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3,89

sur 3059 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Que s'est-il passé pour que Jacques Morlac, un ancien poilu décoré de la Légion d'honneur, se retrouve emprisonné par la justice française dans une petite ville du Berry, dans l'attente de son procès ? C'est au juge Hugues Lantier du Grez que revient la tâche délicate d'évaluer qu'elle est la part de responsabilité de l'accusé dans cette étrange affaire… A son arrivée, il découvre un jeune homme de vingt-huit ans taiseux, méfiant et peu enclin à livrer son histoire, mais il fait aussi la connaissance de Guillaume, le chien de Morlac, un animal puissant, marqué par la guerre et qui attend patiemment son maître aux portes de la prison, aboyant sa peine sans discontinuer, quitte à rendre fou Raymond Dujeux, le geôlier. Tout de suite, le juge Lantier pressent la singularité chez cet animal qui a connu l'horreur de la guerre et la violence des combats, un chien abimé, fatigué, mais d'une fidélité à toute épreuve et dont on découvrira qu'il a joué un rôle déterminant dans ce qui est arrivé à son maître…



Dans ce court roman inspiré d'une histoire vraie, Jean-Christophe Rufin nous plonge au coeur d'une affaire bien délicate. Nous sommes en 1919 et la France sort tout juste de la guerre. le pays est en pleine reconstruction et voit s'achever les derniers procès chargés de juger les soldats pour leurs méfaits envers la nation. Mais les gens en ont marre, trop de vies ont déjà été prises et il suffirait d'un rien pour que la rancoeur accumulée s'embrase. Dans ce climat particulièrement tendu, on découvre donc un homme à fleur de peau, traumatisé par la guerre, révolté par son absurdité et trop conscient de son impuissance. Un paysan qui a lu Marx, Proudhon et Kropotkine et qui pense qu'il peut, peut-être, changer les choses… Mais c'est aussi et surtout un jeune père de famille et un homme amoureux… Entre histoires de coeur et histoire d'honneur, Jean-Christophe Rufin nous livre un magnifique texte sur la fidélité et le sacrifice. le style est simple, sans fioritures et nous rapproche un peu plus de ce prisonnier énigmatique dont l'histoire nous est dévoilée par bribes, entretenant le suspense et la tension chez le lecteur. Les personnages sont attachants et débordent d'humanisme malgré leur étiquette sociale. le chien et son attachement aveugle à son maître devrait en émouvoir plus d'un ! Un roman passionnant, redoutablement efficace et habilement mené à découvrir sans attendre !
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Ce petit livre est une merveille délicatement ciselée, une histoire vraie,Jacques Morlac, durant l'été 1919, attend son procès dans un local transformé en prison militaire,il est le seul prisonnier, son chien aboie sans cesse, pourquoi?
La ville est écrasée de chaleur,une petite ville du Berry.
Cet homme est un héros de la Guerre :"Décoré","il a défendu la Nation en même temps qu'il la vomissait."
Son juge militaire: Hugues Lantier du Grez au passé commun d'armes et de fureur,Combattant comme lui, instille une intimité au début coléreuse puis complice malgré tout.
Il tente d'analyser et de comprendre les raisons profondes du geste fou qui a conduit ce soldat à risquer une condamnation....
Il fait preuve d'une grande part d'humanité,de finesse et de perspicacité face à l'homme qu'il interroge. Mais quel est l'outrage commis à la Nation?
Jacques Morlac se livre à la confidence lors du récit de son parcours de soldat du côté de Salonique où il découvre l'horreur des combats et les idées révolutionnaires.
Mais le personnage central de ce court récit c'est "Guillaume "le Chien blessé, couturé,maigre à faire peur, le poil abimé par d'anciennes blessures qui a accompagné son maître jusque sur le front de l'armée d'Orient,dans la tranchée,avec les Russes contre les Bulgares, un chien courageux,loyal, fidéle,extraordinairement fidéle.....
Pourquoi aboie-t-il sans arrêt?
Pourquoi Jacques Morlac est - il emprisonné?
Monsieur Rufin ménage ses effets, par des procédés habiles, sait nous faire patienter, écrit avec grâce et simplicité,la construction de son récit est d'une grande élégance, il faut attendre les dernières pages pour que nous soyons mis au courant de l'outrage.....
Un roman sur la fidélité avec des mots qui touchent, des mots justes,fidélité d'un homme à une femme, d'un chien à son maître, d'un homme à son idéal,d'un juge à son prisonnier, une construction rondement menée au rythme de l'enquête......



Une histoire courte et forte, vive et fine, pétrie d'intelligence , de fraternité et d'humanité qui dénonce la bêtise de la guerre, sa brutalité mais aussi l'apparence des choses, l'orgueil, le malentendu et la fausse appréciation.
On peut penser aux mots de Jacques Prévert :" quelle "connerie " la Guerre!
Cet ouvrage est aussi un vibrant hommage aux animaux qui accompagnaient les hommes pendant le conflit,notamment le chien Jacquot décoré en 1918 de la Croix de Guerre et qui figure sur la tranche du livre.


