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Rousseau était blasé de sa société, de ses contemporains et de leurs moeurs, ainsi il créa son monde idéal avec toutes ses idées qui ont inspiré les romantiques et enchanté plus d'un jusqu'à présent. Pour ce faire, il choisit la forme épistolaire, d'abord genre en vogue, ensuite il pouvait s'exprimer avec plus de liberté en se détachant de l'essai, ce qui a donné une oeuvre à mi-chemin entre roman et essai. Ce roman était peut-être l'aire de repos où il pouvait reformuler ses idées qu'il développait dans ses ouvrages majeurs (Du contrat social, La lettre à D'Alembert et l'Emile) dans la même période.

En effet, Rousseau a fini par choisir le roman même s'il considérait la littérature comme source de corruption des moeurs. L'intérêt de cette oeuvre ne réside bien entendu pas dans l'intrigue, simple et assez commune de l'amour entre deux jeunes personnes. le véritable intérêt (selon moi) est ce choix de vivre selon sa propre pensée et humeur loin des conventions instaurées par la société. de choisir sa propre éthique et la suivre. de même la passion souvent décrite comme destructrice et source de dégradation, Rousseau l'élève et la rend salvatrice menant à la vertu. En plus de l'amour entre ces deux jeunes, l'amour de la nature est là, ainsi que celui de la vie champêtre (ce qu'on retrouve plus tard chez Bernardin de Saint-Pierre).

La lecture fut longue et lente, c'est du lourd, un roman complet où l'on trouve un peu de tout, comme si l'on lisait plusieurs. Il demande beaucoup de persévérance et d'attention, mais à sa fin on s'en sort satisfait (surtout si l'on est un peu rousseaulien). le bon Jean-Jacques est un prosateur sublime.
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Voilà un des livres que j'aime le plus à offrir à mes amies.
Je trouve que les romans par lettres constituent des phénomènes artistiques vraiment intéressants.
De prime abord, entrer dans une correspondance d'inconnus ne me semble pas très intéressant et mon indifférence est encore accentuée lorsque je sais que ces personnages sont fictifs. A priori, je n'aime donc pas trop et pourtant, sitôt que j'arrive à m'imposer l'effort de lire quelques dizaines des premiers épîtres, me voilà entraîné irrésistiblement jusqu'à la dernière missive. Cela s'explique, je crois, du fait que le lecteur d'un roman par lettre doit faire l'effort de reconstruire l'histoire et les personnages à partir des indices qu'on lui donne exclusivement dans les billets échangés par les personnages. Cela implique un effort et prend un certain temps d'adaptation, mais une fois que les fondations nécessaire à la reconstruction sont en place, le lecteur participe à l'écriture, se prend à rêver à ce qui se produit et aux personnages comme si tout cela existait réellement et c'est pourquoi ces romans si ardus à aborder laissent souvent, lorsqu'ils sont réussis, comme c'est le cas pour La nouvelle Héloïse, les souvenirs les plus indélébiles dans l'esprit de leurs lecteurs.
Dans le cas de ce roman par lettre en particulier, l'approche des personnages est légèrement facilité au lecteur puisque Rousseau y présente une Héloïse nouvelle, personnage idéalisé à partir de la maîtresse du grand Abélard dont la tragique histoire d'amour a été immortalisée dans un échange de lettre authentique du XIIe siècle. Si on fait abstraction de la médiocrité de Saint-Preux par rapport à Abélard, le portrait général de la situation dans le roman reproduit assez bien l'horizon historique où les destins d'Héloïse et d'Abélard se sont croisés, et cela permet à Rousseau de mettre génialement en contraste le progrès offert par ses idées morales par rapport à celles qui ont fait le malheur de la véritable Héloïse. En effet, l'Héloïse de Rousseau trouve une douce sérénité rendue possible par l'acceptation de son repentir et l'accomplissement de la vertu que l'ancienne, malgré tous les efforts d'Abélard, n'arrivera jamais à atteindre. Ce succès n'a évidemment rien d'une démonstration, mais il donne envie au lecteur de croire en sa possibilité.
La conclusion est en effet sublime, autant sur le plan artistique que moral. Rousseau, cet homme de coeur aux belles idées et à la sensibilité communicative, est ici au sommet de son art, accomplissant l'exploit trop rare d'une synthèse intellectuelle parfaite entre formes romanesque et philosophique.
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Saint-Preux est vraiment sot !
C'est la faute à Rousseau.
J'en ai le cul par-terre,
C'est la faute à ...
Je déteste le style ampoulé de Saint-Preux !
D'autre part, je n'ai que le tome II. Mais je me mets rapidement au courant des événements passés :
Saint-Preux, amoureux transi d'un amour impossible pour la belle Julie d'Etange, part en mer 8 ans, puis revient : c'est maintenant Julie de Wolmar qu'il a en face de lui, mariée au baron de Wolmar.
.
Quel rapport peut-il y avoir entre Héloïse d'Argenteuil et Julie ?
Je pense, et c'est une interprétation personnelle, que JJ Rousseau a voulu montrer que la femme ( noble ou bourgeoise, et non les 80% d'autres ) du XVIIIè siècle, « la Nouvelle Héloïse », était plus libre de ses choix que celle du XIIè siècle, obligée, contrainte par Abélard de s'enfermer dans un couvent à se morfondre pour lui.
Là, Julie mène le jeu, si l'on peut dire, elle choisit sa vie, celle d'une mère, épouse, maîtresse de maison, amie, chrétienne exemplaire, digne de l'amour des siens et de Dieu. Sa religiosité protestante sage (on est en Suisse ) ne plonge pas dans l'attitude dévote, dont Rousseau montre qu'elle ne sert à rien ; elle va à l'utile, et à l'altruisme. Je pense que Rousseau, peut-être moins virulent que Voltaire sur le sujet religieux, s'incarne dans le personnage de Julie, à la sagesse exemplaire, raisonnable et modérée.
.
Un livre épistolaire, qui rentre bien dans la peau de chaque personnage, mais malheureusement au détriment du continuum de l'histoire racontée......
Et puis alors !! Ce style ampoulé, grandiloquent de Saint-Preux montre sûrement sa passion pour Julie, mais, par son ton plaintif, …. j'ai du mal à le supporter :)
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Difficile de faire une critique d'un chef-d'oeuvre. Ne voulant pas tomber dans le piège d'une dissertation philosophique dans laquelle je ne serai pas à la hauteur, je vais essayer de donner mon avis le plus clairement possible. Rousseau m'a toujours impressionnée et je me contenterais presque de dire j'ai adoré.

