Si on allait passer une journée dans une cabine d'essayage ? Je vous promets que l'on ne va pas s'ennuyer.
Juliette, notre narratrice, travaille dans une boutique de vêtements pour femmes. Nous allons la suivre durant une journée, observer ces femmes qui se dissimulent derrière un rideau mal adapté pour essayer des fringues.
Le coin cabines d'essayage, un microcosme où le va-et-vient est permanent. Les femmes se croisent, se jaugent aussi, puisqu'il n'y a pas de miroirs dans chaque cabine. Chacune est obligée de sortir dans le couloir pour se regarder dans le miroir. On y passe toutes, mais j'avoue que jamais je n'ai considéré cet espace de cette manière.
Chaque chapitre décrit une cliente. Nous débutons le roman avec un groupe d'adolescentes turbulentes, sûres d'elles et de leurs corps. On enchaîne ensuite sur une dame âgée, veuve, qui vit dans la nostalgie des années de bonheur qu'elle a vécu avec son mari. Une femme trompée s'achète une robe sexy pour se remettre sur le marché de la séduction. On s'aperçoit très vite que chaque cliente représente un pan de notre société.
L'auteure nous dresse le portrait de femmes, à différentes étapes de leurs vies, de manière toujours juste, parfois vitriolé, parfois émouvant, parfois drôle. La lectrice se reconnaîtra forcément dans l'une d'elle.
Juliette est le trait d'union entre toutes ces femmes, c'est elle qui fait le lien, qui conseille, observe et remonte le moral si besoin. Elle travaille là car, comme tout le monde, elle a besoin d'un job. Cet emploi est son premier « vrai travail », elle y met du coeur, malgré une manager qui donne envie de fuir à toutes jambes. On découvre un peu plus le travail de vendeuse, on n'imagine pas certaines choses, Juliette livre également certaines astuces de vente. Il est clair que la prochaine fois que j'irai essayer un vêtement, j'aurai une pensée pour la vendeuse et son travail.
« Je suis l'elfe du magasin, invisible et efficace, efficace parce que invisible (…). Ne me remerciez pas, c'est compris dans le prix. Mais pour tout ça, je veux bien quelques égards, un ton doux, un sourire, pourquoi pas. »
Il est vrai que le roman met en scène presque exclusivement des femmes. Je dis presque, car au milieu de toute cette horde de froufrou, de tissu et de corps plus ou moins bien conservés, un pauvre homme est là, posé dans le couloir, attendant que sa femme ait terminé d'enfiler une tenue pour lui donner son avis. Et pendant ce temps-là, suffisamment long d'ailleurs, il est le témoin oculaire bien malgré lui des essayages de tout le monde.
le thème de «
Cinq articles maximum » est le rapport des femmes à leur corps. On le sait toutes : l'image que nous reflète notre miroir chaque matin ne correspond pas à ce que l'on voudrait être. Dans une société où le paraître prime sur le reste, on a toujours quelque chose à redire, l'image que l'on a de nous n'est jamais totalement positive ni sereine.
«
Cinq articles maximum » est court, il se lit vite, évitant ainsi la monotonie de la construction. La plume est fluide, agréable. L'auteure reste en surface, elle n'approfondit pas le sujet, son but n'étant pas, à mon sens, de nous livrer une étude sociologique de la femme dans notre société. Elle cherche avant tout à divertir son lectorat, et si cela le pousse à réfléchir par la suite, tant mieux !
J'ai lu ce roman ce mois-ci, durant mes insomnies, et j'avoue qu'il m'a apporté la légèreté dont j'ai toujours besoin dans ces moments où le sommeil me fait cruellement défaut. Je vous le conseille, vous changerez votre vision des boutiques de vêtements, des cabines d'essayage et des vendeuses.
« Pour qu'elle se comparent à vous et que vous vous compariez à elles, ce qui est un travers féminin sur lequel on mise beaucoup. Pour qu'elles vous envient et cherchent la même tenue que vous selon l'implacable loi du désir mimétique. »
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