Le sampan glisse dans le courant boueux. D'énormes grappes de mangroves dérivent lentement. Debout, à l'arrière, le vieux sampanier exécute sans bruit une sorte de danse hiératique avec ses deux longues rames. Amplitude d'un mouvement qui le couche en avant puis l'incline en arrière. Impression de déséquilibre, en réalité : perfection étonnante du geste. (p. 34)
Une tonkinoise attire mon attention. Ses longs cheveux noirs, lustrés comme une peinture sur émail, tombent, défaits, jusqu'au bas du dos. Elle se retourne. Lourdes ondulations de sa chevelure. Trois perles de sueur brillent sous le fin ourlet de ses lèvres. Je porte discrètement mon Leica à hauteur de mes yeux. Elle a déjà disparu... (p. 23)