Il était trop nerveux et trop impulsif pour supporter longtemps cette existence de prisonnier volontaire. Chaque jour, elle craignait une imprudence. Déjà, elle avait eu toutes les peines du monde à empêcher le reclus de descendre furtivement les escaliers, la nuit, pour se promener au jardin. Un jour ou l’autre, exaspéré, sans réfléchir, il se sauverait.
Il valait peut-être mieux, après tout, l’aider à s’enfuir, en entourant son départ de toutes les garanties possibles.
Ce n’était point la bâtisse qui l’intéressait, c’était Anne, la fille de Mme de Lannemeur. Il l’avait rencontrée à une surprise-partie, chez des amis communs. C’était une fort jolie blonde, très élégante et distinguée. Il n’avait pas dissimulé qu’il aurait plaisir à la revoir et elle s’était empressée de le faire inviter par sa mère. On l’attendait pour le thé au château de Lannemeur.
Il n’y a pas besoin d’avoir cinquante ans pour trouver que ce n’est pas chic de donner de l’espoir à une malheureuse et de lui laisser croire que c’est arrivé, si l’on n’est pas sûr d’aller jusqu’au bout. Je connais des filles que des garçons ont fait marcher comme cela. Et je dois te dire que j’ai trouvé cela plutôt laid !
Pour un médecin, la digitale, malgré ses noms poétiques, évoque le remède qu’on en tire et son effet sur les cœurs déficients.