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sur 2150 notes
Jules Romains écrit cette pièce de théâtre au début des années 1920, c'est-à-dire à une époque où la société d'aujourd'hui commence à se dessiner ; celle où la crainte de mourir de faim cède le pas à des peurs moins ancestrales.
Il s'agit de créer d'autres peurs que l'apocalypse ou la famine et la médecine saura se tailler la part du lion dans ce faisceau de craintes. (Combien de laboratoires biomédicaux dans les plus grosses entreprises cotées en bourse à l'heure actuelle ?)
Je mets en parallèle cette pièce prémonitoire avec des ouvrages ou des films plus récents comme L'Aliéniste de l'excellent auteur brésilien Machado de Assis, comme le film Bowling For Columbine de Michael Moore ou encore comme l'essai d'Ulrich Beck La Société du Risque.
L'auteur sait avec beaucoup d'humour nous livrer une réflexion philosophique sur un sujet de société — le marché de la peur — la commercialisation du risque.
Vous reconnaîtrez nombre de situations que vous avez déjà connues (achat d'une extension de garantie, test complémentaire, assurance spéciale, etc.).
À l'heure actuelle, ne cherche-t-on pas à toujours créer de nouvelles peurs pour les mieux commercialiser (bug de l'an 2000, grippe aviaire, réchauffement climatique, H1N1, le fameux "principe de précaution"...) ?
Knock est un sinistre charlatant, froid et calculateur, l'exact sosie de l'abbé Troubert de Balzac (voir le Curé de Tours), qui joue à fond sur les cordes sensibles de la cupidité et de la crainte sur la grande lyre humaine.
Lui-même avait été escroqué par son confrère prédécesseur lors de l'estimation de la clientèle, qui n'a aucun scrupule à livrer la population aux mains d'un homme tel que Knock.
Toute la succulence réside dans la façon dont Knock doit, dès la première entrevue, prendre l'ascendant sur le patient, le dominer via la peur de la maladie, au point de laisser l'autre en position de quasi vénération pour son praticien. Bravo à Jules Romain pour cette grande finesse tant psychologique que sociologique.
Et quand bien même vous ne trouveriez aucun intérêt au propos de la pièce, lisez-la seulement pour rire et vous ne serez pas déçus car c'est drôlement bien écrit et écrit bien drôlement, en tout cas, c'est mon peu salubre avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Knock ou le triomphe de Jules Romains

Ce personnage peut bien avoir pour l'éternité le visage de Louis Jouvet, il est avant tout diabolique. Son premier méfait ? Nous rendre le personnage de Parpalaid presque sympathique !

"KNOCK : Vous me donnez un canton peuplé de quelques milliers d'individus, neutres, indéterminés. Mon rôle c'est de les déterminer, de les amener à l'existence médicale (...).

LE DOCTEUR : Vous ne pouvez cependant pas mettre tout un canton au lit !

KNOCK : Cela se discuterait."

Le cabinet médical comme fond de commerce. le docteur Knock inocule une sorte d”hypocondrie généralisée à sa patientèle, rendant ainsi son métier fort lucratif. le soupçon de charlatanisme a longtemps pesé autour de la médecine et c'est à la source de cette défiance que s'abreuve Jules Romains dans cette comédie grinçante et drolatique, dont la fin prend des allures dystopiques.

Devenue l'oeuvre majeure, presque ombrageante, de l'écrivain et dramaturge, cette comédie efficace nous offre un remède à la cupidité : commencer par soigner l'ignorance des vrais/faux patients car si nous ne pouvons tous être médecins, nous avons tout de même un ciboulot et, face au sachant, la crédulité criante des patients de la pièce pose question.

