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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Job. Tout le monde connait la figure mythique que nous a legue la Bible. le martyr qui se rebelle contre le Dieu qui l'accable, justement parce qu'il est croyant, et devient le grand blasphemateur. Joseph Roth reprend cette figure et reecrit son calvaire, changeant les details, les lieux et les temps du recit biblique.

Roth place son Job dans la Russie Tsariste de la fin du 19e siècle et l'Amerique du debut du 20e. Il l'appelle Mendel Singer, un petit juif a l'horizon etrique. Les temps sont difficiles et son Dieu s'acharne sur lui (Pour ce juif si traditionnaliste, si simple, il n'y a ni nature ni hasard; tout est Dieu): il le condamne a etre pauvre, il l'accable d'un fils, son petit dernier, qui ne peut se developer normalement et devient un objet vivant. Ses autres fils abandonment l'un après l'autre sa vieille voie traditionnelle juive: son aine s'engage dans l'armee et renie en fait son judaisme; sa fille flirte et couche avec les cosaques du coin; son deuxieme fils fuit et part pour l'Amerique, ou il change son nom de Shemaryah en Sam.

Suite a la reussite economique de Sam, Mendel le rejoint en Amerique, surtout avec l'espoir de "sauver" sa fille, laissant derriere lui son benjamin, aux soins aleatoires de voisins. En Amerique, Sam, son fils, se porte volontaire pour la guerre (la 1ere guerre mondiale) et est tue en Europe. Son autre fils est lui aussi tue sur le front russe. Sa femme meurt de chagrin. Sa fille devient folle, a interner. Alors Mendel se revolte: il renie son Dieu, ce Dieu qui l'accable, qui s'acharne, selon ses propres dires, sur les plus simples, les plus demunis. Un Dieu qu'il accuse non pas d'injustice mais de mechancete a l'etat pur. Un Dieu des tenebres. La fin s'ajustera au modele biblique et nous aurons droit a une reconciliation un peu artificielle, une sorte de "deus ex maquina", pas trop credible.

De tous les ecrivains juifs de la generation austro-hongroise d'entre les deux guerres mondiales, Roth est celui qui comprend le mieux, qui decrit le mieux, le vecu juif. Sa propre biographie y est surement pour quelque chose: il est ne dans les confins de l'empire, dans une petite ville de Galicie, et n'est arrive a Vienne que déjà adulte. C'est un juif non-croyant, un juif accidentel, un socialiste desenchante, qui devient catholique par nostalgie de l'empire qu'il voit deperir. Lui aussi est une sorte de Job: sa femme doit etre internee suite a des attaques de folie, ses livres sont interdits et brules par le Reich millenaire, il fuit, il erre, il continue d'ecrire meme quand son public naturel le vomit et qu'il n'espere plus de potentiels lecteurs, il sombre dans l'alcool et en meurt.

Ironie de l'histoire? ses ecrits survivent. Dans "Job", avec une economie de moyens tres stricte, il arrive a nous donner une relation (tres realiste? Je le crois du moins) de la vie des juifs dans les bourgades de la Russie tsariste, et juste après dans les quartiers des immigrants en Amerique. Il arrive a transmettre ce que fut pour ces juifs de l'est (les Ost-Juden) la fascination qu'exercaient Vienne et Berlin, ce qu'etait pour eux le reve americain. En contrepoint, il excelle a decrire la gene, la detresse du quartier juif de New York au debut du 20e siècle. le tout en des descriptions contractees a l'extreme, mais qui font le boulot: le lecteur s'y croit, en Russie, en Amerique, avec ces juifs qui voient leur monde changer, s'ecrouler autour d'eux.

Ce livre est sous-titre "Roman d'un homme simple". L'homme en question n'est pas si simple, et il est bien cerne, bien decrit par Roth. C'est peut-etre le roman qui est simple? Non, c'est simplement un bon roman.


