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sur 934 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
le Contrat Social est un véritable carrefour de la réflexion politique. L'un des chemins mènera à la révolution française, d'autres chemins sont peut-être encore à explorer. Les commentaires fournis avec cette édition soulignent une réflexion sous tension, loin de l'autosatisfaction.
L'inclinaison naturelle du genre humain n'est pas de se soumettre à des obligations réciproques. Pourtant le pouvoir religieux semble avoir réalisé l'exploit politique de faire naitre un sentiment d'obligation au-delà des frontières. La société du genre humain est un concept attractif mais peut être trompeur. Ce chemin rejoint à mon sens la perspective du matérialisme historique et de l'internationalisme de Marx.
Le Contrat Social butte sur l'idée de « Religion civile » comme d'ailleurs la République de Platon qui laisse aux Dieux le dernier mot : Rousseau est bien obligé de tenir compte de l'impermanence du genre humain… Alors la tâche s'annonce rude lorsqu'il s'agit de soustraire les peuples aux pouvoirs qui les tyrannisent. C'est le sujet urgent du contrat social : fonder la souveraineté du peuple pour que s'exprime et s'applique continuellement la volonté générale.
La réflexion est alimentée par de nombreuses références depuis la Rome antique jusqu'à Montesquieu et Machiavel, et aussi alimentée par de nombreuses polémiques avec Voltaire, Diderot et Hobbes, expliquées dans les commentaires. L'Etat qui se dessine prend les traits des Etats modernes que l'on connait aujourd'hui. L'articulation des pouvoirs législatifs et exécutifs, les modes de représentation, tout est discuté, c'est même assez technique.

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Livre très intéressant. Je regrette que l'édition choisie soit si fournie en notes qui, si elles éclairent la pensée de Rousseau, nuisent au rythme et finalement à la dynamique du propos.

Un résumé à ma sauce de la première partie de l'ouvrage :
Rousseau remarque que lorsque l'homme sort de l'état de nature, ses passions grandissent, et sa capacité à se conserver individuellement diminue. Spontanément les hommes cherchent alors à mettre en commun leurs forces individuelles. Ce transfert de l'instinct de conservation individuel vers une association commune qui défende plus efficacement les intérêts particuliers, Rousseau l'exprime comme suit : « Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant ».

La question que pose alors Rousseau est : comment fonder cette autorité légitime parmi les hommes ? Il commence par écarter 3 types d'autorité qui disconviennent à l'ambition d'en établir une légitime :
- d'abord, il rejette l'idée qu'il existe une autorité naturelle entre les hommes ; aucun ordre dans la nature ne justifie l'asservissement de certains hommes par d'autres,
- ensuite, c'est l'argument de la force qui est rejeté ; l'usage de la force par le Prince sur son peuple ne produit aucun droit,
- enfin, Rousseau repousse l'idée d'un pacte de soumission entre un peuple et son souverain ; la liberté des sujets ne peut s'échanger contre leur subsistance, leur sécurité ou leur vie.

Pour fonder cette autorité légitime, le peuple doit donc établir des conventions. Ces conventions forment le Pacte social. Il se doit d'articuler entre eux intérêt privé et intérêt commun –l'objet de ce dernier sera nommée « volonté générale ».

A cet égard, il rappelle que c'est ce qu'il y a de commun dans les intérêts particuliers qui fonde le lien social. D'autre part, cet instant où le peuple s'associe est aussi un tournant de son évolution où il doit apprendre à définir son intérêt particulier non plus selon l'ordre des passions mais selon celui de la raison. Ainsi Rousseau écrit : « Ce que l'homme perd par le contrat social, c'est sa liberté naturelle », c'est-à-dire l'état de l'animal « stupide et borné » pour devenir un « être intelligent et un homme ». La liberté naturelle qui est perdue est compensée par l'acquisition d'une nouvelle conscience plus avantageuse.

Ainsi, « au lieu de détruire l'égalité naturelle, le pacte fondamental substitue au contraire une égalité morale et légitime à ce que la nature avait pu mettre d'inégalité physique entre les hommes, et que, pouvant être inégaux en force ou en génie, ils deviennent tous égaux par convention et de droit ». Principe qui préfigure l'esprit de l'établissement, quelques décennies plus tard, de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen.

Ainsi confortée la légitimité de la volonté générale, Rousseau précise que celle-ci n'a pas besoin d'être toujours unanime tant que toutes les voix sont prises en compte. Ce qui généralise la volonté est l'intérêt commun qui unit les voix. le pacte social donne au corps politique un pouvoir absolu sur tous ses membres. Ce pouvoir dirigé par la volonté générale se nomme souveraineté.

Un acte de souveraineté c'est une convention :
- légitime (car sa base est le contrat social),
- équitable (car commune à tous),
- utile (car son objet est le bien général),
- solide (car la force publique est son garant).

