Thorgal, tome 9 : Les Archers

Bon, allons direct au but : c'est pour moi le meilleur album de la série.

Pour le récit d'abord, centré sur un tournoi de tir à l'arc où les exploits des participants s'enchainent, de plus en plus impressionnants, et où Thorgal les dépassent tous sans suer une seule goutte. Un récit plutôt léger en comparaison du niveau de tragédie exploité dans la série. La mort d'un ennemi n'est pas le but ultime ; il faut seulement gager un concours. Ça fait du bien.

Mais avant tout pour l'arrivée de nouveaux personnages forts : le solide et confortable fabriquant d'armes Arghun Pied d'Arbre, son neveu le talentueux mais naïf Tjall le Fougueux.
Et surtout, surtout, la belle, vénéneuse, intelligente, implacable, cruelle et tragique Kriss de Valnor qui fait son entrée dans la série et en deviendra un personnage récurrent et incontournable. Probablement le plus fort caractère de la série ; contrepoint parfait d'Aaricia et de Thorgal réunis. Femme dans un monde d'homme, qui a décidé de lui faire rendre gorge, de le plier à sa volonté. Femme pourtant, qui ne pourra s'empêcher de relever le défi ultime : amener son négatif parfait, le bloc de morale sur pattes, aussi implacable qu'elle, Thorgal, à l'aimer. Car elle, elle sera conquise corps et âme même si son attitude le niera.
Mais ceci est encore à venir.

Je considère souvent cet album comme le véritable début de la mythologie Thorgal ; le moment où le chemin qui se cherche au milieu de la forêt devient une vraie route.

Cinquante pages de plaisir 50 carats.

Un des meilleurs one-shot de la série, selon moi. Thorgal, qui a perdu son embarcation lors d'une tempête, ne peut rejoindre son île où l'attend sa famille. Afin de récolter les fonds nécessaires à l'achat d'une nouvelle barque, il s'inscrit à un concours d'archer, organisé par le seigneur de la région, concours pourvu d'une solide récompense pour le vainqueur.

Pour ce qui est du dessin, inutile d'en dire trop, il est de Rosinski, il est donc magnifique. La composition des planches qui illustrent les épreuves du concours est particulièrement réussie. le scénario est relativement simple, mais fort bien mené, sans temps morts et très bien adapté au format du one-shot. Ce qui fait le sel de cet épisode ce sont ses personnages. En effet, il voit la première rencontre entre Thorgal et Kriss de Valnor, ainsi que les premières apparitions de Tjall le Fougueux et de son oncle Arghun Pied-d'Arbre (un fabricant d'arme, surtout des arcs et des flêches), que le lecteur pourra retrouver, entre autres, dans le cycle du pays Qa. Quant à Kriss de Valnor, véritable ennemie intime de Thorgal, elle déploie, dès le début, toute l'étendue de ses talents et de la complexité de sa personnalité. Femme forte, dans un univers d'homme, elle est capable de remarquables prouesses martiales, mais sait également se montrer séductrice, bref, elle utilise les armes des deux sexes avec talent. Néanmoins, il serait injuste de ne voir en elle qu'une "méchante". La scène où elle est capturée par des bandits et violée plusieurs fois est clair à ce sujet. Kriss de Valnor est certes capable des pires bassesses et cruautés, mais c'est le monde dans lequel elle vit qui l'y contraint. Par ailleurs, les quelques larmes que nous la voyons verser ne laisse aucun doutes, quant à son humanité (de même que les sentiments qu'elle va développer progressivement envers Thorgal). Pour moi, il est clair que les auteurs avaient l'intention, dès le départ, d'en faire un personnage au long cour.

Un excellent épisode donc, qui demeure très apprécié des fans de la série.

Je ne m'attarderai pas sur Thorgal en général ; je considère cette épopée comme un must, autant par le dessin que par la trame.

Cependant, je souhaite dire une petite chose concernant cet album en particulier, le numéro 9 où notre héros va faire la connaissance d'un personnage important qui va vite devenir incontournable et qui va jouer un grand rôle dans la suite de ses aventures : la belle et quasi diabolique Kriss de Valnor.

Aussi belle que dangereuse, Kriss de Valnor, femme guerrière experte dans le maniement de l'arc et des hommes (enfin de la plupart...) donne à ce tome un piment et une séduction qui m'ont définitivement donné l'envie de m'investir dans l'épopée toute entière. Pour cette raison, je porte à cet album une affection toute particulière.

Un concours d'archers par couple où l'adresse va de pair avec le risque. Une pierre de sang mystérieusement volée. Une jeune femme violentée par ses ravisseurs avide de vengeance... Et si cet album de Thorgal était un des sommets de la série ? Dans le genre héroïque - sans trop de fantastique - en tout cas, il fait plus que toucher sa cible.

Le scénario nous conduit hors de l'île habitée par Thorgal, Aaricia et leur fils Jolan. Seul Thorgal apparaît dans cet album qui contraste fortement, et pas que sur ce point, avec le précédent. le voyage habituel de Thorgal pour s'approvisionner vire au naufrage, sa barque éperonnée en pleine tempête par un intrépide esquif. À son bord un jeune Tjall tout aussi intrépide venu voir son oncle estropié et armurier à l'approche d'un concours richement doté...

On ne s'ennuie pas une seconde. L'action rebondit sans cesse et le fil narratif, l'arc de chaque personnage est superbement tendu, nourri et maîtrisé. À côté de Tjall le Fougueux - qui commence par recevoir un superbe direct de la part de Thorgal -, il y a son oncle Pied d'Arbre, empreint de métier, de patience et de sagesse. Un vrai pilier, même avec une jambe de bois. Et puis il y a cette apparition, moitié-indienne, moitié-panthère, fausse gamine espiègle et vraie femme prête à tout après ce qu'elle subit...

Voilà en fait, ce n'est pas la peine d'en dire plus : Kriss de Valnor fait son entrée dans la série dans cet album, et son entrée dans la vie de Thorgal aussi. La dernière épreuve du tournoi avec une cible à viser sur son partenaire est on ne peut plus explicite... et jouissive. Avec Kriss la chatte sauvage, l'enfant des étoiles ne va pas s'en tirer comme ça ! Je serais Aaricia sur mon île déserte...

On pourrait aussi parler du dessin qui lui aussi fait mouche. Il campe le caractère des personnages plus vite que leur ombre. Les mène dans des décors à couper le souffle - ah ce mélange d'exotisme et de réalisme ! - au coeur de nuits chargés de mystère, ou encore de combats et de luttes au corps à corps. Comment peut-on être aussi bon dans l'illustration et dans le mouvement, dans chaque case et sur la totalité de chaque planche ? Rosinski est un génie.

Si Thorgal fait 5 sur 5 avec ses flèches sur les bulles d'argile, cet album aussi.

Ce tome de Thorgal, le 9e, est l'un de mes préférés.
Pour moi il représente une charnière dans l'épopée du beau viking venu des étoiles. L'histoire est prenante, bien menée, et ouvre sur un des cycles les plus abouti de l'univers de Thorgal : le cycle de Qâ.
Le dessin est beau et clair, du grand Rosinski.
Et surtout, c'est dans ce tome qu'apparaît Kriss de Valnor. Belle et féroce, aussi habile dans les arts de la guerre que les hommes, elle va devenir au fil des aventures la meilleure ennemie de Thorgal. A mon sens, ce personnage complexe et captivant, est l'un des meilleurs personnages féminins créé par Van Hamme.

Challenge BD 2017