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EAN : 9782369560852
294 pages
Editions Intervalles (17/01/2020)
3.79/5   12 notes
Résumé :
Saisons en friche est un grand roman sur l’univers des squats. À travers des personnages attachants, Sonia Ristić restitue la saveur d’une période qui fut fondatrice dans son parcours littéraire. Elle plonge surtout le lecteur dans un tohu-bohu plein de charme où l’aventure se conjugue au collectif et où l’humain est au coeur de tout.

Sonia Ristić a puisé dans ses souvenirs la trame de ce roman sur un collectif d’artistes tiraillé entre les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Paris - C'est dans un ancien entrepôt désaffecté qu'ils ont squatté que se retrouvent Alice, Thomas, Lena, Malo, Alexandre, Vladimir, Douma, Nieves, Clémence et tous les autres faisant de ce lieu un lieu de créations mais aussi parfois d'hébergement. Y sont organisées des rencontres et animations artistiques ouvertes à tous. Ceux qui l'animent viennent d'horizons et de pays différents avec chacun un passé plus ou moins présent ou douloureux.

Chacun apporte sa pierre à l'édifice précaire, à ces lieux laissés à l'abandon, comme en jachère d'un devenir qu'ils veulent  voir comme un carrefour humain de vies, de créations, d'ouverture, qu'ils offrent à qui veut en pousser la porte, ils leur redonnent vie en mettant en commun leur passion : la scène, l'écriture, le cirque, la peinture et sont dans l'attente d'une reconnaissance.

Chacun apporte sa pierre à l'édifice précaire, à ces lieux laissés à l'abandon, comme en jachère d'un devenir qu'ils veulent  voir comme un carrefour humain de vies, de créations, d'ouverture, qu'ils offrent à qui veut en pousser la porte, ils leur redonnent vie en mettant en commun leur passion : la scène, l'écriture, le cirque, la peinture et sont dans l'attente d'une reconnaissance.

Sonia Ristic en pousse les portes et nous permet d'en découvrir le quotidien et le fonctionnement, qui se veut à la fois un gentil bazar et une structure avec un minimum de  règles sous l'autorité bienveillante mais nécessaire de Vladimir qui a eu plusieurs expériences du même type. Mais c'est surtout à travers ses membres que l'on découvre ce qui en fait sa richesse : leurs passés, leurs espoirs, les amitiés et les relations amoureuses qui s'y tissent.

"Il y a toujours des éclats de voix, des disputes, des prises de tête. Untel a oublier de sortir les poubelles, une autre a laissé un bordel innommable dans la salle blanche, Truc s'est servi dans le stock de boissons du bar sans le recharger et Machine s'est retrouvée dans la merde le soir du vernissage avec le frigo vide ; Bidule débarque systématiquement à midi le dimanche quand tout est déjà installé et après on le voit passer son après-midi à draguer, il met rarement les mains dans la plonge. Parfois, ça s'emporte en débattant des différences cruciales entre l'anarchie libertaire et le communisme autogestionnaire. Il y a des drames et des pleurnicheries. L'utopie n'est pas tout à fait au point non plus, mais malgré tout, c'est la joie qui domine. (p62)"

Ici, tout se décide en commun : accueil de sans papiers, de réfugiés, expositions, au cours des réunions du mardi où le vote démocratique est de rigueur. Ils attendent et espèrent les autorisations permettant la poursuite du concept, pour continuer à y vivre, s'y rencontrer et à créer.

"Et il y a ceux qui n'ont pas de pratique artistique à proprement parler, les cabossés, malmenés par la vie, les militants de toutes les causes, les paumés, les souffrants d'un trop-plein de solitude, les SDF ayant trouvé un coin au chaud. (p61)"

Nous glissons un oeil et une oreille dans ces lieux que nous n'osons pas parfois découvrir alors qu'ils sont créés justement pour être une porte ouverte à tous sur la culture, les rencontres et la création. Ses occupants sont souvent dans l'attente d'une reconnaissance, d'un rôle, d'un engagement et ils trouvent là, parfois, un havre de paix après des années d'errance.