Techniquement, ce roman épistolaire est divisé en six parties qui amènent progressivement le lecteur à réfléchir, à être acteur dans le raisonnement organisé par Rousseau. Les thèmes philosophiques sont abordés et traités dans cette oeuvre. On y retrouve la passion, la recherche de la vérité, la religion, la critique du sophisme.

Le choix de la passion amoureuse a été le thème le plus judicieux car le plus abordable pour toucher le plus de lecteurs. L'échange épistolaire amoureux sera le tremplin pour poser le précepte de l'inégalité des droits dans le cadre de la différence des classes. L'ineptie des valeurs de la noblesse au détriment du bien-fondé, de l'authenticité.

On s'attache facilement au personnage de Saint-Preux. Un roman du siècle des lumières. Sincèrement à lire pour ne pas rater une oeuvre et la réflexion qu'elle apporte avec sagesse.
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«Julie ou la nouvelle Héloïse»... J'avais repéré ce titre mentionné par Choderlos de Laclos dans ses mémorables «Liaisons dangereuses» et m'étais donc dit qu'il faudrait le lire. Mais du JJ Rousseau... Je dois avouer que je tiquais un peu à l'idée de me lancer dans ce pavé. Du coup, quand jeeves_wilt m'a proposé de faire cette lecture commune, j'ai sauté sur l'occasion. Merci à lui ;-)

«Julie ou la nouvelle Héloïse», c'est un roman épistolaire qui raconte la passion entre un jeune homme, St Preux, professeur et philosophe, et une demoiselle, Julie, élève du dit professeur et fille d'un comte. Ils savent que leur union est peu envisageable car ils viennent de classes sociales différentes. Partagés entre des périodes d'espoir et des moments de découragement, on va suivre l'évolution de la relation de nos deux amoureux sur plusieurs années, je n'en dis pas plus...
Personnellement, j'ai adoré suivre leur histoire. Rousseau a su y intégrer de nombreux rebondissements, en particulier à la fin de chaque partie (il y en a 6). Il m'a épaté, je n'imaginais pas cela de cet auteur, et j'avais bien tort car les personnages m'ont intensément émus à plusieurs reprises, ceci sans doute grâce aux belles formulations proposées par Monsieur Rousseau. Les lettres sont faciles à lire et on les enchaîne alors rapidement.

