Je trouve généralement fade et ennuyant les essais à la science-fiction (ou dystopie ici) d'écrivains dont ce n'est pas le style habituel dans un but de pamphlet contre un problème actuel. D'autant plus quand il y a une grande portée autobiographique, comme le sont la plupart des écrits de Roth. J'ai eu du mal à trouver l'histoire convaincante (mais après tout, on peut régulièrement voir que les êtres humains ne sont pas des êtres logiques, donc allez, laissons ça), ni le narrateur très appréciable.
Je ne connais pas assez l'histoire politique interne des USA pendant la période du livre (1940 – 1942), mais j'ai du mal à croire et comprendre tout ce qui apparait comme un fait concret et réel. J'ai lu ce livre comme une opposition aux Républicains de Bush, plus que comme une histoire censée montrer à quel point Roosevelt était un grand homme ( ?? ) et
Charles Lindbergh un monstre ( difficile à ne pas comprendre après les X fois où il le répète sans qu'on n'ait de réelles interventions de Lindbergh en lui-même ). L'acte le plus criminel de Lindbergh est la relocalisation par celui-ci de 245 familles juives dans d'autres États (et si cet acte pourrait être compréhensible dans l'idée de Roth de démontrer la montée du fascisme par l'isolationnisme au milieu de populations hostiles auxdites familles juives), j'ai du mal à voir ça plus mauvais que ce qu'a pu faire Roosevelt à la même période (l'internement de familles japonaises, p.ex.).
Au final, j'ai trouvé ce livre très chiant, pas très crédible (le parti pris de faire des mémoires d'une version alternative de lui-même de 7 à 9 ans est une idée qui aurait pu être exploitée autrement. Notamment pour la capacité de compréhension d'un enfant de cet âge, et quand il agissait comme un *enfant*, il n'était qu'un sale môme qui ne donnait aucune envie de l'aimer, et il se repose trop sur l'écriture à la 3e personne pour tout ce qui est exposition. Et puis, beaucoup trop de descriptions de sexualité pour un enfant de cet âge). Il y a quelques passages intéressants sur l'antisémitisme larvé aux USA à cette époque, mais ça ne suffit pas à rendre l'oeuvre sympathique, ni même réellement intéressante – on dirait même parfois que Roth s'ennuyait aussi à l'écrire.
La fin est quant a elle étrange, bâclée et permet uniquement de rompre la dystopie pour permettre un retour à la lignée temporelle normale, comme si de rien n'était, laissant à supposer que toute cette histoire était le délire enfiévré d'un gamin.