The Funeral Concerto

Quand le jeune éditeur Nazca a sorti il y a quelques mois Blossom D.S., il a trouvé écho en moi : beau livre, histoire au message fort, doux dessins, c'était une bien belle recette. Alors quand ils ont annoncé l'arrivée d'un nouveau titre qui présentait beaucoup de similarités avec le précédent, j'ai eu envie de me le procurer également. Ai-je bien fait ? Tout à fait car ce titre m'a à nouveau beaucoup émue.

Avec Funeral Concerto, Rimui Yumin nous propose cette fois une incursion dans les traditions mortuaires taïwanaise. Après l'intersexuation et le mariage pour tous de D.S. qui permettait aussi de plonger au coeur d'un pan de la société taïwanaise, l'éditeur semble avoir trouvé un joli filon, qui personnellement me plaît énormément car il me permet de mieux appréhender cette culture différente de la mienne. Je ne dois pas être la seule car Funeral Concerto a également remporté la médaille d'or au "14th Japan International Manga Award."

Dans ce oneshot assez conséquent, proposé ici en grand format avec deux petites pages en couleur en introduction, Rimui Yumin nous prend la main pour aller à la rencontre du travail des pompes funèbres taïwanaises et d'une de ses entreprises sur les près de 4000 que compte le pays. Avec la même douceur que le suggère la couverture, nous allons découvrir comment ils prennent aussi bien soin des morts que des vivants dans le respect de chacun. Sans jamais tomber dans le trop, l'autrice évoque avec sobriété et doigté leur dur travail qui est sans cesse à la limite de quelque chose. C'est très bien fait.

 Assez classiquement pour pénétrer dans cet univers, l'autrice utilise une nouvelle employée, une jeune étudiante qui vient d'abandonner ses études en droits pour tenter de vivre sa passion pour la musique et ce contre l'avis de parents assez sévères. A travers elle et son regard innocent, nous allons aller à la rencontre des traditions taïwanaises concernant l'enterrement ou la crémation des défunts et voir aussi bien les anciennes que les nouvelles coutumes et les raisons de cette évolution. C'est passionnant. L'autrice parvient à intégrer cela dans de belles histoires émouvantes et touchantes à chaque fois où se mélangent courtes histoires et fils rouges sur l'ensemble du tome. C'est très bien écrit et pensé.

Même s'il y a beaucoup de douceur dans ce titre, l'autrice ne nous épargne rien. Elle évoque bien l'ensemble des aspects de ce métier, du rapport au corps qu'on trouve qui peut être une expérience assez rude, jusqu'à sa préparation, la rencontre avant, pendant, après avec la famille, la distance à avoir avec elles, etc. C'est très riche et ça sonne juste. de part la jeunesse de la nouvelle recrue, il y a en plus un regard neuf sur ce travail et certains automatismes et conseils sont remis en question par elle pour faire évoluer ce métier dans la bonne direction, ce qui confère beaucoup d'émotion.

Il faut dire que Rimui Yumin ne se contente pas du récit quotidien de ce travail, elle y mêle aussi les histoires personnelles de chacun. On découvre ainsi à travers Lin Chu-Sheng la pression parentale vis-à-vis des études et d'une future carrière. Avec son patron, Yang-Quing, on aborde le rôle d'aidant auprès d'un parent malade et potentiellement en fin de vie. Il y a également la situation de leur collègue A-Shan, qui a perdu sa mère très tôt et n'avait pas les moyens de payer la cérémonie et trouva une solution originale. Puis au fil des rencontres avec leur travail, on croise avec émotion une petite fille qui fait de la chimio et doit passer en soins palliatifs, la mort de personnes seules à leur domiciles, des histoires de familles complexes ou encore un jeune homosexuel qui a voulu se suicider. C'est un large panel de situations qui est évoqué et il l'est toujours avec émotion et finesse, grâce à un joli travail sur la psychologie, le deuil, les soins des souvenirs du morts mais aussi des conséquences présentes sur les vivants, le tout sans que cela sonne artificiellement bien au contraire et c'est ce qui fera la force et la beauté du titre.

De plus, on aurait pu craindre quelque chose d'anecdotique avec des histoires aussi lues aussitôt oubliées mais l'ensemble tisse un jolie toile autour du personnel de ces pompes funèbres avec un joli message sur l'évolution du métier quand de nouvelles forces viennent les rejoindre. L'autrice met un point d'honneur à lier leur propre vie, leurs propres sentiments à leur travail afin que ce ne soit pas seulement un job alimentaire où ils agiraient par automatisme mais que ce soit plutôt fait avec humanité. J'ai beaucoup aimé.