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Le roman d'un homme simple vivant dans une communauté juive de Russie. Dans la première partie, Mendel Singer maître d'école pour jeunes enfants dont il transmet uniquement la connaissance de la Bible, sa femme Déborah s'occupe de la maison et de leurs quatre enfants, Jonas, Schemarjah, Mirjam et Menuchim. Ils vivent modestement et toujours dans le droit chemin de la religion. Divers évènements vont pousser la famille à quitter le village pour aller rejoindre Schemarjah devenu Sam aux États-Unis, à New York, c'est là que commence la seconde partie du livre. Les retrouvailles avec Sam devenu un « American boy » ayant son propre magasin. Mendel et sa Déborah vivent toujours modestement dans un bas quartier New-yorkais et suivent les principes religieux jusqu'à un certain jour !!!
Un livre remarquablement bien écrit j'ai beaucoup apprécié la prose de Joseph Roth, son rythme, sa façon de nous décrire la nature, les évènements, les personnages ; c'est un livre attachant, émouvant, et peut être même envoutant, à découvrir.
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Mendel Singer est un instituteur juif de la fin du 19ème siècle qui enseigne la bible à douze élèves du shtetl de Zuchnow, ville de la province de Volhynie, dans l'ancienne Russie, actuellement en Pologne. "Il était pieux, craignait Dieu et n'avait rien d'exceptionnel, c'était un juif tout à fait ordinaire" Il vit pauvrement avec sa femme et ses trois enfants, quand naît un enfant handicapé mental et physique Menuchim.
Cette famille très croyante y voit une nouvelle épreuve de Dieu, épreuve comparable à celles qu'eut à affronter Job, personnage biblique. le rabbin que la famille consultera déclara : "Menuchim, fils de Mendel guérira. Il n'aura guère son pareil dans le peuple d'Israël. La souffrance le rendra sage, la laideur le rendra bon, l'amertume le rendra doux et la maladie le rendra fort. Des yeux seront vastes et profonds, ses oreilles fines et pleines d'écho. Sa bouche restera muette, mais quand il ouvrira les lèvres, elles seront annonciatrices de bonnes choses. N'aie pas de crainte et rentre chez toi !"
Menuchim restera un enfant ne s'exprimant pas, rampant sur le sol.
Outre sa pauvreté et Menuchim, Mendel doit affronter d'autres épreuves : ses deux fils tirent le mauvais numéro et doivent effectuer leur service militaire de 5 ans dans les armées du tsar, la fille quant à elle court après les cosaques...En puisant dans les économies cachées sous le plancher, ils arrivent à faire passer la frontière à Schemarjah, afin de lui éviter le service militaire, fils qui émigrera aux Etats-Unis, Jonas, l'autre fils trouve son bonheur auprès des chevaux de l'armée impériale....
Toute la famille émigrera elle aussi, en abandonnant le gamin handicapé, abandon qui les hantera toute leur vie. La première guerre mondiale arriva, elle se déroulait bien loin de leur taudis new-yorkais, mais les États-Unis sont entraînés dans la Première Guerre mondiale mais elle apporta, elle aussi, de nouvelles épreuves toujours plus difficiles à supporter pour Mendel Singer....jusqu'au jour où il se rebellera contre son Dieu, et devenant blasphémateur l'accusera de méchanceté
Je ne vous en dis pas plus.
Je ne connaissais pas Josph Roth, je l'ai découvert à la lecture de "Ostende 1936 - Un été avec Stefan Zweig" de Volker Weidermann. Il était l'un des auteurs juifs, personnages de ce livre, censurés dès l'arrivée des nazis au pouvoir; Les livres de Roth, dont celui-ci écrit en 1930, furent brûlés en place publique par les nazis et il émigra en Europe à partir de 1933. Je ne pouvais ignorer cet auteur, décrit par Volker Weidermann, comme alcoolique et toujours fauché .
"Job : Roman d'un homme simple" est le roman de cette famille modeste et de cet homme pieux qui abandonnèrent cette vie misérable pour émigrer aux Etats-Unis, dans lesquels Joseph Roth n'est toutefois jamais allé. C'est le roman décrivant un univers assez méconnu, en ce qui me concerne, celui de la culture et des traditions juives, de l'émigration de ces pauvres voyageant dans les soutes des paquebots, vivant chichement aux Etats-Unis. C'est aussi le roman d'un homme religieux traditionaliste, qui voit ses enfants s'éloigner de cette tradition religieuse, l'un devenant militaire, l'autre prenant l'argent pour nouveau dieu et enfin la fille vivant dans le péché et se damnant pour l'éternité.....la souffrance d'un homme simple croyant en certaines valeurs.C'est peut-être aussi un roman s'appuyant sur des expériences personnelles de Joseph Roth, né lui aussi dans une famille juive modeste en Galicie, province faisant partie aujourd'hui de l'Ukraine. Il connu comme Mendel le désamour pour sa femme, qui devenant folle dut être internée.
N'y a t-il pas également dans sa vie, comme dans celle de son personnage, Mendel Singer, une certaine nostalgie pour ce monde qui disparait, pour ces traditions qui se perdent, un doute et une interrogation face à la religion?
Trois ans après la première parution de ce texte, il quittait l'Allemagne devenue nazie. Neuf ans après cette parution il mourut pauvre et alcoolique à Paris. Il avait 45 ans
Belles découvertes d'un auteur de talent et d'un texte d'une belle simplicité.
Malgré une fin surprenante, un peu tirée par les cheveux…