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Ce plaidoyer contre l'absurdité de la guerre et la bêtise humaine, est un petit condensé d'humanité et d'animalité, qui s'appose au coin de l'oeil comme un pansement.

1919, dans une petite ville du Berry écrasée par la chaleur de l'été :
-Un chien, Guillaume, hurle jour et nuit sans discontinuité.
-Son maitre Jacques Morlac, héros de guerre et décoré de la légion d'honneur est retenu prisonnier dans l'attente de son jugement. (Qu'a-t-il donc fait ?)
-Un juge militaire, Hugues Lantier du Grez, vient l'interroger avant de prononcer la sentence. (Il ne risque pas moins que la peine capitale!).
-Et une femme, Valentine, car il y a toujours une femme qui sommeille quelque part...

Un récit touchant, habilement construit et d'une redoutable efficacité ! L'écriture sobre et fluide sonne juste. Juste ce qu'il faut pour nous inciter à réfléchir sur la nature humaine et notre part d'humanité. L'évolution des personnages est également intéressante. Au fil des confidences, distillées par bride, les personnalités qui se révèlent ne sont pas forcement celles auxquelles on aurait pu s'attendre.

L'étendue des thèmes abordés ouvre sur une multiplicité de regards, sans pour autant se désunir. Guerre, barbarie, patriotisme, héroïsme, honneur, idéaux, sacrifice, malentendus, lendemains qui déchantent, orgueil, loyauté, fidélité, fraternité, amour (etc..) s'y côtoient sous des angles parfois trompeurs et en trompe-l'oeil. Pourtant, l'auteur ne peint pas, il trace une ébauche. Mais quelle ébauche! Il allume la mèche avec ingéniosité. Et c'est ce chien, Guillaume, qui en est le comburant, cet étonnant chien, décharné, couvert de cicatrices, si aveuglement dévoué à ce maitre qui semble ne lui accorder qu'un profond mépris (!)

Ce billet ne sera jamais qu'un regard vu à travers le trou d'une serrure. Je ne peux qu'encourager ceux et celles qui ne l'auraient pas encore lu à parcourir les autres billets - Ok, je sais, 264 quand même! - Mais il y en a de très convaincants et pertinents . Il y en a une multiplicité de regards ! Et un regard supplémentaire ne sera jamais de trop pour cette très belle lecture.

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Jean-Christophe Rufin nous embarque dans une enquête improvisée menée plus avec le coeur que par devoir. Une enquête que se muera en quête de rédemption.

Parfois on essaye de sauver quelqu'un pour se sauver soi-même. On a besoin d'absoudre des crimes pour se faire pardonner nos propres fautes.

En évoquant les horreurs annihilatrices de la Première Guerre mondiale il cherche à comprendre l'obsession instinctive de survie et ce qui pousse les hommes à commettre des actes destructeurs.
Plus on avance dans la lecture de ce roman, plus on est saisi par l'intensité, la brutalité et la cruauté de l'Histoire.

Dans le collier rouge l'auteur se positionne en explorateur de l'âme humaine – Dans ce récit les questions sont plus importantes que les réponses.


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Quand vous aurez tout perdu, quand vous ne serez plus vous-même, quand vous serez reflet de honte, quand tous vous auront tourné le dos, il en restera un pour vous soutenir.
Ce compagnon fidèle d'entre les fidèles, c'est votre chien.
Celui du soldat emprisonné aboie jour et nuit dans la chaleur de l'été 1919, comme pour dire à son maître : « tu vois, je suis là, je ne t'abandonne pas ».
Il faut dire qu'ils en avaient partagé des choses ces deux-là, depuis la ferme familiale, jusqu'à l'enfer des tranchées.
Que s'est-il passé ? Pourquoi cet homme est-il incarcéré ?
Nous l'apprendrons dans les toutes dernières pages de ce court roman plein de poésie.
Jean Christophe Rufin signe un magnifique hymne à l'amour, au courage et à la fidélité.
Pour moi, une lecture inoubliable.


