En cette fin d'année, les sorties se comptent sur les doigts d'une seule main, si ce n'est des éditions spéciales, limitées. Il y a, cependant, Belleville Éditions qui ont sorti ce bel et atypique ouvrage : ce n'est pas un roman ni un recueil de nouvelles, le format de ces
désobéissantes différent des titres habituels des Éditions nous met la puce à l'oreille, mais une véritable plongée dans la culture roumaine ET féminine, dans les destinées de ces femmes qui ont contribué à l'essor et au rayonnement de leur pays, et d'elle-même, tant au point culturel, intellectuel ou sportif.
Lorsque j'ai reçu ce livre, je me suis immédiatement mis à le feuilleter : chaque portrait de femme s'étale sur deux pages, l'une pour un texte – une narration d'une vingtaine de lignes sur un épisode de la vie de la femme en question et suivie d'une biographie succincte-, l'autre pour une illustration. Et je dois dire que, visuellement, cette première et rapide lecture du titre fait son petit effet, la première de couverture nous donne en effet un bon avant-goût de la richesse de ces dessins résolument engagés.
Désobéissantes est avant tout un projet mené de front par les cinq auteures roumaines « dans le but de transmettre à la jeune génération l'idée qu'il est possible de rêver, de croire et d'aimer, sans avoir à en demander la permission. » Ces auteures font partie de l'association de basm, qui a porté les
Désobéissantes.
Je parle d'engagement parce qu'on a affaire à des femmes, toutes pionnières et innovatrices dans leur domaine, qui ont apporté un souffle inégalée dans cette Roumanie sclérosée par des régimes dictatoriaux successifs entre 1938 et 1989. Comme il faut bien commencer quelque part, je parlerai en premier de celles qui portent un nom qui parlera au plus grand nombre, celui de
Herta Müller, la lauréate du prix Nobel de littérature en 2009, celui de Nadia Comăneci, la célèbre gymnaste, pour laquelle j'ai une affection particulière à cause des souvenirs que j'ai d'elle depuis un film et de documentaires se basant sur sa vie, celle qui a amené la gymnastique roumaine à un niveau d'excellence inédit.
Ce grand et beau projet compte :
✮ 4 auteures ✮ 18 illustratrices ✮ 2 traductrices ✮ Pour la France, Belleville Editions
Ni totalement biographique, ni totalement romancé, les auteures se sont inspirées et appuyées sur un épisode de la vie de chacune de ces femmes qu'elles ont décidé de mettre en lumière : mettant en exergue par la même occasion une page du patrimoine roumain.
Quelles femmes ?
Des artistes, mais aussi des présidentes d'association amatrices d'art, des musiciennes, actrices, des auteures, sportives, chirurgiennes, danseuse, sculptrice, directrice de musée, journaliste, professeure de philosophie, chercheuse, reporter, pianiste, architecte, prédicatrice, astronome, peintre, parachutiste, espionne, médecin, archéologue, officier, astrophysicienne, ingénieure, avocate, militantes, activistes et même des reines et princesses.
Prenons l'exemple d'une personnalité, celle de Miriam Răducanu, danseuse et chorégraphe roumaine, née en 1924. Elle a pendant longtemps enseigné la danse, notamment aux grands danseurs roumains et a fondé un projet théâtral hors du commun Les Nocturnes « , série de spectacles uniques et innovants qui associent musique, poésie et danse ». le texte précède sa biographie s'étalant sur à peine cinq lignes et s'intitule le salon magique : ce texte se découpe en trois parties dont chacune d'entre elle narre trois moments de la vie de Miriam Răducanu, trois moments importants ou à chaque fois elle se trouve dans un salon de danse, enfant, adolescente et adulte : élève puis professeure.
Je parlerai également du chapitre consacré à Gina
Badescu, alpiniste roumaine, la première à avoir grimpé un sommet de plus de 8 000 mètres, le sommet Lhotse, quatrième plus grand sommet du monde. La partie narrative s'intitule Grimpe ton Everest ! Et recrée l'un des moments de son ascendance vers le sommet : l'effort, le dépassement de soi, l'épuisement, la solitude, la satisfaction.
Les narrations comptent quelques dizaines de lignes, le temps de s'attarder, d'expliquer l'accomplissement de ces femmes, cette force intérieure qui les a amené à s'inscrire dans l'histoire de leur pays, de la science, politique, sport ou des arts et de la femme. Je laisse le dernier mot à un extrait du préambule qui s'ouvre sur les portraits :
« Bien sûr, ces femmes-ci ne représentent qu'une partie de celles qui ont fait
L Histoire. La liste est ouverte à nos lecteurs et lectrices. Observez les passé, mais aussi autour de vous ! Surtout… osez ! Vivez pour faire partie d'une histoire, pas d'une parenthèse. Trouvez le miracle qui est en vous. Soyez… un conte de fées ! »
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