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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cette fiction aux allures d'allégorie fait immédiatement penser à L'homme-dé de Luke Rhinehardt, roman auquel il est fait allusion au cours du récit.

Charles Roux charge son personnage d'un bât d'addictions et l'homme, emprisonné par les mécanismes de son fonctionnement neurologique tente d'assouvir ses désirs en alimentant son circuit de la récompense. Malheureusement, l'addiction satisfaite s'auto-alimente dans un cercle infernal incontrôlable. du jeu à l'alcool, en passant par le sexe, l'homme tente de s'échapper pour mieux retomber.

Le jardin des délices côtoie l'enfer, sans issue possible.

Avec une écriture flamboyante, Charles Roux confirme son talent d'écrivain, dans un univers très personnel qu'il avait déjà bien campé dans Les monstres. le flux des mots construit un monde unique, très original, où transparait la nature humaine dans ce qu'elle a de plus complexe.

Beaucoup plus court, mais aussi plus concentré que le roman précédent, La maison de jeu se dévore avec une réelle addiction !

A suivre …sans modération !

176 pages Payot et rivages 3 avril 2024
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Charles Roux prend au mot notre époque du trop en racontant de manière excessive, forcément, l'itinéraire d'Antoine, joueur compulsif qui tente de se libérer de ses addictions. Pour cela, il faut traiter le mal par le mal : rien de tel qu'un bon jeu de hasard, le 31, pour remettre les compteurs à zéro. Ça y est, la roue est lancée, il ira d'une dépendance à l'autre, de Charybde en Scylla, cherchant en vain la satisfaction ultime.

Première réussite : l'instance narrative. le narrateur s'adresse à son personnage principal à la 2ème personne. Il le suit dans ses pérégrinations, le cingle, le morigène, se pose en moraliste acerbe. Alors forcément, avec ce « vous », le lecteur se sent un peu visé aussi. C'est ainsi que la portée critique du roman se déploie sans efforts. La présence fantomatique de ce narrateur omniprésent crée du même coup le malaise. Tout cela marche très bien, paraît très naturel.
Puis il y a le style, en très grande forme. Chez Charles Roux, la langue exulte, brasse, étrangle, caresse. C'est un langage en fusion dans lequel on se vautre avec passion. Oui, on en sort un peu brûlé, mais ça vaut le coup. Parce qu'il y a des passages qui marquent durablement, comme l'hilarante fellation par une mendiante dans le métro (quelle réussite !). Ou l'apparition sublime de la Fée verte, allégorie commerciale de l'absinthe et plus largement, de toutes les déviances d'Antoine.
Extrait :
« Splendide et irréelle, rayonnante et éthérée, telle est la femme qui peu à peu s'extirpe de cette mer d'absinthe. Des pieds à la tête, tout son corps ruisselant irradie autour d'elle. Mille tonalités emmêlées composent la carapace humide et vaporeuse de son être. Perdu dans le vide abyssal d'un ciel qu'elle est seule à voir, son regard est une confusion de chagrin et de joie.
Dans ses cheveux ébène, des algues emprisonnées, des coquillages et surtout le désir, pour tous les buveurs du monde, d'y glisser des doigts fiévreux, de s'y perdre pour la soirée, en si bonne compagnie, un verre à la main. »

Et la beauté fauche le lecteur désorienté…
Car où sommes-nous en vérité ?
Dans la caverne d'Ali-Baba visitée par E.A. Poe ?
Chevauchant Gregor Samsa à la poursuite d'Alice ?
Sur le tournage d'O'Brother en compagnie d'un personnage de Gogol ?
Dans un conte d'Andersen, la Bergère basculée par le Ramoneur lubrique ?
Charles Roux nous fait la démonstration magistrale que oui, tout est décidément possible en littérature. Il suffit de savoir jouer.

À lire en une fois : one shot, les doigts dans la prise !
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Attention lecteur, avant d'entrer dans cette maison, il faut que tu sois prêt. Prêt à tout affronter, à tout abandonner, à te mettre à nu, à aller fouiller dans tes entrailles. Alors, all in?

Antoine est un joueur invétéré. Mais il ne joue pas à n'importe quel jeu. Il joue au 31, réservé aux initiés, à ceux qui peuvent y aller. Sans limite. All in!

