Léopold Baron est un monstre, ce dont l'on peut pas douter dès les premières pages : ce riche propriétaire, qui veut que tous lui obéissent, n'aura pas, pour une fois, ce qu'il veut, lorsque l'un de ses servantes le repoussera violemment, entraînant certes une fin tragique pour celle-ci, et pour sa fille, Maya, encore toute jeune, qui sera chassée du domaine, mais aussi des conséquences inattendues pour celui que tous nomment "le Baron".
Le temps passe, Maya, qui vit dans la forêt de son ancien maître à ses dépens, grandit, éprouvée par la haine qu'elle ressent depuis son enfance, en compagnie d'une faune sauvage, qui, étrangement, l'accepte pleinement, et d'un seul ami humain, le fils du contremaître du domaine, qui vient régulièrement lui rendre visite, étant le seul à savoir qu'elle vit dans la forêt. Jusqu'au jour où l'on se rend compte de sa présence...
Avec une certaine maîtrise narrative, qui prend le temps de plonger le lecteur dans une ambiance d'étrangeté,
Mathieu Reynès nous fait passer d'un drame encore banal en ces années 1920, foncièrement réaliste, à une atmosphère fantastique, somme toute assez classique, mais suffisamment bien rythmée, développée, construite, pour que l'on finisse par oublier qu'elle s'inscrit dans une tradition littéraire assez commune.
L'histoire de Maya, de sa communion avec la forêt et les animaux qui va lui permettre d'affronter son destin, et du Baron, celui qui devient son ennemi par la force des choses, sont de plus parfaitement servies par les graphismes de Valérie Verney, empreints, eux aussi, tout autant de réalisme que de fantastique, notamment quant aux choix de couleurs, alternant entre jour et obscurité, entre part lumineuse et part ténébreuse, entre humanité et animalité, de chacun. le titre,
Un loup pour l'homme, fait en cela particulièrement sens.
Je remercie les éditions Dupuis et NetGalley de m'avoir permis de découvrir cette bande-dessinée, particulièrement captivante.