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Job ou le Roman d'un homme simple ou le Poids de la grâce, eh bien, c'est l'histoire d'un homme, de n'importe quel homme. Vivant presque dans la pauvreté, Mendel Singer se contente de sa situation, subvenant aux besoin de sa famille de l'enseignement élémentaire dans une petite communauté juive d'Europe centrale. Mais les malheurs commencent à se pointer : son dernier-né est malade et, à la veille de la Première Guerre mondiale, ses deux aînés risquent d'être mobilisés. L'un d'eux préfère s'exiler en Amérique.

La disparition de l'autre à la guerre, les déboires de la fille et la maladie du dernier convainquent Mendel de tout quitter et, avec son épouse Deborah, de traverser l'océan afin de rejoindre leur fils à New York. Mais les malheurs le rattrapent et Mendel perd tout. Tout comme Job, dans l'Ancien Testament.
Maître Singer, maintenant âgé, qui a passé sa vie à enseigner les Écritures, à prêcher la parole de Yahvé, se détourne de son dieu, lui lance sa colère. Après tout, le Tout-Puissant qui lui a tout pris ne peut plus rien lui faire.

D'un style simple, sans fioritures, Job touche droit au coeur. Il aborde des thèmes encore d'actualité comme la relation entre l'homme et Dieu, le destin, la famille et le vieillessement, la quête du bonheur et l'exil (ou la fuite), qui n'apporte pas toujours la solution à tout. C'est aussi une leçon, comme quoi il ne faut jamais non plus perdre complètement l'espoir.
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C'est un roman que vous avez peut être déjà lu sous un autre titre : le poids de la grâce. Il est reparu depuis peu avec une nouvelle traduction et un nouveau titre.
Dans ses romans Joseph Roth ne parle jamais de judéité sauf dans ce roman, roman que Stefan Zweig aimait particulièrement.
Dans ce roman il reprend le thème biblique du livre de Job :
« Il y avait dans le pays d'Uts un homme qui s'appelait Job. Et cet homme était intègre et droit; il craignait Dieu, se détournait du mal »
dit la Bible, si vous voulez en savoir plus je vous invite à lire le billet que j'ai consacré au livre de Pierre Assouline sur Job.
Mais maintenant place au roman.
Transportons nous dans un petit Shetl d'Europe centrale à l'époque des Tsars et des pogroms.
« Il y a de nombreuses années vivait à Zuchnow un homme qui avait pour nom Mendel Singer. Il était pieux, craignait Dieu et n'avait rien d'exceptionnel, c'était un Juif tout à fait ordinaire »
Mendel Singer est un maître d'école pauvre ...comme Job.
Sa femme Deborah n'est pas toujours facile
« Elle lui reprochait les enfants, la grossesse, la hausse des prix et souvent même le mauvais temps. »
et en cette veille de guerre mondiale une catastrophe s'abat sur sa tête, ses deux fils ont tiré le mauvais numéro et doivent partir au service militaire.
Son fils cadet choisit de déserter et de s'embarquer pour l'Amérique afin d'échapper à la conscription. le second lui rejoint l'armée.
Le sort s'était déjà acharné sur Mendel car son dernier enfant, Menuchim, est sévèrement handicapé ET sa fille Mirjam n'a pas trouvé mieux que de s'amouracher d'un cosaque ! Un comble en ces temps de pogroms.
Comment ne pas se sentir accablé, comment ne pas maudire Dieu après cela ?
Mendel ne baisse pas les bras et lorsque l'occasion d'émigrer aux Etats-Unis lui est offerte, il ne la laisse pas passer. Mais, car il y a un mais, il laisse derrière lui son plus jeune fils incapable de supporter le voyage.
C'est un superbe roman, le monde juif de la fin du XIXème siècle nous emporte de part et d'autre de l'Atlantique, nous faisant passer de la vie du Shetl à celle d'Ellis Island.

