AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782848053424
136 pages
Sabine Wespieser (06/02/2020)
3.57/5   21 notes
Résumé :
Un soir d’automne, Ramona débarque à Chicago avec sa lourde valise. Elle s’installe à quelques blocks du campus. Arrivée d’Europe, elle vient enseigner le français pendant un an. La beauté scintillante de la ville, toutes les surfaces lisses et l’efficacité affichée d’emblée la troublent. Lisses, ses étudiants le sont tout autant : lorsqu’à l’un d’eux, afro-américain, Ramona pose la question de son origine, il s’en plaint à la directrice du département. Dans les par... >Voir plus
Que lire après ChicagoVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,57

sur 21 notes
5
2 avis
4
6 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
1 avis
Mon année à Chicago

À la suite d'un séjour à Chicago en 2009 Marion Richez a écrit son premier roman. Il paraît aujourd'hui et raconte une belle histoire d'amitié entre une prof de français, un garagiste et une esthéticienne.

Les hasards de l'édition nous offrent en cette rentrée littéraire deux romans qui ont pour cadre Chicago. Après La femme révélée de Gaëlle Nohant qui nous offre de visiter la ville dans les années 1950-1970, voici en quelque sorte la suite de la balade dans le Chicago d'aujourd'hui. Il met en scène Ramona, une prof de français, qui part enseigner une année dans la plus grande ville du Midwest. Un prénom qui dissimule le côté autobiographique du séjour qui aura permis à Marion Richez de faire ses premiers pas de romancière.
En effet, dans un entretien accordé au journal le Populaire du centre (la famille de Marion Richez s'est installée dans la Creuse) en septembre 2014, au moment où sortait son premier roman L'Odeur du minotaure, elle expliquait qu'elle rêvait de devenir écrivain ou journaliste, avant d'ajouter «J'ai écrit mon premier roman en 2009 à Chicago lors d'un échange universitaire. J'avais besoin pour écrire de cette distance avec l'Europe. Ici, on est écrasé. Ce texte n'a pas été publié mais il m'a permis d'être remarquée par Sabine Wespieser». Achevé en janvier 2012, le voici retravaillé et publié.
Pour une française qui débarque dans la troisième ville des États-Unis, l'adaptation n'est pas facile, même quand on a l'esprit ouvert et qu'on est prête à s'adapter à l'American Way of Life. Il s'agit d'abord d'appréhender la géographie, l'espace, les dimensions, oublier qu'il n'existe pas comme en France une topographie basée sur un centre-ville autour duquel on peut s'orienter, mais plutôt quelques points de repère, le campus, le centre historique, le lac Michigan, les gratte-ciel de Downtown, le Loop. Et si on imagine à première vue qu'un plan en damiers est aisé à appréhender, il faut pouvoir relier distance et durée pour évaluer qu'entre la 10e et la 20e rue il faut compter une bonne demi-heure. Passés les premiers jours, Ramona s'enhardit et découvre aussi bien les faces sombres, les gamins noirs appréhendés par la police, placés en ligne les mains dans le dos, que la richesse culturelle et cette superbe représentation du Faust à l'opéra lyrique. Au fil des semaines, elle va se confronter au blizzard, se jurer que cet hiver sera le dernier qu'elle aura à affronter, avant de découvrir le soleil du Wisconsin qui fait oublier le froid. Mais elle va surtout faire une rencontre capitale. Jonathan, ce grand jeune homme qui est tout autant passionné qu'elle par la musique, va partager ses émotions avec Ramona, lui présenter son amie Suzanne. Très vite, leurs affinités électives vont en faire un trio de plus en plus proche. «Tous les trois attendant de se revoir, le samedi suivant ; et le souvenir des deux autres, la semaine, ressemble au printemps logé secrètement dans l'hiver.»
Une belle histoire d'amitié qui transforme ce séjour et qui rend difficile l'idée de partir. Quand Ramona rejoint son père à Londres pour les fêtes, c'est une déchirure. À son retour Suzanne et Jonathan «lui offrent cette ivresse d'un présent brut, vécu à plein, sans rien sacrifier aux regrets, aux remords, sans non plus se consumer en projets d'avenir.» Car ils savent que désormais le temps est compté, que le départ est programmé.
Marion Richez fait de cette parenthèse américaine un récit sensible, qui balance entre le bonheur d'une expérience enrichissante et la nostalgie d'une rencontre lumineuse, enrichissante.

Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          310
Ils sont trois. Un peu perdus. Dans cette mégalopole qu'est Chicago, ils auraient pu ne jamais tomber les uns sur les autres. de soirées en spectacles, de nuits blanches en petits déjeuners, ces trois êtres passent tous leurs week-ends ensemble. Sans vraiment se connaître. Une amitié sans confidences, qu'en non-dits, qu'en regards. Et si l'amitié, c'était être avec ceux qu'on aime sans forcément meubler par des paroles?
Marion Richez brode un conte initiatique (?) dans une ville de béton, de vent, d'architecture. Un métro aérien pour un livre tout aussi aérien. Ce récit sent le vrai, à croire que l'auteure s'inspire de sa vie. Tout n'est pas détaillé, juste un an de trois vies. Est-ce mal? frustrant? Un peu. Mais ce livre souffle un petit vent de modernité rafraichissant.
Commenter  J’apprécie          20
Le roman Chicago de Marion Richez m'a apporté un petit air frais et plein de douceur dans ce début d'année 2020.

Ramona, une jeune femme européenne, arrive à Chicago afin d'apprendre le français à des étudiants pendant un an. Curieuse de cette nouvelle ville remplie de gratte-ciel, Ramona ne perd pas de temps pour la visiter. Un soir, lors d'un concert, Ramona aperçoit Jonathan. Quelques semaines plus tard, dans un club de blues, elle l'y retrouve accompagné d'une autre femme, Suzanne.
Suite à cette soirée, une amitié nait entre ces trois protagonistes qui ne vont plus se lâcher.

Ce roman raconte une amitié profonde et bienveillante malgré sa date de péremption (avant le retour de Ramona en Europe), entre des personnages bien différents les uns des autres sans prendre en compte le passé de chacun avant que ce dernier ne pointe le bout de son nez.
Commenter  J’apprécie          10
J'ai aimé l'écriture très poétique de ce livre. L'histoire de cette amitié atypique qui se passe de parole, se suffit à des simples moments de partages à regarder des paysages, écouter des concerts, regarder des pièces... Une parenthèse dans un quotidien rythmé par le travail.
Cette bulle est cependant temporaire, Suzanne est engloutie par son passé qu'elle a fui, Ramona retourne chez elle à Londres son année d'enseignement achevée... Seul Jonathan reste à quai, retrouvant sa solitude.
L'auteur utilise beaucoup la métaphore animale, l'histoire commence avec le réveil du Leviathan, "puis il rebrousse lentement chemin vers le repos des abysses" à la fin du récit.
De même la menace du passé qui ressurgit pour Suzanne apparaît sous les traits d'un sanglier prêt à charger.
On effleure juste les personnages comme dans un temps suspendu... On ne sait pratiquement rien de leurs parcours avant leur rencontre ni ce qui suit cette parenthèse.
En tant que lectrice je suis un peu frustrée et cette lecture me laisse rêveuse et mélancolique.
Commenter  J’apprécie          00
Parenthèse dans une vie, Chicago raconte l'amitié fusionnelle de Ramona, Jonathan et Suzanne, trois personnes qui n'avaient rien pour s'entendre mais qui passeront une année à s'aimer.

