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sur 339 notes
La violence ne se cantonne pas aux coups laissant des hématomes, aux saignements, aux os brisés. La violence peut aussi être plus insidieuse, à travers des mots blessants, des comportements mettant en danger, des humiliations. La violence nécessite d'être analysée et que des solutions concrètes, comme la fuite, soient trouvées, pour permettre aux victimes de s'en sortir.

C'est ce dont nous fait part Blandine Rinkel dans une écriture à la fois sensible et pleine de force, dans un roman écrit à la première personne du singulier, mais dont il est précisé que c'est une fiction.

Lou, la narratrice, est captivante, dans son ambivalence entre amour et rejet du père, dans son évolution de l'enfant à la femme, dans sa passion pour la danse comme exécutoire et torture du corps. La question du deuil impossible suite à la mort d'un enfant est également posée tant dans ses causes que ses conséquences.

Vers la violence a une place à part dans les romans contemporains sur les violences faites aux enfants, car la plongée dans l'horreur est plus limitée que dans d'autres titres, mais c'est bien ce qui donne tout le réalisme de ce roman et son impact.

Blandine Rinkel a écrit un livre nécessaire dont le message mérite une ample diffusion dans un monde où encore aujourd'hui « L'homme est un loup pour l'homme » et peut-être plus encore pour les enfants.

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Lou nous raconte son père. Elle narre la filiation familiale, celle qui est imprégnée d'angoisses et de certitudes indestructibles, celle incrustée dans le sang.

Gérard est un père dont l'imagination frôle la mythomanie. Il raconte des histoires à sa fille Lou, à la fois fantasmagorique et effrayante. Son dessein est de faire de Lou une fille qui ne pleure pas pour édifier une fierté figée. Une fierté qui empêchera Lou d'aimer vraiment, de chercher la cruauté et la morbidité auprès de ses amants.

Révélation de la rentrée littéraire d'hiver 2017 avec L'abandon des prétentions, puis confirmant ses promesses avec son second roman deux ans plus tard, Blandine Rinkel, qui est aussi chanteuse, danseuse et parolière, marque de son empreinte la rentrée littéraire 2022.

Elle nous livre ici un roman fort et singulier sur les liens familiaux, la filiation, la relation père-fille et l'instinct paternel

Elle fait avec un texte court et puissant centré autour d'un personnage de père, policier violent et moqueur, complexe et étonnant, qui conserve chaque nuit son pistolet de service sur sa table de chevet, pret à le dégainer à chaque instant.

Qu'est-ce qu'on fait d'un héritage filial quand celui ci n'est que violence et humiliation? Comment réussir à trouver tendresse et confiance en soi quand ce sont les relations de force et de toxicité qui ont parasité son enfance?Peut aller contre sa nature quand l'inné et l'acquis nous ont forgé ainsi?

En offrant des réponses nuancées sensibles et lyriques à ces questions, Blandine Rinkel, n'a pas volé ce nouveau Prix Méduse qui a pour ambition de consacrer : « la promesse et la nouveauté, loin des combinaisons byzantines et des rumeurs artificielles, des gloires éventées et des écrivaillions officiels"
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Portrait d'un père ambivalent, tour à tour ogre cruel et conteur hors pair, enfant à l'imagination débordante ou gosse sadique, Gérard, ancien militaire devenu flic, fascine et impressionne sa famille avec ses allures de patriarche viril et sans peurs. Mais, au fil des années, la confiance et l'admiration aveugles s'effritent pour laisser entrevoir les failles, la lâcheté et l'incessante mythomanie du personnage…

Histoire d'amour et de haine, d'admiration et de désillusions, de joies et de peines, “Vers la violence” raconte la relation abusive d'un père envers sa fille. Abus de pouvoir, abus d'autorité, abus de confiance. Plus mentale et psychologique que physique, la violence est omniprésente chez ce père toujours au bord de l'implosion et peut jaillir à tout moment, entretenant une peur constante chez ses proches. Alors, comment se construit-on et avec quelles armes, quand on a hérité de rien, hormis de “l'absence, la joie et la violence”?