Si les dés tombent juste, une nouvelle existence s'ouvrira à Antoine. La possibilité de se défaire de ses addictions. Vraiment, Antoine ?

Du jeu à la luxure, en passant par l'argent et l'alcool, cet éternel insatisfait passe d'une addiction à l'autre. Antoine peut-il être sauvé par les dés?

J'ai adoré ce second roman de Charles Roux. On y retrouve sa plume si singulière et sa critique acerbe de la société. Torturé, il l'est sans doute un peu. Monstrueusement machiavélique, il l'est absolument. Aux côtés d'Antoine, il nous fait sortir de notre zone de confort et découvrir notre monstre intérieur.
Le lecteur est bousculé, dégouté, au bord de la nausée. Et c'est ça la littérature aussi, se confronter à ses monstres ! Allez, faites vos jeux, poussez la porte de la maison, allez-y all in !
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All in !

Accèderez-vous à la liberté absolue, Antoine ? Parviendrez-vous à vous dominer ?
Contrecarrerez-vous la frustration, source originelle de vos addictions ?

Vous êtes multirécidiviste.

Vous êtes joueur tout d'abord.
« Lumière doucereuse et tamisée, enveloppe satinée sur des corps raffinés. Faites vos jeux ! »

La folie du jeu, le pouvoir de l'argent… comment s'en défaire ?

« S'il est facile de définir l'emplacement juste pour poser la première pierre d'une construction, c'est tout autre affaire quand il s'agit de faire le contraire. Par où attaquer le démantèlement de cette existence fausse et empoisonnée par l'argent ? »

Ce n'est pas tout, il y a aussi la nourriture. Toujours peur de manquer, toujours accumuler, acheter, entasser, provisionner.

« Masturbation gastrique, le suc intestinal en guise de semence qui vous inonde de l'intérieur. »

Et il y a encore l'alcool, le sexe…

Libèrerez-vous votre « vraie souffrance, celle que vous aviez contenue si longtemps ? »

Dans son second roman, Charles Roux fait très fort. Il plonge le lecteur dans une atmosphère fantastique, immorale, très fréquemment malaisante. le lecteur est constamment bousculé. Cela est dû au choix narratif. Ce « vous » qui interpelle autant le lecteur que son personnage principal, Antoine. Ce « vous » à la fois accusateur, perturbant, bousculant, raillant, ... Ce « vous » qui ressemble à un plaidoyer d'un procureur général, qui rend la lecture si particulière... et le texte si fort et marquant.

Horreur, fantastique, critiques acerbes… Les pages renferment beaucoup de noirceur, beaucoup de dureté… avant une fin magistrale, pour ne pas dire … monstrueuse !

Car oui, le parallèle avec son premier roman, les monstres, est évident. Antoine à l'instar du monstre, nage dans la solitude, est perclus de douleurs, incapable d'agir alors même qu'il est rempli d'espoir. Ce sont les montagnes russes : entre reprise en main et rechute, entre volonté et craquage. Son questionnement comme celui du lecteur est permanent. Comment ne pas se sentir visé ? Comment ne pas voir en Antoine notre double ? Comment ne pas se retrouver confronter à nos tourments ? A s'introspecter ?

Parlons également de l'écriture. Elle est extrêmement travaillée, littéraire à souhait et étincelante. Elle est de plus très visuelle. Elle décrit au plus près et pénètre au plus profond, elle pousse Antoine (et par conséquent le lecteur) dans leurs ultimes retranchements. Ce « vous », encore une fois, marque de manière indélébile le cerveau du lecteur. C'est érudit, c'est ambitieux et c'est bluffant !

« Oui le monde serait meilleur s'il se débarrassait de son impudeur crasse, de sa propension à se rouler dans le plaisir creux et dépourvu d'amour. »

Du grand Charles Roux, qui confirme ici son talent indéniable. La maison de jeu est une lecture certes exigeante, mais un vrai plaisir de lecture.
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La maison de jeu, c'est là que nous rencontrons Antoine, joueur envers et contre tout, avide de tous les plaisirs, proie idéale pour chaque démon tentateur.
Mais la maison de jeu ne sera pas le seul endroit où Antoine se cherchera et peut-être se perdra.