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Il y a ceux qui aiment les chiens pour leur fidélité et ceux qui aiment les chats pour leur indépendance.
Il y a ceux qui marchent au pas et ceux qui préparent des cocktails molotov en toute discrétion.
Il y a ceux qui se comportent comme des bêtes, et ceux qui les observent, impuissants.
Il y a ceux qui se battent pour défendre leurs idées et ceux qui prônent la paix à tout prix.
Il y a ceux qui pardonnent, il y a ceux qui pèchent par orgueil.
Il y a ceux qui s'entêtent, ceux qui renoncent.
Il y a ceux qui meurent au combat, d'autres qui meurent de ne pas l'être.
Il y a ceux qui crèvent de loyauté, d'autres qui survivent sans espoir.
Il y a ceux qui aiment les colliers et les médailles, d'autres qui les conchient.
Il y a ceux qui croient en l'Humanité et d'autres qui pensent y croire.
Il y a ceux qui hurlent à la mort et ceux qui cherchent à comprendre.
Il y a ceux qui lisent Victor Hugo, d'autres qui préfèrent Barrès.
Il y a ceux qui se battent pour ceux qu'ils aiment, d'autres qui se planquent.


Et surtout il y a ceux qui oublient tout cela, qui oublient leur part animale pour déposer leurs armes et se serrer la main.

(Ps : Et il y a peut-être ceux qui se disent que cette critique n'a pas de rapport avec le Collier rouge de Rufin...ou si !)
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Une belle histoire de chien, à défaut d'une belle vie de chien...
Nous sommes juste après la fin de la guerre 14-18 et Jacques Morlac est en prison. Morlac, un héros de la guerre décoré pour acte de bravoure dans les Dardanelles. On apprend qu'il s'est rendu coupable de dénigrement de la Nation le 14 juillet... Et si c'était plutôt pour sympathie avérée avec l'armée rouge, sur le front ? ou pour "fréquentation" assidue de la fille d'un anarchiste ?

Un petit roman tiré d'une histoire vécue mené de main de maître. On y rencontre un juge militaire en proie au doute au moment de retrouver la vie civile , un prisonnier pas si héroïque que ça, et surtout un chien, Guillaume, héroïque dans sa fidélité à son maître.

Une lecture qui appelle la lecture de "Rouge Brésil" qui dort dans ma bibliothèque depuis un bon moment.
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Trois personnages et au milieu d'eux, un chien, qui détient la clef du drame. Ce récit, d'une grande simplicité, est aussi un roman sur la fidélité.

"Le collier rouge"(Ed. Gallimard, 2014) est un roman très court, quasi une nouvelle. Il pose néanmoins un regard intéressant sur les valeurs de patriotisme, d'obéissance, de hiérarchie, de fidélité à l'homme, au maître, à la Vie, ses intentions, projets et difficultés.

Jean-Christophe RUFIN, avec l'efficacité d'une écriture plaisante qu'on lui connaît, pose, oppose et rapproche les raisons de vivre d'un poilu, héros bien malgré lui, de son juge, un militaire qui se réjouit de ne plus l'être, d'une femme, mère, activiste politique, amoureuse mais quelque peu perdue dans un monde qui n'est pas, plus vraiment, le sien avec, comme acteur principal, un chien qui est assez bête pour dépasser l'humain dans une fidélité incommensurable.

Un livre qui se laisse conter et qui, peut-être, peut, pour qui veut, pousser le lecteur à réfléchir sur les valeurs qui fondent sa vie.
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Jacques, Pierre, Marcel Morlac est détenu prisonnier. Un juge militaire, Lantier, est chargé de l'enquête. Il pense en avoir vite terminé avec cette affaire et pouvoir rentrer enfin chez lui et quitter son poste de juge militaire qui lui pèse. Mais, ce n'est pas aussi simple.

Pourquoi Morlac se retrouve-t-il prisonnier ? Pourquoi n'a-t-il pas de compassion pour son chien qui l'a suivi tout au long de la guerre et qui est revenu avec lui, qui lui est resté fidèle. Ce chien qui ne cesse d'aboyer jour et nuit devant la prison où est détenu son maître.

Petit à petit, Lantier arrive à faire parler Morlac. Il découvrira également les vraies raisons qui l'ont amené à faire un scandale sur la place publique, lors du 14 juillet 1919, acte qui l'a conduit en prison.

Morlac sera-t-il condamné ? Il risque le bagne à vie.

Très beau roman mené comme un policier. J'ai ressenti beaucoup de compassion pour Guillaume, le chien. J'ai également aimé la façon dont Rufin nous fait découvrir petit à petit l'histoire de Morlac et de Lantier. A travers cette histoire, on découvre le ressentiment, la lassitude, la colère que ressentent les hommes après cette guerre meurtrière, ces hommes que l'on a déraciné de leur campagne pour les livrer à une boucherie.

Je suis contente d'avoir renoué avec Rufin. Il m'avait un peu déçu avec « le Grand Coeur ». Et là je retrouve sa sensibilité. Il ne me reste plus qu'à me plonger dans son dernier roman « Chek Point » qui est dans ma PAL.

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Et ce soir, France 3 nous a fait partager le film de Jean Becker, belle adaptation de ce beau roman avec le remarquable François Cluzet et la regrettée Maurane, toute en dignité, force et émotion, sans compter une belle musique de générique de fin du film.


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