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EAN : 9782265097223
320 pages
Fleuve Editions (12/06/2014)
3.1/5   21 notes
Résumé :
New York, 1922-1923. Rose Baker, la narratrice, est une jeune femme fortement marquée par ses années à l'orphelinat. Guindée, moralisatrice et distante avec son entourage, elle travaille comme dactylo au commissariat du Lower East Side à une époque où les femmes font tout juste leurs débuts dans le monde du travail. Lorsqu'une nouvelle venue rejoint l'équipe de secrétaires, Rose est très vite attirée par le magnétisme de cette inconnue. Avec Odalie, elle découvre un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Employée comme dactylographe dans un commissariat de police, Rose Baker passe ses journées à retranscrire avec application les procès-verbaux de criminels avant de rejoindre, la nuit tombée, la pension de famille dans laquelle elle partage une chambre avec Hélène, une jeune fille aussi vaniteuse qu'antipathique.

L'existence jusque-là terne et monotone de la jeune femme va prendre un nouveau tournant avec l'arrivée pour le moins théâtrale d'une nouvelle employée au sein du commissariat. Sophistiquée et charismatique, la nouvelle recrue, répondant au nom d'Odalie Lazare, semble enveloppée d'une aura de mystère exceptionnelle, au point de devenir très rapidement l'objet des rumeurs les plus folles.

Avec son charme hypnotique, elle ensorcelle tout le monde sur son passage, à commencer par Rose qui la place rapidement sur un véritable piédestal. D'abord alternativement amusée et choquée par la conduite d'Odalie, Rose développe bientôt une fascination teintée de jalousie pour la nouvelle dactylographe. Car la belle et décomplexée Odalie incarne tout ce que sa collègue n'est pas : une femme issue d'un milieu aisée, charismatique et audacieuse, dotée d'un pouvoir de séduction illimité et à l'existence aussi mystérieuse que trépidante.

Alors que les deux jeunes femmes finissent par se rapprocher, Odalie introduit bientôt Rose dans son univers: un monde clandestin en effervescence, dissimulé à l'abri d'un magasin de perruques où l'alcool aux odeurs frelatées coule à flot sur le rythme endiablé des airs de Charleston.

* * *

Avec « Vice & vertu », Suzanne Rindell déploie une intrigue d'une surprenante noirceur et à la croisée des genres, entre thriller et roman psychologique.

Abandonnée alors qu'elle n'était encore qu'un bébé, Rose a grandi dans un orphelinat, élevée par des religieuses qui lui inculquèrent une éducation stricte, s'inspirant des codes de la morale victorienne. Ayant toujours pris soin de mener une existence discrète et rangée, la jeune femme a toujours eu les plus grandes difficultés à établir des relations avec les gens autour d'elle et a toujours vécu dans une relative solitude.

De par l'éducation austère qu'elle a reçu et de sa propre nature, Rose a une vision voilée du monde qui l'entoure. L'entrée théâtrale d'Odalie insuffle un élan de nouveauté et un grain de folie dans sa vie jusqu'alors bien rangée, lui laissant entrevoir la perspective d'une vie plus excitante. Mais son admiration pour la nouvelle recrue va progressivement virer à l'obsession. Epiant et prenant notes des moindres faits et gestes d'Odalie, Rose développe une possessivité et une fascination aussi malsaine que dangereuse à l'égard de sa nouvelle amie.

Au contact de la fougueuse Odalie, les principes rigides de Rose ne tardent pas à s'éroder. La jeune femme, qui a toujours été très à cheval sur le respect du règlement commence ainsi à violer les règles les unes après les autres. Et le lecteur s'interroge bientôt sur le crédit qu'il peut accorder au récit des évènements fait par la dactylographe. Car les révélations et les coups de théâtre se multiplient, et l'on découvre bientôt, au détour d'une scène, qu'Odalie n'est pas la première personne avec laquelle Rose ait lié une amitié aussi forte. Les éléments à charge se multiplient et il devient clair que si Odalie se plaît à transformer la réalité quant à ses origines, le comportement de Rose laisse entrevoir une personnalité tout aussi trouble.Les soupçons du lecteur se trouvent bientôt renforcés lorsqu'il découvre que c'est sur les conseils du médecin qui s'occupe d'elle que Rose dresse le récit chronologique d'évènements appartenant en réalité au passé. L'ombre de ce thérapeute ainsi que les multiples indices distillés par l'auteure tout au long du récit, laissent peu à peu entrevoir les contours d'un drame dont le lecteur n'aura connaissance des tenants et des aboutissants que dans la dernière partie du roman.

