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EAN : 9782070356447
112 pages
Gallimard (11/09/2008)
3.8/5   33 notes
Résumé :
« Je choisis ce qu'il y a en moi d'essentiel, d'infini et de non monnayable. Je choisis de cultiver l'esprit de finesse, les émotions délicates, les sensations patiemment tamisées, sachant que si la faim du corps, tout impérieuse soit-elle, a ses impasses, celle de l'esprit, elle, s'accorde à l'illimité, tout comme les nourritures dont il se rassasie : l'offrande ultime d'une rose de novembre, l'âcreté sensuelle d'un feu de cheminée, le nuancier d'un ciel normand, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
«Le sensible nous promet l'infini ; il arrive même qu'il nous l'offre.» 
C'est ce que s'emploie à nous démontrer Elizabeth Barillé dans ce Petit éloge du sensible et elle y parvient parfaitement. Elle nous montre que tout est dans la façon d'appréhender le monde qui nous entoure. La sensibilité c'est sortir toutes ses antennes pour palper, jouir, goûter. Faire une soupe ou une compote demande la même exigence qu'écrire un livre.
«Le sens des mots et celui des mets mettent en oeuvre la même alchimie. Mordiller un verbe, en tirer tous les sucs, arpenter les allées du marché à la recherche de l'ingrédient juste : un seul et même combat !»
Elle défend le sensible tout de dignité face à la sensiblerie qui a envahie la société médiatisée qui est la nôtre.
Un sens diminué peut devenir un cadeau. Elizabeth Barillé a perdu l'usage de l'oreille gauche qu'elle dit être «une bénédiction cachée : «A droite, j'ai une ouïe de chien . J'entends le souffle des mers lointaines, le sifflement de la couleuvre dans les hautes herbes... Il va sans dire que mon infirmité m'interdit les raffinements de la hifi, pourtant, quand Glenn Gould joue Bach, j'entend qu'il jouit.»
Ce petit livre est un guide vers la joie, une réconciliation de l'esprit et du corps, à conserver précieusement.
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Habituellement, les petits livres me touchent. L'économie des moyens, la sélection du mot juste, l'intensité des phrases me parlent: tout y est important. Les non-dits, les ellipses, les points de suspension sont autant d'espaces de liberté où s'engouffre mon imagination. Les petits livres peuvent se révéler les plus grands.

La fragilité d'un opuscule m'attire; irrésistiblement. Je retiens mon souffle, pour laisser la place à celui du récit. Je tourne les pages avec une délicatesse extrême de peur de les froisser. Bref, je les respectent, les interceptent, les inspectent : ma pensée s'immisce dans leurs moindres interstices. Avec les petits livres, je m'attends immanquablement confiant à un coeur à coeur plus que je ne l'espère.

Trop plein d'espérance ? Utopie poétique ? Sensibilité exacerbée ? En ouvrant Petit éloge du sensible, je n'attendais pas une plaidoirie truffée de citations comme autant de témoins irréfutables, ni une dissertation clinique taillée au scalpel de l'érudition, encore moins une anthologie ou un patchwork. A force de se cacher, une rencontre manquée. A moins que cette petite note en fin de page ...
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Court essai d'une petite centaine de pages, organisé en vingt paragraphes, pour réaliser l'éloge du sensible. On y trouve beaucoup de noms d'auteurs, de références littéraires ou cinématographiques, d'extraits de poésies. Je suis partagée, car j'ai plus apprécié certains chapitres que d'autres et aussi parce que nous n'avons pas la même approche du sensible, les uns ou les autres. Cela dépend beaucoup de notre caractère, de notre éducation, de notre aptitude à regarder le monde.
Cet essai a été publié en 2008, alors il doit être un peu vieux déjà, les mentalités ont évolué et le "sensible" aussi... N'est-il pas moribond d'ailleurs? Si elle devait écrire cet éloge en 2024, Elisabeth Barillé aurait certainement une toute autre approche du sujet.
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Mais qu'est-ce donc ? Un éloge du sensible ? Oui. Pour en finir avec les diktat en place, pour ne plus confondre sensiblerie et sensibilité, baisers et bisous, consumérisme et bonheur, plaisir et frénésie, voilà un essai qui pourra vous sortir de la sinsitrose, des contraintes, et vous rendre enfin ce qui vous est dû : VOUS !

Mieux que mes mots, ceux de l'auteure, sur la 4ème de couverture :
"Je choisis ce qu'il y a en moi d'essentiel, d'infini et de non monnayable. Je choisis de cultiver l'esprit de finesse, les émotions délicates, les sensations patiemment tamisées, sachant que si la faim du corps, toute impérieuse soit-elle, a ses impasses, celle de l'esprit, elle, s'accorde à l'illimité, tout comme les nourritures dont il se rassasie : l'offrande ultime d'une rose de novembre, l'âcreté sensuelle d'un feu de cheminée, le nuancier d'un ciel normand, l'ivresse d'un baiser qu'on n'attendait plus.
Je choisis l'ordre sensible contre la tyrannie sclérosante des ambitions."