Comme dans toute société, tout microcosme il y a des histoires d'amour, d'amitié, des femmes et des hommes qui se soutiennent, s'aiment ou se déchirent. Et parfois la violence peut se déchaîner, venue de l'extérieur, remettant en cause tout le travail accompli et le devenir du projet.

Ils sont partagés entre le passé sur lequel ils se taisent parfois, leur présent à assurer par des petits boulots en attendant l'engagement, le futur qui reste une hypothèse.

Le récit se découpe en 4 saisons : couleurs d'automne, hiver opaque, printemps arabes et étés indiens qui donnent la tonalité de la période traversée, le temps de la mise en culture du lieu, partant de rien, d'un lieu en friche, pour en faire un terrain fertile d'idées et surtout d'amitiés, avec les arrivées d'éléments extérieurs auxquels ils ne peuvent refuser l'asile mais aussi l'évolution de leurs relations et d'un projet commun et collaboratif qu'ils veulent offrir au public.

L'auteure entremêle les histoires de chacun, délivrant peu à peu leurs itinéraires, faisant du récit un melting pot de vies, de portraits et des événements qui ont jalonné les différents pays d'origine, le tout avec une écriture vivante, alerte et un style en adéquation parfaite avec l'ambiance du lieu.

Découverte d'une auteure et d'un lieu créatif  mais aussi d'une expérience humaine, que j'ai lu avec plaisir pour découvrir surtout un patchwork de vies, réunies dans un projet commun, une ruche bourdonnante que l'auteure connait pour y avoir vécu pendant un certain temps (Le Théâtre de Verre dans le 19ème arrondissement de Paris). C'est à la fois joyeux mais aussi émouvant quand il s'agit de lever le voile sur l'intimité de chacun. J'aurai peut-être aimé y trouver encore plus d'éléments sur le travail de création mais cela aurait peut-être nuit à la fluidité du récit.

"Le but de l'art n'est pas d'expliquer, de dire ce qu'on doit penser, il n'est pas question de donner à comprendre, mais de provoquer des sensations, des émotions, soulever des questions. Si on décidait de tout expliquer on serait en train de reproduire ce qu'on peut voir dans les musées, avec des troupeaux de moutons qui trottinent d'une oeuvre à une autre en écoutant leur guide audio, trente secondes par tableau, comme un zapping, sans jamais se laisser bousculer par ce qu'ils voient. (p168)"
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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La note en fin d'ouvrage situe l'origine de ces Saisons en friche : largement inspiré du Théâtre de Vienne et du collectif d'artistes qui l'a occupé.
Elle en a fait partie de 2003 à 2005, et ces deux années vécues entre artistes plus ou moins disloqués, en veine de créations, ont donné naissance à ce roman.
Dans son genre, Sonia Ristic est une artiste : elle sait camper ses personnages, aussi bien physiquement que psychologiquement, elle sait les rendre attachants jusque dans leurs travers.
Le squat dans lequel ils ont élus domicile n'est ni des mieux chauffés, ni des plus assurés car les menaces d'expulsion y reviennent cycliquement.
Les êtres les plus différents s'y côtoient, s'aiment, s'engueulent, se consolent, se déchirent, partent et reviennent, alternent périodes de succès et saisons de vaches maigres...
Bref, on vit, on avance avec cette population hétéroclite, bancale mais créatrice, en perte mais en recherche de repères. J'ai vraiment pris plaisir à les accompagner jusqu'au bout, ces "cassés- rapiécés"
Bonne pioche de Masse Critique : merci Nicolas
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Mon -petit- souci avec ce roman est son nombre de personnages important qui m'a parfois perdu et des paragraphes qui se répètent et alourdissent, notamment lorsqu'un fait est repris par différents narrateurs. Hormis ces bémols, le roman est rafraîchissant, un brin mélancolique et/ou nostalgique, comme si l'époque du squat -début des années 2010- était, tous ses occupants le savent, un moment fort et inoubliable, un de ceux auxquels ils se réfèreront tout au long de leur vie en le qualifiant de "nos plus belles années". Tout est à construire entre gens très différents. La tolérance, l'adaptation, l'écoute de l'autre sont au coeur du roman, comme c'était le cas dans le roman précédent de Sonia Ristić : Des fleurs dans le vent. Ainsi que la liberté d'opinion, de création, d'amour... Une sorte de société idéale avec ses qualités et ses défauts.

