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Ismaël Méziane (Autre)Carole Reynaud-Paligot (Autre)Évelyne Heyer (Autre)
EAN : 9782203211902
72 pages
Casterman (05/05/2021)
4.11/5   79 notes
Résumé :
À de multiples reprises, Ismaël Méziane a vécu personnellement le racisme. En 2017, lorsqu'il visite l'exposition « Nous et les Autres » au Musée de l'Homme à Paris, c'est un véritable choc qu'il a aussitôt envie de partager. Il entreprend alors de réaliser une bande dessinée avec les deux commissaires de l'exposition, respectivement anthropologue généticienne et historienne. Sous forme de déambulation, il propose un mélange de réflexions personnelles et d'échanges ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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On en parle souvent. Qu'est-ce que le racisme au juste ? C'est un phénomène qui est bien répandu non seulement dans notre pays mais dans le monde. Cela reste néanmoins quelque chose de difficile à analyser.

Trois auteurs (un auteur de BD avec un anthropologue et une historienne) se sont associés pour nous proposer un récit dessiné sur ce thème avec une question : comment devient-on raciste ? Qui n'aurait pas envie de savoir ? Il y a même des racistes qui s'ignore ! C'est toujours utile de voir si on est atteint par cette maladie qui n'est pas incurable.

Certes, l'auteur Ismaël Méziane est issu de l'immigration de l'ancien empire colonial français. Il doit faire face chaque jour à des propos et des comportements désobligeants ou des discriminations flagrantes ou déguisées. Il doit surtout prouver qu'il mérite sa nationalité française et sa loyauté aux valeurs de la République.

Je trouve que c'est utile d'avoir un ouvrage ludique qui explique le mécanisme du racisme. C'est un sujet hautement polémique surtout dans une société qui a été marqué par les attentats liés au fanatisme religieux. Cependant, il faut parfois regarder les choses en face surtout en période d'élection pour notre plus grande compréhension sociologique et psychologique des mécanismes du racisme et de la haine pour mieux s'en préserver.

On va étudier les trois éléments à prendre en compte: la catégorisation, la hiérarchisation et l'essentialisation. Je ne vais pas entrer dans le détail. Il faudra lire cette BD pour les explications utiles ainsi que la démonstration imagée.

J'ai beaucoup aimé cette BD ainsi que les explications qui m'ont parues très crédibles et cohérentes. En gros, il faut faire attention à la catégorisation des gens. Il faut tenir compte également de la diversité des êtres qui composent un groupe. Il ne faut pas attribuer des caractères psychologiques, intellectuels et comportementaux à des groupes catégorisés en races. Non, les africains ne sont pas fainéants. Non, les juifs ne sont pas radins. Non, les marseillais n'ont pas tendance à l'exagération. Non, les politiques ne sont pas tous des pourris etc...

Les attentats ont été le révélateur de cette haine. En effet, certaines personnes voulaient renvoyer tous les musulmans de France dans une sorte de responsabilité collective. Beaucoup de musulmans ont été indignés par ce qui s'est passé. Mais certains ont laissé parler leur haine et le font encore dans des discours électoraux. Les préjugés parasitent la réflexion ainsi que le jugement.

J'avais toujours la conviction que lorsque les conditions économiques s'améliorent, l'hostilité disparaît. Cependant, les auteurs m'ont démontré que ce n'était pas le cas ! En effet, les dominants qui souhaitent conserver leur pouvoir et leurs privilèges économiques et sociales peuvent manifester encore plus d'hostilité envers ces groupes stigmatisés. On peut mépriser un groupe pour mieux valoriser le sien.

Le besoin d'appartenance est fondamental mais on peut être exclu par les membres de la communauté dont on veut faire partie. On peut avoir déjà vécu ce genre d'expérience douloureuse dans le passé pour peu que le nom de famille soit d'origine étrangère. Cependant, il ne s'agit pas non plus de tomber dans la victimisation.