De cercle en cercle, de tentation en addiction, de péché en faute, cet antihéros, victime consentante de ses faiblesses, nous balade dans un monde qui, pour effrayant qu'il soit par moments, ressemble fort au nôtre.

J'ai retrouvé avec plaisir l'univers de Charles Roux, découvert avec Les Monstres. Point de pavé de 608 pages et de multiples voix ici, mais un narrateur impitoyable qui interpelle et accuse, un périple condensé de moins de 200 pages.
L'écriture se fait plus directe, plus resserrée ; l'atmosphère laisse peu de répit, oppressante ; certaines scènes font frissonner, ou grimacer.

Un conte moderne qui ne laisse pas indifférent, et une fin que j'ai adorée.
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Antoine, assis sur un banc face à la mer, s'apprête à se livrer, comme chaque vendredi soir, à sa passion du jeu. Dans sa main un paquet, sorte de sésame pour un jeu sans retour. Dans cette cité balnéaire, sombre et viciée, démarre pour lui une fuite en avant. Antoine plonge dans ce qu'il y a de plus sombre en lui, soignant ses addictions par d'autres encore plus terribles.

Le récit monte crescendo, la course d'Antoine se fait de plus en plus dérangeante. Dans cette spirale infernale qui nous aspire, le lecteur doit faire face aux échos de ses propres dépendances. Des démons et des ombres hantent les pages de "La maison de jeu". Ils sont de ceux qui nous séduisent autant qu'ils nous terrifient, de ceux qui guettent nos failles constamment. Comme dans son précédent roman, "Les Monstres", Charles ose affronter nos noirceurs.

La "Maison de jeu" est un livre qui gagne à être lu d'une traite, même si le risque est grand de finir la lecture exsangue et à bout de souffle. le rythme et l'écriture se font de plus en plus puissants, de plus en plus intenses au fil des pages. L'écriture de Charles est libre et inventive. Elle percute, elle remue. Il se dégage de ce livre un souffle unique.

Alors osez pousser à votre tour les portes de la maison de jeu, l'expérience mérite d'être vécue.
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Vous êtes Antoine et vous allez vivre des expériences immersives dont vous ne sortirez pas indemne !

D'entrée de jeu, Charles Roux saisit Antoine par un vous tentateur. Accro au jeu, Antoine pénètre dans son établissement fétiche, La Couronne d'Or, pour y jouer au 31. « Qu'on y perde ou qu'on y gagne importe à la fois beaucoup et pas du tout, car on ne peut y jouer qu'une seule fois dans sa vie. » Banco ! Antoine joue et c'est l'explosion de richesse ! L'enfer embrasse Antoine De toutes ses dents pour une expérience en solitaire, crue et monstrueuse.

La maison de jeu est un livre à expériences multiples. On accompagne Antoine dans sa boulimie d'argent et de bouffe jusqu'à la nausée. Ça retourne les tripes comme une grande bouffe. On y décèle du fantastique dans l'ambiance de chacun des vices vécus à l'extrême. Jeu, Argent, Alcool, Sexe. Antoine est poussé dans ses retranchements par son auteur sadique. Il l'emmène partout jusqu'à jouer de ses tentations. On alterne entre frustration et consommation exutoire, jusqu'à des moments de violence destructrices et jouissives qui viennent tout balayer tel un tsunami des perversions humaines.

Particulièrement saisissant quand on est envoyé dans un monde lubrique et angoissant avec ce théâtre de copulations animales dans la rue, alors qu'Antoine se rend chez Eléonore, Madame la Marquise. La suite est dévastatrice et hallucinatoire.

Voyage dont vous êtes le héros, La maison de jeu ne fait pas dans la dentelle, elle harponne, elle joue de notre morale et de l'homme moderne qui consomme tout avec excès. le vous alterne en guide tentateur et moralisateur d'un héros qui subit violemment les ravages de ses actions.

C'est un livre qui ne laisse pas indifférent et c'est tant mieux car c'est bien là le pouvoir de la littérature. La maison de jeu est la mise en mots des images de Jérôme Bosch. C'est un livre d'un mauvais genre parfait pour l'émission du même nom de François Angelier.
Lien : https://www.instagram.com/sh..
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