Mais «Julie ou la nouvelle Héloïse», c'est également de nombreuses analyses, descriptions et réflexions philosophiques sur tout un tas de sujets :
-les moeurs du français en général et du parisien en particulier,
-la femme et la parisienne,
-l'Opéra de Paris (la description de la chanteuse d'opéra est mémorable!),
-les rapports entre un domestique et son maître,
-la nature,
-la gestion financière du foyer,
-l'éducation,
-la religion et la foi...
Ces thèmes sont intercalés dans les différentes parties à travers les personnages, leurs déplacements et l'évolution de leur vie. J'ai trouvé cela bien amené dans l'histoire de nos deux amants. le contenu est alors très riche, j'ai souvent relu plusieurs fois des passages pour être certaine de bien saisir toutes les idées que Rousseau souhaitait transmettre.

Cependant, j'ai eu aussi la sensation d'être en mer avec cette lecture, passer du haut au creux de la vague régulièrement. Il est vrai que certains passages furent trop long à mon goût, l'impression de paragraphes à rallonge pour exprimer toujours la même idée. Moi qui bossait la journée, il m'est arrivé à plusieurs reprises de piquer du nez le soir... Toutefois, ce ressenti m'est tout à fait personnel, il n'engage que moi et même si certains sujets m'ont moins passionnés que d'autres, l'auteur incite à la réflexion à de nombreuses reprises.

J'ai envie de dire que Rousseau fait une «approche romancée de la philosophie», ce qui m'a très bien convenu. J'aimais bien cette alternance entre ces réflexions sur divers aspects de la société et l'histoire de notre couple.

Je suis contente d'être allée au bout de cette lecture, qui ne fut pas toujours facile pour moi, certes, mais qui m'a offert de magnifiques moments d'émotions et des réflexions qui sont, pour beaucoup, toujours d'actualité aujourd'hui.
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Rousseau et moi, c'est une histoire d'antipathie depuis les premiers essais de lecture avec les Confessions, qui n'a fait que s'exacerber au fil des ans et des découvertes obligées en fac de lettres. Je partais donc sur un a priori on ne peut plus négatif face à cette monstrueuse – en termes de longueur – lecture agrégative au programme. Bien m'en a pris, au moins je n'ai pas été déçue…

Comme je l'ai toujours détesté chez Rousseau, j'ai retrouvé cette plume à mon sens larmoyante et ampoulée, en constante justification inutile des faits et gestes des personnages. Je n'ai, à aucun moment de fait, pu éprouver de la sympathie pour Julie ou pour Saint-Preux, peut-être davantage pour Claire, cousine de Julie, à l'expression plus limpide et pertinente, de même que je n'ai pu trouver un quelconque intérêt à leur correspondance. A trop vouloir faire s'exprimer la sensibilité de ses personnages, elle en perd toute crédibilité et saveur, et cette histoire d'amour, qui aurait voulu, par l'intermédiaire du genre épistolaire, faire au plus vrai, a pour moi quelque chose d'un peu trop artificiel qui me gêne, et me rend difficile l'accès au sens, parfois plus profond et intéressant, de certaines lettres, qui dépassent le cadre amoureux.

Il me sera donc difficile d'analyser ce roman à l'aune de mon aversion forte pour le style de Rousseau, mais, heureusement, la multiplicité des voix et le statut énonciatif particulier du genre épistolaire, ici parfaitement mis en scène – je n'aime pas la plume de Rousseau, mais je lui reconnais une certaine capacité de construction narrative -, ainsi que les lettres qui dépassent la simple évocation de la relation entre nos deux amants, devraient me donner suffisamment de grain à moudre pour passer outre ce qui me déplaît.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Oui c'est long; oui c'est lourd; oui c'est sentimentaliste; oui beaucoup des observations et idées exposées sont démodées. Mais tous ces défauts me rendent comme plus attachant cette oeuvre maîtresse de Rousseau; on s'y plonge et on s'y perd jusqu'à la fin, dans un délire rationalitico-romantique; et l'on comprend pourquoi ce fut longtemps le livre le plus populaire de Rousseau. Tout est comme fondu dans la beauté du sentiment individuel, sensualité, passion, amour, vertu, devoir, religion et même irréligion, tous ces sujets de discordes sont réconciliés dans les personnages idéaux que Rousseau fait exprimer si admirablement, dans ses chimères où il a compensé la réalité toujours si peu satisfaisante; aucun moderne ne peut être insensible à cette oeuvre. On a beau se défendre contre la pensée de Jean-Jacques, qui sans doute provoqua bien plus de mal que de bien, on ne peut s'empêcher d'en être séduit, surtout quand elle prend les traits si sublimes de cette Julie, dont effectivetement quiconque ne l'idolâtre pas « ne sent pas ce qu'il faut aimer ».
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« Julie ou La Nouvelle Héloïse » est une oeuvre souvent étudiée au lycée, et bien sûr, je n'y ai pas coupé durant mes années d'études. Dans ce (gros) roman de Rousseau écrit sous forme de lettres, l'auteur exalte à la fois la passion et la vertu à travers l'histoire d'amour impossible de Julie D'Etanges et de son précepteur Saint-Preux. Impossible en effet car entre la jeune noble et le petit roturier, la différence sociale est trop grande pour pouvoir espérer un jour une quelconque union. Et lorsque la mère de Julie meurt, la jeune fille n'a pas d'autre choix au nom de la morale que de se plier à la volonté paternelle et d'épouser M. de Wolmar, un homme plus âgé. L'amour de Julie pour Saint-Preux se meut alors dans une sorte d'amitié idéale.

