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3,46

sur 170 notes
Ce fut ma première lecture de Jules Romains, voici bien longtemps.
La farce était fort sympathique, qui ridiculisait pas trop méchamment le Politique, l'Armée et le Clergé.
Ce sont Ambert et Issoire, imprudemment ostentatoires sur la carte de France, qui feront les frais de ce canular minutieusement concocté.
Le livre est aimable, donc, et j'en relirai volontiers quelques bon morceaux bien savoureux dans mon souvenir.
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Une lecture que j'ai engagée contrainte et forcée (par les lois de la camaraderie), à cause du désagrément très prononcé que j'avais eu à regarder le film avec Claude Rich, Noiret et consorts. Film ouvertement franc-maçon (pour ceux qui l'ont vu: "Vous êtes maçon, Monsieur? - Moi aussi, je suis maçon!" etc.) qui évoque une volonté morbide de subversion destructrice par haine de la société française, et nous rappelle les dignes origines de mai 68 et du Syndicat de la Magistrature.

Eh bien, rassurez-vous: c'est une récupération et un détournement. Chez Jules Romains, rien de tel. L'esprit, tout différent, est celui d'une bande d'amis qu'emmerdent les conventions, les idées reçues, les allocutions officielles, lesquelles sans doute - à la différence du "politiquement correct" - n'étaient pas intrinsèquement toxiques, venimeuses et suicidaires, mais dont la médiocrité et "l'esprit de sérieux" n'en étaient - évidemment - pas moins ressentis comme épisodiquement asphyxiants par les jeunes gens intelligents, surtout s'ils aimaient la fantaisie.

Alors, tout y passe: les politiciens de province, l'Armée, les curés, mais il n'y a aucune haine, c'est drôle comme un monôme de potaches qui s'amuse sans intention de faire mal ou de mal faire. Le sermon du curé était ce que je redoutais le plus parce que je l'avais trouvé écoeurant dans le film. Or il est ici à se rouler par terre. C'est de la farce, et le cataclysme orgiaque en guise d'ite missa est relève de Rabelais ou Brassens (*). Un grand moment d'anthologie.

Cette lecture m'a poussée à une réflexion un peu plus profonde à partir du contraste entre le film et le roman. En effet, les dialogues, les scènes, et même le sermon du film sont étrangement fidèles à ceux de Jules Romains. Et cependant le film est répugnant et sinistre tandis que le livre est joyeux et optimiste. le tout, une fois de plus, n'est pas la somme des parties. C'est l'esprit qui fait l'oeuvre. L'âme au sens d'Aristote, le principe de mouvement qui la transcende et la fait vivre.

Je terminerai en ajoutant cette autre réflexion personnelle, qui, oh! sans doute ne casse pas non plus trois pattes à un canard (mais bon je n'ai jamais prétendu au génie): impossible de "citer des extraits"! Par définition, dans un grand roman, qu'il soit tragique, comique, les deux ou ni l'un ni l'autre, il n'y a rien à jeter, et toute citation paraît dérisoire au regard de l'ensemble. Il faudrait pouvoir tout citer, et comme dans une nouvelle de Borges, on se retrouverait à réécrire tout le bouquin!

Ah, si peut-être, l'appel à l'autorité de saint Pie X pour justifier le sermon... Mais non, lisez tout.^^