Blandine Rinkel nous offre ici un texte fort et percutant, rendu extrêmement immersif grâce à l'utilisation de la première personne. L'écriture est sublime et apporte une sincérité et une justesse au texte qui ne peut laisser le lecteur indifférent. C'est sombre et lumineux à la fois, torturé et pourtant plein d'amour et c'est la réponse d'une âme meurtrie après des années de souffrance tu. Un roman qui bouleverse et prend aux tripes, bref, j'ai adoré! Et pour celles et ceux qui ont aimé, n'hésitez pas à lire aussi “Sa préférée” de Sarah Jollien-Fardel!
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🐺Chronique🐺

« Tu peux dégager, si tu veux. »

Mais enfin, reste un peu, quand même. Si tu veux, je te parlerai de nuages noirs, de danse contemporaine, de souvenirs bleus...Mais tu peux dégager. Tu pourrais, effectivement. Personne ne te force à rester, et pourtant, tu sais que la curiosité, l'intensité de la joie, et cet élan ambigu qui nous pousse Vers la violence est une force attractive, à elle seule. Attrayante autant que repoussante. Je sais donc, que tu vas rester. Parce que c'est comme ça, l'appel du loup, de la forêt, de la mer ou de la violence est incroyablement ensorcelant. Lou m'a racontée, et j'ai voulu rester. Rester pour comprendre, comment on aime et on repousse un père. Comment on (s') éprouve à la sensation du couteau, comment on sort de l'oedipe, comment on devient déesse virile…Comment on enlève la tache…Et plus je regardais Lou, plus j'apprenais. Plus j'étais connectée avec la synchronicité, le loup, le reflux, et plus, je restais. Je ne voulais pas dégager. Je regardais Lou se défaire de sa construction, de ses douleurs, de ses sensations, pour aller, ailleurs, que Vers sa violence…Et c'était envoûtant.

La violence. Instantanée. Instinctive. Acquise. Dans les mots, dans l'emprise, dans le souffle, dans le sang, dans l'histoire…Parce que le loup, n'est jamais loin de l'homme, il se joue des guerres inévitables... À la tête, au coeur, au bout des doigts, Mordante, est la vitalité de la violence. Mais qu'est-ce qu'on fait de cela, quand elle s'immisce dans la relation père-fille?…Qu'est-ce qu'on fait d'un héritage et de l'augmentation? Parfois, on l'aiguise, comme Lou, et c'est ce qui m'a fascinée. La pointe du couteau, effilée, qui écrit la rupture. le tranchant obligatoire et nécessaire de la virilité filiale pour accéder à la puissance résiliente de la féminité. Se retrouver Inné-vitablement vivante, sur une page blanche, au creux d'une vague, ou dans un jeté exaltant…

J'ai aimé le trouble qui transparaît, de ce roman. L'ambivalence qui se trouve dans l'intimité de cette relation entre Lou et Gérard ramène la part d'animalité en chacun d'eux, mais forme le message et la transmission. Quelque chose qui se situe entre la faille, la répugnance et l'amour. Ni tout à fait compréhensible, ni fondamentalement pardonnable. J'ai admiré la femme qui se révèle dans ce magma d'énergies positives et négatives. La plume de Blandine Rinkel est belle, évocatrice, sensorielle. Elle remue de l'intérieur toutes sortes d'émotions tues, rouvrant ça et là, les blessures et les désillusions de l'enfance, pour peut-être que l'on accède à un petit moment exceptionnel d'être, « plus que vivant », le coeur, un petit plus que palpitant…Et le loup du dedans, tu le sais, qui s'étire, de joie excessive…Tu peux dégager maintenant, je pourrais bien mordre, mais non sans te recommander, la gueule bien ouverte, de t'en aller, Vers la violence
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Lou est une petite fille qui admire son papa autant qu'elle le craint. Ancien militaire devenu flic, ce papa fantasque la fait souvent rire et sait aussi transformer un quotidien banal en moments exceptionnels. Mais son comportement pouvant changer parfois brusquement fait régner une atmosphère pesante à la maison. La petite fille grandit et devient une adolescente qui n'ose présenter son père à ses amis tant son comportement est inattendu et parfois déplacé avec sesproches comme avec ses camarades de classe.
Un portrait dérangeant de par la violence sous-jacente et omniprésente du père de famille qui bouleverse le lecteur. Une enfance troublée racontée de façon malheureusement si vraisemblable. Un roman qui ne laisse pas les lecteurs indemnes parce qu'il rend bien compte de la terreur exercée sur l'entourage quand la violence peut jaillir à n'importe quel moment.
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Je suis partagé quant à mon avis...