Qu'en pensez vous ?
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Rien que la couverture est jubilatoire...Cette pièce de théâtre sert de prélude à ce qu'est devenue la médecine dans bien des cas , un métier lucratif , un bénéfice à partager avec tous les réseaux sanitaires du coin .A partir du médecin , une sacrée toile se tisse :pharmacie , transports sanitaires ,kinésithérapie, ostéopathie, soins infirmiers ....Loin de moi l'idée de contester qui ou quoi que ce soit , la médecine a participé à l'éradication de nombreuses pathologies incurables il n'y a pas si longtemps. La médecine et les médecins méritent tout notre respect mais il est vrai qu'au delà du désir de soigner s'est développé chez nombre d'entre eux un fort désir de " bien vivre " . Le développement des déserts médicaux en est la preuve ,être médecin est devenu un métier qui a tout de même perdu une partie de son humanisme , une partie du désir d'entraide . Bien loin de notre époque , la seule vocation , et dans bien des domaines , hélas . Bon , ainsi va la vie , la vie moderne , où se faire soigner a un coût .... comme tout , du reste...
Le docteur Parpalaid , lui , ne pouvait pas s'enrichir : pratiquement aucun malade dans le village où tout le monde allait bien , respirait la santé , jusqu'à l'arrivée du célèbre docteur Knock , successeur dudit Parpalaid . Un court arrêt pour une remarque qui pourrait paraître déplacée : Knock , vous imaginez la plaque de votre médecin , docteur Knock , ça ne vous semble pas un peu suspect , ce nom , un peu clownesque , un peu ... charlatan ? Non ? Ah , ça vient de moi , alors , excusez-moi....
La suite est extraordinaire : la publicité, les consultations ( à mourir de rire ...ou de peur , c'est selon ) ,la salle d'attente qui se remplit .Bref , l'art et la manière de rendre malade une population en bonne santé. Knock est un génie qui mérite d'être connu ( !!! ) et qui a bien compris toutes les méthodes peu orthodoxes qui vont lui permettre de s'enrichir et ....de guérir des malades qui s'ignoraient.
Prémonitoire d'une époque que nous connaissons bien désormais ? Moi , je ne prends pas parti , je ne dis rien mais tout de même , Jules Romains a frappé fort ..et bien . Soyons clairs , cette parodie doit être prise ... comme une parodie , même si certaines situations ....
Et quand un Louis Jouvet incarne le docteur Knock... voilà une oeuvre mythique , à lire absolument , à déguster sans modération . Un dernier mot , j'adore mon médecin et je suis heureux , en vieillissant , de pouvoir compter sur une médecine de qualité , servie par des gens compétents et...dévoués.
Désolé , j'ai oublié les étoiles . Pour moi , aucune hésitation : 5.
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Impossible, pour moi, de dissocier Knock du superlatif Louis Jouvet qui incarna ce médecin avec un talent à nul autre pareil.
Knock est une oeuvre drôle et farceuse, visionnaire d'un temps à venir de sur-médicalisation par une médecine devenue affairiste.
Knock campe une sorte de personnage magnétique, à l'autorité bon enfant.
Un médecin à mi-chemin entre le gourou et l'entrepreneur en élevage intensif des malades!
Une pièce qui se relit et se revoit sans lassitude.
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On se déplace rarement chez le médecin dans la bourgade de Saint-Maurice. Et pour cause : faute de motivation, le Docteur Parpalaid n'a pas l'oreille très complaisante, ses réponses restent évasives. Alors on se débrouille (on ne va quand même pas payer pour se voir conseiller une tisane !), et on ne voit pas beaucoup le pharmacien non plus. Lorsque Knock reprend le cabinet, tout change. Consultations gratuites une demi-journée par semaine, écoute attentive, diagnostics alarmistes mais aussi pleins de bon sens pour une meilleure hygiène de vie.

Philanthrope, ce Docteur Knock ? les gens adorent confier leurs petits malheurs, quitte à en rajouter/inventer... Filou ? Commercial ? Ingénieux en tout cas et ne ménageant pas sa peine. Il va faire prospérer sa "petite entreprise", ainsi que celle du pharmacien. Cela en faisant lourdement payer les patients les plus aisés, et en mettant une partie de la population au lit - pour le plus grand plaisir de ces "malades" (imaginaires), ravis d'être enfin l'objet d'attention.

Cette pièce a été écrite dans les années 1920. J'ignore quel accueil elle reçut à l'époque mais l'humour n'a pas vieilli. Ce texte visionnaire (sur l'art "capitaliste" de créer et développer un besoin) est pertinent, malicieux et jubilatoire. Je l'ai relu avec bonheur.