Pour la seconde fois, les éditions Nazca ont su choisir un beau texte de société sur Taïwan où après avoir évoqué des questions d'identité genrée et sexuelle, ils abordent ici la question du deuil et de la mort avec beaucoup de finesse grâce au travail soignée et touchant de Rimui Yumin. Ça commence à faire une jolie collection. S'ils choisissent avec autant de soin que celui apporté par nos employés aux défunts comme aux vivants, leur prochain titre devrait à nouveau être une petite merveille.
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"Funeral Concerto" de Rimui Yumin est un manhua publié en décembre 2022 en France par l'éditeur Nazca. Cette oeuvre, en one-shot, explore la vie de Lin Chu-sheng. Elle abandonne ses études universitaires pour travailler dans une maison funéraire, plongeant ainsi dans l'univers des rites mortuaires taïwanais, reflétant une spécificité de la société locale.

Rimui Yumin, issue de la tribu aborigène Atayal à Taoyuan, Taïwan, a déjà publié plusieurs ouvrages, dont "Où vont les fantômes ?", "Le lien de la mémoire", "Home and Everything", et "CATzzz". Clairement, j'ai envie de tout lire ! Apparemment, cette autrice met principalement en avant des histoires empreintes d'humanité et de sens de la vie. On adore !

"Funeral Concerto" appartient au genre tranche-de-vie social, avec un angle particulier sur les services funéraires, un sujet souvent tabou dans notre société contemporaine et qui semble le devenir aussi dans la société taïwanaise.

L'histoire offre des parallèles intéressants avec notre propre société, soulignant notamment le sentiment de perte de temps et de sens des rites funéraires, doucement mais sûrement on se dirige vers une épuration des rites.

À travers le prisme de la mort, l'auteure explore également les spécificités culturelles et les traditions de Taïwan. Je me demande si cet attrait est lié à son origine aborigène. Souligner l'importance des rites ne serait pas une manière détournée de parler de l'importance de conservation des différences culturelles : sauvegarder une société c'est la partager. Bon là je fais des projections ! Ces thématiques m'intéressent beaucoup.

Le manhua est un médium graphique chinois, équivalent du manga japonais. Rimui Yumin, en tant que manhuajia, ne semble pas respecter les codes du genre qui apparemment offre un style graphique réaliste avec des dessins en pleine page souvent colorés, se démarquant des mangas traditionnels. Ça me donne envie de découvrir davantage le manhua.

Si je compare avec les mangas japonais que je connais mieux, je vois un dessin moins ciselé, très simple, avec des traits plus épais et un focus marqué sur les visages au détriment des paysages taïwanais. J'ai trouvé ça dommage puisque la spécificité culturelle était mise en avant dans le scénario, elle n'est pas ressortie dans le dessin. Ça m'a fait penser à un mix entre comics américains anciens et manga japonais.

Trois raisons incitent à la lecture de "Funeral Concerto" : premièrement, la thématique du service funéraire, offrant une perspective unique sur la société contemporaine et les spécificités taïwanaises ; deuxièmement, la découverte du manhua en tant que genre, différent des mangas classiques ; enfin, l'exploration de la mort comme catalyseur du développement personnel, remettant en question les préjugés et la superficialité des jugements précipités.

L'histoire se déroule dans un contexte où la mort devient le point d'entrée dans l'intimité et la vérité des individus, faisant évoluer le personnage principal, Lin Chu-sheng, de manière radicale et mature. On apprécie le non jugement et la remise en question des préjugés de l'ouvrage. La gamine arrive avec ses préjugés tout fait ce qui la rend très agaçante avec sa posture grande gueule, arrogante et égocentrique et à chaque fois c'est une leçon sur la complexité de la vie et la superficialité des jugements hâtifs. La personnage se remet en question et mûrit à chaque rencontre, ça la bouscule mais elle accepte les leçons et suit le flux. "Funeral Concerto" offre une expérience captivante et enrichissante, invitant à la réflexion sur la vie, la mort et la complexité humaine.