Mais la personnalité tortueuse de Rose n'est pas le seul élément trouble du récit. En effet, à mesure que les deux jeunes femmes se rapprochent, le mystère s'épaissit également autour du passé d'Odalie jusqu'à atteindre son paroxysme lorsqu'un mystérieux jeune homme fait irruption dans la vie des deux amies. Ce dernier semble détenir des informations particulièrement troublantes et compromettantes sur le passé de la dactylographe fraichement engagée. Son arrivée va donner à l'intrigue un véritable tournant « policier » et insuffler au récit une tension dramatique appréciable.

Pourtant, malgré la trajectoire prometteuse de l'intrigue, une réflexion psychologique intéressante et des questionnements pertinents soulevés par l'auteure (notamment sur les thèmes de l'identité, de l'obsession, de la vérité ou de la justice), l'intrigue déployée par Suzanne Rindell n'est pas parvenue à me convaincre de bout en bout.

En effet, l'ambiguïté de la fin gâche finalement les derniers rebondissements qui peinent dès lors à pleinement produire leur effet. L'architecture du récit manque ainsi de génie et de subtilité pour permettre à ces ultimes révélations de produire sur le lecteur l'effet escompté. Les retournements de situation sont mal exploités par l'auteure qui finit par plonger son lecteur dans un grand état de confusion ne lui permettant pas de saisir clairement l'enchaînement des évènements ayant conduit la narratrice dans sa position actuelle.

Sa lecture achevée, le lecteur ne dispose pas, au final, de l'ensemble des éléments nécessaires lui permettant de rassembler toutes les pièces du puzzle afin de retracer précisément le fil de l'intrigue. Certaines zones d'ombre subsistent et les informations lacunaires fournies par le récit de Rose laissent même planer des incohérences. le lecteur termine ainsi le roman hagard, livré à lui-même face aux multiples hypothèses et interprétations que laissent dès lors envisager les dernières pages, faute de dénouement explicite.

En dépit de ces réserves et de l'état de frustration dans lequel m'a plongé la fin du récit, « Vice & vertu » fut une lecture captivante qui m'a emportée du début à la fin. L'atmosphère mêlant décadence des années folles, mystère et tension est absolument délectable, tout comme le style à la fois alerte et percutant. Une excellente lecture en somme, qui, bien que n'atteignant pas la perfection, s'est révélée à la hauteur de mes attentes.

Narré du point de vue de Rose Baker, une dactylographe en apparence vierge de tout reproche « Vice & vertu » nous relate la rencontre improbable de deux femmes aux personnalités opposées et, à travers elle, la confrontation à une époque charnière, des valeurs traditionnelles du siècle passé face à la décadence des années folles.

L'ombre de « Gatsby le Magnifique » de Fitzerald plane indubitablement sur le roman de Suzanne Rindell et les amateurs des années folles apprécieront à coup sûr la plongée dans les bars clandestins, à une époque où la prohibition bat son plein.

Porté par un style fluide et alerte, « Vice & vertu » happe le lecteur dès les premières lignes au décours d'un récit où se mêlent habilement intrigue policière et roman psychologique. Dans ce jeu permanent de manipulations et de faux-semblant où chaque personnage déforme la réalité afin de servir ses intérêts, la vérité semble insaisissable pour le lecteur qui se retrouve pris au piège d'une intrigue à tiroirs nébuleuse au dénouement ouvert déstabilisant. Si je n'ai pas été pleinement convaincue par la construction de l'intrigue (qui est à mille lieues du degré de perfection de Sarah Waters en la matière) et que nombreuses de mes questions demeurent sans réponse au terme de ma lecture, je ressors cependant charmée par la dimension psychologique du récit et la plongée au coeur des années folles.