Ce récit, c'est la vie d'une petite fille qui navigue entre un père à la fois doux, aimant, rempli de magie et d'imagination, mais aussi sujet à certaines pathologies telles que la mythomanie et la violence. La mère, quant à elle, semble présente sans réellement l'être, paraissant quelque peu soumise et dépourvue de flamme intérieure.

J'ai été quelque peu perdu, ne comprenant pas toujours la direction voulue par l'autrice. Cependant, des réflexions et des passages m'ont marqué.

Lou se construit avec une figure paternelle ambivalente et une figure maternelle effacée. L'environnement direct dans lequel évolue un enfant contribue à façonner la personne qu'il deviendra adulte. Il est évident que Lou portera quelques traumas, peu importe leur degré. Nous portons le poids des générations passées et transmettons cela à nos enfants. C'est pourquoi il est crucial de travailler sur soi-même avant d'être parent.

Cette violence est surtout psychologique, grandissant au fil du temps et parfois invisible pour les autres. Faut-il se couper des personnes qui nous font du mal, même si c'est notre père ? Est-ce que cela permet de guérir ? Peut-on aimer son père de manière inconditionnelle tout en le détestant simultanément ?

Je trouve qu'une tension palpable persiste tout au long du texte, bien que j'aie dû sauter quelques paragraphes par moments en raison de répétitivité. le roman est bien écrit, j'apprécie la plume de l'autrice. C'est assez touchant.

Cependant, comme mentionné précédemment, je n'ai pas totalement saisi la construction du récit et me suis parfois égaré. Des phrases assez brutales, comme lorsque le père interdit à sa fille de ne pas venir à son enterrement alors qu'elle n'est qu'en maternelle, sont troublantes. Se construire avec un père dont l'humeur change sans cesse doit être véritablement terrifiant.

En conclusion, je pense qu'il manque une profondeur narrative autre que "papa est bizarre, maman n'existe pas, j'ai des traumas". J'en rajoute un peu, mais l'idée est là. En définitive, je suis indécis quant à mon sentiment face au récit.
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Je me suis senti attiré par le titre, le thème, ce que l'on en disait et j'ai découvert en réalité un roman qui va bien plus loin. Ce type de livre subit difficilement le rapport de lecture, car il s'agit avant tout d'une expérience humaine que chacun(e) reçoit ou pas à sa manière. Je vais tâcher de faire de mon mieux. Les chapitres sont courts, la plume incisive, narrative, sans trop place aux émotions superflues. La première partie emporte par le récit d'enfance, d'une gamine qui admire son père, conteur, menteur, dangereux, aimant, brutal, tout en contradictions. C'est son père. Il est comme ça. Sans décryptage psychologie du carcan sociétal et familial, l'autrice nous invite dans ces zones troubles par le biais de l'évidence. Adulte, elle danse, partout, toujours et encore, mais ne prend du plaisir qu'avec la douleur. C'est comme ça, elle accepte, jusqu'au jour où l'amour se présente à elle et... le père refait surface. À chaque fois qu'on sent venir une chose, on se fait retourner par l'intelligence narrative de l'artiste totale, qui nous rappelle que la vie est parfois plus simple et plus basique. Les questions de la filiation, du sacrifice et du don de soi sont puissamment questionnées avec une chute qui en dit long sur la vie et le pouvoir de résilience. Un grand roman !
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Vers la violence, c'est la relation père-fille de Gérard et Lou.
C'est le feu et la neige, le calme avant la tempête, un père qui apportait joie et terrorisait en même temps sa fille.

