Cinq articles maximum

Des femmes se succèdent dans les cabines d'essayage de ce magasin de prêt-à-porter. Elles s'admirent, rejettent leur corps, analysent leur défaut, cherchent la tenue parfaite, celle qui les rendra belles.
Elles viennent en groupe, adolescentes débordantes d'énergie à la recherche d'un top à paillettes pour une soirée. Elles longent les murs, évitent les miroirs face à ce corps qui vieillit ou qu'elles ne reconnaissent plus après avoir donné la vie.
Elles sont à la recherche de la robe qui changera leur vie, de la tenue qui rendra jalouse leur copine, du haut qui les illuminera. Elles compensent la solitude par l'achat de vêtements. Elles viennent regarder les nouveautés. Elles souhaitent ressembler aux mannequins qu'elles admirent dans les magazines.
Dans ces cabines d'essayages, elles sont de toute génération, elles cherchent toutes à cacher leur défaut, elles s'observent, se jaugent, se jalousent et s'admirent.
Au milieu de toutes ces femmes, il y a Juliette, la jeune vendeuse qui plie les vêtements, les remet sur cintre, les range. de son poste, elle observe, conseille, recueille les histoires.
Juliette ressent les émotions de ces clientes. En dix minutes, elle leur redonne leur sourire, leur trouve la tenue, apporte du bonheur dans leur vie.
Dans cet espace exigu, elle raconte chaque vêtement qui met en avant le corps des femmes, fait ressortir leurs faiblesses, les illumine.
Des tranches de vie touchantes et pleines d'humour.
Un livre qui raconte avec sincérité les femmes et le rapport à leurs corps. Un livre dans lequel on se retrouve, on sourit aux séances shopping vécues entre amies ou seules.
Une histoire réaliste et engagée sur notre système de consommation, sur ce besoin d'avoir toujours plus de vêtements, de plaire, de se cacher sous un vêtement. le pouvoir du vêtement sur notre confiance en soi, notre façon de relever la tête avec fierté, de s'affirmer.
Un roman plein d'humanité et de bienveillance.

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Pour ce roman, l'auteure reprend les ficelles, si efficaces, de son titre précédent, La valse des petits pas, à savoir décortiquer les pensées de différentes personnes dans un même lieu public afin d'en opposer ou du moins d'en comparer les impressions. Cette manière d'aborder un sujet, ici le corps des femmes et l'image qu'elles en ont, est idéal pour multiplier les points de vue et faire tomber les idées reçues. En effet, chaque protagoniste (ou presque) a le droit à la parole pour conter sa version de l'histoire et laisser transparaître son ressenti. Cela rappelle l'importance de la réflexion avant le jugement car ce dernier est facile quand on oublie de se mettre à la place de l'autre. La critique est si aisée alors que l'image perçue d'un individu est souvent erronée car elle ne reflète aucunement le vécu ou la souffrance dudit quelqu'un.
L'approche de la thématique principale est donc intéressante, mais la thématique en elle-même l'est tout autant. Quel mal universel que le rapport au corps chez la femme ! Pour des raisons diverses et variées, tout un chacun a une relation difficile avec son anatomie et a du mal à s'apprécier pour ce qu'il est. L'auteure profite de son récit pour intégrer ce mal-être suivant différents cas de figure : la peur de se dévoiler, la vieillesse, le post accouchement, etc. Les situations abordées sont nombreuses, il est donc aisé pour le lecteur de se retrouver dans certains apartés dont les mots résonnent en lui comme un écho à des pensées déjà formulées dans sa tête. Il se reconnait en l'un ou l'autre protagoniste et est ému par certains, comme Yvonne, une dame âgée attendrissante qui sait manier la langue.
Plusieurs personnages entrent en piste dans ce roman. Ceux-ci ont des âges et des expériences de vie différents. La force de Claire Renaud est de se mettre dans la peau de ces protagonistes et de changer de style dans son écriture pour correspondre à la personnalité de chacun. Cela donne un souffle de fraîcheur à chaque nouveau chapitre.
Juliette, fil rouge du livre, travaille dans le magasin de prêt à porter et surveille les cabines d'essayage où tout se déroule. À travers son regard, le liseur découvre les coulisses de ce genre de boutiques où tout est calculé dans les moindres détails pour enrichir le chiffre d'affaire. Bien loin de l'image sociale que ce métier renvoie, c'est l'empressement qui prime car le temps c'est de l'argent. Deux minutes : c'est le temps maximum autorisé avec chaque client. Mais les consommateurs ne sont pas en reste dans l'analyse des comportements sociaux que dressent l'écrivaine. Ceux-ci se croient à l'abri des regards derrière le fin rideau de la cabine et transgressent certaines règles de savoir vivre. Tout ce revers de la médaille interroge le lecteur quant à savoir si Claire Renaud a côtoyé ce milieu et si les éléments dépeints témoignent de la réalité.
En tout cas, le lecteur est happé par ces tranches de vie au gré d'essayages vestimentaires et aurait aimé qu'elles n'aient pas de fin.
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