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ÇA MARCHE ...
La montagne, y a rien à faire, ça grimpe. Alors tu te tapes deux heures à crapahuter dans des forêts interminables, en sinuant comme tu peux entre les rochers, toujours à l’ombre d’arbres tous plus identiques les uns que les autres (mais en fait, tu ne vois rien, tu as les yeux rivés sur tes pieds pour éviter de glisser), et quand tu arrives enfin au sommet…
Tatataaaa ! La magnifique vue ! Attention !… Ben non, t’es dans les nuages. Mais ça c’est pas grave, mon problème, c’est que, y a rien à faire, très vite, JE ME FAIS CHIER d’une force !!! Même s’il y avait eu le plus beau paysage du monde, le temps d’y arriver, et celui d’en redescendre, c’est vraiment trop chiant.
Sans compter qu’après t’être cramé les cuisses et le cœur dans la montée, tu te flingues les orteils dans la descente, tes pieds brûlent, tu te ramasses une ou deux fois la gueule par terre, t’es hyper concentrée (les yeux rivés au sol, bis) pour ne pas arriver dix fois plus vite que prévu, certes, mais en roulé-boulé, les côtes en marmelade et les épaules meurtries… ou pétées, tout pété, un tas d’os…
C’est quoi, l’intérêt ? L’intérêt, c’est que t’es arrivée à quelque chose. T’en as bavé mais tu es récompensée. Récompensée ? Les nuages, je les vois aussi bien d’en bas, tu sais. Oui, bon, d’accord, on a joué de malchance, mais imagine la vue sur les Alpes…
C’est comme la vie, tu vois, tu rames toute l’année au boulot mais à la fin, tu peux te payer des vacances.
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Que les choses soient bien claires, mon vieux. Je ne reviens pas. Je ne suis pas là pour jouer la grande dégoulinade hollywoodienne entre le pépère et sa fifille qui enfin se comprennent, se sont toujours aimés, mais la vie et blablabla et blablabla…
Une fois de plus, à l’approche du garage de La Grande Bastide, dans les hauteurs de Cassis, Collard bande. Il se dit qu’il aimerait bien l’emmancher, cette salope.