-
(*) On apprend par René Fallet que Brassens avait détesté le film. Pour quelle raison? C'est ce que Fallet ne dit pas. Mais je me plais à imaginer que Brassens était trop "sain" pour apprécier la subversion vicieuse; sa "subversion" à lui étant d'une toute autre nature, et certainement incompatible avec la haine sordide du film.
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Des livres, même en édition de poche, ont des vies courtes (les traductions des romans de Steven Saylor par exemple) et d'autres comme Les copains de Jules Romains ont une longue vie.
Jules Romains tourne en dérision trois institutions : l'armée, le clergé , les représentants de la vie politique. N'ayant aucun rapport avec ces institutions, je n'ai pas pu apprécier à leur juste valeur, les farces qu'il proposait.
La longue vie de l'édition cette étude de moeurs m'étonne, car le livre est politiquement incorrecte : Les copains se sentent heureux que lorsqu'ils ont bu plus de raison, les copains sont des parisiens qui jugent la province avec beaucoup de morgue.
Jules Romains qui s'est bien moqué des travers de la société, et il s'est fait élire à l'académie française, haut lieu de la société dont il s'est moqué. « Les copains » est sans doute une oeuvre de jeunesse.
Il y a eu deux éditions « des copains », une avant et après la première guerre mondiale, malgré cette guerre, le texte reste intemporelle, seule l'amour de la bicyclette permet de situer l'époque du roman.
L'édition de poche n'a pas de préface pour présenter le texte, c'est dommage car peut être que j'aurais pu être plus sensible à l'ambiance des "Copains".
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Livre que je vais oublier rapidement. Je n'ai pas été emballée, j'ai trouvé cela fade sans grand intérêt. L'Odyssée de farceurs, qui ne m'aura pas amusée. Déçue quand même j'avais apprécié Knock du même auteur.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Je n'ai pas pour habitude d'abandonner une lecture mais ce roman avait une fâcheuse tendance à me tomber des mains dès les premières pages. J'ai pourtant trouvé l'écriture riche et les descriptions très imagées… C'est le sujet du roman qui ne m'intéressait pas et je me demande encore en quoi les farces de ces étudiants peuvent avoir un impact positif sur les institutions qu'ils ridiculisent. Les protagonistes ne m'ont nullement été sympathiques et leur philosophie qui fait l'apologie de l'acte gratuit, de l'acte pur (qui n'est pas sans rappeler Les caves du Vatican) est loin de m'avoir convaincue de son intérêt. Bref, je trouve que le livre a très mal vieilli, ce qui ne m'empêchera pas revenir à cet auteur à l'écriture très accomplie.
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L'argument est connu; une bande de joyeux drilles, compagnons de beuveries, décident de s'attaquer aux villes d'Issoire et Ambert, sous-préfectures du Puy-de-Dôme dont ils trouvent la forme géographique grotesque. Les blagues de potaches des compères ont inspiré des générations de gredins irrévérencieux, citons au hasard les facéties de notre Gloupier et la visite célèbre du Roi Baudouin à l'Université de Louvain. Les Copains m'ont fait rire comme aucun livre ne l'avait fait jusque là. Jules Romains flatte la part anticonformiste de chacun d'entre nous et propose une salutaire partie de plaisir!
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Non, ce n'était pas le radeau
De la Méduse, ce bateau
Qu'on se le dise au fond des ports
Dise au fond des ports
Il naviguait en père peinard
Sur la grand' mare des canards
Et s'appelait les Copains d'abord
Les Copains d'abord
Bon, vous connaissez la chanson, vous pouvez même la fredonner, si ça vous chante…
Mais saviez-vous que Georges Brassens (l'auteur de la chanson, je précise pour les Martiens qui, occasionnellement, seraient de passage chez nous) a composé cet hymne à l'amitié en 1964, pour un film d'Yves Robert sorti l'année suivante, intitulé « Les copains », et interprété (excusez du peu) par des comédiens qui allaient devenir célèbres : Philippe Noiret (Bénin), Guy Bedos (Martin), Michael Lonsdale (Lamendin), Christian Marin (Omer), Pierre Mondy (Broudier), Jacques Balutin (Lesueur) et Claude Rich (Huchon). Ce film était lui-même l'adaptation (actualisée) d'un roman éponyme écrit en 1913 par Jules Romains.
« Les copains » est une farce « hénaurme » : sept joyeux drilles, quelque peu avinés, décident de punir les villes d'Ambert et Issoire (Puy-de-Dôme), parce que, disent-ils « Issoire et Ambert narguent notre assemblée » S'ensuit une série de canulars, destinés à fustiger les deux villes impertinentes ; une visite inopinée d'un ministre (en réalité Broudier), un sermon d'une sommité ecclésiastique (en réalité Bénin), l'inauguration en grande pompe d'une statue de Vercingétorix (en réalité Lesueur) le tout dans une atmosphère déjantée où les grands services de l'Etat, le Gouvernement, l'Armée et l'Eglise sont mis à mal par cette bande de trublions sans vergogne.
C'est bien ainsi qu'il faut considérer ce roman : une farce, et rien d'autre. La satire des institutions n'est ici qu'un prétexte. Nos joyeux drilles ne visent pas spécifiquement à condamner le Gouvernement, le Clergé ou l'Armée, ils cherchent simplement à faire une « hénaurme » plaisanterie. On est ici beaucoup plus près de la blague de potache que de l'atteinte aux institutions, (la critique de ces dernières étant d'ailleurs, en France, un sport national !).
Le tout est servi – et bien servi – par une écriture alerte et truculente, qui rend l'ensemble savoureux et plein de vie. Vous sourirez souvent, et même à certains moments vous rirez aux éclats, vous passerez de toute façon un bon moment.
A l'occasion, regardez le film : il vaut surtout par l'interprétation. L'adaptation – en fait une actualisation dans les années 60 – est relativement fidèle sur le fond, mais laisse apparaître une acidité, une corrosivité, (pourquoi pas, après tout), qui n'étaient pas dans le roman. L'esprit de Jules Romains, lui, est tout à fait respecté.
Des bateaux j'en ai pris beaucoup
Mais le seul qu'ait tenu le coup
Qui n'ai jamais viré de bord
Mais viré de bord
Naviguait en père peinard
Sur la grand' mare des canards
Et s'appelait les Copains d'abord
Les Copains d'abord


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Jules Romains (né Louis Farigoule), écrivain et Académicien, né en 1885 et décédé en 1972, auteur d'essais, poèmes, pièces de théâtre (Knock 1923) et de la série romanesque en 27 volumes Les Hommes de bonne volonté (1932-1947). Il est le « créateur » de l'unanimisme avec John Dos Passos aux Etats-Unis, une doctrine littéraire selon laquelle l'écrivain doit exprimer la vie unanime et collective, l'âme des groupes humains et ne peindre l'individu que pris dans ses rapports sociaux.