« Julie ou La Nouvelle Héloïse » peut être qualifiée d'oeuvre avant-gardiste. Cette oeuvre inaugure en effet l'expression de sentiments passionnés - mais néanmoins retenus par un vertu moralisatrice – et d'amour contrarié, tandis que vingt plus tard Cholderlos de Laclos franchit le cap du libertinage et des plaisirs de la chair avec ses « Les liaisons dangereuses ». Rousseau, retenu par sa moral, sait pourtant décrire avec emphase la passion amoureuse : attirance irrésistible, douleur de la séparation… les deux amants sont soumis à la torture… Mais la Vertu est là. La Vertu, celle qui les empêche de s'unir mais qui aussi transcende leur amour et le rend supérieur à tout autre. La Vertu, à laquelle ils acceptent de se plier, au nom de la religion, autre sujet majeur de l'oeuvre.
Alors certes, l'histoire d'amour de Rousseau m'a beaucoup moins enthousiasmée que la lecture des « Liaisons dangereuses ». Mais si j'en garde un souvenir agréable, c'est surtout dû au fait que le philosophe aborde dans son roman d'autres thèmes qui lui sont chers, comme sa vision de la société idéale, ou encore ses principes sur l'éducation. L'auteur, qui a placé la scène de son roman à Clarens, petite ville située sur le lac de Genève, en profite également pour nous dépeindre plusieurs tableaux de la nature suisse avec beaucoup de lyrisme.

Mais attention ! Ce roman de Rousseau est un gros pavé et le lire d'une traite me semble dangereux pour l'apprécier à sa juste valeur. Un peu de patience, et ça passera bien...
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Malgré l'oeuvre phénoménale que constitue le travail de J.J Rousseau. Cet ouvrage ressemble à une véritable compilation de plusieurs de ses pensées au sujet des moeurs de la société et ce dans un seul roman et non à travers des essais dans un style plus classique.

La préface de son ouvrage nous avertissait dans un premier temps : l'oeuvre ne laissera pas sans ressentiment et irritera tous car il ne prendra pas parti, et chaque camp demeurera renvoyé à ses propres intolérances.

Rousseau utilise ici la fiction d'une idylle à travers la relation épistolaire entre deux amants que tout oppose sociétalement parlant afin de transposer et décrire des bribes de ses pensées philosophiques concernant la société du XVIIIème siècle, celles des Lumières. Une société dont il critique les moeurs sur le fond de la relation amoureuse imaginée entre un jeune précepteur St-Preux et son étudiante bourgeoise Julie d'Etange.
Cette relation est pour Rousseau la symbolisation parfaite de l'ordre social qu'il prône dans ses écrits : la nature et les coeurs prévalent la condition et la fortune.

Au premier abord, je ne me sentais ni tout à fait à la hauteur ni prêt à suivre une lecture de lettres surtout au vu du volume de l'ouvrage, parfois même gêné par la longueur de certaines lettres-dissertations proposées au fil des pages. Cependant, la construction en six parties et notamment les rebondissements en fin de chacune ont permis de me garder concentré dans ma lecture. Et en se laissant le temps, sans jamais se forcer, je me suis laissé entrainer petit à petit par l'histoire, par le suspense, par la passion, par le discours et par les idées traitées sur le fond de cette idylle et pour différents thèmes sociétaux comme notamment :
- l'éducation
- le suicide
- les questions religieuses
- l'économie
- l'ordre et les égalités entre les sexes
- critique de l'innovation théâtrale de l'époque qui se rétrécit à l'élite du peuple pour les sujets représentés et l'audience visée et notamment l'idée importante que connaître un peuple ne se résume pas à connaître et étudier uniquement les classes hautes et voyantes de sa société
- critique de la condition de la femme-objet dans les sociétés mondaines
- notion de l'égalité républicaine (symbole de la république de Genève alors idéalisée par Rousseau) en opposition à la monarchie française

