C'est marrant - vous me direz, c'est la moindre des choses - mais le qualificatif qui n'arrête pas de me revenir à la lecture de ce petit livre, c'est qu'il est... sérieux. Je veux dire par là, bien écrit, intelligent, argumenté, bref, exempt des défauts qu'on peut trouver dans la prose militante collective, parfois absconse, parfois péremptoire et bâclée. J'ai surtout apprécié la première partie qui détaille les atouts particuliers de l'humour comme arme de subversion. La deuxième partie est un catalogue d'actions plus ou moins anciennes. La troisième ("Agir") explique parfois de manière très concrète comment passer à l'action, selon diverses modalités. Étonnante et intéressante maison d'éditions que ce "Passager Clandestin", et encore plus étonnante collection que ces "Désobéir" dont on ne connaît pas les auteurs pourtant de très bonne tenue...
Commenter  J’apprécie         10
Le rire de l'activiste, en introduisant de la distance dans le conflit, réduit aussi, objectivement, le risque de violence de la part des adversaires ou des activistes eux-mêmes. L'humour et la distance dans l'action permettent de rappeler qu'on n'est pas seul à vouloir que le monde change, et qu'on ne peut pas le changer seul, qu'aucune action ni aucune lutte ne sont décisives en tant que telles. Ils permettent un certain recul vis-à-vis du problème qu'on affronte, et évitent qu'on se laisse dominer par des émotions que le spectacle de la souffrance ou le cynisme des maîtres du monde, la dureté des rapports sociaux ou la destruction de l'environnement ont pourtant toutes les raisons d'exacerber.
David Abiker reçoit Xavier Renou, « Les désobéissants », envahisseur de centrales nucléaires. Avec la participation de Jonathan Bouchet-Petersen d’Europe1Soir et Sophie Verney-Caillat de Rue89.