L'histoire débute dans un café, ce qui donne la tonalité générale du roman. Une discussion dégénère en pari quand un groupe de copains met en doute la capacité annoncée d'un litre, des pichets de vins servis par le patron. Chacun dans le troquet propose sa méthode, plus ou moins farfelue, pour vérifier les faits. Après cette mise en bouche, nous retrouvons nos copains, sept joyeux drilles, tellement contrariés par une carte de géographie où deux villes semblent les regarder avec des yeux malfaisants qu'ils décident d'aller y mettre un chambard monstre, et les voilà partis pour Ambert et Issoire dans le Puy-de-Dôme afin d'y assouvir leur terrible vengeance. Mais auparavant ils iront consulter le somnambule, un devin qui communique avec les esprits en prenant un bain de pieds dans une cuvette pleine de vin !
Se faisant passer pour un ministre, un ecclésiastique éminent ou un sculpteur généreux, notre petite troupe va investir les deux sous-préfectures et ridiculiser l'armée, l'église, l'administration, la morale et les notables. Je me tais sur les moyens utilisés pour ne pas vous gâcher la lecture, mais l'épisode du sermon dans l'église déclenchant de furieux réveils de libido parmi les fidèles vaut son pesant de cacahuètes…
Enfin vengés, nos larrons s'esbignent en douce et en vélo, vers les Cévennes pour conclure leur redoutable périple par un casse-croûte comme on les aime avec force cochonnailles et vins de toutes les couleurs.

Vous avez compris qu'on se bidonne tout au long du roman et c'est un bel exploit car le livre a été écrit en 1913, l'année prochaine débutera la boucherie de la Grande Guerre. Nos sept loustics, anarchistes sympathiques, ne pensent qu'à mettre le bordel sans pour autant avoir un message politique réel à faire passer, si ce n'est se moquer des institutions. Je dois dire que ces personnages m'ont beaucoup rappelé les Pieds Nickelés cette fameuse bande dessinée datant de 1908 pour sa première édition, même esprit, mêmes bêtises forfaitées par des potes et même amour de la dive bouteille. Si les amis de nos amis sont nos amis, les copains de Jules Romains sont nos amis pour la vie !
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Au cours d'un repas arrosé, sept amis, avec chacun leur personnalité et leurs caractéristiques, se prennent d'aversion pour deux sous-préfectures du Puy-de-Dôme, Ambert et Issoire et échafaudent des plans pour y semer la confusion.
On se demande s'il était vraiment possible de monter de tels canulars au début du vingtième siècle. Si c'est un roman de potaches (un peu sur le retour quand même vu leur âge), la langue de Jules Romains est impeccable et fait de la lecture de ce petit livre un agréable moment.
J'ai cependant eu une drôle d'impression à plusieurs reprises, celle que le livre avait été raccourci de manière très brutale. Par exemple, après le rendez-vous devant la mairie d'Ambert, ou à la fin de chaque canular dont on ne sait pas comment ils se terminent. Celui dans l'église, j'imagine que c'est pas pudeur ... Il s'agit en tout cas du plus hilarant des trois canulars et le faux-sermon licencieux est une petite merveille de détournement du langage religieux.
Le récit est forcément très daté, très masculin, très éthylophile mais surtout écrit avec toutes les finesses de la langue française, un ton très Troisième République, et des moments de poésie qui annoncent déjà, je trouve, Boris Vian.
On m'a dit que la chanson de Georges Brassens, Les copains d'abord, était inspirée de ce petit roman. Est-ce vrai ?
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Une bande de copains complètement déjantés et légèrement pris de boisson décident un soir de se lancer vers deux villes, Issoire et Ambert (??) qu'ils décident de rejoindre par divers moyens, pour y mener des actions plus improbables les unes que les autres. C'est jubilatoire, d'abord par la folie de l'action, mais aussi et surtout en raison des protagonistes, Bénin, Huchon, Lamendin, Lesueur, Bourdier et Omer, plus rigolards les uns que les autres, dotés d'une verve inimitable et toujours prêts à rigoler. Si on veut passer un bon moment, il faut lire ce livre.
Le choix des deux villes pour la seule raison qu'elles font partie des préfectures de France, représentés par des ronds noirs sur la carte, et que ces deux "yeux" avaient un drôle d'air, suffit à expliquer pourquoi ce livre ne ressemble à rien d'autre.
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