Dans cet oeuvre, Julie représente la pensée dite Rousseauiste tandis que St-Preux joue l'élève à l'image du lecteur, qui découvre, intègre et apprend de ses idées. En fin de roman le monde de Julie constitue alors un semblant du meilleur des mondes possibles à la Voltaire ? ou du moins à la Rousseau cela est certain.

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J'ai bien peur d'avoir un "coeur méchant" comme dirait Rousseau car j'ai un avis très contrasté sur la Nouvelle Héloïse. Que je mette près d'un mois et demi pour le terminer est très révélateur, j'ai préféré lire autre chose que le terminer d'une traite.
Il y a de très beaux passages, mais aussi d'immenses longueurs, et j'ai peiné à trouver des clefs de lecture. Une des clefs, c'est le sous-titre : "la nouvelle Héloïse". Il s'agit donc d'une relation entre une élève et son professeur, nouvel Abélard, qui l'instruit à la philosophie, à la science, et donc à l'amour. Un instructeur dans tous les sens du terme donc, lui-même étant régulièrement nommé "le Maître" par les deux cousines. Et, comme Abélard, l'union des deux amants étant impossible, il doit s'enfuir. Si son châtiment n'est pas aussi radical, il se condamne lui-même à la continence et à la chasteté pour rester fidèle à jamais à Julie - d'ailleurs, la fin est relativement ouverte, on ne sait pas s'il va se marier ou non.
Une autre clef, c'est l'utopie. le terme n'est pas prononcé, mais la description de Clarens est tellement idéalisé, la vie y est tellement paisible, douce, sans aucune tension extérieure, que j'y ai lu - en diagonale car il y a d'immenses longueurs - la description d'un monde idéal, où le couple est harmonieux, aimé de ses domestiques, mange de façon saine, se promène dans la nature... Cependant, que j'ai eu du mal avec l'accumulation des détails, et surtout sur les rapports entre les sexes, qu'il faut tenir séparés et continuellement occupés pour éviter les séductions des hommes qui entraînent les faiblesses des femmes...
Ce qui m'amène à une autre clef, celle que j'ai préférée, les descriptions de la Nature. J'y ai retrouvé les descriptions poétiques des Rêveries du Promeneur solitaire où Rousseau célèbre la nature montagnarde, des vignobles des coteaux aux glaciers, dans une vision pré-romantique où le spectacle du paysage est en harmonie avec le coeur et les sentiments des personnages.
J'en viens cependant à ce qui m'a fait ralentir ma lecture et qui m'a fait soupirer. D'abord, le style, très larmoyant - c'est ce que je reproche à Rousseau en général, et les longueurs. Au niveau du style, que les personnages se lamentent ! Oui, ils vident leur coeur, s'analysent, sur des pages et des pages. Je n'ai d'ailleurs pas compris ce que Julie trouvait à son amant, bien trop fleur bleue et contemplatif à mon goût. J'en vient aux longueurs. Les personnages font régulièrement le bilan de leur vie, ils se racontent à nouveau ce qui leur est arrivé jusque là. Et ils dissertent sur des pages et des pages du destin, de l'amour, de la vérité, de Dieu...
Ensuite, les intrigues secondaires - je me suis perdue dans les histoires amoureuses de Lord Edouard, qui ne semble être là que pour servir de confident à Saint-Preux. J'ai également beaucoup de mal avec le personnage de Wolmar, qui, loin de m'apparaître comme un homme parfait, n'est pour moi qu'un manipulateur : il ment à sa femme, organise de véritables "épreuves" pour ses amis, joue avec leurs sentiments... Et pour finir, cette conception très datée du XVIII ème siècle, où une fille doit forcément être vertueuse, et une femme ne peut être que mère, c'est ce qui la purifie et la rend complète. Julie cesse d'être intéressante quand elle devient mère, ne pensant qu'à sa famille et à son foyer. Sa cousine, jeune veuve, est plus libre, moins attachée aux conventions sociales, et donc plus agréable à lire car elle a moins de retenue.
Un avis très mitigé donc, mais je sais que j'ai certaines difficultés à apprécier Rousseau - un héritage de la lecture des Confessions au lycée sans doute...
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