--- Livre découvert en 6e, en lecture imposée. J'avais beaucoup aimé, la prof avait dû nous le rendre limpide ; pas sûr que tout y soit accessible dès douze ans sans décryptage. Un premier pas réussi pour moi vers le théâtre écrit, qui m'a sûrement aidée à surmonter Molière les années suivantes (auteur génial pour les adultes, mais totalement indigeste au collège) et à continuer à lire des pièces avec plaisir.
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Pièce de théâtre qui est devenue un très grand classique. Texte très agréable à découvrir, teinté de cynisme. Ce triomphe de la médecine, n'est-il pas aussi celui du charlatanisme? Comment un médecin se battit une solide clientèle en inventant des maladies à ses patients? Une affaire qui marche car elle fait s'enrichir le médecin, le pharmacien et l'aubergiste qui héberge la clientèle. le médecin s'enrichit sur le dos de ses victimes mais personne ne pourrait désormais se passer de ses services... Pièce qui nous montre comment un roué peu se jouer de la naïveté.
Une pièce qu'il faut avoir lue.

Lien : http://araucaria.20six.fr
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Voilà un livre qui se trouve depuis toujours dans la bibliothèque familiale et que je n'avais jamais ouvert. Me demandez pas pourquoi je l'ai emprunté à ma mère alors que j'ai une pal impressionnante... Les choix de lecture nous surprennent parfois nous-mêmes.

Je suis bien contente de l'avoir sélectionné en tous cas.
J'y ai trouvé beaucoup d'humour : on rit du ridicule du docteur Parpalaid, de la naïveté des habitants de St Maurice, de l'avarice des uns, de la bêtise des autres.