De cette enfance, Lou raconte toute l'admiration qu'elle a pour son père. Ce père, ancien militaire, flic, qui lui inventait des histoires et qui semblait n'éprouver aucune faiblesse. Elle raconte aussi ses excès, chaque fois qu'il s'emportait, cette dualité qui semblait l'habiter constamment et qui en un instant pouvait mettre le feu aux poudres. Une ambivalence que finalement son père lui transmettra et qu'elle expérimentera surtout à l'adolescence.

C'est un récit poignant où les liens père-fille se tendent et se distendent. La violence qui peut naître en un instant. Une femme qui avec le recul choisit l'exil pour s'éloigner de cet être malade.
Je ne retiendrai qu'une seule phrase de ce beau texte : Suis je coupable d'être la fille de mon père ?
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Lou vit une enfance rythmée par la personnalité troublante de son père Gérard, tour à tour, aimant et drôle, imprévisible et violent. Une ambivalence parfaitement mise en scène par une narration bien conduite et de grande qualité. Son héritage filial de violence et d'humiliation, bien que dur à assumer laissera des traces et forgera le caractère de lou dans sa vie future d'adulte. Un texte puissant, entre terreur et fascination qui ne laisse pas indifférent.
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Ce roman est construit autour d'une relation père-fille toxique et dysfonctionnelle. Lou, petite fille, voue une admiration sans bornes à son père Gérard, policier en Vendée, ex-militaire, affabulateur, menteur mais qui apporte de la magie dans la vie de Lou. Gérard éduque sa fille de façon virile, il lui apprend à résister à la douleur, à se débrouiller dans et face à la nature. C'est un père dur, violent qui cache ses douleurs et ses faiblesses sous une forfanterie surjouée.
A l'adolescence, Lou tente de l'imiter dans la dureté, y compris dans la danse qu'elle pratique comme un sport de combat; le jour où elle le découvre lâche, ivre, répugnant, elle s'aperçoit que tout ce qu'elle aimait chez son père était faux-semblants, mensonges. Elle part alors à Londres à 18 ans pour étudier la danse et surtout s'éloigner de lui; elle y rencontre Raphaël, grâce à la douceur duquel, elle peut se libérer de son père tout en continuant à l'aimer.
Ce qui est intéressant dans ce roman, c'est le refus d'associer, de façon exclusive, virilité à l'homme et féminité à la femme tel que l'inconscient collectif le fait; ici, Lou a intégré la violence, inculquée par son père et l'exerce contre son chien, dans les relations sexuelles, dans la danse alors que Raphaël incarne la douceur qui finira par apaiser Lou.
C'est aussi l'ambivalence du sentiment filial; tout aurait été plus facile si Lou avait pu haïr son père, dont elle aurait pu rejeter la violence mais elle l'aime et elle sent qu'il cache des failles derrière le personnage dont il a revêtu l'habit. A noter qu'elle ne dit jamais "papa" ou "maman" mais appelle ses parents par leur prénom "Gérard" et "Annie".
Cette ambivalence se retrouve dans la danse qui est à la fois discipline qui fait obéir le corps, le blesse, le contraint et liberté et fluidité des mouvements. L'auteure sait de quoi elle parle car elle est elle-même danseuse dans le Collectif Catastrophe.
Le loup est très présent : sur la couverture bien sûr mais aussi dans le prénom de l'héroïne, Lou et dans le nom qu'elle donnera à la troupe de danse qu'elle crée, la Meute; le roman commence avec un loup qui est tué le jour même de la naissance de Gérard, tout un symbole, comme si un loup mourrait et un autre naissait et finit sur un loup, puissant, libre.
Un roman fort, percutant, tout en tension, servi par une écriture nerveuse et acérée. Une belle découverte.
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