Quoiqu'il en soit, cette BD offre toutes les réponses pour expliquer le racisme qui peut s'institutionnaliser dans un contexte nationaliste. Il convient de s'en prémunir pour ne pas vivre dans une société de haine et de peur. Bien entendu, cette BD est d'utilité publique et mérite amplement d'être lu. Il n'est pas normal d'être vu comme des individus qu'il serait normal d'haïr parce que d'origine musulmane par exemple. C'est franchement intolérable.

La fin de cet ouvrage est assez marquante avec ce petit garçon qui se bat contre un monstre. C'est une démonstration sans pareille pour sortir des représentations réductrices. La moralité est qu'il convient de calmer nos angoisses et devoir plus loin que la peur ou la colère. le coupable, ce n'est pas l'autre mais soi-même. Bref, il faut assumer dans une société où l'on apprend à se déresponsabiliser.

Un très bel ouvrage pour ne pas céder à la paresse de la haine !
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J'ai le plus profond respect pour les personnes qui, comme Ismaël Méziane, se livrent à un combat perdu d'avance, façon "assaut contre des moulins à vent". Engager la lutte contre le racisme, à mon avis, c'est un combat de toute une vie (voire plus) et les ennemis sont tellement nombreux que l'on ne sait pas où tirer.

Dautant que, comme le signale Ismaël Méziane, même ses propres amis, sous le couvert d'une bienveillance amicale, en sont venus à le solliciter en utilisant des rouages qui trempent leurs racines dans le racisme le plus primaire. C'est au lendemain de l'Hyper Cacher et de Charlie Habdo... les amis d'Ismaël l'exhortent à se déclarer contre l'islam, contre les violences et l'intolérance religieuse. Pour Méziane, cela va de soi, mais il est dérouté par le fait qu'il "doive" le montrer. Il n'a rien de commun avec les terroristes... Mais si pensent ses amis (qui n'en sont plus, à mon avis), il est musulman... comme les terroristes. La colère et l'incompréhension emplissent Ismaël Méziane. Alors, il va avec Carole Reynaud-Paligot (historienne) et Evelyne Heyer (anthropologue génétique) parler de racisme.

Le titre est un peu à côté de ce que l'on trouve dans la BD. Il explique davantage ce qu'est le racisme 'collectif' ou 'structurel', et s'attache finalement peu à montrer comment un individu lambda devient raciste. Mais ce n'est pas important.

Les auteurs vont passer du vécu d'Ismaël Méziane à des propos plus larges, plus scientifiques. Entre l'observation au quotidien et les schémas récurrents, les auteurs développent leur pensée. On part des réflexions bienveillantes dont je parlais plus haut. On élargit au 3 caractéristiques du racisme: catégorisation, hiérarchisation, et essentialisation. En gros, vous créez des catégories d'individus, vous décrétez que toutes ces catégories ne se valent pas, et vous réduisez tous les individus des groupes "inférieurs" à quelques caractéristiques négatives. le propos est donc plus large que le racisme. On intégre les gros, les roux, les intellectuels, les malingres, etc. au même titre que les noirs, les jaunes, les verts...

C'est une lecture rapide, aisée, directe, qui manque quand même (à mon avis) de profondeur. On reste assez superficiel en ce qui concerne les effets (surtout de long terme) du racisme et son impact sur les gens et la société. J'ai également pas mal de doutes sur le fait que cela permette à un raciste de changer d'avis... Cette lecture ne convaincra sans doute que les convaincus. Mais je redis qu'il s'agit d'une lecture nécessaire. Plus que jamais.
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"Comprendre la mécanique de la haine pour mieux s'en préserver"... d'un côté... comme de l'autre.
Car autant il est bon de réfléchir sur soi pour savoir, si malgré nous, nous n'aurions pas des idées (paroles ou comportements) discriminatoires voire racistes, autant il est salvateur également de comprendre ce mécanisme pour éviter d'être toujours en réaction à des choses qui, finalement, ne nous sont pas adressées personnellement. Car chacun de nous est bien plus que l'identité figée d'un groupe, dont il fait partie.