Avec « Vice & vertu », Suzanne Rindell nous livre un premier roman très prometteur, à la fois sombre et envoûtant, qui propulse le lecteur en plein coeur de l'effervescence des années folles au décours d'un récit teinté de mystère et mêlant habilement intrigue policière et roman psychologique.
Lien : http://lectriceafleurdemots...
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Rose, sage et légèrement psychorigide sténo dans un commissariat, voit sa vie chamboulée par l'arrivée de la belle et mystérieuse Odalie. Rapidement, Rose devient obsédée par Odalie et au fil du roman, on comprend que Rose va commettrel'irréparable, mais on ne connait aucun détail. Les années 20, l'idée de l'obsession, tout ça me paraissait super, mais j'ai été tellement déçue ! le personnage de Rose est si antipathique qu'à aucun moment on s'attache à elle, ou ses pseudos problèmes. La prohibition est, à mon sens, pas extremement bien décrite.
Bref, une grosse déception pour moi.
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Une lecture d'été facile mais passionnante : dans l'univers de la Prohibition, entre une dépression cachée par un art de vivre joyeux et fin d'époque après la Première Guerre Mondiale, et une société en fin de vie qui annonce la grande Dépression et la Seconde Guerre Mondiale, façon Gatsby, cité comme inspiration par l'auteur d'ailleurs, on découvre la vie d'une sténo de commissariat, dont l'univers propret et terne explose au contact d'une nouvelle embauchée, vive, délurée et un peu louche.
Devenues amies, les deux jeunes femmes entament une drôle de relation faite d'envie, de fêtes, et de petits coups bas qui mèneront à la perte de l'une d'elle...
Sur un thème fréquent, de l'amitié à sens unique, et de la main mise d'une forte personnalité sur une autre, l'auteure nous tourne un joli conte moderne où une pirouette finale (mais chuuuttt...)sera la seule vraie transgression à une lecture d'un monde façon Jane Austen, tout en demi-teinte, faux semblants et gris de surface.
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Lorsque la pétulante Odalie croise le chemin de l'effacée Rose, cela provoque des changements dans la vie de cette dernière, changements qu'elle n'aurait jamais envisagés. Les deux jeunes femmes deviennent inséparables, ce qui ne va pas être sans conséquence pour notre si fragile Rose. L'histoire s'inscrit dans un contexte bien particulier, celui des années folles. Cela permet de belles représentations mentales, dans lesquelles les odeurs sont saturées de tabacs, la musique résonne fort, les tripots clandestins sont légion et les tenues sont légères, pleines de paillettes, de plumes et de froufrous. J'ai apprécié cette lecture, en trouvant tout de même que les personnages sont parfois un peu caricaturaux, mais cela est pardonnable.
Je dirais aussi quelques mots sur la fin. En effet, l'auteure s'amuse, dans les dernières pages, à nous faire perdre nos repères, nous obligeant à revoir l'histoire selon d'autres perspectives. Cette fin a suscité mon étonnement, mais après réflexion, je la trouve adéquate.
En résumé, une lecture sympathique qui propose une histoire plus complexe qu'il n'y paraît...!
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Je crois n'avoir lu que des avis positifs sur ce roman, et je n'ai donc pas pu résister, il a rejoint directement ma pal pour quelques jours seulement, aussitôt ma lecture en cours terminée, je l'ai dévoré.

J'ai moi aussi adoré ce roman, en particulier pour le contexte historique qui est très bien exploité. Les relations et les divergences entres les femmes et les hommes y sont mis en avant. C'est le début de la prohibition à New York, mais aussi le début de l'émancipation de la femme. Rose est une jeune femme "assez" naïve, tout au moins au début du roman. du moins c'est l'apparence qu'elle donne. En fait, sous ses airs souvent dociles se cache une femme plutôt épris d'indépendante mais elle ne le sait pas encore.

Le roman est écrit à la première personne, et c'est donc par la voix de Rose que l'histoire va nous être conter,Elle met en avant la rencontre de Rose avec la mystérieuse Odalie. Rose travaille comme Steno-dactylo dans un commissariat New Yorkais. On comprend de suite que la proximité du travail homme-femme est encore tabou pour l'époque. Un jour, Odalie est alors elle aussi embauchée au commissariat, et va chambouler à tout jamais la vie de Rose.

J'ai aimé le contraste entre les deux personnages principaux. Rose est calme, posée, réfléchie et surtout appliquée. Odalie est mystérieuse, joyeuse, et fêtarde. La première va se prendre de passion pour la seconde. Mais Odalie est-elle réellement digne de confiance ? L'auteure s'amusera à nos dépends, en distillant au compte-gouttes les informations permettant de nous éclairer.

Mais ce livre n'est pas seulement un simple roman historique, il cache en ses pages, un véritable thriller, et ça c'est une surprise, une petite pépite, qui entraînera le lecteur jusqu'à une fin tragique.