Tant que la convention reste ainsi établie, elle garantit à ses sujets qu'ils n'obéissent à personne sinon à leur propre volonté. Si le pouvoir souverain dépasse les bornes des conventions générales, il ne peut que se disqualifier. A l'inverse, la loi étant la déclaration de la volonté générale, elle ne se peut être injuste.

Rousseau pose alors l'ultime problème relatif à l'établissement de la législation : « Comment une multitude aveugle qui souvent ne sait ce qu'elle veut, parce qu'elle sait rarement ce qui lui est bon, exécuterait d'elle-même une entreprise aussi grande aussi difficile qu'un système de législation ? » L'auteur fait alors émerger la figure du Législateur et en détaille les qualités. « le Législateur est à tous égards un homme extraordinaire dans l'Etat. S'il doit l'être par son génie, il ne l'est pas moins par son emploi. » En effet, il n'aura jamais vocation a être magistrats ou souverain, pour éviter tout conflit entre l'établissement des lois et leur exercice. « Si celui qui commande aux hommes, ne doit pas commander aux lois, celui qui commande aux lois ne doit pas non plus commander aux hommes ; autrement ses lois, ministres de ses passions, ne feraient souvent que perpétuer ses injustices, et jamais il ne pourrait éviter que des vues particulières n'altérassent la sainteté de son ouvrage ».

Pour l'établissement du gouvernement Rousseau reprend cette contradiction entre l'ordre demandé par la volonté général et celui de l'ordre naturel. Ce dernier classant par ordre d'importance, volonté générale / volonté de corps / volonté particulière. Ce qui est l'ordre strictement inverse à ce qu'exige l'ordre social. La constitution du gouvernement devra donc prendre en compte ce fait pour garantir un ordre social juste, en séparant les pouvoirs, accordant pour des durées limitées l'exercice des charges d'Etat, etc. soient des systèmes de contrôle pour éviter que les représentants de l'Etat détournent les efforts du gouvernement de leur but collectif.

Un livre à relire, dont les notions et leur articulation ne sont pas si évidentes qu'il me semblait de prime abord.
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"Le contrat social" de Rousseau, un livre considéré comme essentiel dans l'histoire des idées: enfin, je l'ai lu, plus par acquis de conscience que par curiosité, cependant.

L'édition que j'ai lue, comprend un avant-propos, un commentaire et des notes par Gérard Mairet; or ce qui est étonnant, est que cet auteur consacre la plus grande partie de sa glose à parler de Bodin et de sa théorie de la souveraineté. Ce qui laisse chez le lecteur l'impression que Rousseau n'a fait qu'ajouter la cerise à un gateau déjà préparé par Bodin. Ce dernier avait déjà, au 16e siècle, degagé la théorie de la Souveraineté comme définition de l'Etat, l'avait distinguée du Gouvernement, et l'avait rendue exercée soit par le peuple (idée qu'il écarte) soit par le Roi (idée qu'il retient). Rousseau a retenu l'idée de Souveraineté exercée par le peuple, et l'a fondée par l'idée d'un Pacte social entre les individus du peuple (citoyens), créant par là un peuple "personne morale". A noter que l'idée d'un contrat social elle-même n'est pas nouvelle, Hobbes l'avait proposée, mais en faisant un contrat entre le peuple et le Prince.

De manière générale, il est intéressant de lire ce que pensaient les philosophes du 17e siècle de la politique, la terminologie qu'ils utilisaient, et de voir comment les libres esprits argumentaient contre les idées en vigueur en leurs temps.
Mais c'est également intéressant de constater l'injustice dans la mémoire réservée aux penseurs. Rousseau est porté aux nues, Bodin est inconnu des non-specialistes (tel que moi, avant de lire le livre).

Il me parait que la construction politique de Rousseau s'éloigne un peu du réalisme. Par exemple, il parait prendre comme exemple Rome (ce qui apparait encore plus nettement dans les derniers chapitres), ou le gouvernement de Genève (tel qu'il apparait dans la 6e lettre écrite de la montagne, incluse en annexes dans l'édition que j'ai lue). Or, ceci influe directement sa préférence pour la démocratie directe, irréalisable dans un Etat moderne.

En conclusion, d'une part, il y a un apport - un apport nouveau, tout de même - dans l'ouvrage de Rousseau, mais un apport en grande partie redevable aux pensées de Bodin (et Hobbes); et d'autre part, il y a une construction osée d'un Etat, satisfaisante en théorie, mais irréelle dans les faits.