Nous appartenons tous à des groupes divers. D'ailleurs, certains aiment particulièrement mettre les gens dans des cases, avec des jolies petites étiquettes. Moi-même je fais partie du groupe des femmes, de celui des quadragénaires, du groupe des Français, plus précisément de celui des Bretons, des joueurs de musique... A cause de mon appartenance à certains groupes, je pourrais subir des discriminations, dont des préjugés en sont à l'origine.
Et pourtant, je suis bien plus que chaque identité de groupe ! Ces discriminations ne sont donc pas des attaques personnelles, puisque cela ne me définit pas en tant que personne. Ça n'excuse rien, mais ça permet de prendre du recul, et peut-être de moins en souffrir, d'être moins en colère.
Et de l'autre côté, il est bien sûr ridicule de réduire une personne à une seule partie d'elle-même totalement stéréotypée.

Ce qui est particulièrement intéressant dans cette bande dessinée, c'est que l'auteur subit lui-même du racisme. Il se questionne, et souhaite comprendre. Il fait alors appelle à Carole Reynaud-Paligot, une historienne chercheuse, et à Evelyne Heyer, anthropologue généticienne.
On entre dans une partie de sa vie. Il va bientôt avoir un enfant, ce qui provoque des questionnements encore plus urgents je pense.
Grâce à leurs explications, il va ainsi pouvoir prendre du recul avec ce qu'il vit. J'ai d'ailleurs trouvé la fin particulièrement forte.

Cet ouvrage est très clair. En le lisant, on comprend mieux le phénomène de discrimination et plus particulièrement du racisme. Comment une personne peut devenir raciste ? Et comment une personne victime de racisme vit cela ? Comment changer son regard face à ça ?
Il y a également une partie sur le racisme institutionnalisé, l'esclavagisme, le colonialisme.
Les explications ne sont absolument pas culpabilisantes, mais portent grandement à réflexion, sur le plan personnel et sociétal.

Certainement un bel outil pédagogique, car sinon, comme j'ai pu le lire, ce sont évidemment les personnes les moins sujettes au racisme qui liront spontanément cette bande dessinée.
En tout cas, c'est vraiment très intéressant, et ça donne envie de creuser le sujet.

Nous sommes tous différents et bien plus complexes que tous les stéréotypes essaient de nous faire croire.
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Je ne sais pas si j'ai aimé ou pas cette BD. Je crois qu'elle est juste importante.
J'ai dit des choses horribles que j'ai regretté par la suite, j'ai eu des comportements discriminants, j'ai eu peur de l'Islam après le Bataclan...
J'ai pris conscience de tout ça en grandissant. J'ai fait plus attention à mes paroles, à des pensées "réflexes" qui me sont venues parce que je les ai entendues un nombre incalculable de fois, puis assimilées sans le vouloir.

Et c'est là où cette BD prend son importance : elle donne le point de vue sincère de son auteur, "Français issu de l'immigration" pour citer la préface. L'histoire est celle de la création de cette BD, des explications sur le racisme données par une professeure et une historienne qui se sont penchées sur le sujet ; de la colère, de la peur, du sentiment d'injustice et d'incompréhension de l'auteur, et de ses séances chez un psychothérapeute.

Le titre est très juste : cette BD nous permet de comprendre comment le racisme a "été inventé", à défaut de meilleurs mots, comment il s'installe dans la société jusqu'à devenir banal. Personnellement je regrette d'avoir tout lu d'une traite parce que beaucoup de notions sont abordées et je n'ai pas pris le temps de vraiment les comprendre en profondeur, de les assimiler. Je conseille de plutôt prendre votre temps en la lisant, c'est très intéressant et un meilleur rythme de lecture serait plutôt d'une scène par jour.

