aisément. (...) L'association d'un maitre spécialiste en politique et d'un disciple tourné vers la culture permet de dérouler l'évolution de la littérature, du théâtre, de la peinture, de la musique, du cinéma, en contrepoint de celle des gouvernements, des partis et des institutions. On regrette un peu que celles de la vie privée et de l'économie ne bénéficient pas du même traitement, leur dispersion au gré des débats et des crises rendant assez difficile d'en discerner les lignes générales. (je partage ce point de vue : d'autres ouvrages sont bien meilleurs sur le plan de l'Histoire économique)
Avant tout, ce livre remet en ordre un passé flou dans le souvenir ou troublé par des préjugés. Il touche à son apogée dans le tableau du régime de Vichy (même si sur ce point, Paxton reste la référence) .
La Troisième République et le centre droit au pouvoir bénéficient de rectifications d'éclairage. La Quatrième République aussi, et la gauche de l'époque, en la personne de Guy Mollet.
Sous la Cinquième République, le centre droit est à nouveau le principal avantagé du révisionnisme de l'ouvrage : l'importance rénovatrice des premières années du septennat de Valéry Giscard d'Estaing est justement soulignée, que les dernières ont plus ou moins dissimulée.
Plus important encore que ces corrections d'image, le mérite principal du livre tient à une remise en perspective de toute la période décrite. René Rémond excelle à percevoir les continuités profondes derrière les diversités apparentes. (...)
En disparaissant voici peu de temps, plusieurs de ces continuités nous font d'ailleurs mesurer l'ampleur du bouleversement de la fin de Notre siècle. "
Je ne peux citer tout l'article, mais c'est signé Maurice Duverger qui, sans partager les idées de René Rémond je pense, développe sans aucun doute une même finesse d'analyse quant à L Histoire politique du XXème siècle.
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L'historien René Remond interroge le crime comme objet historique. Au fil du temps, accompagnant les mutations sociales, techniques ou morales, le crime évolue, ainsi que la conception qu'on s'en fait et les sanctions qu'on y apporte.
Conférence issue de la première édition des Rendez-vous de l'histoire, en 1998, sur le thème "Crime et Pouvoir".
© René Remond, 1998.
Voix du générique : Michel Hagnerelle (2006), Michaelle Jean (2016), Michelle Perrot (2002)
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