Ramona enseignera le français pour un an à l'Université de Chicago. Elle est ravie de découvrir une nouvelle ville dans laquelle elle ne connaît personne. Curieuse et avide de découvertes, elle se rend à des concerts et des événements, au cours desquels elle croise souvent le même jeune homme : timide mais absorbée par la musique, elle est fascinée par lui. Quand elle finit finalement à lui adresser la parole, alors que par pur hasard, ils se retrouvent à la même soirée étudiante, elle se renferme et ne poursuit pas l'échange. Il faudra que le hasard les mettent à nouveau dans la même pièce pour que Jonathan fasse à son tour un pas vers Ramona et lui présente sa nouvelle amie, Suzanne. Chicago nous raconte l'amitié, courte mais intense, de cette prof de français, ce garagiste et cette esthéticienne.

Ils se retrouvent tous les samedis, pour faire la fête ensemble, et parcourir les rues de Chicago, cette ville aux grands espaces, entourée de lacs, qui semble exercer un charme sur Ramona. La semaine ne passe que lentement alors qu'elle ne peut s'empêcher de penser à ses deux compagnons, qu'elle les imagine se voyant sans elle pendant la semaine. Leur amitié ne fonctionne qu'à trois, et cet équilibre précaire est ce qui rend leur relation ensorcelante. « Tous les trois attendent de se revoir, le samedi suivant ; et le souvenir des deux autres, la semaine, ressemble au printemps logé secrètement dans l'hiver.«
Lien : http://untitledmag.fr/chicag..
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elle raconte Londres et elle sent à leur regard qu’elle transporte encore sur elle la précieuse poudre de l’ailleurs. En retour, ils lui offrent cette ivresse d’un présent brut, vécu à plein, sans rien sacrifier aux regrets, aux remords, sans non plus se consumer en projets d’avenir. p. 104
Commenter  J’apprécie          140
INCIPIT
Dans l’inconnu des profondeurs un monstre est coi depuis l’origine. On pourrait croire qu’il n’y a seulement là qu’un immense rocher. Les bêtes depuis toujours en connaissent les contours.
Soudain, dans les ténèbres de ces eaux que nulle lumière n’a jamais percées, un craquement terrible retentit; du sol émerge une forme gigantesque. Vase et rocailles se dispersent sous les sillons lumineux que font ses naseaux. Le grand corps bientôt fouit le sol, déployant sa mâchoire de saurien pour engloutir ce qui vient, se donnant la force de chasser des proies plus grandes. Alors il quitte les ténèbres pour s’élever vers la surface, en une lente spirale, aimanté par la clarté des eaux où pénètre la lumière.
Sur son passage flotte le reste déchiré d’une pieuvre géante; il secoue furieusement le corps crémeux d’un calamar, s’en détourne en une volte lente; la méduse phosphorescente au poison protecteur elle aussi disparaît dans sa gueule.
Les requins blancs le sentent et fuient à son approche. Dauphins et baleines donnent l’alarme dans toutes les mers. Bientôt l’océan tout entier sait qu’il est ranimé. Le Léviathan, au cœur comme la pierre des volcans sous-marins, fraie de nouveau dans les eaux du monde.
En sortant du taxi, la première chose qu’elle sent, c’est la moiteur de l’air sur sa peau. La première chose qu’elle entend, c’est le sifflement continu des insectes, cachés dans les branches, qui n’en finissent pas d’expirer leur stupeur d’avoir si chaud. Ramona a soif, déshydratée par ces heures d’avion où l’on n’offre pas d’eau comme en Europe. Le chauffeur réclame cent dollars.
Tout le long du trajet, Ramona avait tantôt étudié le reflet renfrogné de cet homme dans le rétroviseur, tantôt admiré la skyline qui défilait à sa droite, élévation soudaine des tours sur la terre étale du Midwest. Sur sa gauche, le grand lac Michigan n’en finissait pas. Elle règle d’un billet, et le taxi la laisse seule sur le trottoir de Greenwood Avenue. Ramona regarde le cab s’éloigner, sa carrosserie trempée de lumière comme le goudron tout autour. Puis elle cherche des yeux la maison; la vieille femme est déjà sur le perron, sans un sourire. Elle a dû guetter, à travers les rideaux au crochet, l’arrivée de l’étrangère qu’elle logera avec d’autres pour boucler ses fins de mois, et ne pas laisser inoccupées les chambres de l’étage à présent qu’elle est seule.
