Grande déception due essentiellement au fait que ce livre a reçu de nombreux commentaires dithyrambiques de la part de « professionnels » de la critique. Les commentaires chez Babelio sont beaucoup plus partagés, pour ne pas dire assez négatifs.
Avec «
Serge »
Yasmina Reza signe un roman en forme de chronique familiale aigre-douce dans lequel elle scrute avec humour et mélancolie les relations de famille et interroge la question de la mémoire. Elle met en scène trois frères et soeurs, la soixantaine aujourd'hui, d'ascendance juive mais qui ne sont pas pratiquants, et qui sont très liés mais se déchirent, passent leur temps à se disputer et à se réconcilier.
Serge est l'aîné, le héros, puisqu'il donne son nom au roman, égoïste, colérique, insupportable, crâneur, pénible, mais qu'on n'arrive pourtant pas à détester, il essuyait les colères du père à la maison, avant d'infliger les siennes aux autres ; Jean, le deuxième fils, qui reste un peu dans l'ombre de son frère, est le narrateur ; Anna, la dernière de la fratrie, est la seule fille et a parfois tendance à perdre contact avec la réalité. Les "enfants
Popper" sont unis par un sentiment d'échec inavoué, et les souvenirs d'une vie familiale animée. Une famille banale avec ses tensions, ses mensonges, ses échecs mais qui demeure solidaire malgré tout. L'enfance ne disparait jamais complètement de ces trois personnages qui partent ensemble en pèlerinage à Auschwitz après le décès de leur mère.
Le roman fourmille de dialogues cinglants, d'insultes pour des peccadilles, de petites rancunes, de situations saugrenues et de scènes voulues cocasses, toutefois, celles-ci n'ont entrainé chez moi que de rares sourires. Les dialogues sont parfois intéressants, avec des répliques piquantes qui révèlent la psychologie perturbée des personnages qui s'aiment et s'insupportent à la fois.
Il fallait oser décrire la visite d'Auschwitz comme une visite en famille dans un parc d'attraction où des touristes font des selfies dans un lieu hanté par le destin tragique de millions de morts, mais
Yasmina Reza montre un talent certain dans l'opposition entre le tragique et le comique.
«
Serge » nous interroge sur le temps qui passe et sur la mémoire, pourtant en dépit du sujet dramatique et ancré dans l'histoire, à aucun moment le roman n'a réussi à m'émouvoir. Dommage !