En bref, Suzanne Rindell nous livre ici un premier roman très prometteur,enivrant et envoûtant qui plonge le lecteur dans le New York des années folles, de soirées mystérieuses et interdites, en bars clandestins, en pleine prohibition .

Ce roman est disponible aux Editions Fleuve depuis le 12 juin 2014.
Lien : http://milleetunepages.com/2..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Mon intérêt pour Odalie n’avait rien de malsain, seules mes méthodes laissaient peut-être à désirer. De prime abord, Odalie était charmante et, quand elle voulait se montrer amicale, elle était très convaincante. On pouvait aisément la prendre pour une personne sociable, à tort cependant. Dès les premières semaines, je fis une petite découverte quant à sa véritable personnalité : si on l’observait de près, d’un œil acéré – comme le mien –, on devinait que sous ses dehors affables, elle ne tenait pas à se lier avec n’importe qui. Lorsque quelqu’un s’approchait de son bureau, les commissures de ses lèvres se crispaient très légèrement, quoique de façon perceptible, avant qu’elle affiche un grand sourire superficiel, avec la même désinvolture que si elle eût étalé du beurre sur un toast.
Évidemment, tout le monde voulait toujours lui parler. Et si l’on n’avait pas cet honneur, alors on parlait d’elle.
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Ils disaient que la machine à écrire nous ôterait toute féminité.

Il suffit de la regarder pour comprendre comment ils – Les gardiens autoproclamés de la moralité et de la vertu féminine – en sont arrivés à cette conclusion. Que ce soit une Underwood, une Royal, une Remington, une Corona, la machine à écrire est un objet austère, plein de gravité, tout en angles et en lignes brisées, carré, dénué du moindre galbe frivole, de la moindre fantaisie féminine.
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Ces filles modernes sont admirables, en apparence. Cela, je le concède volontiers. Je sais qu'Odalie passe pour un personnage romantique, ses cheveux d'un noir soyeux auréolés du clair de lune, les perles de sa robe accrochant les rayons des étoiles. Or cette image n'est qu'un leurre. C'était elle qui connaissait les entrées secrètes et les mots de passe des speakeasies, mais c'était elle la pire aveugle. Son charme ensorcelant et son rire musical n'étaient que promesse de romance, illusion d'une vie de rêve. En vérité, Odalie ne possède pas la moindre fibre romantique et n'a que très peu de patience à l'égard des sentiments, quels qu'ils soient. Elle est le mirage reculant devant vous à mesure que vous vous enfoncez toujours plus loin dans le désert.
Non, entre Odalie et moi, c'est moi la romantique. Un vestige d'une époque oubliée. Le monde n'a plus de tolérance aujourd'hui pour la sensibilité féminine.
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Nous dénouerions nos tabliers pour mieux nous boutonner dans des chemises amidonnées et des jupes bleu marine qui, à coup sûr, nous transformeraient en êtres androgynes. Ils craignaient qu’au contact permanent de tout cet attirail technologique – les sténotypes, les duplicateurs, les machines à additionner, les pneumatiques – nous ne nous endurcissions, et que nos tendres cœurs de femmes ne se figent dans une imitation envieuse de ces appareils de fer, de cuivre et d’acier.
De toute évidence, savoir taper à la machine a permis au beau sexe d’être admis dans des environnements professionnels dominés par les hommes – comme le commissariat, où les sténo-dactylographes constituent une minorité féminine. Certes, il y avait déjà quelques femmes policières à Manhattan, ces vieilles matrones employées pour épargner les fausses accusations d’indécence aux hommes chargés d’embarquer chaque jour des troupeaux de prostituées.
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Nous autres dactylographes sommes réputées incapables de nous tromper. Cela est un curieux phénomène, mais dès lors qu’un document est dactylographié, sa véracité, pour le meilleur ou pour le pire, devient irréfutable. J’ai assisté à quelques procès et entendu les mots que j’avais tapés de mes propres mains prononcés par l’avocat général. Lues à voix haute, ces transcriptions acquièrent un caractère aussi sacré que les deux Tables rapportées par Moïse du mont Sinaï – si ce n’est davantage car, après tout, Moïse brisa les Tables de la Loi et dut retourner en chercher de nouvelles, alors que ces actes semblent indestructibles.
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