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EAN : 9782234052741
141 pages
Stock (01/12/1999)
3.33/5   3 notes
Résumé :
" Le journaliste, médusé, a fini par s'écrier : " Mais vous allez pousser toutes les personnes âgées au suicide ! " L'autre a soupiré : " Ce serait peut-être une solution... " C'était surtout une boutade. Mais crois-moi si tu veux, Emma, cette réplique a fait tilt dans ma vieille caboche. Evidemment, c'était la solution. La mienne, en tout cas. " Si André Maresquier écrit ce soir à sa fille, c'est parce qu'il a décidé de se tuer. Il ne lui a pas donné signe de vie d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Encore un livre « orphelin » dont j'avais débuté la lecture il y a un long moment… (puisque il est paru il y a plus de 10 années !) abandonné injustement ; j'ai une fâcheuse manie que je tente de refreiner : je commence plusieurs textes simultanément , et inexorablement ; il survient des préférences immédiates très nettes, et certains sont délaissés ,mis en attente. L'attente est parfois longue, ensuite.

Ainsi dans le cadre de mon emménagement dans un nouveau lieu, je fais pour la première fois , l'effort de trier, classer des milliers de livres ( via de nombreuses années de libraire et encore des activités dans le Livre), de « réparer mes injustices » les plus criantes !!

C'est le cas pour ce texte de Jacqueline Remy, qui a pris infiniment d'actualité au fil de cette dernière décennie, à travers une « fiction » : Un père , ayant abandonné sa fille , bébé…, à l'automne de sa vie… décide de se suicider et de lui écrire , car la pensée de cette enfant ne le quitte pas. Ce roman est la succession de lettres qu'il lui adresse , avant de mettre fin à sa vie… lettres qui seront expédiées, après sa mort, selon sa volonté. Vous vous « écriiez » avec effroi : « encore un texte dramatique, sinistre, démoralisant !!!»….Vous n'aurez raison qu'à demi. « Pas du tout »…serait exagéré… Mais le ton est tellement dans l'autodérision, l'humour noir, qu'il fait plutôt l'effet d'un « électrochoc » ou d'un puissant signal d'alarme, afin que nous vivions en bonne intelligence, toutes générations confondues, sans exclure « nos anciens »…et ceci sur un ton caustique qui rend tonique l'ensemble de la narration.

J'ai même ri, par instants, car le narrateur se moque tellement de lui…du monde où il évolue… que cela devient « comique »… jusqu'à un certain point, évidemment. Car il est question de notre société, de notre présent où les « vieux » sont de trop, encombrants…qu'un ministre se fourvoie dans des paroles malheureuses quant aux « seniors », ce qui va provoquer une vague de suicides de personnes âgées… qui font du suicide , selon les termes choisis par notre « héros », un « suicide civique »… pour laisser la place aux jeunes… et ne pas encombrer notre « fabuleuse »… société d'êtres inutiles !!!!

Deux histoires s'imbriquent : l'histoire de cet homme vieillissant, solitaire qui n'est rattaché à la vie que par son affection pour Youri, petit garçon du concierge, qu'il aide pour l‘école, pour lui apprendre aussi à jouer aux échecs ; enfant brillant mais pas très heureux, qui se réfugie chez cet ours « mal léché » pour qu'il lui lise ; lorsqu'il est bien luné, « Les Aventures de Nils Olgerson »…et ces lettres pleines de tendresse rentrée pour cette fille, infiniment présente dans ses pensées.
Un rendez-vous manqué entre un père et sa fille… et au bout du compte… un homme qui souhaite, lui laisser une trace, quelques explications de son parcours et de sa personnalité…

Pour donner une idée plus précise du ton très particulier et original de Jacqueline Remy , j'ai choisi deux extraits, au tout début du livre et à sa conclusion….