Sonia Ristić écrit en finesse et ses mots évoquent tout ce que je viens d'évoquer. On suit les parcours de tous ses personnages, les hauts et les bas, les doutes, les prises de risque, leurs souffrances également, leurs côtés sombres pas aisément avouables ou pas à n'importe qui, ceux qui impliquent la confiance en l'autre. C'est ce qu'on a coutume d'appeler un roman choral où toutes les histoires se mêlent à la façon de "la créature mêlée emmêlée" inoubliable du roman précédent et brièvement évoquée dans Saisons en friche. Que mes petites réserves ne vous empêchent pas de découvrir les romans de Sonia Ristić, toujours justes, joyeux et revigorants.
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Dans ce roman choral, on suit le quotidien sur une année (2010/2011) d'une troupe d'artistes, menant une vie bohème dans un squat.

Que ce soit l'installation, la légalité de leur installation, la vie en communauté, les amours et les emmerdes de chacun, les joies et les peines, on va tous les suivre à la manière d'un documentaire.

Des moments heureux aux moments désespérés, l'auteure arrive à nous transmettre les sentiments des personnages, provoquant notre empathie envers ces personnages attachants malgré leurs défauts.

Des personnages qui prendront part à de nombreuses luttes militantes en pleine période du Printemps Arabe (ensemble de contestations populaires, d'ampleur et d'intensité très variable, qui se produisirent dans de nombreux pays du monde arabe à partir de décembre 2010).

Difficile au début de savoir qui est qui, mais au fil de l'histoire, on s'attache forcément à Alice, Nieves, Lana, Clémence, Ingrid, Malo, Alexandre, Douma, Thomas, Vladimir, ...

A travers cette aventure militante, artistique et humaine, certains des artistes vont progressivement passer à leur vie d'adulte et quitter cette vie de bohème sans la renier car ce fut une expérience formatrice.

L'auteure s'est inspirée pour ce roman du Théâtre de Verre et du collectif d'artistes qui l'a occupé et dont l'auteure était une des résidentes de 2003 à 2005. Cependant, le roman est bien une fiction.
Lien : https://aufildesevasionslivr..
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Un vrai plaisir de retrouver la belle plume de Sonia Ristic dans ce roman artistique. Une vie comme à huis clos à laquelle on pourrait avoir envie de goûter. Ça pulse !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le but de l'art n'est pas d'expliquer, de dire ce qu'on doit penser, il n'est pas question de donner à comprendre, mais de provoquer des sensations, des émotions, soulever des questions. Si on décidait de tout expliquer on serait en train de reproduire ce qu'on peut voir dans les musées, avec des troupeaux de moutons qui trottinent d'une œuvre à une autre en écoutant leur guide audio, trente secondes par tableau, comme un zapping, sans jamais se laisser bousculer par ce qu'ils voient. (p168)
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Il y a toujours des éclats de voix, des disputes, des prises de tête. Untel a oublier de sortir les poubelles, une autre a laissé un bordel innommable dans la salle blanche, Truc s'est servi dans le stock de boissons du bar sans le recharger et Machine s'est retrouvée dans la merde le soir du vernissage avec le frigo vide ; Bidule débarque systématiquement à midi le dimanche quand tout est déjà installé et après on le voit passer son après-midi à draguer, il met rarement les mains dans la plonge. Parfois, ça s'emporte en débattant des différences cruciales entre l'anarchie libertaire et le communisme autogestionnaire. Il y a des drames et des pleurnicheries. L'utopie n'est pas tout à fait au point non plus, mais malgré tout, c'est la joie qui domine. (p62)
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Et il y a ceux qui n'ont pas de pratique artistique à proprement parler, les cabossés, malmenés par la vie, les militants de toutes les causes, les paumés, les souffrants d'un trop-plein de solitude, les SDF ayant trouvé un coin au chaud. (p61)
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Vidéo de Sonia Ristic
Tous les personnages de Sonia Ristic, autrice de Des fleurs dans le vent, lauréate du prix Hors Concours 2018, sont engagés. Tout comme son éditeur, Armand de Saint-Sauveur, qui revient pour nous sur les livres qu'ils publie.
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