Mais au final on rit jaune car on se rend bien compte que l'on fait partie de ces pauvres bougres dont on exploite la crédulité. Knock n'a aucun scrupule à utiliser la flatterie ou la peur pour créer un besoin chez ses patients, qui n'existait pas jusqu'alors et qui repose entièrement sur du vent. Capitalisme vous dites ? Oui, effectivement, ça y ressemble beaucoup.
Qui est le plus à blâmer ? Ceux qui profitent de la faiblesse de caractère des autres, ou ceux qui ferment les yeux et suivent le mouvement qu'on leur indique sans réfléchir par eux-mêmes ?
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Là je vais me lâcher un peu...Cette pièce...Un régal, un bijou dans le genre. Je n'ai pu m'empêcher de retranscrire cette pièce à notre actualité. Tout le monde est potentiellement malade, et tout le monde se fait traiter surveiller pour une maladie imaginaire. le pouvoir de persuasion du médecin, de la science oeuvre. Elle affirme par la voie de l'autorité, et aidé par les notables du canton, que tous les citoyens sont des malades qui s'ignorent et qu'ils doivent surveiller leur état de santé, se soigner au besoin pour un mal dont il ignore tout...et ça marche, courbe à l'appui, le nombre de consultations augmentent c'est bien qu'il y a un problème non! et celui des prescriptions aussi, c'est ti pas une preuve irréfutable ça! eh oui, la manipulation par le mensonge est un fait et ne sévit pas QUE dans cette pièce! A lire et relire, avant qu'elle ne soit classée dans les pièces complotistes, ou comme potentiellement dangereuse car subversive, car capable d'inciter la population à se pencher sur tous les chiffres et a remettre en cause le dogme officiel...
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Knock ou le triomphe de la médecine est un classique incontournable de la littérature française. Avec cette satyre pleine d'humour, Jules Romains dresse le portrait de la société des années 1920 et nous régale des subtilités de notre langue (qui ne se souvient pas de la fameuse tirade où le fameux docteur demande à son patient si cela le "chatouille ou le gratouille" ?).
Un roman populaire qui doit son succès au personnage central dont on ne sait finalement pas s'il était un simple philanthrope ou un escroc confirmé.
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Est-il meilleure époque que celle où une pandémie virale nous fait perdre ceux de nos repères qu'on pensait les plus solides, où une réincarnation druidesque ( pour mémoire, j'en appelle à Wikipédia : "Le druide est un personnage très important de la société celtique, au point qu'il est à la fois ministre du culte, théologien, philosophe, gardien du Savoir et de la Sagesse, historien, juriste et aussi conseiller militaire du roi et de la classe guerrière1. Il est en premier lieu l'intermédiaire entre les dieux et les hommes.") célèbre un nouveau culte du côté de Marsiglia et convulse les foules piaffant à l'idée de l'avènement d'un nouveau prophète, où le corps médical se déchire pour savoir lequel d'entre ses plus éminents membres aura son rond de serviette sur une chaîne info où il fera la pluie et le beau temps à défaut de présenter la météo, où des noms tels ceux de Pfizer, de Moderna, d'AstraZeneca, de Spoutnik, sont désormais plus célèbres, dans nos pays où bouillonnent les cultures, que ceux de "quidams" injustement méconnus, et que l'historienne des sciences Margaret Rossiter a théorisé sous le nom "d'Effet Matilda", est-il meilleure époque que celle où un ennemi invisible réveille nos peurs ataviques et laisse, aux dires de certains, s'installer "une dictature sanitaire", pour relire - Knock ou le Triomphe de la Médecine - de Jules Romains ?
Pour ma part, les retrouvailles avec ce précurseur d'une certaine vision de la médecine moderne, qu'est la figure de ce cher ( au sens de coûteux ) Docteur Knock, ne me sont jamais apparues aussi opportunes et "bienfaisantes".
Knock, pour qui " les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent " est un autodidacte ( sa culture médicale ne s'est-elle pas constituée à la lecture des notices de médicaments apprises par coeur ?). Il acquiert, en se faisant gruger par ce dernier, la clientèle provinciale du Docteur Parpalaid, un médecin "passéiste" et plutôt raté, lequel a exercé sans art et sans fortune pendant 25 ans à Saint-Maurice.
Knock ne s'en laisse pas compter pour autant. Avant de devenir médecin, il a été un homme d'affaires et a fourbi ses armes dans le négoce des cravates et de l'arachide.
Et c'est en entrepreneur qu'il va s'employer à faire de Saint-Maurice et de son cabinet la démonstration que la médecine moderne s'intègre parfaitement dans les pratiques du marchéage.
Dieu se sert des cloches pour faire sa pub, lui va utiliser le tambour... pour initier la demande.
Pour appâter le client, pardon le patient, est-il meilleure technique que d'offrir tous les lundis une matinée gratuite ? Les gogos se précipitent...la peur de l'inéluctable finitude, l'ignorance, le doute, le prestige de la fonction, un jargon que n'auraient pas désavoué les médecins de Molière, des tableaux impressionnants, la personnalité de l'homme, autosuggestionnent des Saint-Mauriciens bien portants qu'un régime et un traitement "adéquates" vont réellement rendre souffrants, affaiblir et assujettir au pouvoir de Knock. Knock qui affirme : " j'estime que malgré toutes les tentations contraires, nous devons travailler à la conservation du malade". Entendez par là, qu'il faut tout faire pour que non seulement le malade ne meure pas, mais qu'il ne guérisse pas non plus... afin de ne pas en perdre "l'usufruit".
En bon DRH, Knock sait aussi qu'il a besoin de "collaborateurs", de comparses autour de lui. Aussi soudoie-t-il l'instituteur, le pharmacien, l'hôtelière en jouant sur la corde sensible de chacun d'entre eux... et en prenant bien soin, pour ce qui les concerne, de les garder, eux, en excellente santé.
Au bout de trois mois Saint-Maurice n'est plus cette bourgade dans laquelle a exercé pendant 25 ans le docteur Parpalaid, revenu pour toucher la part trimestrielle de la vente de son cabinet.
C'est, dirait-on aujourd'hui, une ville sanitarisée, sur laquelle règne un gourou tout-puissant. Un escroc ? À vous d'en décider. Il est surtout l'apôtre d'une nouvelle religion qui voudrait " mettre au lit toute une population pour voir, pour voir...". Un sectaire (anachronisme)... auquel, ultime clin d'oeil de Romains, le Docteur Parpalaid demande une consultation.
Car Knock c'est le défi de l'emprise, de la toute-puissance "Il n'y a de vrai décidément que la médecine, peut-être aussi la politique, la finance et le sacerdoce que je n'ai pas encore essayés"... nous confie-t-il malicieux et cynique ( ? ).
Alors oui, cette farce de Romains n'en a pas fini de farcir des dindes... Et si nous étions l'une d'entre elles ?
À lire et à relire... et c'est drôle !

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