Et comme le pragmatisme finit par toujours avoir le dessus, les systèmes modernes ont pris de Rousseau ce qui est réalisable; et l'expression "contrat social", tellement usitée par les politiciens ainsi que leurs contestataires, ne couvre plus les mêmes exactes notions voulues par Rousseau. du moins, telle est mon impression.
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Que penserait Rousseau de l'Europe d'aujourd'hui, et de la France en particulier ?
Dans l'Union européenne, la souveraineté est-elle bien inaliénable et indivisible ? Avec la mondialisation, le droit du plus fort ne s'impose-t-il pas sur le plan économique ? L'esclavage est-il vraiment aboli ? Dans nos démocraties, est-on bien sûr que les volontés particulières ne l'emportent pas sur la volonté générale ? D'ailleurs, Rousseau n'avait-il pas raison d'écrire que, "à prendre le terme dans la rigueur de l'acception, il n'a jamais existé de véritable démocratie, et il n'en existera jamais" ?
A l'époque des grands traités européens, et de la crise de la représentativité, d'autres réflexions ne sont-elles pas à méditer ? Par exemple : "Les députés du peuple ne sont (…) ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifiée est nulle ; ce n'est point une loi."
Voilà en tout cas quelques-unes des questions que je me pose après avoir lu pour la première fois ce petit traité en somme très actuel.
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De manière générale, j'ai beaucoup de plaisir à lire Jean-Jacques Rousseau, même si je n'adhère pas à toutes ses idées. Il faut tout de même avouer que la réflexion est intéressante pour l'époque où elle a été écrite. Il est impératif que des penseurs tels que lui publient leurs réflexions pour créer un débat d'idées et faire avancer le monde.
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En ces temps agités, où la politique erre dans les zones grises et où le vivre ensemble prend des teintes qu'on croyait oubliées, ça ne fait pas de mal de se replonger dans les thèses rousseauistes.
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Voici une des oeuvres majeures, pour moi, de Jean-Jacques Rousseau, que je connaissais déjà partiellement mais n'avais jamais lue dans son intégralité, même si je garde ma prédilection pour le Discours du fondement de l'inégalité parmi les hommes.

D'une manière extrêmement rigoureuse et dépassionnée, où il n'enfourche qu'à peine et à rigueur ses marottes, refusant ressembler à la caricature que nous laisse la fameuse lettre de Voltaire d'un être asocial, Rousseau passe en revue les différentes manières dont les sociétés se forment et les structures dont elles se dotent pour fonctionner, assurer la justice, la répartition des richesses, la sécurité...

Si, bien sûr, la démocratie est discrètement mise en valeur par rapport à la monarchie, il a la clairvoyance de n'en pas faire un régime-panacée et il s'efforce même d'étudier conjointement ces régimes, uniquement du point de vue des pouvoirs, des structures et pas distinctement.

C'est toutefois et par instants un peu aride à cause de cette rigueur intellectuelle et de ce manque de passion : c'est en fait un cours. Mais il y a vraiment des passages qui relancent l'attention et excitent franchement l'entendement. Et le qualificatif de "génie" me vient de plus en plus facilement quand je lis Rousseau, tant je le trouve visionnaire. Pour certaines citations, je me dis que beaucoup de nos penseurs, néo-libéraux ou au contraire alternatifs, peuvent aller se rhabiller (je pense notamment à Naomi Klein pour "La Stratégie du choc").

Et enfin, la passionnée de civilisation romaine que je suis n'a pu qu'adorer la très longue étude que Rousseau fait des fonctionnements de institutions de la République romaine, à la réserve près toutefois qu'il mélange allègrement les époques sans préciser chaque fois à laquelle il fait allusion, si bien que je reste circonspecte au sujet des éloges qui fait de la représentation démocratique aux comices : à l'époque de Cicéron, par exemple, on arrête de voter dès que la première classe de citoyens a fini de voter, sous prétexte que dès la fin de leurs suffrages, une majorité se dégageait ! Une ploutocratie ne peut être louée pour sa représentativité.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Dans cette ouvrage du contrat sociale,l auteure essaie de nous montrer en quoi il est interessant que l homme participe au developpement de sn pays cest ainsi kon se demande ce kon peut fer pour notre pays et non c k notre pays peut fair pour nous
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L'état de nature serait presque ici l'état de société chez Hobbes. Hobbes avait tendance à justifier l'État. Rousseau nous rappelle qu'un état de société peut être dévoyé. Pourtant, qu'il soit dévoyé ou qu'il ne le soit pas, l'amour de soi naturel se transformera toujours en un détestable amour-propre. Pessimiste en un tout autre sens que Hobbes, Rousseau croit en la nécessité d'un contrat équitable. Et, pourtant, son état de nature semble si préférable à l'injuste ordre social des inégalités...
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Du contrat social est un ouvrage philosophique sur la justice, les lois, les Hommes, l'Etat.
Il pose les bases de la liberté et de l'égalité qui seront repris quelques années plus tard pour la déclaration de droits de l'Homme et du citoyen.
Rousseau nous parle de son projet de société, qui pour lui n'existe pas.
Que l'état de nature est préférable à l'état civil mais qu'il faut le modifier faire pour que les hommes puissent vivre ensemble sans se battre, mettre dans cet Etat de l'Humanité, de la moralité et consulter sa raison avant ses penchants.

Du contrat social est un ouvrage proposant une réflexion sur le rapports des autres envers soi-même et vice versa.
(je me suis arrêtée au premier livre)
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