Je vous l'avoue, j'aurai aimé écrire ces lignes qui reflètent tant cette philosophie qui est mienne.

Peut-être est-ce parce que je pense comme Elizabeth Barillé que le monde sensible où les sensations, le sensuel, et la sensibilité est bien plus enrichissant que celui, destructeur, ravageur et dictatorial du consumérisme, de l'ambition et de la course? Il se peut. Pour autant, je ne dois pas être la seule. Je l'espère... Et particulièrement pour ceux qui veulent écrire. Il y a dans cet éloge du sensible, l'essence même de ce qui différencie un écriveur d'un écrivain...

2 € en ce moment pour ce bijou. A ne pas laisser passer.
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Magnifique ! Cet éloge-ci regorge de perles, il est une perle lui-même ! Chaque ligne lue était un ravissement ! Parlant de l'expérience de l'écriture à travers ce thème du sensible et de toutes ses facettes en découlant, l'auteur propose une vision de l'écrivain qui me parle et me plaît. Un délice !
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Travailler à un livre, c’est courir la chance d’en voir d’autres jaillir à point nommé, ceux-là mêmes qu’on avait cherchés, dans les bibliothèques, sur les quais ou dans nos rêves, des livres qui éclairent et fécondent les nôtres.
Le réel serait-il sensible à nos fictions ?
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-Prologue à la cuisine-

La littérature est devenue un tremplin social, et les livres, de vulgaires outils dans les mallettes des arrivistes.
-Les livres devraient être bâtis comme des maisons...
-Certains font encore preuve d'une humilité de rempailleur de chaise, généralement, ce sont les meilleurs. (...) Se lâcher, c'est à la portée de tous, alors qu'écrire, c'est faire preuve de contrôle, juger ses pensées, peser ses mots. Inventer un langage, son langage. Poser sa voix. Ce n'est pas si simple...

(...)-Crois-tu qu'on cesse d'écrire dès lors qu'on lâche son stylo ? Les livres ne jaillissent pas tout cuits des cervelles ! Ils procèdent de l'inespéré, de l'inattendu...(p.20-21)
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Etre libre, c'est s'affranchir des biens tarifés, des plaisirs négociables, c'est réduire sa consommation, réduire ses besoins, aiguiser ses émotions.
(...)
S'affranchir, c'est courir la chance d'atteindre la joie.
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-Exister contre-
Tout art est solitude (...) Ma demi-surdité m'avait ouvert la voie. Solitaire, je l'étais par décret de nature.
Le difficile ne fut donc pas d'entrer en solitude, ce fut de m'opposer à ceux qui voulaient m'en chasser, pour mon bien qui plus est. Ma mère demandant au Bon Dieu ce qu'elle avait fait pour mettre au monde une fille qui n'aimait guère s'y mêler. (...)
Le plus ardu, et je le confesse ici, ce fut de livrer bataille contre mon cœur, de faire comprendre aux quelques êtres qui le faisaient battre plus vite, que la solitude m'était source vive, qu'elle passait avant tout. (...)
Ecrire, c'est résister sans cesse. Ecrire, c'est exister contre. (p.52-53)
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Ecrire : persévérer dans une obstination déraisonnable, s'enraciner dans d'immobiles errances. L'évidence même pour Ezra Pound ...
"Immobile étais-je, arbre parmi les arbres
Sachant la vérité des choses jusqu'alors ignorées"
Le matin, j'entends les oiseaux ; le soir le silence.
J'entends aussi des fantômes. J'écris sous leur dictée.
Ecrire, pour moi, c'est vivre en paix parmi les ombres.
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Videos de Elisabeth Barillé (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Elisabeth Barillé
Elisabeth Barillé - "Un amour à l'aube" et "Une légende russe" .A l'occasion de la première édition du salon Russkaya Literatura qui s'est tenue les 7-8-9 novembre à l'Espace des Blancs Manteaux à Paris, rencontre avec Elisabeth Barillé autour de ses ouvrages "Un amour à l'aube" aux éditions Grasset. http://www.mollat.com/livres/barille-elisabeth-amour-aube-amedeo-modigliani-anna-akhmatova-9782246803928.html et "Une légende russe" aux éditions Grasset. http://www.mollat.com/livres/barille-elisabeth-une-legende-russe-9782246783497.html Notes de Musique : ?I've Been Waiting For You? (by Silence Is Sexy). Free Music Archive.
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