Comme dans la Bible, Mendel reste digne et fier malgré les vicissitudes qui s'abattent sur lui. le roman est une magnifique allégorie, une parabole qui a valeur universelle.

Joseph Roth s'attache à ne jamais nous arracher des larmes et l'écriture est d'une grande sobriété. Il y a pourtant des passages très lyriques comme cette marche dans la neige des deux fils, l'arrivée dans ce nouveau pays où pourrait enfin couler le lait et le miel, les rapports de Deborah et Mendel toujours sous tension.

Nul besoin de connaitre bien la Bible, même si je crois que vous irez relire le livre de Job pour l'occasion, laissez Joseph Roth vous séduire avec en bonus une excellent traduction.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Ce roman est inspiré du livre de Job de la Bible que j'ai lu deux fois et j'ai ensuite lu plusieurs commentaires du texte biblique. Tout individu peut penser à ce texte biblique lorsqu'il connait des difficultés existentielles en cascade. Personnellement, j'ai constaté dans le texte biblique à la fin du livre lorsque Job se tourne vers Dieu et Lui pose des questions, Job eut des explications de Dieu tout à fait hors du cadre de ses questions et ça m'a posé problèmes. Job, roman d'un pauvre reprend bien l'idée maitresse du texte biblique.

Mendel Singer a trois fils : Jonas, Schermarjah et Menuchim le cadet. Il a une fille Mirjam. Son épouse est Deborah. Il est juif et habite une pauvre demeure en empire Austro-Hongrois (En Russie) et enseigne les Ecritures à de jeunes enfants. Menuchim est handicapé et n'arrive pas parler. le ménage se dit : « Qu'a-t-on fait au ciel pour qu'il en soit ainsi ? » Ils vont voir un rabbin à qui on peut attribuer des miracles de guérisons, mais celui-ci se contente de dire, votre fils guérira, ajoutant ça durera longtemps. Il dit aux parents n'abandonnez pas cet enfant ! Jonas effectue son service militaire, Schermarjah déserte et part aux Etats-Unis. Il invite ses parents à le rejoindre. Mendel et son épouse Deborah décident de partir au nouveau monde, accompagné de leur fille Mirjam. Ils vendent leur maison à un ménage à qui ils confient Menuchim. En Amérique, ils espéraient trouver un monde complètement différent dans lequel il aurait été possible d'oublier immédiatement leur ancienne vie et Menuchim. Mais cette Amérique-là n'était pas un nouveau monde. Il y avait ici plus de juifs qu'à Kluczysk.

Ils reçurent une lettre de Russie disant que Menuchim retrouvait la parole. La guerre éclatât, ils n'arrivaient plus à recevoir des nouvelles de Jonas dont ils envisageaient la mort. Schermarjah parti au combat et y laissa la vie. Déborah mourut et Mirjam malade, très affecté fût, internée en psychiatrie pour ne jamais en sortir. La famille avait eu beau implorer le ciel, les choses ne s'amélioraient pas.

Mendel se faisait beaucoup de soucis et se cru responsable de tout ce qui arrivait. La vie n'étant pas meilleur en Amérique, il rassemblait toutes les économies de Deborah et les siennes, mais le reliquat ne suffisait pas pour payer le voyage.

Un voisin revenu emballé d'un concert raconta à Mendel avoir entendu un orchestre Russe en tournée en Amérique et il se fait qu'a sa tête un imminent compositeur du nom de Kossak se révéla être Menuchim. Mendel pu le rencontrer. Il était très heureux, le miracle était accompli.

