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Citations sur Le tour du monde du roi Zibeline (110)

[...] fuir la tyrannie était bien, la combattre mieux encore mais qu'à tout prendre l'idéal était qu'elle ne pût jamais naître.
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Cette ignorance lettrée me fit faire en moi-même maintes réflexions : je pensais à Bachelet qui insistait sur la relativité de notre savoir et la nécessité, pour parler du monde, de le connaître. Ce roi si assuré sans doute dans ses jugements ne commettait-il pas les mêmes erreurs que nombre de nos philosophes qui dissertent sur le monde sans avoir vu autre chose que leur voisinage ?
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Il y a deux manières opposées et cependant comparables de punir un homme : le condamner à l'enfermement ou le jeter dans l'infini.
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Nous sommes venus, et ils ont changé à notre contact, pour le meilleur ou le pire, c'est ce que l'avenir dira. Le problème aujourd'hui est de savoir si, à l'issue de cette rencontre des peuples de civilisations différentes, il y a encore place pour le respect et la liberté ou si tout doit nécessairement se terminer, comme le veulent les Français et les autres nations d'Europe, par la conquête et la domination.
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Le garçon découvrait la nuit malgache, si noire que les étoiles étaient trop brillantes pour qu’on pût les regarder longtemps. L’air sentait la cannelle et le varech. Dans les maisons, les cloisons de raphia tressé laissaient passer les brises. Au dehors, des femmes chuchotaient en attisant un feu de cuisine.
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Je compris vite combien la vie mondaine, en France, n'est au fond qu'un permanent combat où s'affrontent les deux ridicules que sont la vanité et l'insolence. Il faut à la fois prétendre être plus que l'on est et tenir les autres pour moins qu'ils ne sont.
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Ainsi se constitue l'étonnant paradoxe de l'infini sibérien. C'est le lieu le plus primitif qui soit. La nature n'y connait aucune limite, n'y subit aucun outrage. Au petit matin, quand le soleil lance ses rayons ras entre les troncs d'arbres tordus, il semble au spectateur indiscret que le monde s'éveille, en même temps que la nature. La terre n'a plus d'âge; la Création date d'hier. Rien n'a changé depuis la Genèse.
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Il est des circonstances dans lesquelles celui qui voit trop loin doit baisser les yeux.
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Le 25 octobre 1784, le vaisseau l’Intrépide, monté de vingt canons et de douze porte-mousquetons, quitta le port de Baltimore.
Auguste Benjowski était à bord, avec Aphanasie et leur fils. Le navire avait été affrété par une compagnie commerciale américaine. L’intervention de [Benjamin] Franklin avait été déterminante pour obtenir son soutien. Il avait su persuader ces marchands que l’Indépendance allait les priver de leurs privilèges de colonie et désorganiser leurs échanges avec l’ancienne métropole ; ils devaient donc trouver de nouveaux partenaires.
La mission dévolue à l’Intrépide était de créer un établissement sur la côte est de Madagascar et de mettre en place un circuit d’échanges avec l’Amérique.
Auguste, à son grand regret, n’avait pas réussi à recruter en Amérique les charpentiers, maçons, forgerons, vignerons, sur lesquels il comptait pour enrichir Madagascar et la développer. Il avait du se contenter de personnes sans aveu, auxquelles il avait de surcroît fait miroiter l’acquisition de grands domaines et une prospérité qu’ils seraient sûrement déçus de ne pas trouver. Il aurait toujours le temps de voir sur place ce qu’il en ferait.
Il avait par ailleurs assemblé une poignée de compagnons très sincères et plein d’idéal. Certains avaient fui du Kamtchatka avec lui. D’autres étaient des Polonais qui avaient combattu pour l’Indépendance américaine. Tous partageaient son idéal de créer, à l’image des États-Unis, une colonie libre en Afrique.
Ils allaient quitter le climat changeant et souvent rude de la Nouvelle-Angleterre pour la terre ensoleillée et douce de Madagascar.
L’ambiance à bord de l’Intrépide était à la nonchalance. Chacun savait que le voyage serait long. Le mouvement lent du navire, sous les immenses toiles gonflées de vent, berçait les esprits et faisait rêver certains ce qu’ils allaient découvrir, d’autres à ce qu’ils allaient perdre.
Même les marins étaient saisis par le vague à l’âme. Sitôt entrés dans la Caraïbe, la brise douce, l’air tiède, le soleil cuisant amollirent les cœurs et laissèrent chacun dériver au gré de ses fantasmagories intérieures.
Est-ce ce relâchement qui fit commettre au capitaine une erreur d’estime ? Nul ne le sait mais le fait est que le navire, parti pour traverser l’Atlantique, se retrouva au Brésil où il échoua sur l’île de Juan Gonsalvez, près de l’embouchure de la rivière Armagosa. Cette escale forcée à l’équateur dura plusieurs mois.
Le temps passait lentement. Les seules promenades que les naufragés pouvaient faire les menaient le long des mêmes interminables plages sur le sable desquelles la mer jetait des fibres et des cailloux polis. Le petit Charles était en âge d’apprendre et Auguste lui faisait la leçon à bord du bateau. La sueur de l’élève avec celle du maître coulaient sur les pages imprimées et troublaient la prose de Descartes comme celle de Rousseau. En fin d’après-midi et avant que la nuit équinoxiale ne tombe d’un coup, le père et le fils s’affrontaient sur la plage à l’aide de bambous qu’ils maniaient comme des épées. On avait débarqué les chevaux que le navire transportait dans ses soutes. Charles appris à monter et il y prit un si vif plaisir qu’il disparaissait des journées entières sur sa jument alezane.
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Pauvre Bachelet.Il était un peu comme jean-Jacques:raisonneur ,tourmenté , trop castré par la religion pour songer à jouir de la vie.
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