Ç'a été difficile de trouver mes mots sur cette critique, le sujet étant vaste et complexe. Ce serait si simple de pouvoir tout résumer à "ne soyez pas raciste, merci".
Mais l'auteur a utilisé sa propre expérience et je trouve ça très courageux.
Cette BD n'est pas trop simple mais ne s'étale pas non plus en longueur, elle est concise mais précise.
J'avoue n'avoir aucune idée d'à qui la conseiller par contre. J'ai mis une heure pour la lire, à bon entendeur.
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Voilà un témoignage fort qui donne des clés pour interroger nos certitudes et déconstruire les préjugés.

le scénariste et dessinateur Ismaël Méziane se met en scène pour retracer sa réflexion sur les mécanismes du racisme. Entrecroisant son cheminement personnel, notamment avec un psychologue, et ses dialogues avec deux chercheuses, historienne et anthropologue, cet album démonte les mécanismes à l'oeuvre (catégorisation, hiérarchisation, essentialisation), notamment par un système de schémas rendant le propos très accessible.
C'est un ouvrage très pédagogique mais oh combien essentiel. Je le recommande fortement !

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critiques presse (3)
Sceneario
14 juin 2021

Comment devient-on raciste ? se parcourt avec plaisir mais peut-être que son objectif est un peu trop ambitieux, navigant parfois maladroitement entre analyse scientifique et expérience personnelle, sans atteindre réellement son but initial.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Bedeo
08 juin 2021
Manuel sociologique à saisir de toute urgence !
Lire la critique sur le site : Bedeo
ActuaBD
11 mai 2021
À la fois témoignage personnel et réflexion approfondie, un précieux album qui balaie clichés et préjugés, sans angélisme, et avec une belle énergie humaniste.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Lorsqu'on hiérarchise les différents groupes de personnes, il faut le faire par rapport à une norme à suivre et c'est grâce à l'ethnocentrisme qu'on va y parvenir.

L'ethnocentrisme, c'est quand tu considères que ton comportement et celui de ton groupe (la culture, la manière de s'habiller, la croyance religieuse ou la non-croyance religieuse, etc...) sont supérieurs et qu'ils devraient servir de norme à tout le monde.

Dès l'instant où l'on considère son groupe comme une norme, les jugements de valeur qui en découlent amènent à hiérarchiser les autres groupes que l'on considère comme différents de soi.

Pourtant, chacun d'entre nous est constitué de plusieurs identités, nées de son histoire, de ses choix ou du regard que la société porte sur lui.

Avec l'ethnocentrisme, on voit l'autre comme un "tout et on oublie la diversité des êtres qui le composent.
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Ce ne sont pas les différences qui créent la catégorisation raciale mais la volonté de se différencier. Le racisme naît ainsi de rapports de domination entre des États ou des groupes. Il se construit dans des contextes spécifiques (coloniaux, nationalistes) par l'action des élites politiques, économiques, des médias et de la société civile, notamment à travers la circulation de stéréotypes et leur essentialisation.
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Renvoyer un individu à sa communauté réelle ou supposée, pour expliquer ou prévoir ses comportements n'a rien de pertinent, de rationnel ou de scientifique.
Et faire ça, ça porte un nom...
... L'ASSIGNATION IDENTITAIRE !

(...)

L'assignation identitaire, c'est quand tu renvoies l'individu à une identité figée en le réduisant à des traits physiques, psychologiques ou culturels censés être ceux de son groupe.

- Regarde-moi ce bleu qui marche gaiement !
- Ouais, les bleus, ça marche souvent comme ça !
- Et ce rouge qui fait du scooter !
- Ouais, les rouges, ça aime bien les scooters !
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Ce n'est pas leur origine ou leur confession, ou "je ne sais quoi" qu'il faut remettre en question, c'est le regard qu'on porte dessus !
... Mais pour se protéger, ils vont dans le sens de ceux qui trouveront toujours une bonne raison de les exclure ?! ILS ONT ACCEPTÉ D'ÊTRE ESSENTIALISÉS ! Ils ont accepté de ne plus être vus comme des individus mais comme un groupe qu'il est normal de haïr ! ...
... Ils ont accepté qu'on puisse les regarder ...
... comme des parias !
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Les préjugés parasitent la réflexion ainsi que le jugement !
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Ismaël Mezziane en interview pour planetebd.com
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