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La rencontre de deux hommes hors du commun fut la condition sine qua non de l'écriture de ce roman. D'un côté il y a Joseph Roth, juif ashkénaze, né en 1894 en Galicie dans l'ex empire austro-hongrois sous le règne de François-Joseph. Son oeuvre évoque essentiellement le crépuscule de ce qui fit la Mitteleuropa, dont le Yiddishland qui ne survivra pas au second conflit mondial. de l'autre côté, il y a le personnage de Job. le Livre de Job est l'un des livres du Tanakh, la bible hébraïque. Il s'agit d'un poème didactique écrit en prose dont le thème principal est la question du Mal. Satan prétend devant Dieu qu'en cas d'épreuves répétées, Job ne le servirait plus. S'ensuit donc pour Job une longue série de mises à l'épreuve… C'est de cette rencontre que nait Mendel Singer, le personnage central du roman. La vie de Mendel est celle d'un Juif pauvre et pieux dont les nombreux préceptes du judaïsme ritualise le quotidien. En tant que mélamed, il enseigne à une dixaine de jeunes garçons lecture et écriture de l'hébreu biblique. Mendel et sa femme Deborah ont quatre enfants et il est peu de dire que ces derniers sont leur principale source d'affliction ! Leurs deux fils ainés sont peu enclins à une pratique stricte du judaïsme tandis que leur fille Myriam aime à batifoler avec les jeunes soldats russes de la caserne locale, ce au mépris de la plus élémentaire pudeur… Quant à Menuchim, le dernier fils, il est lourdement handicapé. Il ne sait dire que maman et c'est à peine si il marche. Moyennant quelques roubles, sa mère se rend à la ville pour consulter un rabbin réputé pour ses miracles. Ce dernier est formel : Menuchim guérira… Mais rien ne vient et les mises à l'épreuve se succèdent… le fils ainé s'engage dans l'armée, le cadet part pour l'Amérique: il y abandonne son prénom Shemaryah pour celui de Sam et ses affaires y deviennent rapidement florissantes. Las de cet éclatement des valeurs du judaïsme traditionnel et surtout désireux de soustraire leur fille à la vie de débauche qu'elle a choisie, les Mendel rejoignent Sam et confient Menuchim aux hypothétiques bons soins de leurs voisins. Les raisons de ce choix demeurent obscures et restent à la discrétion du lecteur... Mais on n'échappe pas à son destin… et, les épreuves reprennent : Sam l'Américain part à la guerre mais ne revient pas… Déborah ne survit pas à ce deuil et Myriam commence à souffrir de sérieux troubles psychiatriques ! C'en est trop pour Mendel qui renie Dieu. Pourquoi en effet vénérer un Dieu qui ne cesse d'accabler les hommes ? Il se traine désormais et toute vie juive semble l'avoir quittée. Puis arrive la fête de Pessah au cours de laquelle on célèbre la sortie d'Égypte et le début de la saison de la moisson de l'orge qui inaugure le cycle agricole annuel, en clair, il s'agit de la belle saison qui commence… Je n'en raconterai pas davantage. Une adaptation originale du livre de Job !
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Ayant lu "l'homme de Kiev" il y a peu, je replonge dans l'univers des juifs d'Europe de l'Est. le monde que Joseph Roth décrit est moins soumis à la persécution même si l'on devine que la communauté juive ne bénéficie pas des mêmes conditions de vie que les autres habitants de la sainte Russie. L'émigration qui en découle est soumise à un juteux trafic, sésame pour le nouveau monde. La grande piété de Mendel Singer lui fait accepter des conditions de vie très modestes, ainsi que les coups du sort, tel un enfant handicapé, se repliant sur les textes sacrés et un fatalisme que ne partage pas son épouse, ainsi que ses enfants. le mouvement enclenché par la désertion d'un des fils et sa fuite en Amérique aura raison de l'immobilisme
familial, l'invocation de Dieu faisant office de sauf-conduit spirituel. La religion est dépeinte ici comme un frein très puissant à toute évolution sociale, la punition divine est brandie en permanence comme l'explication de toute chose jusqu'au jour où...la coupe est pleine, Dieu n'est plus omnipotent, pire, il devient, aux yeux de Mendel, le responsable de ses malheurs, lui, fidèle parmi les fidèles, qu'a-t-il fait pour mériter une telle succession de malheurs ? Il frôle la folie, et se reprend à croire à la toute fin du livre par un curieux retournement de situation, miraculeux si on peut dire.
La piété, très présente tout au long de l'ouvrage, est néanmoins remise en question par le doute qui s'insinue dans l'esprit du chef de famille ainsi que par le matérialisme triomphant du fils prodigue, réussite sociale éclatante aux antipodes de l'ascétisme du père. La mort du fils est la punition, la folie de sa soeur ne peut se justifier sous le regard de Dieu, erreur divine suscitant le blasphème.
La foi montre ici ses limites, la fin de l'histoire en est la parfaite illustration.
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