Marche après marche, Ramona hisse sa valise trop lourde pour elle. Elle découvre le style vieux scandinave du séjour où l’attend son pot d’accueil : une minuscule bouteille d’eau, dont le compte est réglé en trois gorgées. La logeuse souligne avec complaisance cette attention qu’elle a eue: les long-courriers donnent si soif.
Puis elle fait visiter, explique les règles du réfrigérateur, soigneusement compartimenté. Elle indique comment se rendre demain matin au supermarket.
Ramona écoute cette voix prise dans l’accent nasal et traînant de la ville, son anglais de Londres croisant le fer avec cette incarnation nouvelle d’une même langue, qui la rend tout autre.
La vieille femme la conduit péniblement à l’étage: au moins Ramona sait qu’elle n’y sera pas dérangée. Il y a trois chambres ; la plus grande, jaune poussin, est déjà occupée par une Éthiopienne en surpoids qui lui sourit gentiment avant de refermer sa porte. Une autre, encore vide, au bout du couloir près de la buanderie, plus petite et grise, ressemble à un grenier, un nid froid. Ramona choisit celle du milieu, aux murs et au lit blanc crème, l’or du couchant passant par ses fenêtres.
La femme prend congé après avoir bien insisté: les visites ne sont pas autorisées, les hébergements d’amis et autres sont interdits. »
Restée seule, Ramona s’approche d’une des fenêtres, écarte les voilages pour voir le jardinet. Au sol, une mangeoire à oiseaux fixée sur un poteau porte une sorte de collerette, sans doute pour éviter aux rongeurs d’accéder aux graines. C’est bientôt la fin du jour. Le décalage horaire a placé son corps au seuil du vertige. Ses repères sont dissous. Elle se déshabille et tire la couverture sur elle. Elle s’endort comme on
s’éteint. 
Commenter  J’apprécie          00
Septembre passe, octobre vient. Trois fois la semaine, à l’heure du déjeuner, Ramona fait réciter aux étudiants leurs rudiments. Et le mercredi après-midi, ils défilent dans son box du département de français, lui expliquant laborieusement comment ils s’appellent et combien il ont d’appareils numériques. Et chaque fois la question lui brûle les lèvres : d’où viens-tu ? D’où vient ta lignée, avant ta naissance ?
Les étudiants étrangers, façonnés dans la terre où sont nés leurs ancêtres, lui laissent une impression de plénitude, qui demeure longtemps après le bref entretien.
Commenter  J’apprécie          20
C'est peut-être pourquoi il aimait tant les spectacles, qu'il s'offrait sans compter. Non par désir de se bâtir une culture, afin que les éléments éclatés du monde retrouvent leur ramification secrète; ni même par goût de connaître, de voir se creuser le gouffre de ce qu'on ignore à mesure qu'on sait. Encore moins pour briller en société, pour acquérir ce pouvoir qui concurrencerait presque la petite naissance. Non : C'était pour vibrer. Les œuvres d'art donnaient forme à ce qu'il savait vivre en lui, sans pouvoir encore le nommer, et cela lui permettrait, le lendemain, les jours suivants et le restant de sa vie, d'éprouver plus finement encore.
Commenter  J’apprécie          10
Enfin elle s'immobilise : il attends, gelé, qu'elle ai fini de fixer le reflet de l'eau noire et qu'elle lui revienne, dans un mouvement de renoncement.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Marion Richez (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marion Richez
Payot - Marque Page - Marion Richez - Chicago
autres livres classés : chicagoVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Autres livres de Marion Richez (1) Voir plus

Lecteurs (33) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3671 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}