☼ Mon avis ☼

Avant de commencer ma chronique, je voulais remercier les Éditions Nazca pour l'envoi du one-shot " Funeral - Concerto ".
Avec " Funeral-Concerto " on découvre des instants importants dans la vie de plusieurs humains mais qui sont malheureusement après leur mort pour certains.
C'est une histoire touchante qui commence avec l'arrivée de Lin Chu-sheng dans son nouveau travail en tant qu'assistante funéraire.
On découvre grâce à elle, un métier qui n'a pas encore été traité dans les mangas à ma connaissance.
Franchement, je débute mes lecture cette année avec celui-ci et c'est déjà un pur coup de coeur.
Je ne saurais remercier cette magnifique maison d'édition d'avoir publié un tel chef-d'oeuvre.
Ce titre nous montre la mort sous plusieurs angles, mais également les familles et leur comportement face à cette tragédie.
On peu également apercevoir différent rituel pour dire adieu à la personne décédé.
C'est une histoire poignante et impressionnante au sujet d'une profession que je ne connais pas bien et qui m'a permis d'y voir plus clair.
Les diverses personnes qu'elle rencontrera avant ou après leur décès, la fera changer progressivement d'avis sur son comportement.
Que ce soit avec ses parents ou bien pour sa vie.
Il est certain que lorsque nous mourons, nous partons souvent avec nos regrets et malheureusement il est trop tard pour changer les choses.
Voir ce que les autres ont perdu nous fait réfléchir sur notre propre comportement et ce manhua arrive parfaitement à nous retransmettre toutes les émotions et les regrets possibles des personnages de la série.
Ce qui est intéressant avec ce titre, c'est qu'on découvre de nombreuses situations différentes comme des personnes qui acceptent ou non leurs morts.
Des personnes qui ont des regrets, d'autres qui ne ressentent aucune émotion face au décès d'un membre de leur famille, ou bien des parents qui doivent faire face au deuil de leur enfant s'en son corps car il est introuvable....
Celui qui m'a le plus marqué demeure celui de la fillette atteinte d'une maladie orpheline.
Cependant, en tant que parent, il est difficile d'avouer que la personne que vous aimez le plus doit partir et que c'est pour son propre bien....
Ce que je peux déjà vous dire, c'est que ce one-shot ne quittera jamais ma collection et je suis tellement reconnaissante de l'avoir en ma possession.
Pour finir, "Funeral Concerto" est un titre qui m'a beaucoup trop touché et je remercie rimui de l'avoir publié.
Lien : https://mangastra.blogspot.c..

"Funeral concerto" avec sa très belle couverture aborde un sujet des plus original et inédit, une autre façon de célébrer la vie, dans cet one-shot taïwanais de Rimui édité par Nazca. Nous suivons Lin Chu-sheng qui est à la recherche de ses rêves et d'elle-même et atterrit dans un lieu des plus insolites. Elle commence à travailler pour des pompes funèbres en tant qu'agent funéraire. Nous découvrons le travail à ses côtés, et en Taïwan.
Lin Chu-sheng a quitté l'université, fuit sa famille, rêve de musique, et a commencé un travail qu'elle va devoir assumer, découvrir, et qui va lui permettre de réfléchir à sa propre vie et chemin. Nous la suivons dans ce travail où elle accompagne les vivants qui pleurent les morts. Les cas sont variés et intéressants, Lin Chu-sheng peut avoir tendance à s'impliquer de trop émotionnellement. Son chef le lui reproche. Les deux autres personnes avec qui elle travaille (dont son chef) ont également chacun leur histoire. le graphisme est un peu spécial, différent, mais pas complètement désagréable. Nous découvrons également des choses très spécifiques à la Taïwan, certaines ont été surprenantes. Nous avons des bonus explicatifs, un chapitre bonus.
C'est un album qui mérite d'être découvert et nous fait sortir des sentiers battus. Il a tout ce qu'il faut niveau idées, par contre les émotions ne me sont pas venues non plus autant qu'elles auraient dû.

J'essaie de faire découvrir à mes élèves des oeuvres un peu différentes des séries de mangas auxquelles ils sont habitués, et pour ça, les one shot sont parfaits ! La variété des thématiques abordées permet de découvrir des facettes de pays lointains, ici Taïwan avec des thanatopracteurs - en fait je ne sais pas si on peut les appeler comme ça, si le métier est abordé de la même façon en France, par exemple, car il y a évidemment des subtilités inhérentes à chaque pays, à chaque culture, en particulier, peut être, autour des traditions mortuaires, sujet "touchy" s'il en est.
J'ai lu ce livre lors de sa sortie, donc je ne vais pas m'aventurer à décrire profondément le contenu (lisez la critique parfaite de Tachan ^^) mais je me souviens avoir apprécié la délicatesse et la précision dans la description des gestes et coutumes, qui évitent de donner un effet de succession d'anecdotes - ce qui aurait été vraiment malvenu au vu du sujet.