-Lundi, 3 heures du matin
Emma, je t'écris ce soir, parce que j'ai décidé de me tuer. Tu vas me trouver un peu abrupt, pour un père qui n'a pas donné signe de vie depuis vingt-ans. Un père qui s'annonce pour dire qu'il n'est plus. Il y a de quoi rire.
Je ne sais pas comment te l'expliquer. Mais, au moment de partir, je sens que toi seule me retiens, toi que je n'ai pas connue » (p.9)=========

« Lundi ; 10 heures
Mon Emma,
J'ai préparé un petit laïus pour le « goûter » des vieux. Pauvres vieillards, qu'on traite comme des enfants… est-ce qu'on t'invite, toi, à des « goûters » ?
Je n'ai jamais compris pourquoi la majorité des gens adoptait ces manières infantilisantes à l'égard de leurs parents, dès lors que ceux-ci n'étaient plus productifs. Tous les vieux ne sont pas séniles, pourtant. Quand ils le sont, j'imagine qu'on espère les amadouer ou les annihiler à coups de chocolats chauds, de brioches et de discours sucrés.
Il y a quelque chose de cruel dans la façon dont la plupart des gens s'adressent à nous. Avec l'âge, on suscite des regards de plus en plus flottants et brefs, des poignées de main molles, des égards condescendants. Une indifférence crasse à peine masquée par des politesses hypocrites. Avec le temps, Emma, j'ai l'impression d'être devenu transparent. (p.129)
(…)Voici l'enjeu, désormais : ni mourir, ni rajeunir, ni vieillir. Juste se faire respecter. (p.128)


Une belle leçon, au travers d'une fiction, des travers monstrueux de notre société, que nous devons combattre. La vie ensemble inter-générations, est à redéployer et à mettre en pratique, en urgence. de nombreuses initiatives solidaires se créent… Nourrissons et encourageons les… Pour que notre monde ne sombre pas totalement dans le règne de l'indifférence , des exclusions et solitudes multiples…Un ton mordant, jubilatoire, beaucoup de tendresse et d'amour de la vie, se dégagent de l'ensemble, en dépit de la gravité des thèmes. Je vais me pencher sur d'autres écrits de cet auteure-journaliste
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N.B: j'ai mis 5 étoiles à ce texte... cela apparaît dans "mes livres"... mais je ne parviens pas à l'enregistrer sur cette page de critique. Latina, à juste titre, m'a questionnée là-dessus.

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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
-Le bonheur, c'est ce moment où l'on regarde intensément l'être aimé et où, on le pressent, chaque geste qui va être ébauché, chaque parole prononcée va susciter l'adhésion reconnaissante de l'autre, le soulagement et l'émerveillement de s'emboîter exactement à quelqu'un. (p.57)
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J'aime les gens qui se battent, même contre l'évidence. (p.123)
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Je ne suis pas un héros. Mon libre arbitre, dont je me gargarise depuis que j'ai pris la décision de ma vie-je veux parler de celle de ma mort- repose sur une facilité absolue que d'autres considéreraient comme une faille: personne n'a besoin de moi. La plupart des gens, lorsqu'ils se réveillent, savent que deux, trois, dix personnes les attendent, même pour de piètres raisons. Moi, quand j'ouvre les yeux le matin, personne ne m'attend. C'est simple de partir quand on n'a rien à quitter, aisé de fuir quand aucune maille ne vous retient. (p. 59)
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....Personne n'a besoin de moi. La plupart des gens, lorqu'ils de réveillent, savent que deux, trois, dix personnes les attendent, même pour de piètres raisons. Moi, quand j'ouvre les yeux le matin, personne ne m'attend. C'est simple de partir quand on n'a rien à quitter, aisé de fuir quand aucune maille ne vous retient. (p.59)
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J'étais ratatiné, à peu près aussi oppressé que si l'on m'avait demandé de passer dans le chas d'une aiguille. J'étais persuadé que je ne survivrais pas indemne à cette épreuve. Finalement, tu as percé le silence:
- Je voulais voir la tête du spermatozoïde.

C'était de bonne guerre. D'accord je n'avais laissé plus de souvenirs en toi qu'un spermatozoïde. Mais ta mère t'a-t-elle raconté dans quelles circonstances je suis parti ?
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